II - Scène I - L'Après

Ce matin-là, Binocle vient cogner à la porte de ma chambre, tout là-haut. Il ne vient jamais, et le son produit par la jointure de ses doigts est si léger sur le battant, si inattendu, que je manque ne pas l’entendre.
Je ne l'invite pas à entrer, parce que je ne veux pas qu’il entre. Le revoir, c’est revoir Monsieur, me rappeler d’hier – et je ne suis pas sûr de savoir pardonner à hier.
Binocle passe néanmoins le seuil dans un bruissement fin. Il me jette un regard dont le coin est fuyant, puis avise la lucarne ouverte sur un petit jour à peine né. Ses lunettes pendent.
— Quel goût a eu cette nuit ?
Je soupire.
— Amer.
Il s’avance comme s’il découvrait les lieux pour la toute première fois. Même s’il ne vient jamais ici, il y est chez lui, et il y a quelque chose d’insolite à le voir effleurer les choses comme s’il attendait qu’elles lui parlent. Sa main se perd un instant sur le plateau de mon bureau, entre deux piles de livres, de l’exacte façon dont elle se perd sur le sien : une paume bien à plat, doigts écartés, sec contre sec. Puis il inspire lentement, avec une sorte d’application, esquive une quinte de toux cachée dans un coin et lâche :
— Je ne m’excuserai pas, tu sais.
La surprise me tend la nuque. Ses yeux clairs basculent vers le mien et s’y plantent avec conviction.
— Cette femme est importante, à sa façon. Influente dans le Haut-Monde. Refuser sa demande aurait été dangereux.
— Vous avez refusé sa demande. Vous ne m’avez pas vendu.
Pas tout entier.
— Non. Tu as raison.
Binocle caresse avec précaution mon étui à violon posé sur la chaise, du bout de l’index – le même index s’étant pointé vers moi, il y a quatre ans. Il effleure sa courbe de ses mouvements maigres et délicats, puis avise le loquet rouillé, gratté, patiné. Je vois son sourcil se creuser, sans comprendre. Il articule à nouveau mais à voix plus basse, comme posée au ras du sol :
— Non, je ne t’ai pas vendu.
Un curieux pressentiment m’agite, mais je hausse les épaules comme pour m’en débarrasser. Cela ne fonctionne pas du tout.
— Je vous appartiens toujours, non ?
Son étonnement semble si vif, soudain, que ses poumons tressautent – la toux qu’il était parvenu à garder à l’intérieur de lui sort alors et dégringole en une longue cascade creuse. Sa douleur enrobe jusqu'à ma moelle tandis qu'il tente vainement de reprendre son souffle. Tout en moi voudrait l'aider, mais rien n'y parvient. Il y a encore sur lui un peu de l'homme qui, hier, a planté un creux dans ce que je suis. Je regarde ailleurs en priant pour que cela s'arrête, puis me rappelle qu’hier, regarder ailleurs ne m’a servi à rien. Je ferme les yeux.
Le bruit d'un bouchon que l'on ôte me fait rouvrir le bon. Binocle avale le contenu d’un flacon minuscule, plus petit que tous ceux qu’il utilise, d’ordinaire. Lorsqu’il le referme puis le camoufle dans la poche intérieure de son veston, en tremblant, j’ouvre mon œil mort et oublie que je voulais me taire.
— C’est quoi ?
Il respire avec précaution, le souffle tâtonnant dans le calme revenu, mais son curieux remède semble déjà avoir agi.
— Rien qui te concerne.
Sa tête dodeline légèrement, l’espace de quelques secondes, puis se replace dans sa ligne habituelle. Avant que je ne m’insurge, il murmure :
— Je sais que c’est difficile.
— Quoi ?
Durant quelques secondes, sa bouche se tord machinalement – il n’aime pas les « quoi » et les « qui » lancés tout seuls, sans réfléchir. Son regard, lui, est captivé par le dehors étroit, encadré par ma lucarne. Je suis tenté de le suivre pour découvrir ce qu’il voit, mais son visage, redevenu serein, me tient à nouveau en suspens. Ce n’est pas vraiment le visage de Binocle, et pas celui de Monsieur non plus. C’est un visage que je reconnais et ne reconnais pas tout à la fois, mille fois parcouru mais presque inédit. Lorsque ses yeux clairs reviennent vers moi, ils sont d’une douceur que je ne crois pas lui avoir déjà vue. Un frisson me court sur les bras.
— Perdre définitivement quelque chose, c'est... un deuil. La plupart d'entre nous nous accrochons à tout ce qui a été, à tout ce qui ne peut plus être. Mais ce que tu as vécu hier était différent. Il n'y a rien à quoi s'accrocher. Tu sais juste que ça a été là, et que la place est vide.
