Cette fois-ci, Ayana en était certaine : quelque chose lui tirait les oreilles. Elle fit volte-face.
Il n’y avait rien derrière elle si ce n’était des bambous d’une dizaine de mètres de haut et immobiles, comme morts.
Ayana grogna et continua son chemin. À travers un mince sentier qui serpentait parmi les plantes, bravant le froid nocturne, ses pattes de chats s’enfonçaient dans le sol spongieux. Elle devait parfois prendre un long détour pour éviter des flaques croupies ou des enchevêtrements de racines tortueuses. Elle suivait une odeur rance et étrange, une impression de chaleur et de puanteur, comme si on avait rassemblé plusieurs bêtes malades en un même endroit.
Quelque chose effleura l’une de ses queues.
Feulant, Ayana se retourna et donna un coup de griffe rageur. Elle ne déchira qu’une simple fleur d’hibiscus en résultat. Le souffle court, elle ne pouvait rien voir d’autre que les plantes, la boue, l’eau, le sentier.
Mais elle entendit clairement des bruits distincts. Comme des ricanements.
Ayana continua son voyage, cette fois-ci déterminée à continuer quoi qu’il arrive. Elle n’avait pas de temps à perdre. Plus elle avançait, plus ses pas s’enfonçaient dans un sol de plus en plus mou. Plus elle progressait, et plus il lui semblait que quelque chose l’observait. Les paroles du yogama-taki résonnèrent dans sa tête.
« De l’est marécageux je ressens un brouhaha macabre, comme une sinistre fête qui ne s’arrête jamais. »
Quelque chose frôla à nouveau ses oreilles. Cette fois-ci, Ayana put clairement sentir qu’il s’agisait du toucher froid et rugueux de doigts squelettiques. Elle accéléra.
« J’entends des rires sardoniques, des sourires sadiques et des pleurs. »
L’odeur étrange se rapprochait de plus en plus. Ayana ne s’était même pas rendue compte qu’elle avait accéléré l’allure. Et qu’elle n’était plus sur le sentier.
Elle n’osa pas se retourner pour retrouver son chemin : le bruit d’une respiration rauque s’élevait derrière elle.
« Gare à toi si tu te perds dans cet endroit maudit ! »
Ayana fit un bond entre deux tiges de bambous et se réceptionna à sa grande surprise sur un sol plus meuble. Elle regarda autour d’elle.
C’était une plate petite clairière, épargnée par les réseaux tortueux de racines et les flaques marécageuses. Cet espace moussu assez large était enclavé par des bambous si proches les uns des autres qu’on eut dit une muraille. En levant les yeux, Ayana put enfin distinguer le ciel d’encre noire.
Au milieu de la clairière, dressée comme un pin millénaire, se tenait une immense pagode de bois noir. Semblable à une tour de guet, la mokuto était le bâtiment le plus grand qu’Ayana ait jamais vu. Chaque étage était accompagné par un toit en épi qui rapetissait à chaque fois qu’on gagnait en hauteur. La base avait une forme carrée d’une trentaine de mètres de côté environ.
Il n’y avait aucune fenêtre en vue. En plissant les yeux, Ayana compta quatre étages. Elle sentit un frisson descendre le long de sa colonne
Une femme se tenait devait la grande porte de la pagode, à quelques mètres devant elle. Ayana sortit ses griffes par réflexe. Comment n’ai-je pu ne pas la voir jusqu’à maintenant ?
« Tu es perdue mon enfant ? »
La femme avait parlé d’une voix claire, sans se tourner pour faire face à Ayana. Elle portait un kimono blanc à fleurs bleues et vertes, une large centure noire serrant son bassin, des élégantes sandallettes de bois ainsi qu’une ombrelle écarlate. Ayana se demanda comment cette femme a pu traverser les marécages sans salir ces beaux vêtements.
« Tu es perdue mon enfant ? répéta la femme d’un ton égal.
— Non, répondit lentement Ayana. Et qui vous dit que je suis une enfant ?
