Leibju avait à peine commencé à somnoler quand quelque chose lui fit dresser les cheveux sur la tête. Elle se releva, prête à se défendre. Haido et le gamin étaient déjà debout et fixaient un point derrière elle.
Elle pivota et resta bouche bée.
A quelques pas d’eux, c’était la fin du marécage. Ils ne l’avaient pas avec l’obscurité. Mais à présent, elle avait volé en éclats. Les rayons qui s’étaient perdus là illuminaient les herbes, les brindilles et surtout le grand chêne qui se trouvait là. Ses feuilles étaient parcourues de fils d’argent et de reflets d’émeraude. Son tronc brillait d’or et de rubis. Et chaque mouvement d’air faisait danser des milliers de reflets colorés sur le chemin, sur la mousse, sur eux. Leibju n’avait jamais vu pareil spectacle.
Du coin de l’œil, elle vit le gamin faire un pas vers l’arbre et le retint par le col. Sans doute à temps. Quelque chose s’agita dans les branches et ils entendirent le cliquetis de chaines. Leibju plissa les yeux pour discerner ce qui s’y cachait.
— C’est un chat, murmura Haido.
— Un chat, répéta Leibju, dubitative.
— Je viens de le voir passer. Venez.
Elle rattrapa aussi Haido par une manche.
— On s’en approche pas tant qu’on sait pas ce que c’est.
— Ca a l’air inoffensif, Leibju.
— Comme le reste de ce monde ?
— Oui, bon…
Le gamin les regardait sans un mot, comme s’il attendait qu’elle prenne une décision. Soudain, les chaines s’agitèrent encore une fois et le félin bondit de l’arbre. La chaine se traina à sa suite. Il les fixa tour à tour d’un regard qui mit Leibju mal à l’aise. Puis, il se roula en boule et ne leur accorda plus aucune attention. Leibju n’était pas sûre, mais elle avait l’impression que son ronronnement formait des mots d’une langue inconnue. Mais très familière.
Elle fit un pas, un deuxième. Le chat ne bougea pas d’une oreille.
— On peut tenter de le contourner, dit-elle.
Mais elle ne trouva que le gamin. Haido en était déjà à tenter de communiquer avec la bestiole. Il s’était mis à genoux à côté et parlait à voix basse. Leibju vit le chat ouvrir un œil, bâiller, puis répondre par un ronronnement encore plus marqué. Elle fit signe au gamin de la suivre et ils contournèrent le chêne pendant qu’Haido était occupé ailleurs.
Une fois de l’autre côté, hors de la portée de la chaine, Leibju souffla. La forêt, le marécage, tout ça, c’était fini. La plaine qui s’étendait devant eux ressemblait furieusement à celle dans laquelle ils avaient atterri. C’était sans doute la profusion de couleurs qui créait le lien de parenté. Leibju jeta un coup d’œil à Haido, il grattait le chat derrière les oreilles. Elle haussa les sourcils, il avait un don avec les bestioles de toutes sortes. Et elle n’allait pas cracher dessus.
— Comment il fait ? demanda le gamin.
— Il fait, c’est tout, bougonna Leibju.
— Je suis désolé, dit-il en baissant les yeux sur ses mains. C’est de ma faute, tout ça. Je suis désolé.
— Tu l’as dit, c’était un accident.
Leibju n’avait pas envie d’éprouver de l’empathie pour lui. Et pourtant, c’était ce qui était en train de se passer.
— Il n’empêche que c’est de ma faute.
Leibju poussa un soupir et lui tapota l’épaule.
— On va s’en sortir, dit-elle. Maintenant qu’on est sortis de la forêt, ça va aller mieux. On trouvera un vortex et on retournera au bureau des traversées.
Et à la lumière du jour, ça semblait être un bon plan. Le seul hic de l’histoire, c’était que le ciel était toujours désespérément vide de tout passage.
Le gamin hocha la tête. Peut-être parce qu’il y croyait. Peut-être parce qu’il ne voulait pas la mettre en rogne.
Elle se tourna vers le chêne et vit Haido revenir vers eux. Le souci, c’est qu’il avait ramené le chat avec lui.
— Hors de question, dit Leibju.
— Il était enchainé à l’arbre.
— Sûrement à raison.
— Mais regarde-le.
Et elle le regarda. Cette bête la mettait mal à l’aise. Son regard était bien trop intelligent. Comme s’il n’appartenait pas vraiment à un chat.
— On le prend et après ? demanda-t-elle.
— Quoi, après ?
— Haido, s’il était enchainé à l’arbre, c’est qu’il y avait une raison.
— Une mauvaise raison. Il vient avec nous.
Leibju pinça les lèvres, mais ne dit rien de plus. C’était inutile de discuter avec Haido quand il avait décidé d’adopter une bestiole.
— Bon, on est sortis, on dirait.
Le chat perché sur l’épaule, Haido tourna sur lui-même pour mieux appréhender le paysage.
— Tu reconnais ? demanda Leibju.
— Pas trop. En même temps, cette herbe se ressemble. Mais il me semble que là où on était tombés, c’était plus plat.
En effet, ici, le paysage était vallonné. Eux se trouvaient au sommet d’une colline qui descendait en pente douce vers une petite rivière.
— Il n’y a pas quinze chemins, dit Haido.
— Si on descend, on s’éloignera des vortex qu’il y aura.
— Si on reste là, on n’aura aucune chance d’en voir un. Il faut qu’on avance.
— Avançons, dit-elle.
Haido commença la descente. Le gamin jeta un regard à Leibju et le suivit.
