Avant le chant des arbres
Nous étions là
Avant vos premiers pas
Nous étions là
Avant les premiers vents
Nous étions là
Je suis mort le premier. Et ces chères choses oubliées, ce sont les miens.
Nous n’étions pas tous présents, ce jour-là, mais quand les absents sont revenus… Disons seulement qu’ils ne sont jamais revenus. Après tout, ils n’avaient plus nulle part où rentrer.
Quant aux Autres… Quant à Eux… Ils avaient rêvé si fort de leur monde qu’il naquit de leur seule volonté, en effaçant le nôtre. Ils nous remplaçaient, nous rendaient obsolètes. Nous, nous n’avions pas rêvé assez fort, peut-être. Nous n’avions émis aucun vœu. Nous ne connaissions pas le souhait, jusqu’à leur venue. Nul besoin, je suppose.
Gigantesques, ils surpassaient de loin les gérontarches et les vervastes. Leurs habitations s’élançaient telles des montagnes, et leurs transporteurs comme leurs pas nous piétinaient.
Nous les pensions un désastre naturel, au début. Insolites, mais à terme non conscients, et donc innocents. Ils étaient réellement inconscients, avons-nous réalisé plus tard ; mais seulement de nous.
Ils étaient tombés des cieux, dans d’immenses roches lisses. Alors nous les avons crus météorites. D’étranges météorites létales. Des météorites néanmoins.
Les choses qui en ont émergé étaient bien trop grandes pour du vivant, et ainsi nécessairement autres. Mais quoi, nous l’ignorions.
Je le sais, à présent.
La mort.
Elles sont la mort.
Le nourrisseur disait souvent que mourir, c’est rejoindre l’éternité. Cette idée me réconforte. Je préférerais rejoindre les miens, mais je ne sais pas très bien souhaiter. Je me suis pourtant amélioré ; je commence à acquérir de la pratique.
Je souhaiterais pouvoir souhaiter assez fort pour que mes souhaits se réalisent. Je ferais alors en sorte que la mort ne soit jamais venue du ciel, et que nous continuions à ne rien souhaiter.
Ce serait mon souhait.
Mon seul souhait.
Bon, cette fin de civilisation est bien mystérieuse. Une invasion extra-terrestre, à la technologie si avancée qu'on ne peut pas la définir ou même l'appréhender ? Cette nouvelle, courte et directe, nous rappelle que notre monde peut s'éteindre brutalement... pourvu qu'on ne vive pas cette fin inelectuable. Meme si je pencherai plutôt pour une auto destruction...