— Je sais reconnaitre un enfant quand j’en vois un. Ton apparence ne trompera personne ici. »
Ayana eut l’impression que la femme se retenait de rire. Elle poursuivit, toujours de dos au kasha :
« Ce n’est pas un endroit pour quelqu’un comme toi.
— Et vous, que faites-vous ici ? répliqua Ayana d’une voix sèche.
— Je veux rejoindre la Famille, comme tout le monde.
— Quelle Famille ?
— Entre donc dans la mokuto pour le savoir. »
Au moins, elle ne parait pas hostile, pensa Ayana.
Elle se dirigea lentement vers la massive porte d’entrée. Elle remarqua que celle-ci, bien que paraissant de ne pas avoir bougée depuis des siècles, était assez entrouverte pour lui permettre d’entrer. Il lui semblait pourtant que la porte était complètement fermée quelques secondes auparavant.
D’une démarche prudente et les sens à l’affût, Ayana contourna lentement la femme. Son ombrelle dissimulait son visage, mais Ayana put remarquer la paleur laiteuse et surnaturelle de sa peau. D’une voix cristalline, son interlocutrice souligna tranquillement :
« Ne t’inquète pas, je ne te veux aucun mal. »
Ayana était proche de la porte d’entrée quand la femme releva finalement son ombrelle et dévoila son visage.
« Mais le danger, continua la femme, vient de tous les autres. »
Ayana se retourna et se précipita à l’intérieur. Elle ne regarda pas en arrière, vers la clairière, les bambous, la nuit et le visage de la femme qui n’était que doté que d’une bouche souriante, dévoilant des lèvres et des dents aussi noires que le charbon.
C’est bon. Elle ne me suit pas.
Ayana s’arrêta enfin, reprenant son souffle rauque, utilisant la lumière de la flammèche au bout de sa queue pour étudier les environs. Elle avait couru à toute allure, traversant le hall d’entrée sans réfléchir, gravissant les escaliers quatre à quatre pour finalement s’arrêter dans un long couloir sans fenêtres. Le plancher était noir et les parois étaient une succession de portes coulissantes fermées.
On pouvait entendre des ricanements provenant de l’intérieur de chacune des pièces. Ayana se rendit compte avec honte qu’elle avait peur.
Elle avança prudemment, suivant le couloir qui formait un angle droit.
Ayana aperçut un escalier au bout du couloir. Elle continua à avançer, regardant fixement devant elle. Tous les murs étaient des toiles coulissantes en papier opaque. Ayana atteignit l’escalier sans aucun problème. Quelque chose lui tira à nouveau les oreilles, mais elle l’ignora. Elle monta les marches d’un pas léger, comme si rien ne pressait, pour les agaçer.
Le deuxième étage était la réplique exacte du premier.
Un couloir avec un angle perpendiculaire au bout, et plusieurs pièces fermées par des portes coulissantes opaques de chaque côté. Ayana essaya de rester impassible, mais on avait remarqué son hésitation. Le grondement moqueur revint, et s’accentua quand Ayana tourna à l’angle droit.
Quelqu’un était debout au milieu du couloir, la regardant avec un large sourire.
Son visage rond était écrasé par les années, sa peau semblable à du parchemin. Ses cheveux blancs et sales étaient rassemblés en un chignon grossier, laissant découvrir son front constellé de points noirs. Elle désignait d’un geste de la main la pièce à côté d’elle dont la porte coulissante était entrouverte. Ayana pouvait sentir l’odeur alléchante du riz cuit ainsi que du coton frais d’un lit. Elle m’invite ?
« Je suis navrée, oba-san… » répondit Ayana de sa voix la plus polie alors qu’elle continuait à traverser le couloir. « On m’attend ailleurs. »
La vieille dame continait de montrer la pièce à côté d’elle, le sourire aussi fixé et inhumain qu’une statue. Ayana se rapprochait lentement. Cinq mètres, quatre mètres.
« Votre offre me fait chaud au cœur, oba-san. J’espère sincèrement pouvoir revenir pour honorer votre hospitalité. » Trois mètres. Ayana fixait l’escalier au bout du couloir comme si sa vie en dépendait. Le plancher grinçait à chacun de ses pas.