Sa voix trébuche un peu, achève en emmenant ses yeux par terre :
— C'est difficile, de garder en soi une place vide, qui n'a la forme de rien ni de personne.
Un silence passe, portant en lui quelque chose que je n'identifie pas et qui fait vibrer l'intérieur de mon ventre. 
— Pourquoi m'avez-vous laissé le souvenir de sa visite ? Vous auriez pu choisir de me l'enlever, cette place vide.
Les épaules de Binocle s’affaissent à peine, mais suffisamment pour que son souffle émette un bruit rauque lorsqu’il lâche brusquement :
— Pour que ton dégoût puisse demeurer intact.
J’écarquille les yeux. Les siens remontent alors à moi avec une force inattendue. S'il osait me toucher, j’ai soudain la certitude que je sentirais à ce moment précis ses longs doigts crochetés autour de mes épaules.
— Ne sous-estime pas la force de ton dégoût pour ce que tu as vécu hier. Ton dégoût envers moi et ce que j’ai fait sans ton accord, ton dégoût envers cette femme et l’aisance qu’elle a eu à disposer de ce qui t’appartient. Le dégoût de cette intrusion et l’amertume qu’elle a donné à ta nuit.
Son regard s'éloigne dans un battement d'ailes glacial qui me laisse chancelant.
— C’est ton dégoût qui te permettra de te rendre justice. Pas ta colère.
Tandis qu'il se rapproche de la porte, je lui demande de s’arrêter. J’ai la gorge nouée. Noyée, pleine d’eau.
— Vous l’avez vu, mon souvenir ?
Je n’étais pas sûr d’avoir le courage de le lui demander, mais c’était probablement plus une question de dégoût que de courage, finalement. Binocle entreprend de lisser la cape que j’ai abandonnée sur la petite patère, n’importe comment. Ses doigts d’araignée s’arrêtent longuement sur le dernier bouton, presque entièrement décousu, sa bouche se tord, ses paupières se plissent et je crois un instant que la toux va revenir. Ou qu’il va pleurer. Pourtant, sa respiration demeure calme et silencieuse.
Lorsqu’il redevient pleinement lui, les plis sur son visage ne veulent plus rien dire – rien que je puisse comprendre, alors. J’insiste :
— Vous l’avez vu, quand vous lui avez donné ?
— Pas vraiment.
Pour moi, « pas vraiment » n’est pas « non ». J’ouvre la bouche pour lui demander de me le décrire, mais il m’arrête d’un simple geste du poing, levé en l’air entre nous. Comme s’il tenait ma voix, mon souffle captifs dans le creux de sa main.
— Cette manipulation est difficile, Lazare. Elle ne m’en laisse apercevoir que des fragments.
Son poing redescend lentement le long de son flanc.
— Tenter de les interpréter pour reconstruire quelque chose serait une erreur.
— Pourtant, vous ne vous excuserez pas.
Il fait « non » de la tête, doucement, et je sais soudain que je n’aurai rien d’autre que ce petit mouvement qui déjà n’existe plus, qui ne me laisse aucune preuve de son remord. Je sais que je devrais lui en vouloir, plus qu’avant, plus que jamais, mais ce mouvement minuscule a emporté avec lui toute ma colère de la nuit. En cet instant, je ne ressens qu’une lassitude gigantesque. Une lassitude et une peur gigantesques, face à cette place vide que Monsieur a créée en moi et dont il ne s’excusera jamais. Nous savons tous les deux qu’il devrait. Mais je viens de comprendre que ce mouvement était celui d’un Binocle s’excusant de ne pouvoir s’excuser. Le signe des choses que l’on fait malgré soi, pour des raisons à soi. Le « non » des raisons qui n’ont pas l’air d’avoir un sens, et qu’on ne comprend pas.
— Mais je vous appartiens toujours, non ?
Binocle a tourné les talons pour sortir, mais ma question l’arrête à nouveau. Je ne sais pourquoi il m’a semblé important de la lui redemander, de ne pas la laisser, elle aussi, sans réponse. Comme si, une fois Binocle sorti de ma chambre, je n’allais plus jamais le revoir. Comme s’il allait me laisser partir en partant.
Il se tourne vers moi, et sa tête se penche sur son épaule, par habitude. Ses lunettes glissent et mon cœur aussi, droit vers le sol. Il soupire, la main sur la poignée. Je comprends que ce que je prenais alors pour ma lassitude était la sienne.
— Si tu m’avais un jour appartenu, Lazare, aucun dégoût ne pourrait exister entre nous. Crois-le ou non, tu n’as toujours appartenu qu’à toi seul, dans cette maison.

