III - Le pacte

Par Jamreo

 

I . III

 

Venise – 1417

Le soir était plutôt clément. Assis dans son canot secoué par les rides de l'eau, Ronan se laissait glisser le long du Grand Canal en observant les dernières étoiles avant l'aube, survivantes de la brume. L'homme debout derrière lui n'avait plus desserré les lèvres depuis qu'il lui avait présenté le blason et sa couleuvre bleue, avec ses anneaux déliés entourant le corps d'un enfant. L'air était tiède. Quelques oiseaux criaient et se répondaient d'une berge à l'autre du canal.

Bientôt, la barque se faufila sous le Pont du Rialto. L'ombre de l'édifice, étirée en triangle brisé, masqua la faible lumière des étoiles. Ronan s'attendait à traverser Venise endormie de bout en bout jusqu'à apercevoir les deux colonnes majestueuses de Saint Marc, avec leurs statues de lion ailé, et la forme austère du Palais. Le doge le recevait toujours à son Palais, il y tenait. L'ancien doge, du moins...

Il faudrait évaluer son successeur à présent, et tenter de composer avec lui. Ronan fut à peine surpris de sentir la barque bifurquer et s'arrêter alors que le Palais n'était toujours pas en vue.

— Qu'est-ce que vous faites ? demanda-t-il tout de même à l'homme.

Celui-ci ne répondit pas, alors Ronan se résigna à regagner la terre ferme. Comme d'habitude, ses premiers pas se résumèrent à une glissade périlleuse et il se rattrapa tant bien que mal à sa perche.

Apparemment, c'étaient les veilleurs que l'on avait désormais chargés de l'accueillir. Cela ne l'enchantait pas vraiment. Les veilleurs, officiellement, dépendaient du doge et recevaient leurs ordres du Conseil des Dix. Ils étaient chargés d'assurer la « sécurité » de Venise. On les reconnaissait à leur tenue légère, leur petite arbalète et leur masque aux couleurs de cuivre. Ils étaient des dizaines, plusieurs groupes à se relayer chaque nuit et à arpenter les côtes de l'île à l'affût du moindre mouvement, carreaux d'arbalète à portée de main. Ils étaient là pour repousser les envahisseurs et les attaques irréfléchies des trop nombreux ennemis de la République.

Il s'agissait de la façade, plus ou moins exacte selon les jours et les périodes : il était de notoriété publique à présent qu'ils étaient chargés d'abattre quiconque tenterait de s'enfuir de Murano par voie de mer et sans autorisation. À Venise, on n'aimait pas entendre parler de cette île. Lorsque la nouvelle d'une mort se répandait au petit matin, bien loin de s'en formaliser, on en était réjoui. C'était un anonyme qui se noyait sous les flots et qu'on ne retrouverait jamais.

Ronan s'avança de quelques pas. Deux veilleurs s'approchaient justement de l'endroit où il avait mis pied à terre.

Ils étaient drapés de leur éternelle tunique vert olive et décorés de leurs bracelets argentés, frappés chacun d'une gueule de lionne hérissée de crocs. Leur pantalon était en toile ample et légère et leurs souliers de cuir y disparaissaient presque entièrement. À hauteur du visage, sous leur demi-masque de bronze tout juste assez épais pour couvrir les yeux et la proéminence des pommettes, ils le regardèrent se prendre les pieds dans un filet de vase plus coriace que les autres et le laissèrent se dépêtrer sans lever le petit doigt. Même les traits altérés de la sorte, ils semblaient afficher un air goguenard.

— Conduisez-moi au doge immédiatement, commença Ronan d'un ton qui démentait douloureusement son assurance.

Le veilleur le plus proche faisait nonchalamment tournoyer sa petite arbalète. Le teint de sa peau se promenait à la limite du translucide et laissait voir des réseaux de veines sur ses joues et son front. Sous l'éclat de la lune, son visage semblait nimbé d'une lueur bleuâtre presque maladive et jurait avec la nuance cuivrée de son masque.

— Ça va, on se calme, railla-t-il après quelques secondes. Allez ! Suis-moi. Et reste sage !

Sans attendre une minute de plus, l'homme mince et agile bondit dans les ombres. Lorsque Ronan voulut le suivre, la pointe d'une flèche lui effleura la hanche, et il sut que le deuxième veilleur dardait sur lui un regard aiguisé. Sans se retourner, il accourut le long de la rue sinueuse, se fiant à son ouïe pour localiser son guide.

Il n'y avait presque personne d'autre dehors. Il était peut-être trois, quatre heures du matin. Le couvre-feu ne serait levé que dans deux bonnes heures.

Après avoir traversé la ruelle, on le fit passer sur un pont étroit dont la pierre était sculptée de gargouilles, au-dessus d'un petit canal brumeux. Les demeures de chaque côté étaient parfois plaquées de marbre pour les plus luxueuses, et reposaient sur des fondations composées de rondeaux de bois émergeant à peine de l'eau. Ronan fut presque pris de vertige lorsqu'il quitta le pont. Devant lui s'étirait le dédale obscur d'une autre ruelle descendante et flanquée de hautes façades en bois. Étrangement, une forte odeur de thym flottait dans les environs et s'intensifiait à mesure que l'on s'enfonçait dans les profondeurs.

