III

Par Jamreo

III

 

Le commencement du monde remontait à des dizaines de milliers d'années. Peut-être même des centaines de milliers d'années. Gaia, notre terre, mère protectrice, fut engendrée du Chaos. Ce fut elle qui donna naissance aux titans, êtres capricieux. Ils arpentaient Gaia sous le règne de Cronos ; capricieux, certes, effrayants aussi – et pourtant, les civilisations humaines qui elles aussi vagabondaient sous la coupe de Cronos, vivaient en harmonie dans un printemps éternel. Les individus se pliaient sans faille aux exigences de Cronos et de ses frères et sœurs, emplis de déférence et d'effroi. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'était bien cette peur qui consolidait le bonheur de chacun, la parfaite concordance de toute chose en ce monde.

C'était l'âge d'or. Parfait, inviolable.

Mais les enfants qu'engendrèrent les titans menaçaient de briser cette paix. Ils étaient plus gracieux, plus intelligents et alertes que leurs aînés. On les appela les dieux. Les titans se méfiaient. La discorde poignait à l'horizon du monde.

Zeus, fils de Cronos, détrôna un jour son père qu'il jugeait tyrannique et dénué de raison. La disparition des derniers titans, le nouveau règne des dieux marquèrent le début de l'âge d'argent, et la fin du printemps éternel : vint la chaleur démentielle et les divagations d’Été, les pluies capricieuses et la lente mort d'Automne, le froid impitoyable et l’œil blanc d'Hiver.

J'avais si souvent entendu cette histoire. D'après ses multiples déclinaisons, personne ne savait véritablement quand le troisième âge, celui d'airain, avait débuté. Il n'était peut-être qu'une suite logique de l'âge d'argent, de la souffrance engendrée par la rudesse des saisons, de la peur divine qui s'amenuisait ; on ne témoignait plus aux dieux le respect qui leur était dû. On les craignait à peine. Toujours est-il que, mus par l'envie de surpasser leur nature frêle et obtuse, de découvrir de plus vastes territoires et de s'approprier leurs ressources, les humains partirent en guerres incessantes contre leurs voisins. Le sang coula, coula à flots durant cet âge d'airain si connu et haï à présent.

Les dieux se lassèrent sans doute du sang dans lequel Gaia se noyait. L'âge de fer s'installa, discret, insidieux. On ouvrit les yeux un beau matin sur un monde qui n'avait pas tant changé, pas directement du moins, mais qui gardait une indicible trace de malaise et de danger. A mon avis, les différents peuples en guerre n'avaient pas immédiatement compris ce qui se passait. Ils n'avaient pas su voir.

Les dieux finirent par se détourner. Ils quittèrent définitivement Gaia et délaissèrent l'humanité, qu'ils estimaient perdue.

Depuis lors, la situation n'évoluait plus. Les guerres avaient pour la plupart cessé entre les cités de Nero, le continent auquel appartenait Penthos elle-même ; il arrivait qu'une ou deux éclate encore mais les rivières ne pleuraient plus de sang, la mer ne se colorait plus de rouge. Les ennemis se contentaient de se regarder en coin, de se jauger avec un air mauvais et des bagages entiers de ressentiment muet.

Penthos, dans ce climat généreux, occupait une place étrange, mais pas dans le sens où on pouvait l’entendre : elle s'était construite sur les ruines de Theb qui, au début de l'Age de Fer, s'était désagrégée après la grande colère de Dionysos. Les anciens n'avaient jamais reconnu Dionysos comme leur dieu, provoquant ainsi sa furie et la mort du roi. Sans roi, Theb se trouva alors livrée au chaos. Ainsi, de cet endroit mort et définitivement maudit, une autre ville avait fait irruption, alors que rien n'aurait jamais dû en renaître. Logiquement, du moins. En y réfléchissant, j'en venais parfois à comprendre vaguement pourquoi on nous exécrait et pourquoi il y avait toujours un petit soupçon de malaise lorsque nous étions impliqués, de près ou de loin, dans une affaire qui dépassait nos petites frontières. Jaillir ainsi d'un sol brûlé, d'une montagne de pierres démantelées par une puissance au-delà des espoirs humains, cela ne constituait pas un début des plus charmeurs.

Combien de générations s'étaient-elles écoulées entre cet Age de Fer et l'invasion des Ranyens ? Car l'Empire de Ran, qui s'étendait auparavant par-delà des mers méridionales, avait ensuite jugé bon de combattre vaillamment à travers les terres du continent de Nero, profitant sans doute du départ de nos dieux pour venir usurper la tradition et la culture des anciens. Leur arrivée était la fin de tout espoir, la fin d'une époque. Le début du monde tel que nous le connaissions. Si l'Empire, affaibli par sa taille démesurée, s'était effondré depuis bien longtemps, notre culture gardait désormais les stigmates de leur passage. Sa présence fantomatique errait toujours dans les rues de Penthos. La langue des Ranyens, âpre et dure, s'était fondue dans celle de nos anciens et beaucoup d'autres choses nous étaient restées de cette occupation : des vêtements, dont ces bracelets colorés qu'hommes et femmes portaient avec délices pour afficher leur rang social, réel ou désiré ; cette manière d'illuminer les instants précédant l'aurore, presque religieusement – une semaine durant au cœur de l’hiver, lorsque le soleil s'annonçait, on disposait des coupelles de lumière dans la rue principale de Penthos. On les laissait brûler jusqu'à extinction, quand le soleil était bien levé. J'avais d'abord cru que ce rituel n'avait qu'un but pratique : celui d'éclairer Penthos au plus noir de la mauvaise saison, à travers la brume, pour guider le chemin des gens trop matinaux. Mais j'avais ensuite appris que tout ceci avait eu une signification dans l'ancienne culture. Laquelle ? Je n'en avais aucune idée.