 

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Elodie
Posté le 02/04/2022
Ouf! Il m’a fallu du temps pour percuter!!! J’ai longtemps pensé que l’amertume de Lazare était due aux mots durs de Binocle au chapitre précédent pour enfin comprendre qu’on revenait en arrière (pas dans le temps vu que c’est après mais dans le récit). Personnellement, je ne suis pas fan de cette rupture. Je me permets de le dire car j’adore, j’adule même, ta plume par ailleurs! Et ça reste très personnel… J’aime pourtant être surprise dans mes lectures, j’aime aussi les mystères mais j’aime moins quand je me sens confuse et, là, ça a été le cas toute la première moitié du chapitre. Je ne sais pas si c’est très clair ni très utile comme commentaire… Mais, autrement, j’ai vraiment beaucoup aimé la manière dont la relation entre Lazare et Binocle est décrite, sa complexité, sa tendresse derrière la dureté apparente. Et je trouve l’univers de cette histoire captivant! Il me fait penser par certains aspects à celui de la Passe-Miroir. Je suis si curieuse d’en savoir plus! J’espère qu’il y aura une suite…….
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
Bien sûr que ce genre de commentaire est utile, extrêmement utile même !
Comme j'ai pu l'écrire en-dessous, j'appréhendais les réactions pour cette rupture de voix car je savais que cela constituait un risque. J'ai voulu cette rupture abrupte - même si je ne suis pas fan moi-même des changements de points de vues, d'ordinaire - parce qu'il me semblait nécessaire de basculer à nouveau dans l'oeil de Lazare, de faire suite au préambule. Cette première partie n'était vouée qu'à installer un décor, tisser des relations - ce qui me semblait tout autant nécessaire. La véritable histoire de Lazare commence avec le préambule, et se poursuit ici. Je comprends néanmoins ce qui bloque, et tâcherai d'alléger tout ça lors de la réécriture... D'où la très grande utilité de vos retours. <3
Merci, en tout cas, pour ta fidélité et ton enthousiasme vis à vis de mon histoire. J'ai beaucoup avancé durant l'année écoulée, à défaut d'avoir posté ici, mais je n'oublie jamais PA et son aide. :)
Elodie
Posté le 08/04/2022
Je comprends l’idée que la première partie est là pour installer le décor mais c’est vrai que moi je l’ai toujours lue du point de vue de Lazare, peut être que c’est le préambule qui m’a installée dans cette manière de lire, je ne sais pas…
Et sinon désolée si parfois je t’ai fait te répéter avec mes commentaires; je ne lis quasiment jamais les commentaires des autres lecteurs quand je découvre une histoire…
So26
Posté le 05/03/2022
Vivement la suite de cette histoire magique dont j'adore l'ambiance et les personnages! La tailleuse m'a un peu fait penser à Mme Guipure et cette boutique de souvenirs me rappelle la pensine de Dumbledore!
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
Ah oui, tout à fait, je ne l'ai pas écrit consciemment mais il y a de ça ! C'est fou ce que les histoires avec lesquelles on grandit s'implantent en nous...
Merci de ton enthousiasme, en tout cas !
Jowie
Posté le 10/01/2022
J'avoue avoir été très surprise par cette narratiion à la première personne du singulier. Elle fonctionne bien, mais je ne la voyais pas du tout venir! Ce changement, m'a donné l'impression qu'il y avait une sorte de saut dans le temps assez conséquent et j'ai vite compris que ce chapitre était la suite de celui où une cliente veut emporter Lazare. Jusque-là, j'ai tout compris. Je ne suis pas sûre de savoir si ce passage se passe beaucoup de temps après les événements de la scène I IX, par contre.

La relation entre Binocle et Lazare me fait mal au coeur. Ils s'aiment mais Binocle fait du mal à Lazare parfois et je ne sais pas pourquoi ToT Il a l'air si conscient et désolé de ce qu'il fait, je ne sais pas s'il le fait exprès ou si c'est une façon de tester ou si... je me pose trop de questions xD mais voilà, ça me torture un petit peu de l'intérieur haha.

