hiver
Voici venu le temps où les corps s'obligent à la pudeur,
se dissimulant dans un nid d'épaisseurs.
II faut alors imaginer, le plus absolu des secrets,
Celui qui parfois se laisse deviner.
Même les mains d'habitude si parlantes,
devant se froid restent hésitantes.
Mais il n'est rien que l'on puisse réchauffer,
surtout pas un cœur, avide de brûler.
Alors, le désir fume autours des lèvres,
le long effeuillage fait monter la fièvre.
La laine dépose sa tendresse sur ma joue,
défaits de leurs gardiens, mes doigts glissent sous.
Les épidermes se frôlent et la glace devient feu,
au diable les saisons, je te veux.
Hiver tu peux geler comme il te plaît !
Qu' y a-t-il de plus beau,
qu'un baiser sous une valse enneigée.
Ton apaisant monochrome, soulage nos yeux, recouvrant la ville d’un ton soyeux.
Tous ont quitté avec regrets,
leurs parures chaudes et bariolées .
La mer te remercie d'apurer ses écrins,
Les forêts se vident aux creux de leurs reins.
Temps de l'attente, de la mélancolie,
tu te plais à atténuer nos folies,
à ralentir nos pas et diminuer les jours.
Pourtant, tu le sais bien, rien ne dure toujours.
Tu devras laisser bientôt ta place,
et fondent, disparaissent toute tes traces.
Déjà tu gémis, tu t'amenuises, tu t' égouttes,
Et moi j'aime coûte que coûte.
Hiver, tu peux glacer, ce qu'il te plaît !
Qu' y a-t-il de plus beau,
que des corps éprouvés au pied d’une cheminée.
J’ai aussi beaucoup aimé ce texte, très tendre et qui pourtant m’a évoqué les bouffées hivernales, cette chaleur du gel et du désir au milieu des tissus et du silence.
J’ai aimé cette caractérisation douce de l’hiver, qui impose sa loi mais qui, fragile, sait sa disparition inévitable.
Ce poème m’a replongé en hiver, m’a rappelé sa dualité, la lutte qu’instinctivement nous voulons engager contre ses lenteurs et l’énergie neuve que pourtant elle nous incube malgré nous.
« La mer te remercie d’apurer ses écrins »
« Hiver tu peux geler comme il t’en plait ! »
Merci encore pour ce très joli texte qui m’a rappelé les derniers vers de « Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encore pleine » de Victor Hugo...
"cette chaleur du gel et du désir au milieu des tissus et du silence."
Tu as tout compris... ^^