Penthos avait subi tout ceci, avait absorbé pour elle quelques penchants qui n'étaient pas les siens. Cependant, loin de renier la foi de nos ancêtres, nous l'avions embrassée à nouveau après la chute impériale, mais avec une discrétion et une inquiétude assez troublantes et encore visibles de nos jours.

 

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Le lendemain de la cérémonie du Fer, je sortis de chez moi alors que le jour n'était même pas levé, les yeux bouffis. J'avais fourré calames, plumes d'acier, bouteille d'encre, encrier en métal et rouleaux de papiers dans un sac en cuir et n'avais pas pris le temps de manger. Si j'arrivais avec du retard je devrais supporter la colère des Magistri et curieusement, c'était une chose qui ne m'avait jamais enchantée. J'avais déjà eu droit par deux fois au châtiment corporel depuis mes sept ans, âge où l'Ecole vous prenait sous son aile pour former votre esprit démuni, et ne tenais pas à renouveler l'expérience.

Je descendis sur le chemin pris par les ronces qui menait au pied du Mont et regagnai les abords de Penthos. Le tableau endormi avait un air feutré. Je continuai ma route ivre de sommeil, la tête rentrée dans les épaules pour faire face à la froideur du matin. L'Ecole commençait décidément trop tôt. Je pris un chemin tortueux dissimulé derrière échoppes et larges devantures, façades de bois et écriteaux colorés, passant plus précisément entre une poissonnerie et un vendeur de plumes. Seule la poissonnerie était ouverte mais il régnait tout de même une étrange association d'odeurs, entre boyaux salés et nouvelle encre.

Je me trouvai bientôt nez à nez avec la muraille de Penthos et l'Ecole. L'Ecole était peut-être la plus haute structure de la ville, hormis le Temple de Dionysos. C'était un bâtiment en pierre noire. Il y avait aussi du métal, qu'on voyait scintiller autour des fenêtres et sous le toit. C'était aussi un exemple parfait de géométrie sans fantaisie. Un haut et long rectangle, s'étirant sur plusieurs dizaines de pas.

Par quelques marches, on accédait à une double-porte encadrée de deux piliers. L'Ecole comptait plusieurs étages et le rez-de-chaussée était fait d'arches, qui abritaient un passage extérieur en ligne droite, menant à une série de portes plus petites de chaque côté de l'entrée principale. Certaines s'ouvraient sur des escaliers en direction des étages supérieurs, d'autres débouchaient directement sur des salles de cours. Une donnait sur un chemin qui s'arrêtait sous la terre. L'avant-dernière en partant de la droite. Je le savais pour l'avoir déjà empruntée. La porte que tout élève redoutait de jamais franchir, et celle que tous franchissaient au moins une fois. C'était là-bas que les Magistri administraient leur correction aux élèves récalcitrants.

Animi était déjà présent, son sac à ses pieds, les yeux levés au ciel. Je suivis bêtement son exemple. Essayait-il de discerner la couleur du jour qui s'annonçait ? J'eus une sorte de pincement au cœur en y songeant. Et puis, tout à coup, la colère retourna mon estomac et m'arracha un cri, qui attira immédiatement l'attention d'Animi et de plusieurs camarades. Une forme était passée devant mes yeux, dans un bruit d'ailes que j'avais déjà entendu. Aucun doute, c'était la petite forme effrontée d'un papillon. Il s'écarta devant mes coups de main furieux et pivota à tire-d'aile. Puis il resta en vol stationnaire, ses pattes s'agitant dans le vide. C'était un papillon noir au torse poilu, aux ailes curieusement rondes. Ses yeux avaient un éclat rouge.

-          Oh ! Qu'est-ce qui se passe ?

L’insecte en profita pour s'éclipser. Un grand garçon brun, au teint cireux, drapé dans une étoffe grise s'était approché, l'air vif et intrigué. Ça n'était pas bon signe : je connaissais Asnor depuis ma première année à l'Ecole et il avait un cerveau atypique, bourré de coin sombres et d'idées singulières. Bon, autant le dire, je n'aimais pas me retrouver avec lui. Et pas seulement pour sa réputation avérée de fauteur de troubles... je l'avais toujours traité avec une indifférence mal organisée, ce genre de sentiment feint qui ne trompait personne mais auquel on se rattachait, faute de mieux, faute d'une possibilité de revenir sur ses pas lorsqu'on comprenait qu'on avait emprunté le mauvais sentier. Je faisais semblant de ne pas le remarquer, sans savoir comment lui-même interprétait cette froideur de surface ; tout ce que je voyais, c'étaient les regards en coin qu'Animi échangeait souvent avec Sedra et plusieurs autres camarades.

Même en mon for intérieur, là où personne d'autre ne pouvait m'entendre ou m'épier, j'avais du mal à reconnaître que j'étais amoureuse de lui.

-          Rien, dis-je précipitamment, alors que la longue silhouette d'Asnor jetait une ombre sur mon visage.

Son sourire de travers et ses grands yeux vert pâle me firent bafouiller de plus belle.