« Avait-vous vu des choses étranges ici ? Comme… des ricanements ou des pleurs au loin ? » Deux mètres.
Toujours souriante, la bouche de la viellle dame s’entrouvrit doucement. Elle n’avait aucune dent : l’intérieur n’était qu’un trou béant dirigé vers Ayana.
« Je ne vous veux aucun mal. Je souhaite juste… parler à cette Famille. »
Un mètre.
La vieille dame baissa son bras et entra sans rien dire dans la pièce à côté d’elle. Ayana la vit s’agenouiller tranquillement sur un futon, la regardant patiemment parcourir le couloir, la bouche toujours entrouverte.
Une langue salivante aussi longue qu’un serpent sortit de sa bouche, frétillant dans la direction d’Ayana alors que celle-ci rejoignit l’escalier.
Troisième étage. Identique au précédent.
Ayana traversa à nouveau le même couloir, marcha sur le même plancher grinçant, longeant les mêmes portes coulissant opaque. La seule différence, c’est qu’Ayana employait toutes ses forces à ne pas courir à toute allure.
Un bruit de succion se faisait entendre depuis le plafond. Ayana n’avait pas besoin de lever la tête pour comprendre que la chose qui émettait ce son n’était pas à l’étage supérieur mais rampait sur le plafond, juste au-dessus d’elle.
Et la suivit tout le long du couloir.
Ce n’est que lorsqu’elle gravit l’escalier quatre à quatre qu’Ayane put apercevoir du coin de l’œil une forme grisâtre fixée au plafond comme une araignée.
Le quatrième étage, qui put très bien être tous les autres. Ayana atteignit ses limites .
« Écoutez ! éructa-t-elle d’une voix qu’elle espérait autoritaire. Je ne suis pas votre ennemie. Je désire juste vous parler ! »
Ne pleure pas, ne pleure pas, ne pleure pas… Ayana ignora ses pattes tremblantes et continua à avançer. « Pourquoi faites-vous cela ? Que cherchez-vous ? »
Elle tourna à l’angle. Le couloir était vide. Il n’y avait aucun obstacle jusqu’à l’escalier, aucun grondement moqueur qui semblait venir de tous les côtés, aucune vieille dame mutique, aucun bruit de succion au-dessus d’elle. Il n’y avait rien.
Ayana comprit en cet instant à quel point elle avait peur. C’était une terreur indicible, instinctive, provenant de tout ce qui l’entourait et assaillant chaque cellule de son corps. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n’en sortit. Les parois des murs semblaient se rapprocher d'elle, le couloir semblait s’allonger. Ayana s’élança à toute allure, se rapprochant de l’escalier à la vitesse de l’éclair. J’y suis presque, j’y suis presque.
Une porte coulissante s’ouvrit à la volée alors qu’Ayana filait à côté :
« C’EST DE TA FAUTE !»
Ayana aurait crié si elle en était capable. Elle ne se tourna pas pour voir qui avait hurlé. Elle monta les escaliers, espérant atteindre le toit, voir le ciel, respirer l’air frais, échapper à cette atmosphère étouffante et viciée.
Un autre étage.
Aussi identique que les précédents.
Impossible ! Il n’y avait que quatre étages !
Une haleine fétide souffla dans ses oreilles. Ou alors c’est ce qui lui avait semblé, car elle s’était remise à courir sans attendre. Le grondement moqueur se fit plus fort, assourdissant, blessant. Ayana avait l’impression que la demeure entière vibrait.
Elle gravit les mêmes escaliers, pour emprunter le même couloir, pour tourner au même angle, pour longer les mêmes parois, pour rejoindre à nouveau les escaliers. Elle ignora l’odeur de riz brulé qui imprégnait cet étage, ne tourna pas la tête quand elle passa à côté de la chambre de la vieille dame.
Mais elle hurla lorsqu’une langue aussi longue et luisante qu’une anguille lui frôla le dos.
Autre étage. Ayana ne percevait plus le bruit de ses propres pas ou de sa respiration saccadée. Elle ne pouvait qu’entendre le bruit de succion.