Le veilleur avait disparu. Ronan se mit à courir à en perdre haleine. Ce fut à ce moment que quelque chose se mit brutalement en travers de sa route, une ligne à l'horizontale qui lui coupa la respiration et faillit le faire tomber. Il mit un certain temps à se rendre compte qu'il s'agissait du bras tendu du veilleur. Sans rien daigner lui dire, celui-ci se saisit du blason que Ronan tenait toujours au bout de sa perche et le balança sur le côté où il disparut dans une énième ruelle méconnue, entre deux murs ajourés.

—  Ça t'amuse de trimbaler ça, hein ?

— Mais enfin…

— Le blason des Visconti est trop reconnaissable, mon gars. Milan a plus trop la cote chez nous. Tu le récupéreras plus tard.

Il lui martela la poitrine de son poing puis attrapa son vêtement et le tira à sa suite. Visiblement, il en avait assez de sa lenteur.

— Où m'emmenez-vous ?

Ce n'était décidément pas le chemin menant au Palais des Doges.

—  Les ordres du doge. Celui-là c'est pas l'ancien, faudra te déshabituer.

Ils arrivèrent devant une grande demeure. Le veilleur poussa la porte et lui fit traverser une salle plongée dans l'obscurité. Les étoiles, comme sur une vaste tapisserie bleu nuit, se reflétaient dans les fenêtres et déposaient leur éclat au sol. L'endroit était totalement désert à cette heure. Et glacé. L'air sentait encore la fumée et la cire fondue. Ronan fut inexorablement entraîné vers le fond de la salle ; ils s'engouffrèrent dans un escalier en bois et montèrent à l'étage.

On avait appris à Ronan que le nouveau doge avait un passé de marchand, qu'il en avait gardé des mains rugueuses et un visage bronzé. Ronan entra dans la pièce éclairée par une chandelle posée sur le rebord de la fenêtre. Le doge était là, dos au mur. C'était incontestablement un être de forte carrure et plutôt jeune, à première vue, pour un homme de son importance. Sa crinière châtain aurait certainement été luxuriante et désordonnée s'il ne l'avait pas fait tailler en une brosse courte et militaire. Un doge se doit d'être présentable.

— Refermez cette porte, ordonna celui-ci d'une voix sèche en leur tournant subitement le dos, comme s'il ne souhaitait pas être vu.

Le veilleur s'exécuta et disparut par la même occasion, retournant sur les dernières marches de l'escalier. Ronan resta seul en compagnie du doge qui se trouvait à présent le visage plaqué contre un carreau de la fenêtre.

Enfin, presque seul. Une ombre se détacha de l'obscurité uniforme étalée contre le mur du fond et une très jeune femme s'avança. Une cascade de cheveux bouclés et noirs comme l'ébène encadrait deux joues rouges et rondes, mais un menton saillant, presque coupant. Elle tenait dans la main un vêtement noir qui se balançait dans le vide. Une cape qu'elle avait retirée. Au niveau de la poitrine, un cercle cousu de fil vert s'étalait sur la surface de l'habit.

— Vous êtes ce fameux Ronan, n'est-ce pas ? commença le doge, continuant d'observer le dehors à travers la fenêtre.

L'intéressé, bêtement, ne fit que hocher imperceptiblement la tête, oubliant que son interlocuteur ne pouvait pas le voir de là où il se trouvait. Mais l'autre ne dit rien, comme s'il considérait que ce silence avait tout simplement valeur d'affirmation. Ronan resta debout près de la porte. Ce n'était pas qu'il n'osait pas s'approcher ; en réalité, il tournait et retournait les choses et souvenirs dans son esprit pour tenter d'y déterrer, enfin, le nom du nouveau doge. On le lui avait certainement déjà confié. Seulement, depuis son voyage, il l'avait oublié.

Soudain, il prit une grande inspiration. Voilà, cela lui revenait. Tommaso Mocenigo. Son prédécesseur était décédé quatre ans auparavant, un homme que Ronan avait toujours apprécié et respecté. À présent... et si ce Mocenigo se montrait trop réticent ? Et si, et si… l'essentiel, se dit-il, était de s'accorder le luxe d'une bonne première impression. C'était elle qui l'emportait toujours au final. Il crut bon de se courber légèrement.

— Excellence, commença-t-il, je…

— Qu'est-ce que vous dites ?

Ronan scella aussitôt ses lèvres mais ne se redressa pas, fixant le sol de ses yeux écarquillés. Qu'avait-il fait de mal ?

— Pardonnez-moi…

— Mais comment m'avez-vous appelé ?

L'homme lui faisait face maintenant et le dominait de toute sa remarquable hauteur. Il ne lui laissa pas le temps de réitérer son salut : rejetant brutalement la tête en arrière, il se mit à rire, un rire nerveux et tonitruant. Au bout d'un assez long moment, il reprit le contrôle de lui-même et essuya une larme au coin de son œil droit.

— Mais monsieur, ce n'est pas le doge que vous avez devant vous. Il me charge d'ailleurs de vous dire qu'il est désolé de ne pas pouvoir vous accueillir lui-même. Il a ses raisons. D'accord ! Appelons un chat un chat : il a beaucoup d'ennemis.

— Je vous prie de m'excuser, mais qui êtes-vous dans ce cas ?

Ronan avait du mal à cacher son indignation. Le doge avait des ennemis, il se sentait en danger ? Il n'était pas le seul ! Lui-même avait effectué tout le chemin jusqu'ici pour le rencontrer, faisant fi des menaces en tous genres. Et voilà qu'on ne lui envoyait qu'un subalterne.

— Je fais partie du Conseil des Dix, répondit l'homme. Je suppose que je peux bien vous donner mon nom, je suis le seigneur Sanfari. Enchanté.