-          Tu te bats contre un papillon, non ? C’est ce que j’ai cru voir, m'interrompit-il en secouant une mèche de cheveux qui déserta son front. Impressionnant, dis-moi. Tu sais choisir tes ennemis.

Animi était arrivé à notre hauteur et s'était reculé d'un pas, avec l'air de celui qui débarque au beau milieu d'une situation plutôt embarrassante.

Un tintement de cloche austère retentit alors et Asnor me fit un clin d’œil, un sourire sardonique, et se rangea à la suite des autres devant la grande double porte de l'Ecole, où une femme replète faisait énergiquement sonner la grande cloche noire suspendue au mur.

-          Qu'est-ce que c'est que cette histoire de papillons ? me chuchota Animi en juchant son sac sur une épaule.

-          Je te dirai plus tard.

Mais il avait raison, et sa question se répétait en échos inlassables dans ma tête. Qu'est-ce que c'était que cette histoire de papillons ? C'était la troisième fois qu'en j'en voyais un de cette sorte, en deux jours. Penthos n’avait jamais regorgé de papillons, pas comme ceux-là. Alors, quoi ?

Je les attirais, pour une raison ou une autre. En fait... j'avais la vague impression qu'ils cherchaient à me transmettre un message. Me transmettre un message ? Allons bon. Des papillons messagers. Pour couronner le tout, je pouvais faire confiance à Asnor pour répandre des rumeurs ridicules sur mon compte. Ruminant ma colère, je me rangeai devant la porte.

Il y avait une centaine de jeunes. Des enfants de sept ans, des garçons et filles d'une dizaine d'années et, enfin, ceux qui atteignaient la fin de leur apprentissage. Asnor avait seize ans et était dans sa dernière année. Animi, Sedra et moi étions au niveau inférieur.

Les leçons ne purent débuter immédiatement. Une agitation furieuse s'était emparée de nos camarades : le jour se levait aussi rouge que la veille. Plusieurs adolescents plaquèrent leurs mains sur les étroites fenêtres en marmonnant à leurs voisins, d'autres s'agglutinèrent en petits groupes de conspirateurs novices. Le Magister tenta plusieurs fois de nous rappeler à l'ordre mais il lui fallut débiter un sermon agrémenté de menaces à peine voilées, concernant un châtiment corporel et d'autres punitions supplémentaires, pour faire revenir l'ordre.

Le reste de la matinée se déroula sous une atmosphère lourde et la pause de la mi-journée arriva à pas d'escargots. Au coup de cloche, je fourrai pêle-mêle calames et papiers dans mon sac, sans même me préoccuper du discours soporifique que le Magister continuait, debout derrière son pupitre. J'attendis tout de même que quelqu'un se lève avant moi. J'avais horreur de me lever en premier, c'était toujours le meilleur moyen pour diriger tous les regards vers soi. Finalement, Sedra se dévoua et son geste fut suivi par un grondement appréciateur de voix, de pieds, de froissements de papier.

Presque toutes les portes s'étaient ouvertes en même temps et laissaient passer des flots d'élèves qui bavardaient, essuyaient leurs doigts tachés d'encre ou relisaient leurs notes d'un air perplexe, les sourcils froncés, sans regarder où ils allaient.

Une fois sortis, Animi et moi nous dirigeâmes vers le port à l'extérieur de la muraille, et Sedra nous suivit après avoir hésité sur les marches de l'Ecole. Sedra était une fille indépendante, à l'air plutôt avenant sous ses boucles noires. Elle avait un beau sourire et répondait très volontiers quand on lui adressait la parole, mais on ne la voyait jamais s'attarder auprès des mêmes personnes très longtemps, comme si elle était toujours en quête d'autre chose. En fait, si l'on exceptait la profonde amitié que j'avais pour Animi et l'affection que je portais à mes frères, nous étions assez semblables. J'y réfléchissais parfois, avec un certain malaise. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais. Il me manquait constamment quelque chose ; les liens qui m'unissaient à ceux ce mon espèce ne pouvaient qu'avoir une espérance de vie limitée. Et comme la population de Penthos n'était pas étirable à volonté...

Le port était construit sur les berges du Lac d'Ambre, où un agrégat de rochers prenait la place de la terre sablonneuse. Ces rochers continuaient ensuite leur chemin vers l'Est. Une particularité, un miracle sauvage que les artisans de Penthos avaient rapidement mis à profi pour supporter le poids de quais en bois. L'eau nous renvoyait des rides et des rides de ciel rouge, différents tons de cette teinte de sang, comme un rappel douloureux et fascinant d'une réalité insaisissable. Je ne fus certainement pas la seule à ressentir un grand coup dans l'estomac, une traction venue de nulle part qui précipita et délia dans mon corps un lourd fouet d'adrénaline. Puis la sensation s'évanouit.

Les pontons menaient plus avant au-dessus de l'eau, longs doigts bruns étirés vers l'horizon, pointant désespérément dans la même direction sans jamais rien attraper. Des bateaux de toutes les tailles étaient amarrés de chaque côté des pontons. Certains présentaient de hauts mats et un attirail de marine impressionnant ; cordes, rames, voiles. D'autres n'étaient guère plus que des bicoques sommaires, à l'air vaillant et solide pourtant. Les bateliers de Penthos et leurs apprentis travaillaient régulièrement au port, pour réparer les bateaux ou bien en créer de nouveaux à partir de bois brut importé des terres du Nord. Penthos n'avait presque rien sur son petit territoire, aucune richesse. Nous importions énormément de choses, et les échanges commerciaux constants nous gratifiaient de liens plus que troubles avec nos fiers et lointains voisins.

