Au pensionnat, un jour, les sœurs avaient trouvé une portée de chatons. Il y en avait cinq et les sœurs n’avaient pas eu le cœur à s’en débarrasser. Alors, les bêtes avaient été adoptées. Teo s’était pris d’affection pour un chaton dont la principale caractéristique était de se jeter sur toute nourriture à portée. Il l’avait surnommé Bouboule.
Le chat qu’Haido avait ramené n’avait rien à voir avec Bouboule. Il ne demandait pas à manger ni qu’on lui gratte le ventre. Mais il restait avec eux, s’arrêtait parfois et leur lançait des regards impatients. Teo s’était dit qu’il allait quand même faire comme avec Bouboule. Alors, il avait commencé à lui parler, à lui raconter des trucs. Et le chat l’écoutait, il le vit bouger les oreilles.
Il les bougea encore plus quand un son strident s’invita au tableau. Teo se tourna vers Leibju, la regarda fouiller dans son sac.
— C’est la montre ? demanda-t-il.
— Ouais. Elle s’est réveillée.
— Quelle montre ? demanda Haido.
Leibju la sortit et ils se penchèrent dessus. Cette fois, l’écran s’était bien allumé. Il n’affichait cependant rien de lisible.
Leibju fronça les sourcils, tenta d’appuyer sur tous les boutons. L’appareil sonnait toujours.
— Elle faisait pas ça avant.
— Vous la sortez d’où ? demanda Haido.
— De la forêt, répondit Teo. On l’a ramassée sur un cadavre.
— Un cadavre ?
— C’était des ossements, intervint Leibju. Dans une cabane. Regardez.
Elle pivota un peu sur la droite et le son se coupa. Elle revint à sa position d’avant et le bip revint.
— On dirait que ça capte quelque chose.
— Il y a des gens ? demanda Teo.
Il sentit l’espoir le gagner. Peut-être qu’ils allaient enfin savoir où ils étaient et comment en sortir. Et peut-être que ça serait un monde sympa.
— Non, dit Leibju. C’est pas une communication. Peut-être un truc laissé par la personne que la cabane a mangée.
— Ou peut-être quelqu’un, glissa Teo.
Il se tut face au regard de Leibju.
— Il n’a pas tort, intervint Haido. Ça pourrait être une civilisation. Ces ossements, ils étaient vieux comment ?
— Ils étaient vieux, c’est tout.
— Du coup, on fait quoi ?
Teo les regardait tour à tour. Il se demandait comment ils arrivaient à rester aussi calmes. Lui, il essayait de ne pas le montrer, mais il n’était pas vraiment rassuré. Pas du tout, même. Surtout qu’aujourd’hui, c’était la journée des histoires de sœur Guenièvre. Et il les aimait, ses histoires.
— On peut tenter d’aller vers le signal, dit Leibju.
— Ca nous ferait nous éloigner de l’eau, protesta Haido.
— Ca nous changera rien de rester près de l’eau.
— S’il y a une ville, elle sera sur la rivière.
— Pas de ville, bougonna Leibju. Monde indépendant, t’as oublié ?
Le chat, lui, s’était assis sur un caillou et les fixait de manière stoïque. Teo s’assit à côté de lui, il était fatigué. Et il avait faim. Il tenta d’étouffer les gargouillis de son ventre. Et pendant ce temps, Leibju et Haido discutaient toujours de la direction à prendre.
— T’irais où, toi ? demanda Teo au chat.
Ce dernier se tourna vers lui, l’observa quelques secondes, puis grogna en retour. Teo ne savait pas si c’était une réponse, mais ça avait sûrement un sens.
— On y va.
Teo sursauta. Il s’était trop égaré dans ses pensées et n’avait pas vu Leibju s’approcher.
— On va où ?
— Vers le signal.
— Parce qu’il y a des gens ?
— Parce qu’il y a un signal.
— Mais il fait chaud là-bas.
Parce qu’aller vers le signal, ça les obligeait à quitter l’ombre des arbres de la rivière.
— Reste là si ça te chante.
— Je croyais que tu devais me ramener.
— Je devais t’empêcher de reprendre un vortex. Ici, aucun risque.
Teo savait que ce n’était qu’une boutade, mais il sentit quand même ses lèvres trembler.
— Ah non, hein. Tu vas pas recommencer à chougner ?
Il secoua la tête. Il avait la gorge serrée et il savait que sa voix allait sauter s’il essayait de parler. Ça le faisait tout le temps quand il devait garder son sang-froid face à Max au pensionnat et qu’il n’y arrivait pas.
Leibju sembla hésiter un peu, puis il sentit sa main sur son épaule.
— Allez, viens, dit-elle.
Et ils se remirent en route. Les deux soleils chauffaient, mais des nuages commençaient à s’installer dans le ciel et créaient des pauses d’ombre. Personne ne parlait beaucoup. Même le chat semblait plus taciturne que jamais.
A la tombée de la nuit, ils n’étaient pas beaucoup plus avancés. La montre n’émettait plus rien et l’obscurité tombait. Ils ramassèrent quelques branches et Haido improvisa un feu. Ça faisait du bien, ça rappelait la cheminée du pensionnat.
— Sur la Sixième, racontait Haido, il y a ce dôme avec des plantes de tous les mondes. Il faudra qu’on aille y faire un tour quand on sera sortis d’ici.
Teo l’écoutait parler et avait tout plein d’images devant les yeux. Elles étaient jolies, ces images. Elles ressemblaient à celles des livres de la bibliothèque.
— Et la ville fait la taille de toute la planète. Quand on monte assez haut, on peut voir des immeubles qui rampent jusqu’à l’horizon.
Teo frissonna. Chez lui, tout ce qu’on pouvait voir, c’était des petites maisons des coquillages et la grosse usine.