En attendant la suite, je te souhaite bonne scribouille :)
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
J'adore tes questions, Jowie, elles me font toujours sourire. C'est fascinant de vous voir vous interroger sur mon histoire, vos hypothèses, vraiment j'adore ça. <3
Je suis heureuse de constater que vous ressentez (je crois) pour la plupart cet amour entre Binocle et Lazare, que vous n'en doutez pas vraiment sans pour autant comprendre sa maladresse. C'est important pour la suite et très rassurant de voir que la graine est bien là, que vous la voyez sans la voir.
Je ne t'en dis pas plus pour ne pas dévoiler la suite, qui arrivera (un jour, promis). <3
eysselia
Posté le 02/01/2022
Salut,
Ça y est j'ai finit de rattraper tout les chapitres disponibles, j'aurais aimé que ça dure plus longtemps, c'est comme ça quand on aime une histoire à ce point une fois finie on souhaite toujours être resté un peu plus logtemps dedans. Quant aux raisons pour laquelle j'ai autant aprprécier ton histoire et que j'attendrais la suite, elles sont assez simples :
Ta façon d'écrire est magnifique, tu travaille la langue d'une telle façon qui rappelle que le français est beau et peut être plus que cela encore. J'avais pas eu de coup de coeur sur la façon d'écrire de cette façon depuis un moment (et la dernière fois c'était en anglais donc pour le français ça date encore plus). Tu arrives à écire une texte simple et poétique (les deux en même temps c'est rares) qui restranscrit des choses pas simples du tout, les émotions si complexe sont totalement percpetibles, elles touchent.
Ça c'était la forme, masi le fond n'est pas en reste. L'histoire est touchante, on s'attache aux personnages si fortement. Et tu dis des choses belles, des choses moins belles, masi pas pour les glorifier plus pour donner le constats que le monde n'est pas parfiat, mais qu'il faut avancer (enfin je l'ai ressenti comme ça). Et avec ce dernier chapitre tu aborde quelque chose ou j'ai vraiment envie de voir ou ça va. J'ai envie de rester dasn ce monde ou les souvenirs peuvent être créer, à côté de Lazare et de Binocle et des autres personnage. D'ailleurs, même si l'un d'eux n'apparait que brillevement il est toujours mémorable, tu as une façon de les caractérisé superbes, ils sont complexxe et simples, ils sont eux quoi.
Quan au dernier chapitre le changement est annoncé avec le titre, mais aussi le II et tu renforce ce découpage avec le passage à la première personne et avec le présent. Bon ayant un sérieux problème avec le je (faut pas chercher, c'est juste moi), sur le coup je me suis dis "ho je préférais avant", puis j'ai lu et j'ai complétement oublié pourquoi j'aime pas les texte écris au je, mais pas de la façon ou j'aime bien un texte malgrès qu'il soit écris à la première personne (ça arrive quand même), mais plus dans le sens ou "pourquoi j'aime pas le je au fait ?", ce qui est plus surprenant. Donc même si je prefère l'écriture de la première partie quand même à cause de ça, je ne peux pas ne pas aimer ce début de partie autant que j'aime le reste de l'histoire... la double négation rend pas ça très clair j'ai l'impression.
Bref, un énorme coup de coeur pour ton histoire, je te souhaite une très bonne continuation et sincèrement merci pour partager cette histoire avec nous.
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
Merci à toi, eysselia, pour ce superbe commentaire...
Je commence par m'excuser de mon retard, je réponds toujours assez tardivement mais ça n'est jamais une preuve de mépris, vraiment (je fonctionne dans une bulle quand j'écris, j'ai dû mal à y entrer et en sortir, du mal à en parler, mais je vous lis toujours très attentivement et suis toujours très émue).
Je suis très touchée que tu sois passé-e au-delà de tes difficultés concernant le "je" pour Lazare, je m'attendais à ce que ce changement coince et redoutais un peu vos réactions. Elles sont toutes extrêmement bienveillantes, comme la tienne, j'estime avoir de la chance. <3
Tes mots concernant l'écriture, ton ressenti, sont très précieux. Je ne prétends pas être capable de grand chose concernant tout ça, je sais que tout est question de perception et de goût, mais savoir que la façon dont je mets en scène mes personnages plaît, ça me fait vraiment chaud au coeur. "Ils sont eux", c'est exactement ça, et c'est ce qui me les rend importants.
D'autres personnages arriveront d'ailleurs dans la suite, tous et toutes important-e-s à leur façon... J'espère que cela continuera de te plaire. <3
Alice_Lath
Posté le 29/12/2021
Hahahaha j'avoue qu'il m'a fallu un moment pour tout resituer, je n'avais pas saisi qu'on changeait de partie, et je suis revenue en arrière de peur d'avoir manqué quelque chose. En même temps, ça fait longtemps que j'ai pas lu le préambule haha je me suis aidée des commentaires pour saisir que peut-être j'avais le cerveau ailleurs, notamment par rapport au bond de 4 ans dans le temps
Sinon, c'est toujours aussi agréable à lire, et pour cette perturbation, je pense que pour moi ça vient de mon état un peu brumeux haha
