La chute dû être violente, car lorsque j’ouvris enfin les yeux, le monde n’était plus gris, mais rouge, et je ne me trouvais pas dans le salon. Mais dans ma chambre, chez les Drèke. Je mis un petit temps à m’en rendre compte, car les murs avaient la fâcheuse manie de couler vers les cieux. C’était bien ma chambre pourtant. De mon lit, et ici mon petit bureau de pin, constellé de papiers-
Étrange.
Mon bureau était toujours si impeccable-
Je me levai et tentai de l’atteindre, mais cela se révéla assez difficile avec un sol moue. Je m’enfonçai dans le parquet jusqu’au genou mais je finis par l’atteindre. C’était un ramassis de chemises brunes et de feuillets, maintenu par des bibelots qui m’étaient inconnus, la statuette de la femme loup, l’homme palmier, cette, chose, engluée dans un champignon- mon pendentif!
L’attraper me demanda un effort sur-humain, et quand j’y parvins enfin, mes doigts se renfermèrent sur de l’air. Il était là pourtant, mais j’insistai et grand bien m’en fit. Dans mon excitation cependant, je l’ouvris à la volée en en renversai le contenu. Je me mis à tatonner frénétiquement autour de moi, afin de récupérer mes souvenirs.
La mèche de cheveux de maman, le matricule de papa furent facile à rattraper, mais le petit coquillage de Lizzie roula à quelques pas de là- non, ce n’était pas ça, c’était un bouton. Le bouton de ma robe.
“Ah, tu l’as retrouvé. Il était temps. Tu n’as jamais fait attention à tes affaires.” S’écria Madame Catherine. Tout du moins, sa voix, car lorsque je levai la tête, ce n’était pas elle qui se tenait sur le cadre de la porte mais Mathurin.
“Il s’est défait quand j’ai réessayer la robe, il était trop lourd, le fil a casse.” Protestai-je et comme pour me donner raison, le bouton demeura au sol, et cela peu importe mes efforts. Je m’y pris à deux mains pour le soulever, sans succès.
“Suzanne n’aurait pas échoué, elle.” Siffla tante Lydia “Il n’y a rien qu’elle ne pouvait accomplir, contrairement à toi. Tu ne peux même plus danser sans geindre et te complaindre. Ma fille était aussi dure que le métal, toi, tu es molle. C’est décevant.”
“ Ton avis n’a plus aucune importance.” Répliquai-je sèchement, à mesure que mes efforts sur ce fichu bouton échouaient les uns après les autres “Tu n’as plus aucune importance. Tu n’es plus qu’un souvenir, comme elle.”
“Comme Daniel?” Railla-t-elle, et l’air devint rouge vif sous l’effet de ma colère.
Tante Petronille se tenait là, le visage sévère, et si je n’avais pas du parquet jusqu’aux genoux, je l’aurais giflée. Je fus prise d’une envie folle de lui faire mal, de saisir sa baguette et de la frapper, de lui rendre la monnaie de sa pièce.
“ Jamais je ne l’abandonnerai, c’est toi qui- c’est toi qui n’a pas veillé sur nous, comme tu avais promis-”
“Tu es supposée le rejoindre dans moins de dix jours… et tu n’as toujours rien entrepris pour t’échapper. Tu n’y seras jamais à temps. Il sera seul sur la rive-”
“Tais-toi, te dis-je!” Hurlai-je, car au dehors, la houle s’était levée, le vent sifflait au point d’étouffer la moindre parole. Les vagues commençaient à se déverser dans la pièce, le niveau montant rapidement.
“Abandonné, lui aussi. Comme moi, est-ce la ta manière, soeurette, d’abandonner ce qui t’aiment?” Souffla Lizzie, le visage cruel, le regard, ce regard…
“Non, je-”
La porte se mit à siffler, pour enfin s’ouvrir à la volée. Une horde de petits lapins blancs se tenaient dans le couloir, et ajoutèrent des sonneries de pinpernade à la cacophonie.
“Je t’ai supplié, de ne pas y aller.” Reprit-elle, la voix balançant entre le rage et le désespoir. “Il ne fallait pas sortir, maintenant, c'es trop tard."
Derrière elle, les lapins se mirent à avancer, les yeux rouges fixés sur moi. Une panique me saisit le ventre, d’autant plus exacerbée que le parquet se solidifia autour de ma taille.
“Tu n’écoutes pas. On te met en garde, tu ne t’interroges pas. La racine-”
“Quoi la racine! Qu’est-ce que cela veut dire à la fin?”
Lizzie me toisa un instant et une bourrasque abominable fracassa la fenêtre.
Saoirse, viens ici tout de suite, hurla le vent, mais c’était peine perdu. Saoirse ne sortirait jamais, pas quand cette voix ci l’appelait de cet air là. De toute manière c’était trop tard. Elle était morte dans cette faille ce soir-là, et même l’eau montante n’avait pas été suffisant pour la déloger.
L’eau atteignait désormais mon torse. Elle était froide, salée. de la glace commençait à dériver au grés des flots.
“Lizzie! Va-t-en, maintenant” M’écriai-je de désespoir, car ma petite soeur, elle, demeurait immobile, et cela malgré les vagues qui la dépassaient d’une tête.
“C’est toi qui doit fuir Sido.” Murmura-t-elle, en pointant du doigt les flots, désormais figés, blancs, froid.
Le vent se mit à siffler, à s’alourdir même, pour se mêler à la neige, et engouffrer la silhouette de la montagne. Mes mains noircirent peu à peu, pour se couvrir de givre, puis ce fut au tour de mes bras, de mes épaules. Cela remonta jusqu’à mon coup, gelant mon hurlement de terreur-
“La racine, Sido. Toutes les créatures en ont.”
Mmmh. Mais que voilà un rêve (parce que je suppose que c'en est un xD) bien mystérieux !
Ce prénom déjà, Saoirse... Je tente mais : serait-ce le vrai nom de Sidonie ? Mmh. Il ne me semble en tout cas pas avoir déjà croisé un personnage ainsi nommé dans l'histoire. Ça peut aussi être une personne qu'elle connaît, que son subconscient lui rappelle...
Et cette "racine"... Très mystérieux. Le mot est bien choisi en tout cas, il ne laisse pas deviner si on parle d'une chose concrète ou d'abstrait.
Je continue !
Enfin je sais pas si je l'ai accidentellement dé-cliqué mais je ne crois pas que je l'avais lu, celui-là.
C'est pratique la PAL, mais comme je ne fais pas apparaître les chapitres lus, ça surprend quand des chapitres sont intercalés xD