Le dernier mot contenait une lueur d'amusement. Ronan acquiesça en silence ; oui, il savait qu'un des Dix avait rejoint les leurs depuis quelques temps mais ne l'avait jamais rencontré. C'était maintenant chose faite. Il tenta de faire abstraction de l'étrange tableau qui se dessinait peu à peu dans ses pensées : ce patriarche de Galladun, le doge, le seigneur Sanfari, le duc de Milan. Lui-même. Voilà de quoi se constituait le pacte. L'ensemble ressemblait à une immense plaisanterie, une mascarade dénuée de tout sérieux. Et peut-être était-ce le cas ?

— On ne vous a pas suivi ? l'interrompit alors Sanfari.

— Oh non, je ne pense pas.

Le grand homme caressait distraitement son menton orné d'une minuscule barbichette.

— Ah oui, s'exclama-t-il soudain. Je vous présente Rachel.

Il désigna évasivement la jeune femme brune du doigt.

— Elle est au courant de tout elle aussi, n'ayez crainte.

Ronan acquiesça, sentant sa surprise première refluer lentement vers une des succursales ombrageuses de son esprit. Il n'osa pas demander de quelle manière exactement elle pourrait leur être utile, ni de plus amples informations la concernant.

—Venez vous asseoir, ajouta Sanfari.

Ronan haussa un sourcil et chercha des yeux. Puis il vit que deux tabourets avaient été repoussés contre le coin le plus sombre de la pièce. Sanfari s'en octroya un et s'y laissa tomber lourdement.

— Alors, quelles sont les nouvelles de l’Établissement ? demanda-t-il en se drapant confortablement dans sa large toge. Je comprends que vous venez de la part de Milan.

— C'est exact. J'ai des... des nouvelles, en effet.

Ronan ne poursuivit pas tout de suite. En vérité, les nouvelles n'étaient pas extrêmement bonnes. Il s'était passé quelque chose, un « regrettable incident », dirait-on dans les tons les plus formels. Depuis qu'ils avaient commencé ces rafles d'enfants sur l'île de Murano, jamais telle catastrophe ne s'était produite. Jamais, en plus de dix ans. Deux enfants avaient réussi à s'échapper de l’Établissement. On les avait bien cherchés, appelés, traqués, mais il n'y avait plus trace d'eux nulle part. Comment réagirait Sanfari s'il lui en faisait part ? Et la mystérieuse Rachel ?

Non, pour le moment, mieux valait ne rien dire.

— En ce qui concerne l’Établissement lui-même, tout va bien, mentit-il. Nous ne sommes jamais dérangés, les enfants suivent tranquillement leur formation. Tout se déroule à merveille.

Le seigneur Sanfari se frotta le front d'une main ornée de bagues, les paupières closes.

— C'est un endroit calme, n'est-ce pas, se murmura-t-il à lui-même.

L'endroit où l’Établissement avait finalement trouvé sa place. Ronan sentit confusément qu'aucune réponse n'était attendue. Il en formula tout de même une dans sa tête, toute prête. Oui, un endroit très calme. Ladro avait lui aussi immédiatement approuvé. C'était en pleine campagne, dans la Vénétie sauvage où pratiquement personne n'était jamais de passage.

Sanfari s'était emmuré dans son expression à mi-chemin entre énervement et résignation. Visiblement le sujet lui déplaisait, et c'était exactement ce que Ronan avait redouté. Le vieux et regretté doge n'avait pas paru plus réjoui, non, Ronan était bien contraint de l'admettre. Mais c'était différent. C'était toujours différent pour l'instigateur.

La silhouette de Rachel s'était perdue dans le noir et seules ses mains fines bénéficiaient du halo de lumière dispensée par la chandelle. Ronan se frotta nerveusement le cou. Sa présence lui était de plus en plus insupportable ; c'était un peu comme si elle n'existait pas mais demeurait présente, voyait sans être vue, entendait sans faire le moindre bruit.

Elle les jugeait, certainement. Il imagina les rouages étranges et grinçants qui devaient s'agiter sous ses méninges. À bien réfléchir, il ne lui faisait pas confiance. Ils ne pouvaient accorder leur confiance à personne au sujet de l’Établissement. Il ne comprenait pas pourquoi Sanfari l'avait conviée ici, mais n'osa encore une fois rien demander.

Sanfari semblait justement émerger de sa torpeur. La lueur énergique était de nouveau dans son regard, claire et nette, ravivée subitement. Ronan en profita pour se racler la gorge, sentant qu'il était temps de dévoiler le vrai motif de sa visite. Le moment fatidique devait bien finir par arriver.

— Monseigneur, ce n'est pas tout. Je vous disais que tout se déroule pour le mieux sur place, mais Milan nous mène la vie dure ces temps-ci. Vous savez que le duc est mort, il y a quelques années, dit-il prudemment. Son frère lui a maintenant succédé. Il...eh bien... il menace de rompre le pacte.

— Cet homme est un imbécile.

— C'est… il est physiquement très faible et…

Ronan s'interrompit et s'humecta les lèvres, plus pour se donner une contenance que par nécessité. Il n'avait jamais rencontré le nouveau duc de Milan en personne, mais nombre de rumeurs à son sujet lui étaient déjà parvenues. Physiquement amoindri, irascible, en proie à la plus vive superstition. Sans cesse rongé par la crainte. Il n'était pas étonnant que l’Établissement lui déplaise souverainement.

