Hère

Par Ante

L’agressivité bout dans mes veines mendiantes

Avides d'ailleurs, et tel un marin soûlé

Des dégoûtants parfums qui peuplent les goulées,

J’ai l’œil gris, j'ai l’œil darne, et la bave collante !

 

Mon ombre misérable et lourde de tourments

S’époumone d’horreur en me foulant les pieds

Et le pavé hostile, au derme tuméfié,

Me fracture les ongles, me secoue les dents

 

La ville gangrenée qui s’adore à vomir

Crache sur mes cheveux rêches des ganglions,

Fait dégouliner sur moi son épais gavion

Et gerbe son insulte en s’espérant mourir.

 

Et alors qu’elle s'endort, dans l’œil dévalé

De mon ombre effarée, une femme au bâillon...

Et je choisis pour moi et demain les haillons

Qu’elle aura pour mourir, et je tourne la clef ;

 

En mes yeux, seuls du monde, dormait la noirceur

Tout en boule roulée dans les creux de mon crâne

Et dans mes tripes bilées griffonnaient des mânes,

Qui traçaient à l’ongle, les mots, et les douceurs !

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
ABChristLéandre
Posté le 10/02/2024
Waouh !:
Tel était ma réaction à chaque vers de ce poème que j'ai dévoré avec encore plus d'appétit. Votre plume sur ce texte est redoutable. L'inspiration était au programme. C'est claire !
Balancer des mots aussi bien agencés et faire des rimes avec ce jeu presque musical grâce des homophonies aussi élégantes que burlesques, ça vous donne vraiment envie d'en lire plus.
Je suis conquis par ce poème magnifique.
Vous lisez