Animi et Sedra s'assirent sur un rocher et se mirent à discourir avec animation. Au bout d'un certain temps, je m'assis à mon tour, un peu à l'écart, et posai mon menton sur mes genoux repliés.

Je repensais au papillon. Je n'avais plus le timbre ennuyeux du Magister pour me distraire ; la conversation de Sedra et d'Animi ne m'était d'aucun secours, je n'avais pas la moindre envie de m'y joindre et mon esprit désobéissant partait dans toutes les direction sous ma caboche trop étroite. Je repensais aussi à Asnor, à mon malaise lors du sacrifice, à la guérisseuse et à mon envie de la malmener, de la frapper peut-être bien, et de la forcer une bonne fois pour toutes à dévoiler ce qu'elle avait derrière la tête.

La pause terminée, je remontai vers l'Ecole seule. Animi et Sedra étaient tous deux dispensés de leçons de Ranyen pour suivre un apprentissage poussé auprès des maîtres bateliers. C'était une chose bien étrange, pour une petite ville si éloignée de la mer et de tout contact marin, que cette obsession pour ce qui avait trait à la navigation. Mais le Lac était un terrain d'entraînement sans pareil, réserve d'eau immense qui, bien loin vers l'horizon, après s'être décousue en maints canaux et rivières plus ou moins praticables qui sillonnaient les terres sauvages ou cultivées appartenant à Penthos, regagnait les territoires de nos voisins. Penthos avait appris à domestiquer cet élément prometteur que les dieux avaient consenti à lui laisser. Et puis les bateaux, bien sûr, étaient seuls moyens de locomotion ouverts au peuple. C'était également par le Lac que les marchandises extérieures arrivaient jusqu'à nous et, bien que les excursions vers les terres inconnues de nos voisins soient vues d'un très mauvais œil par les châtelains eux-mêmes, les voyages à but commercial étaient quant à eux encouragés : les châtelains n'avaient pas le choix.

Arrivée à l'Ecole, une surprise m'attendait. Le Magister de Ranyen avait dû s'absenter pour des raisons plutôt obscures, et nous étions dispensés.

J'aurais pu attendre Animi. La raison me dictait de partir flâner, quitte à m'ennuyer, plutôt que de m'éclipser comme si ma journée et toutes ses obligations avaient pris fin.

On ne m'attendait pas à la maison avant quelques temps et je n'avais aucune envie de précipiter les choses. Je ne voulais surtout pas tomber sur Iris ; je n'avais pas l'énergie nécessaire pour m'engager dans une lutte à couteaux tirés avec elle. Le plus épuisant était toujours de devoir cacher mes armes, de les distiller sereinement dans la querelle alors qu'elle étalait les siennes avec opulence et confort dès les premiers instants de la joute. Oui, cette précipitation lui assurait presque toujours de perdre la partie et oui, sortir victorieuse était une sensation agréable, mais teintée d'une noirceur que je ne définissais pas encore. Et puis je n'avais pas conçu de plan. Je n'avais pas savamment ressassé les traits saillants de nos précédents arguments, étudié les failles dans la personnalité de ma sœur comme je pouvais m'amuser à le faire dans les moments d'ennui.

Je ne me sentais tout simplement pas d'humeur. Et puis, mon instinct me dictait de rendre visite à une certaine personne… seule, cette fois ; sans mon frère, sans pièces à distribuer.

Le quartier des nomades était pratiquement désert cette fois. Beaucoup devaient s'être retirés sur la plage, de l'autre côté, pour recevoir les cargaisons de poisson en provenance de Saonius. Je ne savais pas à quelle distance se trouvait Saonius mais c'était certainement pour pallier une difficulté de fraîcheur des produits qu'on ne mangeait jamais que du poisson séché. Très salé, sans doute afin d'amenuiser un goût de pourriture.

Je passai devant trois hommes dont un se balançait au bout d'une corde passée autour de sa taille et attachée au toit d'une masure, qu'il s'appliquait à retaper avec les moyens du bord. Les nomades regorgeaient d'ingéniosité, mais ils n'avaient pas beaucoup de mérite : pas un seul habitant de Penthos ne leur avait tendu la main depuis des lustres et plusieurs décisions seigneuriales faisaient même clairement mention d'une interdiction formelle d'utiliser les outils de bateliers. Les manquements aux règlements étaient déjà allés très, trop loin. Plus par fierté aveugle que par véritable conscience d'un crime inacceptable, la garde avait été dépêchée pour pendre les fauteurs de trouble haut et court devant le Lac. Deux jours durant, les voiles du crépuscule avaient caressé les carcasses inanimées pour les étirer en ombres immenses sur la muraille. On avait laissé les cadavres aux corbeaux. Dans un tel climat il fallait bien s'adapter. Le plus vite était le mieux, et j'aurais certainement moi aussi des tas d'idées magnifiques.

Je descendis les marches menant au porche de la guérisseuse. Il me semblait que quelques babioles de fer supplémentaires avaient rejoint les rangs des offrandes attachées à sa rampe, et chacune accrocha mes yeux, luisante de rouge. Je me détournai et toquai énergiquement à la porte.

Les secondes passèrent. Le vent se leva, les offrandes tintèrent dans un mélange joyeusement sinistre et je reniflai, essuyant d'un revers de main la goutte qui avait commencé à dévaler ma lèvre.