— Une chose est certaine, monsieur Ronan, dit Sanfari avec ironie. Nous ne pouvons nous passer de Milan. Sans leur soutien financier, nous pouvons dire adieu à tout ceci. Quand avez-vous prévu votre prochaine rafle, d'ailleurs ?

— Eh bien…

— Les enfants n'attendent plus que vous. C'est cruel et je le sais, ajouta-t-il en faisant claquer sa langue contre son palais. Je le fais moi aussi de très mauvaise grâce. J'y suis seulement tenu pour le bien de la majorité.

C'était ce qu'ils disaient tous. Armés de l’Établissement et de ses jeunes soldats en devenir, ils espéraient combattre la maladie et la contagion dévastatrice, répandues comme une traînée de poudre dans les rues de Murano par une main invisible. À terme, le but de tout ceci était de vaincre la mort elle-même, cette mort à l'envergure problématique qui décimait les âmes et mettait en péril le profit économique que Venise pouvait en tirer.

— Vous savez, Milan est disposé à trouver une entente, s'empressa de dire Ronan.

Ce n'était pas tout à fait vrai. La famille du duc, plus que le duc lui-même qui ne semblait pas vouloir s'intéresser à Venise plus que nécessaire, laissait une échappatoire possible au doge et à ses serviteurs. Une seule et unique. C'était à embrasser sans conditions, ou bien à refuser pour tout perdre. Ronan prit une grande inspiration et libéra enfin les deux mots qui avaient tourné et retourné dans sa tête, qui l'avaient harcelé sans relâche, qui s'étaient renfloués de sa nervosité grandissante jusqu'à prendre le dessus sur toute autre pensée.

— Vos troupes.

Il soupira. Il se dégonflait de toute énergie, se ratatinait comme si ses os s'écroulaient sous le poids trop massif de ses muscles. Sanfari ne fit qu'agiter la main en un geste expéditif, pourtant. Il devait s'attendre à la nouvelle. Il s'était levé et était allé s'asseoir sur le rebord de fenêtre.

— Oui, oui, ils veulent qu'on leur envoie des hommes, encore et toujours n'est-ce pas ?

Ronan hocha la tête en silence. Sanfari ne pouvait pas le voir mais dut instantanément comprendre. Venise se retrouvait devant Milan comme un esclave face à son maître ; un maître particulièrement avide de terres et de nouvelles conquête à travers toute l'Italie continentale. Mais il n'y avait pas vraiment d'autre solution.

Ronan redescendait prudemment l'escalier qui devait déboucher sur la salle du rez-de-chaussée. Sanfari lui avait finalement donné congé. Il était soulagé de pouvoir enfin partir. De pouvoir quitter Venise, cette île ridicule et entêtante. 

Rachel le suivait de près. Elle ne faisait presque aucun bruit ; il était si facile d'oublier sa présence, de prétendre que tout lien le retenant à Venise s'était consumé au moment même où Sanfari lui avait enjoint de partir. Mais de temps à autres il percevait un souffle infime, ou bien le glissement d'une paume et ensuite d'une épaule contre le mur. Il ne comprenait pas ce que cette femme lui voulait. Avait-elle été chargée de le surveiller ? Plusieurs fois, il voulut faire volte-face et la repousser. Il se maîtrisait à peine. Il ne tenait pas à croiser son regard ou ne serait-ce que son visage une nouvelle fois, et c'était la seule chose qui le retenait vraiment. Il pressa le pas et descendit les dernières marches.

Elle était toujours derrière lui lorsqu'il traversa la salle vide et ouvrit la porte menant sur la rue. Elle se faufila par l'ouverture. Il voulut faire un pas, mais elle le retint fermement par une manche.

—  Cela suffit, maintenant ! s'exclama-t-il.

Il la força à le lâcher. Elle fit un écart et Ronan remarqua que le même cercle verdâtre aperçu plus tôt était cousu sur sa chemise, pas seulement sur sa cape. Elle toussa et tendit à nouveau les mains vers lui.

— Ne me touchez pas, avertit Ronan. Que me voulez-vous ?

Comme elle ne faisait pas mine de répondre, il s'éloigna.

—  Attendez ! supplia-t-elle alors.

Il secoua la tête en signe de dénégation.

Il avait dans la main un parchemin signé de la main du seigneur Sanfari. Sous le coup de la nervosité, il avait froissé et recroquevillé le message entre ses doigts. Ronan parcourut distraitement les lignes d'encre tracées à sa surface : la proposition du doge de céder quelques troupes à Milan. Il ne se souvenait que maintenant de l'objet et lui jeta un regard quasi-haineux avant de l'enrouler proprement.

Il se rappela ensuite la perche et le blason. La pluie s'était mise à tomber ; il se trouva en train de patauger dans une boue claire jusqu'à l'endroit où son butin avait été jeté. Il se mit à genoux dans les flaques et chercha un moment, à tâtons, retenant sa respiration du mieux qu'il put. Il retrouva enfin la ligne réconfortante du bois taillé et la tira à lui avec soulagement. Le fil d'argent du blason était maculé de terre humide. Ronan jeta un dernier coup d’œil à la couleuvre azur enroulée sur elle-même, symbole du duché de Milan.

— Monsieur… attendez…

Rachel lui barrait le passage, s'appuyant au mur par un avant-bras.

— Vous, je vous ai dit de me laisser ! cria-t-il.

Il fit de son mieux pour l'écarter de son chemin.

— Mais vous ne comprenez pas ! J'ai quelque chose à vous montrer.