Sinon, c'est toujours aussi joliment écrit, c'est un régal à suivre en tant que lectrice, tu as vraiment un très beau choix de vocabulaire. Il y a une jolie subtilité, avec des dialogues percutants, notamment je pense à ce que dit Binocle à Lazare après la perte de son souvenir
Niveau rythme, c'est toujours posé, cela me convient très bien, tu déploies cette ambiance particulière tout le long du récit, on s'y plonge avec plaisir !
Merci encore pour cette jolie partie !
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
Merci encore Alice, pour ce commentaire rassurant ! Comme je l'ai écrit au-dessous, je m'attendais à ce que ce changement ne fasse pas l'unanimité (et je le comprends)...
Et merci tout particulièrement pour le compliment sur les dialogues, vous commencez à savoir que ce n'est pas ce qui me met le plus à l'aise, je suis toujours trop heureuse de constater que certain-e-s d'entre vous ne les trouvent pas forcés. <3
SometimesIwrite
Posté le 23/07/2021
Je n'avais même pas remarqué le changement de point de vue tellement j'étais perdue dans ma lecture *-* Perdue dans le bon sens du terme, pas perdue dans le sens "je ne comprends pas ce qu'il se passe". Comme quoi, c'était fait avec élégance et toujours une plume qui me parle. Je veux tellement lire la suite, ça me démange !
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
Ton ressenti me fait très plaisir, je m'attendais à perdre des gens sur ce début de deuxième partie...
Merci pour ton enthousiasme, la suite arrivera. <3
Rachael
Posté le 04/06/2021
Ca m’a fait carrément bizarre, ce changement de point de vue, avec Lazare qui devient « je ». Et puis on passe au présent, aussi. J’avoue que je ne sais pas encore ce que j’en pense. C’est sûr que cela introduit une rupture, qui s’accorde bien avec le temps passé, 4 ans, si j’ai bien compris.
Il m’a fallu un petit moment pour comprendre que « monsieur » c’était le binocle voleur de souvenir, et qu’on se situait juste après la « vente » du souvenir de lazare. C’est peut-être aussi parce que le début de l’histoire je l’ai lu il y a bien longtemps (je suis retournée voir).
Bref, je crois qu’il va me falloir un peu de temps pour « digérer » ce chapitre, car, j’ai trouvé un peu difficile de faire ce saut en avant et de comprendre vraiment la conversation entre eux, comme si j’avais manqué quelque chose. Je pense que cela s’est éclairé au fil de la lecture, quand j’ai compris exactement où on se situait, mais ce n’était pas clair pour moi au début.
Sinon, c’est toujours aussi joliment écrit, et la relation entre eux délicate, ciselée. Toujours un plaisir à lire !
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
Merci Rachael, ce genre de retour est toujours très précieux. Je m'attendais à ce que ce changement perturbe, car je l'ai volontairement voulu abrupt... A voir si je conserve cela dans le temps.
Ce qui est sûr, c'est que je souhaitais fermer la parenthèse de la première partie, et retrouver le Lazare du début, le Lazare grandi, trahi, dont on perçoit directement le ressenti.
Peut-être gagnerais-je néanmoins à me montrer un peu plus explicite, je vais étudier ça !
Eryn
Posté le 02/05/2021
Super ! Ce brusque changement à la première personne donne à Lazare une maturité que je n'avais pas perçue dans les anciens chapitres, comme si tout à coup il devenait plus grand. Le passage au "je" crée la surprise, mais ce n'est pas une mauvaise chose, j'attends de voir ce que ça donnera pour la suite ! En tout cas, contente d'avoir la suite de cette histoire, c'est toujours un plaisir de te lire ! A bientôt !
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
Désolée du retard de ma réponse, mais je suis toujours très heureuse de te voir commenter, Eryn. <3
Beaucoup de satisfaction à te lire, car j'ai effectivement tenté de faire ressortir cette maturité chez Lazare, qui a grandi de plusieurs années...
A bientôt !
AudreyLys
Posté le 29/04/2021
Coucou !
C'est un plaisir de se replonger dans ce récit captivant ! Chaque scène est délicieuse par ses mots et ses messages, je me régale. Ton style est vraiment sublime, je ne m'en lasserai jamais.
Je suis moins fan de la narration à la première personne/présent, mais je constate qu'on ne perd pas un gramme de la beauté du texte ni de son intensité. Et puis j'ai tout de suite senti le changement dans Lazare, même si je ne saurai pas dire exactement en quoi il consiste. Je suppose que notre petit rêveur a grandi, tout simplement^^
Bref, pas grand chose de constructif à dire, à part que chaque chapitre est une leçon de littérature !
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
Avec beaucoup de retard, merci pour ces gros compliments Audrey ! <3
Cette narration première personne / présent est celle du préambule, car la première partie était destinée à poser une partie du décor... Nous rattrapons donc Lazare là où nous l'avions laissé, avec sa vision des choses, son sentiment de trahison, ses perspectives. Et malheureusement, le reste du récit se fera encore de son point de vue... J'espère que cela ne te dérangera pas trop, lorsque la suite viendra.
Merci de ta fidélité, en tout cas, elle me fait vraiment plaisir. <3
Pétrichor
Posté le 16/04/2021
Salut Fauchelevent !