Leibju ne disait rien, elle. Elle écoutait aussi Haido et Teo ne savait pas à quoi elle pensait. Peut-être à sa maison.
A un moment donné, il dût s’endormir. Parce qu’à présent, on le secouait et les soleils étaient levés.
La nouvelle journée fut identique à celle de la veille. La montre se mit aussi à sonner, sans doute à la même heure. Et ils s’arrêtèrent tout pareil pour la nuit.
— Il va se passer quoi si on arrive pas à repartir ? demanda Teo.
Ça jeta un gros blanc dans la discussion.
— On repartira, dit Leibju.
Mais Teo eut l’impression qu’elle n’y croyait plus vraiment. Il attendit qu’Haido la soutienne, mais ce soir, il n’était pas bavard.
— Si on n’arrive pas à repartir, il faudra qu’on trouve un moyen de survivre ici, dit-il enfin.
Le chat répondit par un ronronnement qui fila la chair de poule à Teo.
— Comment on fait pour survivre ? couina-t-il.
Personne ne répondit.
— Temps de dormir, dit Leibju.
Ce soir-là, Teo eut plus de mal à s’endormir. Il ne savait pas comment on faisait pour survivre. Peut-être que ça voulait dire manger le plus faible. Et ça serait forcément lui.
Mais il se laissa quand même emporter par le sommeil et rêva du pensionnat. Il y serait bien resté. Mais le réveil fut brutal. Et pour cause, il se résuma à un coup de feu.
Bon, là, on est un peu en train de s’enliser. Notre équipe commence à se décourager et franchement, il y a de quoi. Un coup de feu ? Fusil ? Chasse ? Manger ?
Coquilles et remarques :
Il y a six incises avec le verbe « demanda » et cinq avec le verbe « dit », quand même…
— Pour « demanda » : La première, tu peux l’enlever ; « Teo se tourna vers Leibju, la regarda fouiller dans son sac. » est suffisamment explicite. La réplique « Quelle montre ? demanda Haido. » démontre que Haido n’est pas au courant de cette découverte. Alors je suggère : « Vous la sortez d’où ? insista Haido. ». Plus loin, je propose : « Il y a des gens ? s’enquit Teo. ». Si tu mets par exemple « Il va se passer quoi si on arrive pas à repartir ? s’inquiéta Teo. », il n’en restera plus que deux.
— Pour « dit », je suggère : « On peut tenter d’aller vers le signal, proposa Leibju. » / « On repartira, affirma Leibju. » / « Temps de dormir, rétorqua Leibju. »
— Il y en avait cinq et les sœurs n’avaient pas eu le cœur à s’en débarrasser [« et elles » pour éviter de répéter « les sœurs » / je dirais « n’avaient pas eu le cœur de s’en débarrasser » ; « avoir le cœur à » indique plutôt l’humeur, la disposition d’esprit alors qu’ « avoir de cœur de » veut dire avoir le courage, la volonté.]
— de se jeter sur toute nourriture à portée [à sa portée]
— Le chat qu’Haido avait ramené / Il attendit qu’Haido la soutienne [que Haido (?)]
— Ca nous ferait nous éloigner / Ca nous changera rien de rester [Ça]
— A la tombée de la nuit [À]
— Sur la Sixième, racontait Haido [raconta]
— c’était des petites maisons des coquillages et la grosse usine. [Virgule après « maisons ».]
— A un moment donné, il dût s’endormir. [À / il dut ; passé simple]
— Le chat répondit par un ronronnement / Personne ne répondit. [Pour éviter la répétition : « Le chat réagit par un ronronnement » ou « le(s) gratifia d’un ronronnement », peut-être ?]
"§les sœurs/ avaient trouvé une portée de chatons. Il y en avait cinq et /les sœurs/ n’avaient pas eu le cœur à s’en débarrasser." Repet
"— Ca nous changera rien de rester près de l’eau." Formulation bizarre...
"— Pas de ville, bougonna Leibju. Monde indépendant, t’as oublié ?" Monde indépendant, je croyais que ça voulait dire pas, ou presque pas, relié au reste du Multivers par des vortex... mais dans ce cas-là, il pourrait y avoir des villes quand même, non ?
MAIS. Mais je proteste contre tous ces cliffhangers !
Et au fait, pour en revenir à la galère de tes persos : tu disais qu'il leur restait trois jours de rations, sans compter Teo. Du coup, ils ne devraient plus avoir à manger que pour un jour, non ? Ils devraient pas chercher de quoi se nourrir du coup ? (Parce que ouais, si on pouvait éviter l'option cannibalisme, comme le craint Teo, ça m'arrangerait XD)
Enfin... un coup de feu, ça veut dire qu'il y a quelqu'un ? Ou Leibju et Haido ont des armes ? Bon, je file à la suite !
Plus sérieusement, j'espère que le coup de feu va offrir un petit rebondissement parce que je trouve que la monotonie s'installe dans ce chapitre. Je ne me sens pas de repartir dans une promenade dans cet univers hostile où aucune issue ne semble leur être offerte pour rentrer chez eux. Il est clairement de temps de penser à comment survivre...
Et de savoir si qui de Teo ou le chat sera rôti pour le repas du lendemain ! Bah oui autant prendre le plus jeune, sa chair est tendre et il faut bien survivre un peu.
Bref je suis curieuse de voir la suite avec l'espoir que l'on passe un nouveau cap dans l'histoire. En même temps, un coup de feu c'est parfait pour ça... Attends... c'est un coup de feu style arme, ou c'est au sens propre ? *prend peur*
Quant au coup de feu... je te répondrai dans le chapitre suivant. Aime-moi <3
Mais il est possible que l'histoire franchisse un nouveau petit cap :')