I • Orage

Mon seigneur eut la gentillesse de m'offrir cet ouvrage vierge, de sorte que mes moments d'ennui puissent se transformer en loisir. Bien qu'il fût généreux, avant tout, pour se divertir.

À chaque tempête, je pense à lui.

C'est sous un torrent de pluie que je le rencontrai. Maigre comme une aiguille, la peau touchée par la maladie. Il me supplia, cette nuit, de lui prendre la vie. Tandis que le ciel grondait, et que je soupirais de lassitude, je lui accordai un service bien plus noble.

Un service qui engendra un terrible vice. Rempli d'orgueil et d'avarice, il saisit mon cœur. Cet acte extraordinaire annonça alors mes futurs supplices.

Couvert d'or et d'argent, se parant de diamants, se pavanant dans sa robe de tyran, sa cruauté éclata dans un fracas orageux, tel l'éclair qui déchire les cieux.

Mon frère, à qui je songe de l'aube au crépuscule, m'avait jadis dit une chose. Alors que je quittais les enfers, dans l'espoir de trouver en l'humanité une forme de liberté, il m'avait murmuré que ma perte était gravée sur la stèle de ma générosité.

À chaque tempête, je pense à eux. À ces derniers mots que je maudis.

 

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