II. Rinelda

Par BAEZA

Rinelda vivait sur une île.

 

Il serait plus juste de dire qu’elle vivait sur SON île car elle était la seule humaine à y vivre.

 

Depuis quand y vivait-elle ? Depuis que ses parents avaient été enlevés, il y avait de cela des années.

 

Rinelda, qui était alors âgée de sept ans, les avait accompagnés durant leurs vacances sur cette île paradisiaque, située au beau milieu de l’Océan Indien.

 

Ils faisaient partie d’un groupe d’amateurs de farniente et de dépaysement qui recherchait l’éloignement le plus absolu de la société humaine.

 

C’est alors que l’impensable se produisit.

 

Ce jour là, Rinelda était partie seule se promener sur les chemins serpentant les collines de l’île qui dominaient la mer pour observer des animaux et des plantes insulaires rares.

 

Ses cheveux clairs rayonnaient sous le soleil équatorial du matin. Elle était vêtue d’un tee-shirt blanc, d’un short orangé, était coiffée d’un chapeau de paille et portait sur l’épaule une gibecière grise qui lui servait à collecter des échantillons.

 

Alors qu’elle s’était agenouillée pour observer une orchidée mauve et blanche, elle entendit le bruit d’une explosion qui semblait provenir du centre de vacances qui bordait le rivage et dont elle s’était éloignée de deux kilomètres environ.

 

De l’emplacement où elle se trouvait, elle pouvait apercevoir qu’une grosse vedette blanche s’était ancrée dans la baie et que plusieurs hommes habillés de noir s’y activaient à son bord.

 

Elle courut vers le centre mais plus elle approchait, plus elle entendait des sons secs, des claquements et des cris.

 

Elle eût le reflexe de ne pas aller directement vers les premiers bungalows mais de se cacher derrière les arbres qui longeait le chemin de terre ocre et d’avancer progressivement et furtivement jusqu’au première maisons.

 

Lorsqu’enfin elle parvint au village, celui-ci était désert.

 

Elle se rapprocha alors de l’embarcadère et vit deux canots pneumatiques qui s’éloignaient, dans lesquels les membres de son groupe de vacances, pères, mères, enfants dont ses propres parents, étaient accroupis, sous la menace des hommes en noir armés de fusils mitrailleurs.

 

Elle ne put éviter d’avoir un haut-le-cœur et des larmes lui montèrent immédiatement aux yeux mais elle s’interdit de crier.

 

Lorsque les canots arrivèrent à proximité de la vedette, chargés de leurs prisonniers, les esquifs de plastiques furent attachés à l’arrière du bateau et elle vit les hommes en noir pousser les vacanciers à monter un à un dans la vedette.

 

Les bandits armés criaient, donnaient des coups aux récalcitrants, son père lui même fut frappé au visage et au ventre, avant que l’un des hommes en noir le pousse sans ménagement dans le bateau.

 

Rinelda ne pouvait rien faire pour empêcher que ses parents soient enlevés mais elle pleurait en silence douloureusement.

 

Puis tout alla très vite, une fois les derniers vacanciers embarqués.

 

La vedette fit gronder son moteur, entama un virage et s’éloigna à grande vitesse de l’île.

 

Rinelda se retrouva alors seule au milieu de l’Océan Indien, livrée à son sort.

 

 

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