Elle se dégagea de son étreinte comme on se dégage d'un bras d'enfant, ce qui le fit reculer d'encore quelques pas. Il la vit avancer.

— Je…

— Vous devez me suivre, maintenant. Ordre du doge. Nous n'avons pas pu vous prévenir avant votre départ.

À ce moment, un petit rire presque guilleret se fit entendre. Rachel fit volte-face. Par-dessus son épaule, choqué, Ronan put voir l'ombre mince qui remontait nonchalamment la rue et venait dans leur direction. Sur le côté, un long objet basculait de gauche à droite, tel un balancier.

— Allez, sortez de là, vous deux, retentit une voix railleuse.

Ronan l'avait déjà entendue. À sa plus grande surprise, il y obéit. Le troisième homme était suffisamment proche maintenant pour qu'il reconnaisse le veilleur qui l'avait conduit à son arrivée. Il avait toujours son masque, ainsi que tout son attirail, et cette manie consistant à faire lentement tournoyer son arbalète ne l'avait pas quitté.

— Tu l'as entendue, reprit le veilleur, le menton ramené en avant en une expression méprisante. Alors tu vas nous suivre, sans faire plus d'histoires.

Avec un sourire, il braqua son arme sur lui.

— Pas besoin de cela, vraiment ! protesta aussitôt Rachel.

— Je crois que si, répondit le veilleur. Me dis pas que tu n'as pas pensé à t'enfuir ? ajouta-t-il à l'attention de sa nouvelle proie. Rachel, toute seule… ce serait facile.

La jeune femme s'était un peu écartée. Il était évident qu'elle désapprouvait ces méthodes, mais n'en avait pas moins le droit de se taire.

— Allez, passe devant, mon gars.

La pluie s'était arrêtée, aussi violente que brève. Ils le conduisirent jusqu'à un canot et le firent quitter Venise. Ronan s'accrochait à sa perche, son plus sûr repère. Il s'entendit murmurer quelques prières sans d'abord avoir conscience de les prononcer lui-même et croyant que Rachel, ou bien le veilleur, s'étaient mis à psalmodier dans son dos.

Ils l'avaient débarqué sur une île à l'est de Venise, à mi-chemin entre la République et Murano. San Michele, avait indiqué Rachel. Sur ce territoire, c'était elle qui prenait la tête de la marche. Le veilleur était toujours là mais ne disait plus rien. Son arbalète n'avait pas bougé en revanche, braquée sur sa cible mouvante.

Rachel n'avait pas arrêté de parler, leur racontant que la surveillance, à San Michele, n'était pas aussi stricte et répressive qu'à Venise-même, et s'engageant dans des digressions inintéressantes sur l'histoire et les faits marquants du lieu.

Ils s'étaient arrêtés devant une auberge, les volets rabattus et toutes lanternes éteintes. Ils entrèrent. Ce ne fut qu'une fois à l'intérieur et la porte refermée que le veilleur daigna enfin abaisser son arme et détacher ses yeux de Ronan. Rachel s'affairait près d'une chandelle dans l'obscurité. Bientôt, la lueur rassurante d'une flamme dessina un halo restreint mais vif autour d'eux.

— Mes parents dorment à l'étage, murmura la jeune femme en leur intimant le silence.

Le veilleur eut une quinte de toux à mi-chemin du rire.

— Mais où sommes-nous ? chuchota Ronan

— C'est ici, désormais, que le doge vous donnera rendez-vous lorsque vous aurez besoin de prendre contact avec lui, répondit-elle d'un trait.

Elle semblait un peu nerveuse. De près, elle avait vraiment l'air jeune. Ronan se demanda quel genre de compensation lui avait été accordée, en échange de ce service. De l'argent, sans doute. Ou bien une certaine immunité, un globe de protection placé sur sa famille par le doge. Cela se tenait.

— Le doge court bien trop de risques à Venise même. Depuis la mort du vieux doge, rien ne va plus là-bas. Maintenant, quand vous voudrez le rencontrer, ne vous rendez plus à Venise.

Elle s'efforça de lui sourire, d'un air aimable.

— Ne vous rendez plus à Venise. Venez ici.

— Très bien, concéda Ronan, estomaqué. Veuillez m'excuser, je dois m'en retourner à présent.

— Attendez.

Rachel posa à nouveau une main sur son bras. Autour d'elle, un nid d'ombres mouvantes s'agitait et se peignait contre les murs, l'encerclant de toutes parts et creusant les traits de son visage. La silhouette raide du veilleur était postée près de la fenêtre. L'homme semblait scruter la rue. En réalité, il ne perdait sûrement pas une miette de ce qu'il se disait.

— Maintenant, nous allons descendre à la cave, chuchota Rachel.

Elle avait sorti une clef de sa cape avec des doigts tremblants. Tout à coup, son teint était blafard.

— Le doge m'a ordonné de cacher chez-moi une... chose qui vous concerne, et il me demande de vous la montrer.

Le veilleur s'était comme tiré d'un rêve et brandissait à nouveau son arbalète, un sourire goguenard accroché aux lèvres.

— Fais bien attention, grogna-t-il à l'attention de Ronan.

Celui-ci souffla. Il ne pouvait pas nier que s'enfuir lui avait traversé l'esprit. Le veilleur s'était tenu si silencieux et contemplatif qu'il en était presque venu à estomper sa présence. Il n'avait pas pu l'étouffer totalement, non, mais les possibilités les plus déraisonnables avaient dû imprimer quelques spasmes à la surface de son corps pour que l'arbalète le dévisage maintenant de sa flèche immobile.

