Grands immeubles gris
Que l'aube éclabousse d'or –
Le cri des corbeaux.
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Un chat au soleil
Toise les passants pressés –
Lui a tout son temps.
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Froide pluie d'automne –
Sur les pavés du Pont Neuf
Les passants se pressent.
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Une rue déserte
En plein milieu de la nuit –
Au loin les sirènes.
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Sur les quais de Seine
À fleur d'eau, à fleur de cœur
Deux amants s'embrassent.
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Entre les immeubles
Le jour glisse lentement
Du gris vers le noir
Le haïku, c'est vraiment une rencontre mystérieuse entre deux expériences sensorielles, celle du poète et celle du lecteur, avec les mots pour interface.
Une rue déserte
En plein milieu de la nuit –
Au loin les sirènes.
Il faut partager une expérience commune pour que ça fonctionne, mais aussi que les mots choisis permettent ce dialogue entre deux sensibilités. C'est un art très délicat et tu le pratiques avec beaucoup de talent !
Le tableau de Van Gogh n'y est pour rien. Je me demande si je l'avais déjà vu celui-là d'ailleurs. Il est très beau (comme souvent avec Van Gogh)
L'interaction que tu décris entre l'auteur et le lecteur, elle est là pour tout type d'écriture. Mais avec les poèmes courts on a très peu de mots pour transmettre une sensations. Donc oui, l'expérience commune aide, mais comme l'auteur n'a aucun contrôle sur le vécu et les expériences du lecteur, chaque texte devient une bouteille qu'on jette à la mer en ce demandant si elle arrivera à bon port.
Effectivement, tu parles bien du cri des corbeaux mais les mots ont cette force d'évocation qui fait que, en le lisant, l'image est apparue dans mon esprit comme une ombre sur cette aube resplendissante.
Enfin l'interaction dont nous parlons est quand même plus particulièrement présente en poésie, et encore plus dans les haïkus où l'économie des mots oblige à trouver une sorte d'accord universel.
Me revoici pour continuer ma lecture et, encore une fois, je suis charmée par tes haïkus. Ils sont délicats et immersifs, on se représente très bien les villes en plein soleil ou glissant vers le crépuscule. Un peu comme sur une toile impressionniste où la lumière construit les formes et les immeubles.
J'aime particulièrement celui sur le chat, ah le petit chanceux qui a tout son temps pour ses ondulations, tandis que les passants se pressent. L'avant dernier aussi est très beau.
Merci pour ce commentaire. Celui sur le chat est probablement aussi mon préféré de cette série
Celui sur les amants s'écarte un peu de l'aspect très descriptif du haïku pour glisser vers quelque chose de plus imagé, mais je trouve que le résultat rend assez bien. Ton commentaire me conforte dans cette impression.
Je ne me lasse pas de les lire et relire
Mention spéciale au chat qui toise les passants. Il donne envie de se lover sur un banc et de regarder les gens qui passent…
Je peine plus qu'à une époque pour écrire des haïkus. C'est donc agréable de voir qu'ils plaisent. Ça me motive à essayer de retrouver mon inspiration poétique.
J'ai beaucoup aimé. Je faisais des haïkus au collège donc ça m'a rappelé de bons souvenirs. J'aime beaucoup l'ambiance. C'est assez relaxant et ça donne un côté intemporel à la ville.
Quand tu dis que tu faisais des haïkus au collège, était ce dans le cadre des cours de français ?
La ville moderne est assez éloigné du cadre du haïku traditionnel, mais je trouve assez plaisant de chercher dans le milieu urbain le genre d'instantané poétique que permet le haïku.
Il est vrai que les haïkus traditionnels sont assez éloignés de l'urbanisation, mais j'aime beaucoup ta façon de la décrire. En tout cas, c'est très bien.
Je redécouvre cette forme d’écriture avec toi et je trouve ça très apaisant à lire. Tu m’emmènes avec toi en promenade et c’est très agréable, même pour le métro ce qui semble être un exploit. Les haïkus sont si particuliers et tu semble à l’aise avec ce style. Je serais ravie de continuer à te lire prochainement !
Merci pour ce message. J'ai eu un long passage à vide en terme d'écriture de haïkus (et poèmes similaire), mais voir qu'ils plaisent me redonne de la motivation.
Lire ces petits poèmes est une véritable récréation. Les images surgissent au fil des mots, c'est un voyage poétique délicieux comme un moelleux au chocolat servi sur un coulis de framboise !
A bientôt
Je suis content d'avoir réussi à m'y remettre.
La suite dans pas trop longtemps :)