Elle n'allait pas m'ouvrir. Était-elle partie ? Recevait-elle des âmes perdues en ce moment-même ? Je m'imaginais mal quel genre de sermon ou de rituels elle pouvait bien donner. Elle avait des crânes, des bougies, des bijoux d'os, des ailes de corbeau... peut-être même des bouteilles de sang. Du sang pour boire ?

Il me fallut du temps avant de remarquer que la porte s'était ouverte. C'était elle.

-          B...bonjour.

Elle me fixa de ses yeux calculateurs, avant d'aboyer.

-          Qu'est-ce que tu veux ?

-          J'ai des questions à vous poser, dis-je fermement.

Elle ne réagit pas tout de suite. Frileuse, j'entourai mes épaules de mes mains et les frictionnai pour me protéger du vent. Finalement elle s'écarta pour me laisser entrer, ce que je fis en trébuchant sur mon sac de cuir.

Une fois arrivée dans la salle circulaire, la guérisseuse commença son rituel et tapota quelques coussins sur son fauteuil, les assemblant en grognant, puis les changeant de place. Elle s'enfonça dans l'assise et parut encore plus petite et ramassée sur elle-même qu'elle ne l'était déjà. La bougie sous son globe orange était éteinte, et un rideau bleu nuit était tiré devant la fenêtre menant sur la rue. Il faisait plus froid qu'à ma dernière visite et je ne pus réprimer un éternuement.

-          Assieds-toi.

Je tirai une chaise en bois, près d'une table basse recouverte d'un napperon blanc et m'assis. C'était très inconfortable.

-          Bon, eh bien, me brusqua-t-elle au bout d'un temps. Je n'ai pas toute la journée.

-          J’ai… je…

Voilà que je ne savais plus que dire. J’avais pu être très moqueuse envers cette femme, et je ne savais pas comment elle réagirait à mon soudain intérêt.

-          Vous m’avez dit que vous aviez…. Des aptitudes.

Elle ne répondit pas.

-          Des aptitudes autres que vos dons de guérison, insistai-je en crispant les mains sur mes genoux.

-          C’est exact.

-          J’aurais aimé savoir… comment elles se manifestent ?

-          Tu t’intéresses, maintenant ?

-          J’ai vu des choses.

Ma voix avait trahi plus de nervosité que je voulais laisser paraître.

-          Moi aussi, je vois des choses, confia-t-elle. A quoi ressemblaient les tiennes ?

Alors, je lui racontai ce que j’avais vu aux abords du Temple, ces deux mains tenant une torche. Et l’était second qui avait découlé de la vision ou, plutôt, qui l’avait accompagnée. Je lui parlai aussi des papillons… elle m’interrompit :

-          Ils t’ont dit quelque chose ?

-          Ils… quoi ?

-          Ils t’ont dit quelque chose ?

-          Bien sûr, ils m'ont invitée à prendre un alcool de racine.

-          Ce n'est pas une plaisanterie, Lisa. Ces papillons et ce que tu as vu et ressenti, tout est lié. As-tu seulement conscience de ce que cela veut dire ?

Elle pointa un doigt vers le plafond.

-          Les dieux, murmura-t-elle, presque craintive. Les dieux entrent en contact avec nous. Avec toi.

-          N’importe quoi. Les dieux sont partis il y a longtemps, et ils ne sont pas près de revenir. En tout cas moi, je n’ai rien à leur dire, affirmai-je avec véhémence.

Ses paroles me faisaient peur, et je m’en voulais d’avoir cherché à débusquer ses secrets. Mon seul désir à présent était de nier ce qu’elle me disait et de partir loin d’ici. J’avais autant l’angoisse de devoir la croire que celle de découvrir plus tard qu’elle s’était jouée de moi en me racontant des bêtises, pour me donner une bonne leçon.

-          Tu ne me crois pas ? lâcha-t-elle. Tu me demandes conseil, mais tu as l’impudence de mettre encore en doute mes capacités ?  Dans ce cas je ne peux rien pour toi. Je me demande même pourquoi tu es venue jusqu'ici.

Lui avais-je vraiment fait de la peine ? Elle poussa un soupir.

-          Autre chose ? fit-elle d’un ton égal.

-          Mon père…

Elle attendit avec un air vaguement poli. Je me forçai à ravaler mes instincts d’incrédulité :

-          Mon père, s’il fait ces rêves…

Une sensation très étrange m'envahit. En un battement de cils, je sus qu'elle avait compris. Mais je n'avais pas ouvert la bouche, à croire qu'elle avait décelé une trappe à l'arrière de ma tête et s'y était faufilée. Ou bien, à mon expression, mes interrogations lui apparaissaient peut-être évidentes.

-          Oui, dit-elle brutalement. Ce sont les dieux qui lui parlent. Sais-tu ce que sont les rêves, au moins ? Ils ont été bannis, depuis le jour où Astrée nous a abandonnés.

Astrée avait été la dernière habitante des cieux, dernière déesse présente sur Gaia, avait cédé face à la corruption humaine. Elle s'était enfuie à son tour, regagnant le royaume du ciel où Zeus l'attendait. Les rêves, eux, étaient une forme de pouvoir divin qui s'insinuait dans l'esprit lorsque le sommeil était le plus vulnérable. Comme j'aurais aimé connaître cette époque, recevoir moi aussi ces visions fugaces d'un monde impalpable, franchir cette porte qui s'ouvrait vers une autre réalité, plus lointaine, plus difficile à déchiffrer mais porteuse d'un sens primordial....

