« Quoi? »
Notez que plus cette histoire avance, plus mon sens de la répartie se barre en quenouille… Je restai là, les yeux exorbités et la poignée de la porte dans la main, à essayer d’enregistrer ce que Sebastian venait de dire.
« Tu veux qu’on en parle dans le couloir ou je peux entrer? »
Je m’écartai sans réfléchir pour le laisser passer. Ce ne fut que quand je le vis au milieu de ma chambre que je réfléchis au fait que me retrouver en tête à tête dans une pièce fermée avec le type qui hantait la majorité de mes pensées ces derniers jours était sans doute la dernière des mauvaises idées. Je refermai la porte. Tant pis. Il fallait crever l’abcès, d’une façon ou d’une autre.
« Donc, dis-je en choisissant mes mots avec soin, tu as planté Victoria alors que vous étiez en pleine action…? »
Dois-je préciser qu’au milieu de tout ce bordel émotionnel, j’éprouvais un très haut niveau de satisfaction mesquine à cette idée…? Sebastian, lui, finissait d’achever le tapis en faisant les cent pas.
« Oui. Enfin, on n’est pas allé très loin dans l’action, si tu veux tout savoir. Elle m’a juste embrassé. Mais ce n’était pas… »
Il s’arrêta net et braqua son regard bleu sur moi. Avec la même expression qu’il avait eu juste avant de m’embrasser, la première fois. J’avais cru qu’il « était » Derek à cet instant. Visiblement, je m’étais trompée. J’appuyais mon dos contre le battant de la porte, histoire d’être sûre de tenir debout. Parce que je sentais mes jambes flageoler d’un coup. S’il se rapprochait de moi maintenant, je n’étais pas certaine d’opposer une grosse résistance. En fait, j’étais plutôt assez sûre du contraire.
« Ce n’était pas comme avec toi. Rien à voir, poursuivit-il. Et avant que tu me jettes dehors je voudrais que tu me laisses parler. »
C’était bien parti parce que, moi, je ne savais plus du tout quoi dire. Ni comment m’en sortir. Ni si j’avais encore envie de m’en sortir d’ailleurs.
« J’ai envie de toi, Esmé. Et aucune intention de réfléchir à où ça pourrait nous mener ou si c’est ou non une bonne idée. Je ne veux même pas savoir ce qui se passera après cette nuit. Je veux juste profiter de ce moment. Rien d’autre. »
Il s’avança vers moi. Très lentement, comme pour me laisser le temps de partir en courant. Ce que je n’étais pas du tout en état de faire. Je me collai un peu plus à la porte tout en ne faisant aucun effort pour l’ouvrir. J’étais presque hypnotisée par Sebastian qui se rapprochait de plus en plus. Il était maintenant si proche que je sentais la chaleur de son corps sur ma peau. Pourtant, il ne m’effleurait même pas. Je fermai les yeux, complètement étourdie et incapable d’aligner deux pensées cohérentes. Mes lèvres s’entrouvrirent. Le souffle de Sebastian me caressa le visage. Je n’en pouvais plus d’attendre la suite. Je saisis sa chemise à pleine main et ouvrit les yeux.
« Tu vas te décider, oui? » vociférai-je fort peu gracieusement.
En retour, j’eus droit à son sourire de fripouille qui me donna envie de finir d’arracher sa chemise que je maltraitai déjà pas mal.
« Je voulais être certain que tu étais d’accord, » murmura-t-il juste dans le creux de mon oreille, avant de poser un petit baiser dans mon cou.
Je ne maitrisais absolument plus la situation. Les mains de Sebastian se posèrent sur ma taille. Il me plaqua un peu plus contre la porte de tout son corps. Et m’embrassa.
Ça n’avait rien à voir avec son baiser précédent (qui était déjà assez… perturbant). Celui-ci n’était rien d’autre que la pure expression d’un désir brut. Sa bouche dévorait la mienne avec douceur et impatience à la fois. Sa langue explorait des endroits que moi-même je ne soupçonnais pas. Je restai passive quelques secondes, tellement embrasée par l’effet qu’il me faisait que je n’étais capable de rien d’autre que de profiter des sensations brûlantes qui me parcouraient.