Tout commença à se flouter autour d’elle quand elle atteignit à nouveau un étage. Des points noirs dansaient devant ses yeux. Ayana continua sa folle course malgré la douleur qui lui vrillait ses pattes. Plutôt mourir d’épuisement que de s’arrêter. Pourquoi le couloir paraissait-il encore plus long ? Pourquoi lui semblait-elle s’enfonçer dans le plancher comme au coeur d’un marécage ? Pourquoi lui semblait-il voir des ombres se mouvoir sur chacune des parois, comme si des formes démoniaques avaient pris vie dans chacune des pièces ?
« REVIENS-LÀ ! »
Le hurlement retentit juste à côté d’elle. Ayana fit volte-face par réflexe vers la provenance du hurlement.
Elle était en face d’un visage difforme et pâle occupant tout l’encadrement de la porte. La chose la perçait avec un regard luisant de rage et de tristesse. C’est la dernière chose qu’Ayana put discerner avant que ses jambes lâchèrent, avant que la nuit envahit son monde.
« Ne pleure pas Ayana. Sinon tu ne pourras pas entendre mes dernières paroles, » résonna la voix rauque de son père, du sang noirci s’échappant de son ventre qu’avait ouvert le sanglier sauvage.
Ayana se tenait penchée sur le corps déjà pâle de son père, ne se rendant pas compte que des larmes ruissellaient sur ses joues.
« Allons, Ayana. Ne sois pas comme ça. Tout le monde doit mourir un jour. Et… soit gentille avec ta mère, d’accord ? Non, non, ce n’est pas de ta faute. Oui, tu vas t’en sortir… Ah, je commence à ne plus bien voir… C’est le moment, Ayana. »
« Je suis si heureux… de t’avoir eue comme fille… Courage, Ayana… J’espère… que j’ai été un bon père… »
Ayana avait voulu hurler oui mille fois. Elle avait voulu dire à cet homme combien il était tout pour elle. Mais seul un son étranglé sortit de sa bouche.
Ce sont des pleurs qui la réveillèrent. Ayana comprit rapidement que ce n’était pas les siens. Trop nombreux, trop déchirants, trop humains. Ils ne semblaient ne pas pouvoir s’arrêter.
Ayana hésita à ouvrir les yeux, à se mouvoir. Peut-être qu’ils la laisseraient tranquille si elle feignait de dormir pour l’éternité. Peut-être que c’était si facile. Quelque chose frôla l’une de ses queues, et Ayana ne reconnut pas le contact baveux d’une langue ou des longs doigts squelettiques et froids.
C’était des doigts chauds et craintifs. Ayana ouvrit les yeux et se redressa d’un coup, faisant fuir l’enfant à côté d’elle.
Ils étaient dans une pièce très large, sans aucun couloir ni porte coulissante. Une statue d’un bouddha en pleur se tenait au centre, semblant toiser toute la pièce de son regard attristé. Assis en tailleur, le bouddha était si grand que son crâne soutenait le plafond comme un pilier.
Un groupe d’enfants aussi tremblants que sales se tenaient assis en cercle, aux pieds de la statue. Les seuls qui étaient vêtus ne portait que des kimono si déchirés et sales qu’on eut dit des torchons. Aucun ne dépassait la dizaine d’année, et Ayana put même distinguer un nourrison encore endormi parmi eux. Tous pleuraient.
Puis Ayana remarqua que leurs yeux terrifiés étaient dirigés vers quelque chose derrière elle. Ayana se redressa sur ses pattes tremblantes, se rappelant soudainement qu'il n’y avait aucun cadavre d’enfants au village de pêcheurs.
Certains yokais ne désirent que vivre en paix, d’autres sont des farceurs innocents quoiqu'agaçants, et quelques uns sont même assez nobles et altruistes pour venir en aide à des humains. Cependant il y avait des yokais qui n’hésitaient pas à tourmenter, à torturer, à massacrer. Ou qui rôdaient dans l’ombre pour emporter des enfants humains avec eux, pour les faire disparaitre à jamais.
Ayana sortit ses griffes, une rage blanche l’envahissant.