Armée de sa maigre chandelle, Rachel s'était avancée jusqu'à une tenture tendue sur l'arrière de la salle. Elle en tenait un pan ouvert sur un espace englouti d'une ombre effroyablement placide, d'où n'émergeaient que les formes costaudes d'une rangée de tonneaux. Elle regardait Ronan avec insistance, la bouche entrouverte. Au creux des joues, elle arborait cette même nuance cadavérique dévorée de flammes dansantes. En réalité elle semblait effrayée. Ronan eut juste le temps de se demander quelle pouvait bien être cette chose que le doge tenait à lui montrer avant de sentir la pointe d'un carreau d'arbalète lui chatouiller le dos. Il leva les mains devant lui et se mit en marche. Il se sentait inexorablement attiré vers l'arrière-salle, un grand lac immobile et sans reflet. Une étendue de calme morbide.

Rachel laissa retomber la tenture et une odeur de poussière et d'alcool mêlés irrita les narines de Ronan. Ils devaient être dans la remise. De chaque côté, les tonneaux menaçants semblaient étirer leurs ombres vers eux puis reculer lentement sur le passage de la bougie. Ils se faufilèrent ensuite parmi des étagères chargées de paniers, de bocaux et de victuailles. Ronan se tortillait, gêné par le contact de l'arme dans son dos et dégoulinant de sueur froide. Une angoisse sourde lui remuait les entrailles : cette histoire n'était-elle qu'une mascarade ? Il se força à ne pas entrevoir le pire. Un carreau planté dans sa poitrine.

— Nous y sommes bientôt, murmura Rachel.

Même dans ce minuscule filet de voix, il avait pu saisir de l'incertitude. Ils s'arrêtèrent enfin. Une clef tinta et tourna, puis la jeune femme poussa une lourde porte. Un vent de poussière et de moisissure remonta jusqu'à eux. La cave, se dit Ronan.

— Suivez-moi, lança Rachel en s'engouffrant dans la pénombre.

Les marches étaient étroites et glissantes. Rachel était réduite à un scintillement fébrile, quelque-part devant lui. Il la suivait des yeux comme si sa vie en dépendait. Il se surprit une nouvelle fois à psalmodier une prière. Il mâchait les mots, massacrait chaque verset dans une nervosité incontrôlable.

Il arriva en bas et retomba dans un silence de mort. Derrière, les pas lourds du veilleur terminaient leur descente et les rejoignaient, habillés d'échos de plus en plus sourds. La porte s'était-elle refermée ? Ronan tenta de se rappeler : avait-il entendu le bruit mat et décisif de la porte ? Si elle était demeurée ouverte, peut-être avait-il des chances de s'en sortir.

— Elle est ici, murmura Rachel en s'accroupissant dans l'ombre et en posant sa chandelle à ses pieds.

— Elle ? répéta Ronan d'une voix blanche.

— Avance.

La menace de l'arbalète lui effleura le dos. Il comprit que le veilleur n'en savait pas plus que lui et brûlait de découvrir ce qu'il y avait au fond de cette cave. Cette simple constatation le réchauffa de l'intérieur : ils n'en voulaient pas à sa vie.

Rachel cherchait à tâtons dans la marée ondoyante de l'obscurité grignotée par les flammes. Avec un soupir, elle débarrassa une masse de la vieille couverture qui la recouvrait. Ronan avait cru à des réserves de nourriture ou à des débris de bois entassés. Il reconnut un corps humain, la bouche et le menton barbouillé de sang séché. Mis à part ce détail le cadavre semblait vibrer d'une blancheur maladive, presque surnaturelle dans ses haillons gris - maculés de sang eux aussi. Le visage de l'adolescente apparaissait déstructuré par un accès de nervosité ou de douleur viscérale. Tout son corps était crispé, ses doigts recourbés contre ses paumes, son buste arqué vers un point invisible. Même dans la mort, elle ne trouvait pas la paix.

— C'est quoi, cette horreur ? cracha le veilleur.

Son ton ne sous-entendait en rien que ce qu'il avait sous le nez était bel et bien une horreur. Au fond, il s'était pris d'un intérêt passionné pour cette inconnue morte à ses pieds, au point d'en abaisser son arme pour venir se pencher sur elle. Ses yeux luisaient comme ceux d'un renard lorsqu'il se saisit sans vergogne de son poignet et souleva son bras, pour s'assurer que toute parcelle de vie l'avait quitté. Il poussa alors un sifflement presque admirateur.

— Tiens donc, murmura-t-il. Tu es pleine de surprises, Rachel, tu le sais ?

Ronan vit tout de suite ce que le mouvement du veilleur avait révélé sur l'avant-bras de la jeune fille. Sa peau nacrée et souillée de boue était entièrement labourée d'entailles creusées par des ongles et des dents humaines, encore humides de sang. La vive surprise qu'il en ressentit le força à faire un pas en arrière.

Il avait déjà vu ce genre de marques. Tant de fois.

— C'est une de vos élèves, chuchota Rachel.

Ronan mit quelques secondes à comprendre qu'elle lui adressait la parole à lui.

— Une de... non, ce n'est pas possible, nia-t-il un peu trop vite.

— Elle est devenue folle, insista-t-elle. En plein travail. Ils... ils ne pouvaient plus l'arrêter. Elle s'est... Le doge exige des explications. Il ne comprend pas. Jusqu'à présent vos méthodes ne regardaient que vous mais cette malheureuse...