Et puis, je perdis complètement la tête. Je lâchais la chemise de Sebastian pour passer mes bras autour de son cou et approfondir encore un peu plus un baiser qui était déjà à un stade d’érotisme totalement indécent. Je me mis sur la pointe des pieds pour le plaisir de sentir mon corps frotter contre le sien. Son sexe était dur contre mon ventre. Les mains de Sebastian quittèrent ma taille et descendirent sur mes fesses, continuèrent leur route et… Il saisit mes cuisses et me souleva du sol comme une plume. Je m’agrippai à son cou en retenant un petit cri. De surprise d’abord puis de plaisir quand je sentis son érection caresser mon pubis. J’étais encore à moitié appuyée contre la porte ; j’enroulai mes jambes autour de Sebastian pour transférer mon poids sur lui. Il supporta le fardeau sans effort. Et sans cesser de jouer avec ma langue. Puis, il m’emporta vers le lit pendant que j’essayai de me débarrasser de sa chemise. Un bouton sauta, ricocha quelque part et disparut. Sebastian me bascula sur le matelas. Je me laissai tomber en confiance sans détacher mes jambes de lui. Hors de question qu’il s’éloigne, ne serait-ce qu’une seconde. Au contraire, je me cambrai un peu pour mieux sentir son érection contre moi. Cette fois, ce fut Sebastian qui eut un hoquet. Je profitai de cette seconde de trouble pour finir de lui arracher sa chemise et laisser mes mains glisser partout sur son dos et son torse. Cette peau… Je posai mes lèvres sur son épaule, laissai ma langue souligner sa clavicule puis mordit très doucement. Sebastian soupira dans le creux de mon cou. Ses mains glissèrent sur mes hanches et remontèrent sous mon tee-shirt. Sa paume trouva mon sein puis le mamelon. Je renversai la tête en arrière, à bout de souffle.
Je voulais que cette délicieuse torture s’arrête. Je voulais qu’elle dure toute la nuit. Lorsque les doigts de Sebastian s’égarèrent entre mes cuisses, je perdis tout ce qui me restait de réflexion (ce qui se résumait à pas grand-chose à ce stade). Je m’attaquai à sa ceinture, puis aux boutons de sa braguette alors qu’il tirait sur mon pantalon de pyjama.
Soudain, une pensée cataclysmique me congela toute entière.
« Bordel de merde! Seb, je n’ai pas de capotes! »
Il releva la tête, un air mi-embarrassé, mi-ravi sur le visage. Au lieu de me répondre, il posa ses bras de part et d’autre de ma tête, allongé de tout son long sur moi, ses jambes emmêlées aux miennes. Torse nu, le jeans défait, les cheveux épars sur le front, beau à se damner. J’allais me mettre à hurler si nous ne pouvions pas aller au bout de ce que nous avions commencé.
« Je ne voudrais pas te donner l’impression que j’avais prémédité mon coup mais… j’en ai. Dans la poche arrière de mon jeans. »
Je laissai mes mains caresser très lentement son dos, pour descendre jusqu’à ses fesses que j’empoignai avec douceur. Puis, je glissai ma main dans sa poche pour en ramener un chapelet de préservatifs que j’agitai devant ses yeux.
« Tu ne crois pas que tu es un peu ambitieux? » lui soufflai-je.
Sebastian se pencha sur moi pour s’emparer à nouveau de mes lèvres.
Il n’était pas si ambitieux, finalement.
Waw…
***
Hier soir, je n’avais pas pris le temps de fermer les volets. Ce fut donc la lumière grise de l’aube qui me tira du sommeil lourd dans lequel j’avais sombré peu de temps auparavant. La nuit avait été courte. Mais passionnante. Je levai péniblement le nez de mon oreiller pour évaluer la situation.
La plus grande partie de la couette était de mon côté du lit (et à moitié par terre). Les coussins et la courtepointe avaient valsé au deuxième round. Des vêtements jonchaient le plancher. Et Sebastian était allongé sur le dos à ma droite. À peine couvert, il dormait paisiblement. Je pris le temps de profiter du spectacle, avant de commencer à flipper pour la suite des évènements.
Si nous n’avions pas été dans ma chambre, j’aurais pris la tangente sans aucun état d’âme pour éviter la scène de la mise au point au réveil. Là, c’était plus délicat. J’avais très peu de chances de réussir à prendre une douche, à m’habiller et à filer sans le réveiller. De plus, je doutais que Sebastian me laisse m’en tirer aussi facilement. Restait à savoir quelles étaient mes options.