« Voici donc la célèbre Famille ? tonna Ayana en s’approchant lentement du groupe d’enfants. C’est révoltant. Je ne désire plus discuter avec vous. »
Ayana aurait pu frissonner en sentant les regards brûlants dans son dos. Elle aurait pu sursauter en voyant de multiples silhouettes pâles apparaissant dans les coins de la pièce. Elle aurait pu se retourner pour faire face au visage géant qui la regardait avec haine.
Elle ne fixait uniquement les regards larmoyant des enfants, persuadé d’aperçevoir, au creux de leurs pupilles, son visage larmoyant à elle, alors qu’elle avait pleuré sur la tombe de ses parents. Et la colère qu’elle ressentait s’embrasa de plus belle.
« Je vois ce que vous êtes. Vous n’êtes que des spectres pathétiques se nourrisant de la peur des plus vulnérables, des plus jeunes. Vous jouissez probablement de leurs larmes et de leurs détresse comme vous aviez joui de la mienne. Sans cela vous n’êtes riens. »
Ayana n’était plus qu’à quelques mètres des enfants.
« Je les emmène avec moi. »
Et une force monumentale repoussa Ayana en arrière.
Comme frappée par une masse haineuse et surpuissante, Ayana voltigea jusqu’à l’autre bout de la pièce, jetée sur le mur, poussant un cri de douleur. Elle parvint à relever la tête, la respiration rauque, le regard brouillé par la douleur.
Devant le groupe d’enfants se tenaient, comme deux sentinelles monstrueuses, deux yokais se dressant face à Ayana. L’un avait la forme d’un homme à la peau bosselée, asséchée, ravagée de multiples sillons comme atteint de la lèpre. Son visage semblait contracté en une perpétuelle expression de douleur, cachant ses yeux et entrouvant sa bouche baveuse. De trois mètres de haut, il portait sur son dos un large panier de paille.
L’autre yokai n’avait pas de corps. Ce n’était qu’une tête flottante à la peau pâle, aux yeux bleux brillants de haine, aux longs cheveux filandreux et aux dents aiguisées et noires. Elle fixait Ayana qui se relevait en titubant.
Ayana reprit son souffle, chassant sa colère et sa douleur pour analyser la situation avec sang-froid. Il n’y avait plus aucune larme dans ses yeux ni aucune peur dans son coeur. Ayana se le refusait : les enfants avaient besoin d’elle.
Pourquoi ces yokais ne m’attaquent-ils pas ? Ils savent qu’ils sont plus fort que moi.
Ayana observa à nouveau toute la pièce et remarqua une discrète porte de sortie dans un coin. Elle se dirigea vers elle, ignorant tous les spectres de yokais qui rôdaient dans chaque recoin, ne fixant que les deux géants encerclant le groupe d’enfants en pleurs. Je comprends : ils ne m’attaquent que si je m’approche des enfants.
« Vous ne me ferez rien, n’est-ce pas ? finit par déclarer Ayana. Je n’ai pas peur de vous. Vous n’êtes que des êtres pathétiques ne s’attaquant qu’aux êtres plus jeunes et plus vulnérables.
— RESTE, MON ENFANT, tonna la tête volante. JE SUIS LÀ POUR TOI. ILS NE NOUS SÉPARERONT PLUS JAMAIS. »
Ayana ignora l’esprit, atteignant la porte de sortie, se remémorant l’esprit de feu et son avertissement : Des pleurs, beaucoup de pleurs.
Ayana comprit : la famille ne laissait pas partir ceux qui continuait de pleurer. Elle jeta un dernier regard aux enfants, à leurs yeux, à leurs larmes sans fin, tous piégés dans une terreur et une détresse infinie. Ayana comprit qu’elle ne pourrait rien y faire. Pour l’instant.