Quel beau chapitre ! Encore une fois, bravo ! Bravo pour ton histoire, bravo pour tes personnages, bravo pour ton style et ton souci du détail !!!

Je suis, évidemment, allé relire le prologue. C'est super, parce qu'on fait le lien, et on comprend le prologue en question.

On sent bien la rupture avec la première partie. Tu introduit de nombreux changements. Je t'avoue que j'ai eu peur au début ;D Je me suis dit zut, on a perdu le Lazare du début, ça n'a plus rien à voir, blablabla...
Mais en fait non, pas vraiment. Parce qu'il se passe quand même quatre années, donc c'est normal que le bougre (pardon pour la familiarité ;) ait changé. Et comment a-t-il changé, d'ailleurs ? Qui est-il devenu ? Quatre ans, c'est beaucoup... Je me demande encore comment tu vas arriver à faire le lien entre un Lazare de première partie et ce Lazare ci... Mais je m'inquiète pas trop pour ça :D

Ainsi, on lui a volé son souvenir... Et n'importe lequel, d'ailleurs. Son plus beau !
Je me demande de quoi il peut bien s'agir. Un souvenir récent ? Un avec Binocle ?
Et grande question : qu'est-ce qui va se passer ensuite ? Est-ce qu'il va essayer de reprendre ce souvenir ?
J'ai aucune idée de la façon dont tu vas faire évoluer ton récit... Et ça m'agace beaucoup ;)
Je suis aussi incapable de conjecturer la suite que je l'ai été pour ce chapitre...
Parce qu'en soi, cette première partie était davantage descriptive. On découvrait et on appréhendait un monde par les yeux du petit Lazare... Qui a désormais bien grandi. C'est comme ci l'histoire commençait vraiment... Maintenant.

Bon je me répète sûrement, mais bravo pour ce chapitre (et pour tous les chapitres d'ailleurs) !
Ton style est toujours aussi joli, et tes tournures très poétiques ! Je trouve très chouette que tu laisses beaucoup de liberté au lecteur. Tu lui laisses l'espace pour découvrir ton univers tranquillement. Je trouve que c'est un défaut de beaucoup d'écrivains, trop zélés : leur envie de tout bien décrire me donne, à moi, la désagréable impression qu'on me prend par la main pour me montrer chaque détail que j'aurais mal vu, sans me laisser la liberté de regarder là où j'ai envie. (Dsl pour les phrases interminables xD)
Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire, mais en tous cas saches que tu n'as pas du tout ce défaut !

Bon, assez papoté. J'ai encore plein de choses à dire mais il faut savoir s'arrêter. ( Ceci dit, j'aime beaucoup la façon dont tu amènes la réflexion dans ton récit -comme avec le dégoût- sans jamais imposer dans le récit un point de vue)

Bon, promis, je m'arrête ici.

A bientôt j'espère ! Hâte de découvrir la suite...


Pétrichor.
Fauchelevent
Posté le 04/04/2022
Merci infiniment pour ce superbe commentaire, Petrichor !
Je ne peux pas croire en te lisant que ça fait déjà un an que j'ai posté ce dernier extrait, tout est passé si vite... J'ai bossé sur Lazare quasi tous les jours depuis, je suis d'une lenteur exaspérante (je m'en excuse).
Ton commentaire me fait vraiment plaisir, pour plein de raisons. J'ai eu l'occasion de constater que le changement de point de vue pouvait gêner, déranger, surprendre... Je m'y attendais, mais je suis heureuse de voir que de ton côté, tu as senti ce lien avec le préambule. Je crois que beaucoup de personnes ont cru que je leur retirais un peu de Lazare, alors que le Lazare du préambule, celui de la focalisation interne, est le "véritable" Lazare du récit. Et tu as tout à fait raison, tu as tout saisi : l'histoire commence maintenant.
Je ne peux promettre quand je posterai la suite (très vite je l'espère), mais j'espère en tout cas que tu seras au rendez-vous, et si oui, que ça te plaira. <3
Prudence
Posté le 26/03/2021
Je viens enfin de comprendre le préambule... ! Je commence seulement à comprendre, c'est merveilleux et triste à la fois. Mon cœur s'est brisé quand j'ai re-relu les dernières phrases de ce chapitre. Je suis dans le même état que Lazare, un vide intersidéral me broie la poitrine. On se sent si impuissant. C'est affreux ce qu'il a fait à Lazare. Je me demande ce qu'il va se passer, ce qu'il va faire, qui est cette femme au début du récit. Que de questions ! Je suis scotchée (oui, je vois que j'étais très loin dans mes conjectures, au tout début, dans mes premiers commentaires, moi qui pensait que Lazare était un esclave xD)