La voix de la jeune femme se perdit.

— Quand est-ce arrivé ? demanda Ronan.

— Hier matin. De grâce, lâchez-la à présent, souffla-t-elle au veilleur.

Celui-ci avait entamé une série de gestes et d'observations sur le corps, pris d'un amusement fasciné. Il leva un œil torve vers Rachel.

— Elle est froide, constata-t-il pour toute réponse. Et toute crispée.

— Et presque intacte... remarqua Ronan.

La décomposition aurait déjà dû entamer son œuvre.

— Je n'y comprends rien.

— Moi, je comprends. Vous êtes des monstres.

Il se tourna vers Rachel, abasourdi.

— Je...

— Qu'est-ce que vous lui avez fait ? siffla-t-elle.

Sa poitrine se soulevait par soubresauts incontrôlables, au rythme de ses sanglots d'angoisse. Elle avait trop souffert de devoir cacher dans sa cave durant plus d'un jour une chose aussi répugnante. Ronan ne savait pas quoi lui répondre.

— Ce n'est pas possible, répéta-t-il d'une voix qu'il espérait ferme. Ces morsures... jamais je n'ai vu pareille chose. 

Faux, contra une petite voix dans son esprit. Il secoua la tête.

— Cela n'a rien à voir avec les méthodes de l’Établissement, souffla-t-il. L'apprentissage se fait selon des méthodes aussi douces que possible...

Le veilleur lâcha un petit rire sceptique. Ronan fit de son mieux pour l'ignorer.

Rachel prit le temps de se recomposer. Elle inspira longuement, reprit sa chandelle et lissa consciencieusement les plis de sa robe, les yeux baissés. Un rituel pour se calmer. 

— Que voulez-vous que je dise au doge ? interrogea-t-elle enfin.

— Exactement ce que je viens de vous certifier. Je... je ne comprends pas ce qui a pu se passer.

— Très bien, ironisa-t-elle. Je lui dirai donc que vous ne comprenez pas. Mais que dois-je faire du corps ?

Elle avait articulé ces derniers mots d'un ton suppliant, les yeux plissés comme pour retenir une nouvelle montée de larmes. Emmenez-le loin d'ici, implorait-elle sans un bruit.

Ronan haussa plusieurs fois les épaules, puis se mit à faire les cent pas sous l’œil narquois du veilleur toujours accroupi près du cadavre.

Il ne fallait pas ébruiter l'affaire. Trop de personnes étaient déjà au courant. Si l’Établissement apparaissait sous un jour si pervers et cruel, nul doute que le duc de Milan et son voile de superstitions à toute épreuve les abandonneraient les premiers. Ronan avait lui-même peine à croire qu'une de leurs élèves ait pu subir tel traitement. 

Il s'arrêta, serra les poings et planta son regard dans celui de Rachel. La solution résidait dans… dans la disparition totale.

— Vous avez des chaînes ?

Elle eut un hoquet de surprise.

— Nous pourrions la lâcher dans le Canal des Orphelins, expliqua-t-il sans ciller.

Une noyade présumée. Quoi de plus normal, à Venise ? Un corps échoué au fond du canal où on abandonnait autrefois les dépouilles des condamnés à mort n'attirerait pas l'attention. Personne ne viendrait l'y chercher.

Voilà ce qu'il fallait. La faire disparaître, et puis tenter de l'oublier.

 

 
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vefree
Posté le 08/10/2012
Alors, nous voilà revenus quelques années en arrière, à Venise, en compagnie de Ronan.
Découpage de l'intrigue plutôt intrigante, justement. On se demande encore pourquoi à cette époque on enlève des enfants sur Murano. Certes, c'est pas pour des intentions louables et tu parles très vite fait de veilleurs carnivores sans développer aucunement. Tout cela imprime une aura de mystère et de suspicion envers tout le monde. Ronan n'est pas épargné ; à part le fait qu'il doit enlever des enfants pour le compte du Doge (j'espère que j'ai bien compris) et qu'il craint les veilleurs dont le rôle reste ambivalent, à la solde d'un pouvoir plutôt divisé et suspicieux. Bref, c'est un peu le bordel dans tout ça. Difficile de s'y retrouver. Mais je compte bien sur la suite pour en comprendre mieux. 
Il me semble dans mon souvenir de la première lecture que beaucoup de choses ont changées à la fois dans les rôles du pouvoir et dans leurs procédés d'action envers Murano. J'ai vraiment l'impression de redécouvrir l'histoire quasi comme si elle était nouvelle. Sincèrement, je préfère cette version. Ton style s'est vraiment purifié et sert vraiment ton intrigue.
Dès que je peux je lis la suite.
Biz Vef' 
Jamreo
Posté le 08/10/2012
aaArg, désolée, je réponds pas dans l'ordre ^^'
Ce chapitre est le moins réussi, en tout cas c'est ce qui ressort des commentaires. J'avoue que c'est encore le bordel, il n'est peut-être pas super bien placé aussi, mais il me paraissait nécessaire pour le long terme ( on verra bien si oui/non c'est le cas ...). Déjà, c'est tout bon, les enfants sont volés avec la complicité du doge et des veilleurs entre autres. Et puis ils sont conduits dans leur orphelinat, ailleurs. Du coup les réponses ne sont pas pour la suite immédiate immédiate, mais pour un peu plus tard.
Bah, effectivement l'histoire reste la même dans le gros ensemble, tout en étant bien différente pour les détails. Les procédés d'action ... n'étaient pas du tout expliqués dans la précédente version (comme ça c'est réglé xD), quant aux rôles du pouvoir ... certaines petites choses ont changé mais pas tant que cela. Quand tu dis que tu as l'impression de lire quelque-chose de nouveau j'espère que ce n'est pas un truc gênant? Déjà, si le style te plaît mieux, c'est vraiment un bon point. Merci, et pour tous tes commentaires aussi :)
Aliv
Posté le 07/10/2012
Ce chapitre est bien écrit mais je le trouve assez fade à comparer au autres. Peut être par ce que je ne comprends pas grand chose. L'établissement, le pacte... Ce n'est pas clair du tout. Peut être que je comprendrais mieux par la suite.
Bon c'est le chapitre que j'ai le moins apprécié. Voyons la suite. 
 