Petit un, nous en restions là. Nuit magique, souvenir impérissable, fantasme satisfait. Nous pouvions passer à autre chose et reprendre notre amitié là où nous l’avions laissée. Moui. C’était raisonnable, c’était le plus simple. Sauf que rien qu’à le regarder, nu, dans mon lit, j’avais une furieuse envie de me blottir contre lui, de caresser sa peau, de… Bon. Autant dire que l’alternative raisonnable n’était pas très bien embarquée. Sauf si Sebastian était disposé à passer à une relation plus platonique. Alors, je pensais pouvoir me dépêtrer de ma frustration.
Petit deux, nous continuions à coucher ensembles. Très tentant, je devais le reconnaitre. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser à la myriade de complications qui pouvait pointer son nez. Je me fichais un peu de ce qu’on pouvait penser du cliché « l’assistante qui couche avec son patron » du moment que Sebastian n’y accordait pas non plus d’importance. Ce qui m’angoissait, au contraire, c’était de me retrouver catapultée sur le devant de la scène en tant que « copine de ».
J’avais passé les deux tiers de ma vie à subir des étiquettes, à n’être exposée à la curiosité publique qu’à cause de mes liens de parenté avec des célébrités. Ou, plus rarement grâce à l’armée d’avocats de la famille, à cause de mes frasques. Mais même dans ces cas-là, je ne me faisais afficher que parce que j’étais la honte de la famille. Fille de Naomi, fille Bellarosa, soeur d’Ashton héritier des studios… J’avais pris la fuite pour trouver qui j’étais, moi, Esmé, dans l’anonymat le plus total. Et je pensais y être arrivée.
Côtoyer Sebastian en tant qu’assistante ne m’avait pas paru très risqué. Vous en avez déjà vu beaucoup des photos de paparazzis qui montrent le personnel des stars? La soirée d’ouverture de tournage m’avait assez prouvée que je m’étais trompée. Alors étais-je prête à mettre la vie que je m’étais construite ces dernières années dans la balance pour le plaisir d’une liaison torride avec lui?
« Tu cherches un moyen de te barrer discrètement, je me trompe? »
Je remontai un peu plus la couette sur moi avec un petit grommellement. Ce qu’il pouvait m’énerver quand il me prenait au dépourvu comme ça! Surtout quand il avait raison. Il se frotta le visage pour s’aider à se réveiller avant de réaliser qu’il n’était plus du tout couvert. Il tira sur la couette avec un petit sourire.
« J’ai droit à un morceau où je suis condamné à me geler? »
Je lui balança la moitié de la literie sur la tête. Plus un oreiller pour faire bonne mesure.
« C’est bon? Tu as assez chaud comme ça? »
Il réussit à dégager sa tête pour me regarder d’un air circonspect.
« C’est le moment où je me fais engueuler pour avoir abusé de toi, c’est ça?
— Je-ne-suis-pas-du-matin! »
Je m’adossai à la tête de lit, les bras croisés. Sebastian s’installa à côté de moi avec des gestes prudents. Il prit le temps de remettre la couette en ordre en la partageant équitablement entre nous deux. Puis, il attendit patiemment. Au fil des secondes, je sentais ma colère fondre aussi soudainement qu’elle était apparue. J’irais même jusqu’à dire que je me sentais complètement conne de m’être énervée ainsi.
« Esmé, sérieusement, tu m’en veux pour cette nuit?
— Non, soufflai-je. C’était génial. TU étais génial. »
Je le vis rougir avec un certain plaisir. Je me laissai glisser contre son épaule.
« Alors quoi? murmura-t-il.
— Je suis juste… un peu angoissée à l’idée que tout le monde soit au courant. »
Sebastian se mit à rire.
« Tu pensais que j’allais faire un communiqué de presse au réveil?
— Non mais… Tu sais bien comment ça se passe dans un espace clos. Ça risque de se savoir et…
— Et rien du tout. Ce qu’on fait ne regarde personne. »
Si seulement c’était aussi simple! Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’on faisait exactement?
« Et tu… euh… vois les choses comment du coup? » demandai-je.
Sebastian prit le temps d’évaluer ma mine suspicieuse avant de répondre.