C'est toujours un plaisir de te lire, Fauchelevent ! Je serai au rendez-vous pour le prochain chapitre <3 :-)
Fauchelevent
Posté le 08/04/2021
Oh, merci Prudence ! <3
Je suis - tout à fait égoïstement et cruellement - assez heureuse de lire que cette scène t'a fait ressentir toutes ces émotions, te poser au plus proche de Lazare. C'est un sacré compliment que tu me fais là, mine de rien.
Merci pour ta fidélité. <3
arno_01
Posté le 23/03/2021
WAOUHHHHHHHHHHHHHHH.
C'est remuant. D'habitude dans un chapitre de Lazare on a un mélange de naivetés / découvertes, de fééries avec un peu de mélancolie, nostalgie, et de tristesse.
Dans ce chapitre, c'est donc la seconde part qui est à l'honneur. Cette absence de fééries joyeuse, auquel on est habitué, renforce d'autant la dureté de ce passage.

Je trouve que les 4 changements :narration, temporel (+4ans), et l'ambiance, et de rythme (c'est je crois le chapitre avec le plus de dialogue) se comprennent très bien ensemble. Et si cela fait un 'choc', pour moi, cela renforce la seconde partie, et ne nuit pas à la lecture.

J'avais totalement oublié le préambule (merci au commentaire de Shangaï, de me l'avoir rappelé).

La seconde partie est intriguante, et on se pose plein de questions : que s'est il passé pendant les 4 ans, quel est le souvenir volé, et pourquoi Binocle l'a t il fait.

Seuls point, que je trouve bizzare, c'est la fin de ta première partie. Le chapitre précédent se termine par la douleur de Lazare quand il entend Binocle dire qu'il n'est "rien qui vaille vraiment la peine de nous y arrêter". Si la premère partie, sert à planter le décor, tant dans l'univers que dans les relations entre Lazare et Binocle, la terminer sur cette phrase me laisse un peu sur les dents.
J'ai envie de savoir comment Lazare et Binocle vont agir juste après avoir entendu/dit cela. Et finalement on se retrouve 4 ans plus tard, sur le chapitre d'après.
Cela laisse donc une sensation de friction entre Lazare et Binocle, à la fin de la première partie, qui est plus forte que celle qu'on a pu voir dans le reste de cette partie.
Peut-être bien sur que c'est justement l'idée, pour annoncer / amorcer , la vente forcée du souvenir appris dans ce chapitre.
(je ne sais si j'ai été clair, sinon je tacherais de reformuler)

En tout cas c'est toujours un plaisir à lire, un concentré d'émotions, qui fait du bien à lire.
Fauchelevent
Posté le 08/04/2021
Désolée, arno, de ne te répondre que si tard...
Merci d'avoir pris la peine de construire un commentaire aussi précis, de me faire part de ton ressenti de façon aussi détaillée, c'est toujours un bonheur !
Il me semble que tu as été tout à fait clair quant à tes interrogations, et je te confirme que tu as supposé juste : je souhaitais que la première partie s'achève sur une sorte de fracture, quelque chose qui puisse laisser entendre que durant les années à suivre, l'incompréhension et la distance demeureront entre Binocle et Lazare. Montrer que ce qu'il y a entre eux est très fragile.
Et - je ne le cacherai pas - si une pointe de frustration est présente à l'idée de ne pas avoir accès à l'hypothétique conversation ayant suivi cette dernière scène, alors ça me réjouit assez. Ca signifie que la personne qui me lit a ressenti une petite tension, quelque part, et ça me plaît. :)
Merci encore à toi, en tout cas. <3
Shangaï
Posté le 21/03/2021
Bien bien bien bien ... Me voilà complètement perturbé x)

Tout d'abord ce passage à la première personne ! Je trouve que cela donne la sensation que Lazare à vieillit d'au moins 10 ans, je ne ressens plus sa naïveté d'enfant.

Enfin le contexte de l'histoire n'est plus le même il semble que l'on soit juste après le prologue si je ne me trompe pas (je ne me souviens plus exactement du prologue et je vais donc aller le relire de ce pas...).

Je ne comprend pas toute leur conversation mais je crois comprendre que Binocle à pris l'un des souvenirs de Lazare pour le vendre à une cliente et que Lazare lui en veut mais est troublée car aillant perdu son souvenir il ne sait pas jusqu’où il doit lui en vouloir puisqu'il ignore ce qu'il a perdu...