« Gardez espoir, mes enfants. Je jure de vous délivrer de ce lieu maudit. »
Puis elle ouvrit la porte et quitta la pièce. Elle descendit les quatres étages sans aucun problème, traversa le hall d’entrée puis la porte, rejoignant la clairière. Elle ne croisa plus aucun autre esprit dans cette forêt de bambous mais crut entendre, très distinctement, le bruit cruel d’un nourrison qui pleurait sans pouvoir s’arrêter, ainsi qu’un hurlement strident :
« JE T’ATTENDRAI ! JE SERAI TOUJOURS LÀ POUR TOI ! »
Sinon l'ambiance et les descriptions sont super. Je connais peu d'histoire de Yokai effrayante, mais cette notion de torture psychologique et pire que la mort font chemin dans ma tête, ça prend forme, c'est chouette.
L'ambiance est très travaillée, ça se sent. Les éléments de films/histoires d'horreur japonais sont prenants, on retrouve de la bonne tension au milieu d'un folklore typique et le tout est agréable à vivre. Les dents noires, les yokai, les descriptions de vêtements même, les bâtiments etc... on vit le japon médiéval. Pour moi ton monde est parfait, c'est subjectif mais je retrouve le meilleur de Sekiro: Shadows die Twice dedans et j'accroche beaucoup.
J'ai cependant quelques problèmes avec d'autres détails.
Ayana pour le moment est peu caractérisée je trouve, on la voit alterner vite entre la peur et le courage, on ressent bien ses émotions et j'arrive à m'imaginer à sa place etc... mais je n'ai pas encore ressenti de moment où je me dit "seul Ayana aurait fait ça/du Ayana tout craché" à part lors de son contrat au début. Je me doute que c'est normal (chapitre 3) mais ça impact un peu la fluidité/l’intérêt qu'on a pour elle.
Il y a aussi pas mal de fautes ou de petites coquilles qui viennent surprendre le lecteur et le sortir de l'histoire. C'est dommage car j'accroche beaucoup à tes descriptions, surtout lorsqu'elle arrive dans le village et monte la tour.
J'aime beaucoup le fait que tu laisses les mots japonais pour les noms des yokais/lieux etc... Il y a juste 'oba-san' qui n'est pas instinctivement compris je pense. Pour les autres on comprend 'c'est le nom du monstre/du lieu' mais ici, un lecteur qui n'y connait rien n'a pas "d'indice" je pense. Après ça ne m'a pas choqué du tout et je fais partie des gens qui trouvent que les suffixes sont très importants dans les dialogues japonais donc je ne vois pas vraiment d'alternative non plus désolé...
Voilà voilà je ne sais pas si tu apportes encore des modifications à cette histoire (j'ai 4 mois de retard quand même ) mais je voulais témoigner de mon affection pour elle.
(quelques coquilles:
"qui n'était que doté que d'une''
"Avait-vous vu"
"Qu'Ayane put" fichu traducteur automatique il me semble xD
"Elle ne fixait uniquement les regards larmoyant des enfants,")
Content que ça t'ait plu. Yep, c'est de loin l'histoire qui a nécessité le plus de recherche sur le Japon d'Edo. Je jure que j'ai cherché des lieux géographiques pour cette histoire pendant des heures...
Je n'ai jamais joué à Sekiro Die Twice, parce que j'ai promis à mon psy de refréner mes tendances masochistes (même si le jeu à l'air très stylé).
Pour Ayana, tu touches à la plus grande difficulté que j'ai avec ce texte (plus que les fautes d'orthographe, c'est dire). Le caractère ambigu voir effacé est voulu et même souvent appuyé, mais c'est dur de ne pas écrire un héros trop obscur et indéchiffrable. J'ai essayé de trouver l'alchimie parfaite, mais pour l'instant je donne ma langue au chat noir à deux queues.
Merci encore d'avoir lu mon histoire !
Et tu as bien raison : si les deux premiers chapitres sont vraiment (trop?) de l'introduction et de la mise en situation, c'est à ce ce chapitre que tout démarre enfin. Donc, je suis hyper content qu'il t'ait plu, j'ai parié tout mon capital dessus.
Et les vacances d'été sont passées ! Après une traque gigantesque ayant nécessité les efforts conjugués du FBI, du MI6 et de ma mère, j'ai enfin retrouvé la motivation pour recommencer à publier l'histoire ! C'est parti !