Le gaga du 5ème n’en avait pas encore fini. Il me tapait sur la cerise avec sa symphonie de cymbales.
Jamais je n’aurais du m’installer dans cet immeuble ; ma mère me l’avait pourtant dit :
- çà sent l’herbe, m’avait-elle lâché dès le premier pas qu’elle avait posé sur le carrelage de l’entrée du bâtiment.
- C’est parce qu’on est à la campagne
- Je ne te parle pas de cette herbe-là; avec celle dont mes narines s’imprègnent en ce moment, les vaches ne touchent plus le pré.
- Oh, moman, il faut toujours que tu compliques. Dans le dernier appartement visité, ça sentait le chat constipé ; avec toi, il y aura toujours des inconvénients. Mais il faut voir qu’il y a aussi des avantages : on est à deux pas du centre-ville, et juste devant, il y a un joli parc avec des familles et plein d’enfants qui jouent.
- Oui, mais ça sent quand même l’herbe … et il n’y a pas que des enfants dans ce parc, regarde !
Elle me montrait un coin du parc, que je ne voyais pas de l’endroit avancé du couloir où je me trouvais.
Je revins sur mes pas et me plaçai devant la porte vitrée, d’où je vis deux hommes jeunes affalés sur un banc, habillés de « défroques », sans que je puisse retrouver sur le moment un terme plus approprié pour désigner leurs vêtements.
Le premier jouait au pompier avec son mégot qui ne ressemblait pas exactement à une cigarette, et en obtenait de beaux panaches bleutés, tandis que l’autre, penché sur sa guitare, tentait d’en extraire quelques accords disgracieux de la pointe de ses doigts noircis.
Je haussais les épaules, et lui répondis :
- Allez, viens moman, le bailleur nous attend au troisième étage …