Mais tout s'était évanoui le jour où Astrée, gardienne des créatures porteuses de ces visions, nous avait délaissés. Les dieux avaient rappelé à eux leur meute de rêves et de cauchemars, comme un cadeau qu'on retire des mains tendues d'un enfant.

Je savais de quoi mes nuits étaient faites ; je ne pouvais pas les prétendre vides. En réalité elles étaient habitées par une... une sorte de grisaille uniforme, un voyage placide au centre d'une bruine infinie. Parfois les sensations ou bien la couleur différaient légèrement. Parfois je pouvais avoir l'impression diffuse d'emprunter un autre chemin et pourtant, c'était toujours pour traverser cette bruine. Alors si nous gardions un souvenir des rêves, c'était uniquement grâce au talent des conteurs des rues et à leurs fables.

La guérisseuse vit sur mon visage que ces bribes de connaissances sur l’ancien monde me revenaient en mémoire.

-          Voilà, dit-elle satisfaite. Tu as la preuve que l’influence divine est de retour su Gaia. Ton père rêve, Lisa.

-          Mais ça n’a pas de sens, pourquoi lui ?

-          Ces rêves le concernent sans doute. Lui, ou…

A ce moment, elle me jeta un regard si déstabilisant que je faillis me lever et partir en courant. Mais, tout compte fait, mon envie de savoir, de connaître ses théories, était la plus forte.

-          Lui, ou un membre de son entourage… de sa famille, souffla-t-elle. Peut-être toi, qui sait ?

J'eus alors un réflexe stupide : celui de renifler avec mépris et de lâcher un rire sceptique. Elle haussa un sourcil.

-          Vous divaguez.  

-          Ah, je divague ? Pas autant que toi, petite. Moi, je suis relativement sereine. Toi, au contraire, tu brûles, tu es incertaine… tu as peur. Tu as peur car tu te dis que ce dont je te fais part pourrait aussi bien être vrai. Mais ne t’attends pas à ce que je te serve la vérité sur un plateau. Il te faut accepter de ne pas tout savoir. Moi-même, je ne sais pas tout. Je ne fais qu'entrevoir. Interpréter. Deviner.

Une question se posait à moi. Et je ne pouvais pas la repousser cette fois. Étais-je prête à accepter qu'elle puisse, selon ses propres termes, interpréter et deviner des choses qui demeuraient invisibles au plus grand nombre ? Étais-je prête à reconnaître que les dieux lui parlaient encore ?

Rien n'était moins sûr, mais la force et l'obstination avec laquelle j'avais toujours nié ses pouvoirs m'apparaissaient maintenant comme deux erreurs. Je n'aurais pas dû la brusquer. Je n'aurais pas dû me moquer. Je mourais d'envie de l'entendre parler, quoi qu'elle puisse dire, même les plus folles suppositions ou les plus horribles mensonges.

-          Il faut… soupira la vieille femme.

Elle semblait maintenant éprouvée, une main lui cachant les yeux.

-          Il faut que je te dise autre chose, petite. J’ai eu très récemment une vision qui te concerne.

J’ignorais pourquoi, mais cela lui coûtait de me dire cela.

-          Ecoute-moi bien, dit-elle d’un ton tout à cou précipité en me saisissant par la manche. Il y a une personne ici qu'il te faut éviter à tout prix. Une personne qui ne te veut pas que du bien. J'ai essayé de te prévenir il y a deux jours, seulement je ne pouvais pas te le révéler sous peine de te mettre plus en danger encore.

Maintenant, elle me faisait vraiment peur. Ses ongles me blessaient la peau, ma gorge était sèche et, de déglutition en déglutition, je me rendis compte que j'étais incapable de dire quoique ce soit

-          Lisa. C'est un ennemi mortel. Et si tu le croises à nouveau, crois-moi, tu perdras.

Je cherchais, je saccageais mon esprit pour le fouiller de fond en comble, renversant meubles et tableaux, bouleversant l'ordre de mes pensées que je poussai rageusement, comme autant de vases, pour les envoyer se fracasser sur un plancher immatériel. Tout était sens dessus-dessous et une douleur sourde pulsait quelque part derrière mon oreille gauche, inondant de son poison diffus mon crâne et le creux de ma nuque.

La guérisseuse me lâcha. Elle était blême et je crus voir ses épaules trembler.

-          Je vais te préparer quelque chose, dit-elle distraitement.

Elle s'éclipsa et me laissa seule dans son salon où tout m'apparaissait distordu, décalé et par dessus-tout inutile. Mon estomac se contractait de colère et d'inquiétude. Je ne savais pas encore à quelle émotion j'allais finalement laisser la part-belle lorsque la guérisseuse revint, posa une tasse et un broc en céramique sur la table puis se rassit. Elle me versa une bonne mesure d'un liquide marron avant de me tendre la tasse. Son contact était froid et j'imaginais déjà le contraste douloureux du liquide se fondant dans mon corps, comme une lame passée dans mon gosier.

-          Bois.

Il suffit pourtant de cette unique injonction pour me persuader. Le résultat était étonnant. La boisson avait un contact plutôt visqueux, et en même temps râpeux contre la langue, un goût délivré à retardement qui envoya une pluie d'étincelles sur mon palais. Le liquide en lui-même n'était pas si froid que je l'avais craint. Légèrement entêtant, doux-amer. Réconfortant. Un peu fort pour moi.

-          Ça va mieux ?

