Un rayon de soleil brûlant atteint ma peau. Le sel de l’océan infiltré à travers mes vêtements écorche à vif chaque passerelle de mon épiderme. Le sable, froid et encore humide d’une nuit fraîche, apaise assez ces sensations de déchirement pour m’empêcher d’hurler à la mort.
Ce sable d’ailleurs… il m’est étranger. Il n’a pas cette même texture que toutes les plages que j’ai un jour foulé.
Où suis-je ? Où est l’équipage ? Le navire ? Je ne peux pas être l’unique survivant de cette tempête, certains doivent forcément être dans les parages, ils doivent être vivants !
Allongé à plat ventre, la tête tournée vers l’aurore, mes bras en appui sur la plage me relèvent lentement. Chaque effort me ramène inexorablement à terre, mes muscles pris dans des entraves éphémères brûlent, comme si du métal en fusion circulait dans mes veines. « Courage ! » J’ignore le nombre de tentatives suivies d’échec. Je suis encore en vie, ou ce qui s’en rapproche, et de l’espoir me suffit pour me redresser.
À genoux, mes yeux peuvent balayer cette terre inconnue. Avec ce soleil levant, partir sur la plage à droite ou à gauche me mènerait à une mort certaine, idem pour l’océan, dont je devine la présence dans mon dos aux vagues qui viennent frapper mes pieds. La jungle dense en face reste la moins pire des solutions pour maintenant. À choisir, je préfère prendre le risque de survivre, que d’attendre la grande cape noire m’envelopper de son étreinte glaciale.
Debout, loin de la fraîcheur du sol, la douleur empire. Chaque grain roulant sur ma peau s’est transformé en lame de rasoir, des milliers d’entailles invisibles se forment à chaque seconde. Je veux crier, courir, me laver de cette souffrance comme l’on se lave de nos péchés. Hélas, mon corps préfère trembler. « Hors de question de rester ici ! » Alors j’avance.
Le pied gauche d’abord. Un pas après l’autre. Mes bottes pleines d’eau, lourdes comme jamais, laissent une traînée de mon avancée derrière moi que l’océan et le vent ne se priveront pas d’effacer. Une brise salutaire vient caresser mon visage, bercée sur une agréable odeur de terre humide, la lisière n’est plus qu’à quelques mètres. « J’y suis ! »
Épuisé, je me m’appuie contre un arbre. Je peux souffler et laisser le feu sur ma peau se calmer enfin.
Les yeux fermés, mon esprit se laisse prendre par cette mélodie que jouent en harmonie les oiseaux et l’océan. Lorsque je les rouvre vers l’étendue aux reflets d’or et d’argent à la recherche de quelqu’un, ou quelque chose, ou n’importe quoi d’autre, je m’aperçoit qu’il n’y a rien. Pas d’île, aucune autre trace que les miennes sur la plage. Aucune aspérité, comme si jamais personne n’était venu. J’espère qu’il y des gens, non hostiles, mon épée ne me sera d’aucune aide si je dois me défendre au vu de ma faiblesse généralisée.
Entre deux chants d’oiseaux, un ruissellement d’eau éveille en moi une soif. Mon corps sec réclame quelques gouttes de ce breuvage. Il est dans la forêt, assez proche pour être entendu.
J’avance, titubant, la vision trouble. La mélopée d’une rivière résonne dans mes oreilles comme le chant d’un ange. « encore un effort... »
Tant d’obstacles sur mon chemin, entre branches, lianes, et feuilles de la taille d’un pavillon, l’avancée se révèle difficile. Mes bras suffisent à percer la voie, même si la tâche est laborieuse.
Une éternité s’écoule, mais la voilà ! Une source d’eau claire, illuminée par un arc-en-ciel dessiné par quelques rayons traversant la haute cime des arbres.
J’y suis. Je fonce. Ce paradis vert ne prendra pas ma vie.
Presque à portée de ma main, un bruit métallique vrille mes tympans. Des feuilles se soulèvent, une corde surgit, le paysage se renverse. Mes pieds entravés par des liens quittent la terre ferme, je me retrouve la tête en bas. Un piège. Un foutu piège…
Mon espoir de survie s’est écroulé en même temps que mon épée qui gît sur le sol, trop loin de mes doigts. Ainsi va s’achever mon aventure, corsaire, naufragé, puis prisonnier. Ma dernière pensée se dirige vers Izabel. « Je suis désolé. »
Tu découvrira la suite prochainement ! On espère qu'elle te plaira tout autant !
Enfin j’étais sure que le destin allait jouer un mauvais tour a Niels ceci dit XD
Ici je retrouve un peu ce que j'avais lu !
Que dire, la plume est belle , fluide, ça ne m’étonne pas.
Les images que vous nous laissez imaginer sont tres belles. Franchement, tout le texte invite a l'immersion, les descriptions sont sublimes, on ne peut pas s’empêcher de se mettre dans la peau de Niels ♥
Franchement bravo, et a bientot !
Coucou vous deux, j'ai beaucoup aimé ce chapitre 2, on se retrouve donc sur l'île ~
Y a plusieurs phrases qui m'ont percuté (dans le bon sens du terme) je les ai trouvés très belle !
Par exemple : "la grande cape noire m’envelopper de son étreinte glaciale. " et "La mélopée d’une rivière résonne dans mes oreilles comme le chant d’un ange."
mais celle que j'ai adoré c'est quand il se prend dans le piège !!
"le paysage se renverse" cette formulation est sublime, j'arriverais pas à dire pourquoi : mais j'ai adoré, j'ai vraiment vu le mouvement, c'était super cool !
Encore une fois j'ai adoré ma lecture, hâte de lire la suite, et pauvre Niels ;; Courage bibi T-T
Que du positif dans ce commentaire ! <3 Nous sommes ravis que tu aies aimé ! Surtout ces petites formules.
La suite lui réserve quelques surprises ;-) mais je n'en dirai pas plus !
J'espère que la suite te plaira toujours autant 🥺🌷❤️🌟🌠