Jamreo
Posté le 07/10/2012
Oué, ce n'est pas le meilleur je suis d'accord. En revanche si tu n'as vraiment rien compris ... peut-être que tu n'as plus le prologue en mémoire, pusique tu l'avais lu il y a un certain temps. Tout ça c'est au sujet des enfants qu'on enlève sur Murano. Les personnes qui trempent dedans doivent faire attention à ne pas se faire remarquer. Et à maintenir leur entente, au sein même de leur groupe, aussi.
mais bon ^^
aranck
Posté le 18/07/2013
Hello Jamreo,
 
Me voici de retour, noyée dans mes soucis de boulot, mais bref...
Ah donc, à un moment donné, tu parles de Rachel qui n'a que le "droit" de se taire, je ne retrouve plus la phrase exacte, mais le mot "devoir" irait mieux me semble-t-il.
Tu as aussi une très belle image qui m'a marquée lorsque tu décris l'ombre des tonneaux qui diminue au fur et à mesure de l'avancée de la bougie. 
 
Pour le reste, comme d'habitude tout est très bien écrit, mais j'ai eu du mal à m'y retrouver cette fois. Je n'avais pas compris que tu revenais en arrière, c'est en lisant le commentaire de Vef' que j'ai fini par percuter.
Je ne sais pas exactement comment tu pourrais faire pour qu'on comprenne mieux (car mettre la date ne suffit pas et demande un trop grand effort de mémorisation au lecteur) Peut-être en ajoutant quelques détails sur le physique de Ronan, qui apparaîtrait ici plus jeune et auparavant plus vieux ???
Je ne cerne pas très bien non plus qui est cette Rachel (parente du Doge, amie, conseillère ??) et comment se fait-il qu'on lui confie une tache de ce genre ?
Bref, pour moi, tout est un peu fouilli, et ce qui se passe jusqu'à la découverte du corps, un peu long.
Je me demande si tu n'aurais pas intérêt à revenir sur cette scène sous forme de souvenirs, par flashs ?? (Si ton livre était un film, tout serait beaucoup plus simple...)
Je ne doute pas que tous les détails donnés ici ont leur importance pour la compréhension de la suite, mais peut-être peux-tu les distiller autrement et raccourcir certaines descriptions (même si elles sont très belles)
 Pour l'écriture et le fond de l'histoire rien à redire, c'est très bien, et l'intrigue est toujours aussi forte. L'ambiance est toujours mystérieuse, l'atmosphère que tu développes à travers les lieux et les personnages est particulièrement attirante. J'imagine tout très parfaitement et ton roman à du corps, du mystère et des intrigues, donc pour moi c'est bien et ça me plaît.
A bientôt donc ! 
 
Jamreo
Posté le 18/07/2013
Salut aranck, j'espère que ça va quand même un peu mieux pour toi *câlin* 
Merci beaucoup pour ton commentaire en tout cas. Pour le retour en arrière je ne pensais pas que ça poserait problème (enfin au niveau de la compréhension). Ou alors tu veux dire par rapport à la première date, celle du prologue (1406) ? Et donc effectivement évoquer plus l'intervalle de 11 ans. En revanche Ronan est absent des scènes qui se déroulent en 1432, du coup il n'a pas pu être plus vieux avant de devenir plus jeune, il a plutôt suivi l'ordre chronologique xD C'est sûr qu'avec un film ce serait bien plus facile. Mais comme Ronan n'est justement pas présent en dehors de ces "flashs", je ne saurais pas trop comment les assembler.
Le personnage de Rachel reste un peu nébuleux oui : elle n'est pas vraiment conseillère ni amie du doge. J'espère (même si je suis plus trop sûre ^^') que la suite t'éclairera un peu.
Désolée pour les descriptions, faut croire que c'est un problème récurrent chez moi T-T . quand j'ai commencé la rédaction de cette histoire, je n'avais pas la moindre notion des environs de Venise, je me suis vite rendu compte qu'il faudrait faire un effort de recherche. C'est peut-être pour m'aider à situer tout ça que les descriptions sont assez longues et que les choses "traînent" un peu du coup pour les lecteurs. J'aurais un peu de mal à m'en séparer ^^' mais bon si ça reste vraiment gênant, il faut pas hésiter à le dire.
Peut-être que ce chapitre est mal placé, aussi, en plus des infos peut-être mal disséminées. En tout cas si y a vraiment des coins trop obscurs n'hésite pas >.< c'est vrai aussi qu'il y a beacoup de choses importantes pour la suite donc j'espère que ça s'éclaircira.
Très contente que l'atmopshère t'ait plu en tout cas et que le fond te semble rester quand même cohérent en tout cas ! Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire <3
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