Ils décidèrent de suivre la rivière vers sa source. Comme ça, ça donnait un but. Mais la situation était compliquée. Ils avaient à peine assez de rations pour tenir trois jours. Et avec le gamin, encore moins.
Le chat était descendu des épaules d’Haido et profitait de sa liberté retrouvée. Il trottinait avec légèreté sur les galets et Leibju commençait à l’envier. Elle, elle avait très mal aux pieds et la fatigue la rattrapait. A ça, on pouvait ajouter la chaleur des deux soleils et aucune sortie en perspective.
— Tu tiens le coup ? demanda Haido en la rattrapant.
— Bien sûr que je tiens le coup.
— T’as le droit de dire non.
— C’est gentil de t’inquiéter, mais tout va très bien.
— On va dire que je te crois et que tu me parleras le moment venu.
Leibju sourit. Elle était contente qu’Haido soit là. A force de missions d’apprentissage ensemble, ils avaient appris à se faire confiance.
— Je peux te dire un truc ? demanda-t-il.
Elle le vit jeter un coup d’œil au gamin qui semblait en grande discussion avec le chat tout devant.
— Sois moins dure avec lui, poursuivit-il.
— Je suis pas dure.
— Un peu. Il n’a rien demandé de tout ça.
— Nous non plus.
— Leibju…
— Il faut vraiment que t’arrêtes de t’attacher à tous les trucs qu’on ramasse.
Il sourit largement.
— Tu tenteras ?
— Ouais.
Il allait répondre quand un bruit déchira le silence.
L’obscurité qui a volé en éclats lumineux, c’est une très belle image.
Nos voyageurs n’ont presque plus rien à manger. Mais s’il y a de l’eau et de la vie sur cette planète, même des carnivores, il doit forcément y avoir également des sources de nourriture (autres que les explorateurs eux-mêmes dont les arrivées sont trop aléatoires).
Coquilles et remarques :
— Ils ne l’avaient pas avec l’obscurité [pas vu, pas remarqué ?]
— Les rayons qui s’étaient perdus là / le grand chêne qui se trouvait là [« qui se trouvait sur les lieux » ou « à proximité », peut-être ?]
— Ca a l’air inoffensif, Leibju. [Ça]
— Puis, il se roula en boule [Pas de virgule après « Puis ».]
— dit-il en baissant les yeux sur ses mains. [Sur les mains de qui ?]
— Le gamin jeta un regard à Leibju et le suivit. / Ils décidèrent de suivre la rivière vers sa source [« de longer la rivière », peut-être ?]
— et la fatigue la rattrapait. / demanda Haido en la rattrapant. [Deux propositions : « et la fatigue la gagnait » et « demanda Haido en la rejoignant ».]
— A ça, on pouvait ajouter / A force de missions [À]
— pendant qu’Haido était occupé ailleurs / Le chat était descendu des épaules d’Haido / Elle était contente qu’Haido soit là [« que Haido », « de Haido », à moins que tu veuilles que ce soit un « h » muet ; mais dans ce cas, pourquoi écrire Haido plutôt qu’Aido ?]
Juste une petite coquillettes :
"Ils ne l’avaient pas (vue ? remarquée ?) avec l’obscurité. "
J'adore les différentes approches face à l'inconnu : Teo se demande si c'est normal, Leibju est prudente et Haido va lui parler XD En tous cas, je ne sais pas si c'est parce qu'on était de son point de vue ou pas, mais j'aurais plutôt envie de me ranger à l'avis de Leibju - ce chat ne me dit rien qui vaille !
C'est chouette d'avoir les chapitres en rafales! Ca évite de devoir relire les trucs qu'on a déjà lu pour tout se rappeler. J'ai hate de savoir comment ils vont s'en sortir (ou ne pas s'en sortir)!
Quelques petites remarques sur ce dernier chapitre:
"Ils ne l’avaient pas avec l’obscurité." Vu?
"Les rayons qui s’étaient perdus là illuminaient les herbes, les brindilles et surtout le grand chêne qui se trouvait là." Là, là, lalala laaaa la, là! Peut-être que l'un des là peut passer à la trappe? Ce n'est qu'une sugestion!
Voilà! Bonne journée!
Moje
Merci tout plein pour les coquilles ! Je me garde ça sous le coude pour quand je reprendrai l'histoire ♥
C'est plus possible. Et oui je sais bien qu'il est pas vraiment orphelin le petit, mais c'est tout comme.
Quant à Leibju, elle est la méfiance incarnée. Je ne lui donnerais pas forcément tort d'ailleurs. Si le chat était enchaînée, c'est qu'il y avait une raison. Peut-être qu'elle était mauvaise, qu'il ne le méritait pas, mais en général vaut mieux connaître toute l'histoire avant de prendre une décision. Cela peut éviter quelques ennuis... Un peu comme le médecin qui soigne un tueur en série, qui tue ensuite sa femme pour le remercier. (c'est pas de moi, c'est dans un jeu :P)
Sinon Haido, c'est le grand frère de Max ? Il voudrait pas l'accompagner dans la récupération de bestiole. Je suis sûre que s'ils se croisaient, ils pourraient former une ligue protectrice. Peut-être même tomber amoureux.
Et sinon as-tu recopier la suite ? Ou faut il te fouetter parce que tu ne l'aurais pas fait ? :P
Allons, c'est qu'un pauvre petit chat. Je suis sûre que c'est ses maitres qui l'ont laissé sur le bord de la route en partant en vacances.
Il est plus jeune que Max :P Et arrête d'essayer de me faire des amourettes dans tous les sens, eh !
Allez, dernier chapitre complet posté. Après ça, il faut que j'écriiiiive. Merci pour tes lectures, Ju ♥