« Je te l’ai dit hier. Je n’ai pas réfléchi. Et je ne tiens toujours pas à le faire. Sauf si tu veux qu’on en parle maintenant. »
Je secouai la tête avec toute la conviction dont j’étais capable, ce qui eut l’air de l’amuser.
« Je veux juste… profiter de ce qui se passe entre nous, poursuivit-il. Pas de prise de tête. »
Cette fois, j’acquiesçai. L’idée me plaisait beaucoup. J’en soupirai d’aise. Il me serra un peu plus contre lui. Je décidai néanmoins d’enfoncer le clou.
« On est d’accord que chacun à le droit de tout arrêter à n’importe quel moment et sans aucune justification.
— Ça me parait raisonnable.
— Très bien. Il ne reste plus qu’une question cruciale à régler.
— Laquelle?
— Qui prend la salle de bain en premier? »
***
J’avais été chevaleresque et laissé la salle de bain à Esmé. J’aurais préféré qu’on puisse partager la douche mais sa taille réduite ne laissait pas beaucoup de place à l’improvisation. J’avais donc tout mon temps pour réfléchir. Mais aucune idée de la direction à faire prendre à mes réflexions. J’avais été honnête avec Esmé lorsque je lui avais dit que je ne voulais pas voir plus loin que le moment présent. Pourtant, j’avais confusément conscience que cette ligne de conduite avait une date de péremption. Sans compter qu’Esmé restait sur la défensive sans que je sache trop pour quelle raison. J’aurais cru qu’elle était du genre à se moquer du qu’en dira-t-on mais quelque chose la gênait visiblement dans l’aspect public de notre relation. Et tant que je ne saurais pas quoi, je courrais le risque de faire une gaffe irréparable.
Elle sortit de la salle de bain, enroulée dans une grande serviette que j’eus aussitôt envie de lui arracher.
« La place est libre. Dépêche-toi ou tu vas être en retard. »
Alors qu’elle s’asseyait sur le lit, je roulai sur le ventre.
« Oui, chef. J’ai droit à un petit quelque chose pour me motiver? »
Elle me regarda par dessus son épaule.
« Du genre? »
Je haussai les épaules avec un sourire. Esmé se renversa en arrière. Sa tête atterrit sur le matelas, pile devant moi. Elle me saisit par la nuque et m’attira à elle. Niveau motivation, j’étais au top. Mais pas vraiment pour aller me laver.
On en conclu donc qu'on s'arrête ici ? Hein..?
Non... Malheureusement. Je sens tellement tout le négatif arriver. Il sent pire que l'haleine de café d'Esmé...
Bien à toi,
Trisanna.
Pire que l'haleine au café d'Esmé? Quand même pas!! :D
Alice
C’est gentil d’avoir eu pitié de nous avant de partir mettre les doigts de pieds en éventail ;-P
Il fait effectivement bien chaud dans ce chapitre. Mais je trouve que tu as bien dosé la chose. C’est jamais évident dans ce genre de scène, de trouver un juste équilibre ^^
J'ai envie de dire "enfin", mais j’ai peur que leur bonheur ne dure pas bien longtemps. Une fois que la bulle aura éclaté et que la porte de la chambre aura été ouverte, le retour à la réalité va faire mal U.U.
Assumer ne sera à mon avis pas le problème principal. Ca sent les engueulades et surtout les représailles et ce ne sera peut-être pas eux, leur pire ennemi. Vikky la greluche doit avoir de la rancœur après avoir été rembarrée.
A bientôt pour la suite et belles vacances !
me voilà de retour ^^
Je suis outrée que tu m'imagines en tortionnaire de personnage :o (non :D)
Sérieusement, j'ai bien peur que la suite te donne raison. D'ailleurs, je vais la mettre en ligne de ce pas ;p
A bientôt!
J'aime beaucoup ce chapitre,qui parvient à être drôle tout en étant sexy, et érotique sans basculer dans le vulgaire.
Ils sont trop choux tous les deux !
Malheureusement, Victoria la grognasse ne va certainement pas laisser passer ça (OoO) courage Esmée !
Merci beaucoup <3
Voyons... Victoria est-elle du genre à faire un énorme coup de p**** pour se venger...? Je ne sais pas trop... Faut voir... :D
A bientôt!
Alice