Je n'en étais même pas certaine. Quel genre de potion venait-elle de m'administrer ? Je me calai comme je pus sur la chaise pour écouter la suite de ses explications. Car elle, en revanche, avait repris ses esprits.

Mais elle ne dit rien.

-          C'est qui ? demandai-je brusquement.

-          Tu l'as déjà croisé.

-          Je sais, vous l’avez déjà dit. Ca ne m’aide pas beaucoup.

-          C’est… un voyageur. Un homme venu de contrées inconnues. Réfléchis, m’exhorta-t-elle d’un ton suppliant, comme si elle ne pouvait pas en dire davantage.

Je fouillai à nouveau ma mémoire et…

-          Un étranger, soufflai-je avec concentration. Un étranger.

Un souvenir fugace de cette nuit où Till m'avait accompagnée chez les nomades passa derrière mes paupières closes. Ce jeune homme m'avait percutée, puis s'était relevé en souriant pour poursuivre sa route. La couleur m'avait frappée alors, sous la lumière ténue d'une lanterne.

Oui, des cheveux blonds. Assurément, il n’était pas d’ici.

-          C'est absurde, conclus-je. Absurde. Je ne le connais même pas.

Elle me tapota la main, un geste qu'elle voulait réconfortant mais qui me hérissa immédiatement le poil. J'étais de nouveau en colère, et plus que je ne pouvais l'expliquer. Je me levai en renversant la tasse vide, qui roula tristement sur le tapis pour finir sa course sous le fauteuil.

Sans un mot de plus, je fis volte-face et regagnai le couloir, les sens en alerte, remuée par une sorte d'excitation irrépressible. Elle engloutit les restes de ma colère et changea mon corps en marais bouillonnant. La limite entre le monde extérieur et moi se faisait mince, brouillée. A cet instant j'étais capable de tout. Pire, je me sentais le droit de tout faire. De partir sans qu'elle m'y ait invitée. D'être impolie. Insouciante. De tout envoyer balader. Oui, en claquant la porte derrière moi, je me sentais libre. 

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GueuleDeLoup
Posté le 14/10/2016
Coucou Jam :D
 