Sinon comme toujours tes tournures de phrases sont très poétique et nous donne matière à réfléchir !

Si je peux me permettre une question ou deux : pourquoi avoir changé la forme de la narration ? Est-ce un essaie ? Ou est-ce voulu dans l'évolution de l'histoire ?

J'attends la suite fiévreuse d'impatience !
Shangaï
Posté le 21/03/2021
J'ai rapidement re-parcouru le préambule et je ne me souvenais pas que celui-ci avait une narration à la première personne ! Cela fait donc bien le lien entre le préambule et ce chapitre comme si il y avait deux histoires en une : une histoire ou l'on suit Lazare qui apprend ce à quoi ressemblera sa nouvelle vie, plein d'espoir et cette seconde histoire ou l'on est directement dans la peau d'un Lazare plus mûre, moins naïf et pour qui la vie n'a visiblement pas été aussi belle qu'il l'aurait espéré...
Fauchelevent
Posté le 24/03/2021
Haha, je suis heureuse d'avoir pu suivre ton cheminement dans cette découverte de la deuxième partie / la redécouverte du préambule... C'était une crainte, mais même si cela t'a perturbé, je constate que tu as su remplir l'essentiel sans que je n'aie besoin d'introduire quoi que ce soit (je ne voulais pas commencer par un passage explicatif, justement, pour savoir si le changement de narration et de temporalité pouvait passer...).
La première partie était consacrée à l'enfance de Lazare, et même s'il demeure toujours un enfant, il a grandi. Je suis heureuse que cela se ressente, à l'écriture.
A partir de là, nous allons entrer peu à peu dans le vif du sujet, j'espère que ça continuera de te plaire !
Shangaï
Posté le 24/03/2021
Je n'en doute pas ! Même si il est possible que la tendre naïveté du jeune Lazare me manque par instant, je sais que ce Lazare plus âgé sera lui aussi très intéressant !
dodoreve
Posté le 21/03/2021
Oh, si je m'attendais à retrouver Lazare et ses petits mots à lui...! Décidément, le printemps nous fait des cadeaux. Merci <3
J'ai beaucoup aimé (pardon de ne pas faire dans l'originalité) la question "Quel goût a eu cette nuit ?", le moment où Binocle égare ses mains dans la chambre, Lazare qui l'observe, Binocle qui s'excuse de ne pouvoir s'excuser, "Ses lunettes glissent et mon cœur aussi, droit vers le sol."
Et "Sa voix trébuche un peu, achève en emmenant ses yeux par terre :
— C'est difficile, de garder en soi une place vide, qui n'a la forme de rien ni de personne." Parce qu'évidemment, nous on ne vend pas nos souvenirs, et pourtant j'ai l'impression qu'on peut le ressentir malgré tout. Est-ce que c'est la sensation de l'oubli ? Est-ce que c'est aussi simple que ça, ou est-ce que ça me renvoie à une sensation de souvenir derrière l'oubli, ou d'un sentiment derrière autre chose...? Je ne sais pas, en tout cas ça me parle et ça m'interroge.
J'aime beaucoup aussi que cette deuxième partie nous renvoie au préambule, alors qu'on pense au début au chapitre qui précède. C'est agréablement bien ficelé, et je dois avouer que je me perdais tellement dans les sensations et les mots de Lazare que j'en oubliais presque ce souvenir qui lui a été pris. C'est bien cousu que ça ressorte maintenant je trouve (et je parle de couture volontairement : un peu comme si l'aiguille ressortait finement d'entre les mailles). J'ai énormément commenté ton style, je pense, mais voilà un chapitre qui me rappelle aussi à quel point cette histoire promet d'être joliment tissée.
J'aime beaucoup le moment que je vis, là : je ne sais pas ce qui va se passer. Et je ne peux que remercier ta lenteur (hé oui !) parce que je fais partie des personnes qui lisent vite, beaucoup trop vite : pour une fois je savoure.
Au fait : le dégoût...! J'ai toujours eu conscience qu'il ne fallait pas taire la colère, et qu'il y avait un droit à la colère, en quelque sorte, mais je n'avais jamais réfléchi à la force du dégoût lui-même - et aussi à ce qu'elle veut dire, comme le rappelle Binocle à Lazare à la fin.
Bref, tu n'en finis pas de me surprendre avec cette histoire, mercimercimerci !
Fauchelevent
Posté le 24/03/2021
C'est bien la première fois que l'on me remercie de ma lenteur !
Merci, en tout cas. J'appréhendais plutôt le passage à la deuxième partie, précisément à cause du renvoi au préambule, et je suis heureuse que ça fasse un peu sens.
J'espère que la suite continuera de te surprendre, et que la surprise sera jolie. :)
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