Me voilà arrivée à la fin du chapitre 3 et comme je suis quelqu'un de très sympa, je m'arrête pour poster un commentaire (comment ça la plupart des gens le font pour tous les chapitres :o?)
Mwalors, déjà la chose que je note en premier c'est une assez grosse différence au niveau de l'écriture par rapport à ce que j'ai déjà pu voir sur PA.
C'est à la fois plus beau, plus travaillé et plus difficile à lire. Moi qui ait un rythme assez rapide d'habitude j'ai été obligée de me calmer pour pouvoir réfléchir en même temps que je lisais. Je crois qu'il y a quelques coquilles de temps à autre au niveau du sens mais j'ai oublié de les noter. Il y a des moments où les sujets ne sont pas très clairs mais dans l'ensemble c'est vraiment beau et cohérent.
Concernant l'histoire, je dirai que je ne suis aps encore dans le vif du sujet même si je suis fort pressé d'en savoir plus sur dionysos qui a toujours été un de mes Dieux préférés et je me souviens bien de sa description lors de l'IRL.
Pour le moment, ton héroïne me plait beaucoup et je suis égalementtrès intéressée par la relation qu'elle entretient avec ses frères et soeurs. Le Monde aussi est intéressant, j'aime vraiment l'ambiance sombre et le côté "rouge" qui devient vite omniprésent après l'apaprition des nuages.
Je m'en vais continuer tranquillement cette histoire et te botter les fesses pour avoir la suite :p.
Des gros poutoux,
Lou
Jamreo
Posté le 14/10/2016
Coucou Lou !
Ah noooon, tout le monde commente pas chapitre par chapitre c'est pas vrai, et de toute manière merci beaucoup et pour ta lecture et pour ton commentaire ! \\o/
On m'a déjà dit que c'était en général pas le plus facile à lire. D'un côté, ça me fait vraiment plaisir si tu trouves que c'est travaillé, et beau et cohérent (même si oui c'est très possible qu'il y ait des problèmes de sens ou de sujets, ça mériterait que je relise tout ça), d'un autre je me dis que certaines formulations etc sont peut-être inutilement compliquées. Dilemme ><
En effet ça prend son temps pour arriver au vif du sujet ! Concernant Dionysos, j'espère que tu ne seras pas déçue, c'est une sorte "Dionysos maison"... j'ai pris les traits de caractère qui m'attiraient le plus chez lui en tant que personnage et que je voulais développer, et pas improbable qu'il y ait un peu d'impro aussi ^^ 
Oh, les relations familiales (et sociales en général) sont hyper importantes, du coup je suis contente que tu les aies notées et que ça soit intéressant !
Merci beaucoup encore, j'espère que la suite te plaira :D 
Quine
Posté le 10/04/2016
Encore moi ! :D
Etonnamment (hahaha), tu m'as eue dès les premières lignes avec ta première partie centrée, si je puis dire, sur l'histoire et la mythologie. J'ai trouvé ça super précieux comme moment, et tu l'as écrit avec ton propre style du coup ça fait pas manuel d'histoire et c'est fantastique !
A un certain passage, tu as écrit "Et l’était second qui avait découlé de la vision ou, plutôt, qui l’avait accompagnée", ne serait-ce pas plutôt l"état" ? Et un peu plus loin, lors du merveilleux passage chez la guérisseuse, tu as écrit "d'un ton tout à cou [...]"<br /> Voilà, j'ai effectué mes petits signalements ^^
Juste une petite question, quand Lisa est devant l'Ecole et qu'elle voit le papillon, est-ce que ce dernier existe vraiment (pour les autres comme pour elle) ? Parce qu'au départ, j'ai interprété ça comme une hallucination, sauf que si c'était le cas, Asnor ne lui aurait pas adressé la parole en rigolant du fait qu'elle se battait avec un papillon. Enfin voilà, c'est peut-être juste moi qui ai eu un bug, désolée xD
Sinon, je tiens à te dire que la fin de ce chapitre est incroyable. <3 Il y a l'apparition de quelque chose de tout à fait nouveau et qui (pour ma part), me prend aux tripes. Comme une montée en puissance et tout à coup, il y a la présence d'une autre force, d'un enjeu, et ça c'est fantastique. On a envie de tout envoyer balader avec elle et aaah on envie de tellement plus, c'est addictif ! Et je me pose encore pleins de question par rapport à ce jeune homme, ça me titille beaucoup :D
<br />Bravo Jam pour ce chapitre tout aussi super que les précédents et qui donne résolument envie de se jeter sur la suite ! <3
Jamreo
Posté le 10/04/2016
Oui, voilà, une première partie centrée sur l'histoire de la création du monde. Je ne savais pas comment l'introduire sans que ça fasse lourd (ça et d'autres éléments "techniques" ou explicatifs sur l'univers) donc j'ai décidé de les égrener au fil des chapitres... même s'il n'y a pas de lien ensuite avec ledit chapitre.
Si, c'est l'état xD merci de l'avoir souligné, je comprends pas pourquoi en plus mais c'est une erreur que j'arrête pas de faire. (et le tout à cou bien sûr...)
Alors pour ta question : les papillons ne sont pas une hallucination de Lisa (ça aurait pu mais non ^^). Donc les autres les voient bien, pas de souci pour ça. Je sais pas ça prêt peut-être à confusion à un moment !
Cette fin de chapitre m'a fait me poser beaucoup de questions justement ! Par exemple, est-ce que les choses vont trop vite, est-ce que Lisa ressent trop de choses en même temps, est-ce qu'il vaut pas mieux prende plus de temps... du coup je suis bien heureuse de te lire là-dessus <3 il y aune sorte de montée en puissance, Lisa ressent ce moment comme très significatif en effet... après, pas sûre qu'elle reste dans cet état d'esprit très longtemps mais voilà ^^ pour le jeune homme, haha, il est très important lui ;)
Encore merci pour tes retours, vraiment :D 
Sierra
Posté le 26/06/2014
Waouh, dernier chapitre qui se termine en fanfare (enfin... Si on peut dire ça comme ça !)
J'ai été complètement emportée par ton récit, par chaque ligne et par chaque mot ! Les histoires de dieux vengeurs et de mythologie foisonnante : j'adore !
Et puis cette fin avec la mise en garde de la guérisseuse... Ah, je me demande beaucoup trop ce que tu nous prépare pour la suite, et la suite n'est pas encore en ligne ! C'est pour quand ? :P
 Je suis très contente d'être tombée dans cette histoire, tu peux être sûre que je reviendrais ! :)
À bientôt ! 
Jamreo
Posté le 26/06/2014
Justement, j'avais prévu la suite pour début juillet ^^ le chapitre 4 est un peu "différent" du reste du coup j'espère que ça fonctionnera. 
Tu sais que ça me fait vachement plaisir que tu aies accroché comme ça à ce chapitre <3 merci beaucoup ! Aaah le sujet de la vengance divine et de tout ce qui s'y raccroche me faisait trop envie au bout d'un moment. Alors j'ai craqué xD
Merci Sierra ! 
Kittylou
Posté le 28/09/2014
Hey ! 
Encore un super chapitre :D
J’ai déjà dû te le dire mais j’aime beaucoup la mythologie grecque. J’adore tous ces détails sur les dieux et sur les titans qui enrichissent ton univers =)
« L'Ecole commençait décidément trop tôt » : c’est bien vrai ! (dixit la fille qui lutte tous les matins pour se traîner en cours). Bon, plus sérieusement, j’ai bien aimé la scène à l’école même si Asnor n’a pas l’air très sympathique (je préfère Animi :P).
Je suis très intriguée par les papillons et surtout s’ils sont des messagers des dieux. Ils mordent vraiment ? (c’est gentil un papillon, d’habitude ^^). Le passage avec la guérisseuse  suscite beaucoup de questions notamment concernant le rôle de cet étranger. Je me disais bien que le blond allait revenir mais je pensais que ce serait plutôt un allié (hé hé…il cachait bien son jeu).
En tout cas, j’ai passé un agréable moment devant mon écran et j’ai hâte de découvrir la suite =)
Jamreo
Posté le 28/09/2014
Oui, tu m'avais déjà dit aimer la myhtologie grecque (ce qui tombe très bien je ne te cache pas xD)
L'école commence trop tôt pour tous les enfants et adolescents à travers le(s) monde(s). Et même pour les plus grands ensuite :p 
Animi est de fait beaucoup plus gentil qu'Asnor !
Les papillons... sont des créatures particulières. Tout à fait capables de mordre. Pour l'étranger, ha, j'aime bien que tu le voies comme cachant bien son jeu, c'est effectivement ce qu'il passe son temps à faire.
Merci pour ta lecture ! j'en profite pour m'excuser du retard sur le tryptique, je vais essayer de passer très vite sur ton texte. 
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