Trois siècles plus tôt.
Ils burent leur lait chaud en silence, tandis que des milliers de questions assaillaient les deux enfants. Mais ils avaient compris au moins une chose concernant le curieux personnage qui se tenait en face d’eux : ce n’était pas en l’interrogeant sans cesse qu’ils obtiendraient des réponses. Ils attendirent donc patiemment que leur invité décide de reprendre la parole.
Les minutes s’égrainèrent, interminables. L’atmosphère se remplissait de fumée et Domadan utilisa une échelle pour aller ouvrir, au moyen d’une longue hampe terminée par un crochet rouillé, une trappe prévue dans le plafond à cet effet. Lorsque le garçon redescendit maladroitement de son perchoir, l’étranger s’était remis à parler. Il récitait un poème lentement, de sa voix grave, et les mots qu’il entonnait résonnaient anormalement fort dans la pièce.
« Je suis celui-qui-écoute,
Je suis la mémoire vivante de ces terres.
J’entends la mélodie des astres et la complainte du vent qui m’appelle
Je vis dans le cœur des Hommes et je résonne au plus profond des ombres.
Mon nom est connu de tous mais nul ne sait qui je suis
Prisonnier du temps depuis l’aube du monde.
Je suis celui-qui-raconte,
Mais dont le silence est d’or
Et l’âme de la nature parle à travers ma voix.
Je vis dans les eaux calmes de la surface et je repose au fond des océans
Mon nom inspire la crainte et insuffle l’espoir
Car j’arpente le monde depuis l’aube des temps. »
Sous les yeux des enfants, les flammes se mirent à danser, comme pour accompagner ce poème. À l’extérieur, le vent souffla plus fort. La voix de l’étranger gagnait en puissance au rythme des vers, et partout sur les murs les ombres s’animèrent.
« Je suis celui-qui-pardonne,
Juste et impitoyable à la fois
J’incarne l’amour et la haine, la colère et la joie
Je vis dans les tempêtes qui s’acharnent et je danse parmi les nuages
Mon nom est un murmure, un écho qui s’en va
Porté par le temps, il découvre le monde
Je suis celui-qui-pleure
Lorsque vient l’heure du trépas
Le souvenir des Hommes à chaque instant brûle en moi
Je vis dans les légendes et les chants me rendent immortel
Mon nom traverse les âges comme un souffle éternel
De par le vaste monde, loin des affres du temps. »
Il se tut, et Lilyh applaudit à tout rompre. Elle ne remarqua pas le grondement du feu qui s’apaisa soudainement, ni le hurlement du vent qui se changea en murmure. Domadan en revanche perçut une curieuse énergie dans l’air, comme si la complainte de leur visiteur avait sorti la colline tout entière de son sommeil millénaire.
« Comme c’est beau ! » s’écria Lilyh, bouleversée par le poème.
Mais son frère aîné ne partageait pas son enthousiasme, car le mystérieux conteur assis devant eux possédait un pouvoir qui l’inquiétait vraiment. Il émanait de cet homme – ou quoi qu’il puisse être en réalité – une aura singulière, presque maléfique. Domadan avait l’impression obsédante que le regard de l’étranger, demeuré dans l’ombre depuis sa venue, ne cessait de le scruter. Malgré la chaleur de l’âtre, il frissonna.
« Nombreux sont les vers de ceux qui ont traversé le monde, déclama le mystique, mais malheur à celui qui s’égare dans leur mélopée. Car les mots ont une force, un pouvoir véritable, qu’il est aisé pour les plus ignorants de mal interpréter.
- Vous ne parlez que par énigmes, étranger. Vos paroles sont douces et enveloppées de mélodies, mais on se retrouve toujours avec davantage de questions que de réponses à l’arrivée.
- Et les vôtres sont étonnamment incisives et distinguées pour le fils d’un pauvre berger, jeune Domadan. On peut apprendre beaucoup de la manière dont on s’exprime, et j’y vois chez vous la marque d’une grande intelligence. »
Le jeune garçon se renfrogna. Ce satané conteur venait de lui renvoyer sa pique à l’aide d’un compliment, avec une subtilité et une rapidité déconcertantes. Oui, les mots étaient des armes ; en tout cas, dans la bouche de ce sinistre individu, cela ne faisait pas le moindre doute.
« Mais puisque vous insistez, reprit le voyageur, voici pour vous quelques réponses. Dans cette contrée du monde, on me connait sous le nom de Galar Im’Radiel. Je suis un poète itinérant, qui vit de proses et de chansons. Je me suis produit dans les plus beaux palais, et j’ai eu l’honneur de divertir les plus grands des Hommes. Mais pour vous, enfants de Belfara, je ne serai que Galar, l’étrange vieux bonhomme que vous avez convié chez vous pendant l’hiver.
- Demeurer chez nous ? Releva Lilyh, partagée entre étonnement et admiration.
- Brenan ne sera pas d’accord, intervint sèchement Domadan. Il déteste les étrangers. Vous feriez mieux de partir dès maintenant, avant qu’il ne vous mette à la porte. »
L’étranger fixa son regard sur lui, et même à travers le capuchon de laine, Domadan put sentir chez lui une force écrasante. À la seconde où les yeux de Galar croisèrent les siens, un poids immense s’abattit sur ses épaules, le forçant presque à courber l’échine pour respirer. Autour du poète, l’air devenait trouble, et ce phénomène étrange n’avait rien à voir avec la fumée qui continuait de s’élever paresseusement du feu. Le jeune garçon déglutit, et se trouva contraint à détourner le regard. Aussitôt, l’horrible impression prit fin.
« Domadan ! S’écria Lilyh en se tournant vers son jumeau. Quelle impolitesse !
- Pardonnez les mots durs de votre frère, Lilybeth, intervint Galar d’une voix calme. Rares sont ceux de mon peuple qui errent sur les chemins, et le monde a oublié l’apparence et la voix des Grisécailles depuis trop longtemps.
- Alors c’est vrai ? Murmura la jeune fille. Vous êtes l’un des Grisécailles ? Un descendant des dragons ? »
Un pesant silence tomba dans la cabane de Brenan. Domadan n’osait plus poser le regard sur cet étranger aux pouvoirs surnaturels, car il ne faisait aucun doute désormais que Galar Im’Radiel pratiquait les anciennes magies. Or, justement, le bois sec s’embrasa soudain avec fureur dans l’âtre, et de grandes flammes blanches se mirent à crépiter devant le conteur. Celui-ci releva ses manches d’un geste précautionneux, et les deux enfants purent apercevoir distinctement ses écailles se dresser à la surface de sa peau. Elles étaient plus grosses que Domadan et Lilyh ne l’avaient cru, chacune d’elle couvrant à peu près la longueur d’un pouce et mesurant une phalange de large. Leur couleur vira rapidement du bleu translucide à un azur éclatant qui scintillait à la lumière des flammes.
« Qu’est-ce que… ? » s’exclama Lilyh, mais elle fut interrompue car Galar commença à chanter.
Il chanta d’une voix pure, presque cristalline, qui n’avait plus rien de commun avec l’accent rude et grave qu’il affectait précédemment. Ses mots s’envolèrent dans la petite cabane enfumée, emplissant l’air de leur puissance, et les ombres sur les murs prirent soudain des formes d’hommes, de paysages arborés et de créatures ailées qui s’animèrent. Elles se mouvaient, bondissant d’un bout à l’autre de la maison, tourbillonnant sur elles-mêmes, accompagnant le récit du conteur en illustrant son histoire. Elles se faisaient tantôt immenses et menaçantes, imitant une charge de cavalerie qui défilait tout autour des deux jumeaux ; tantôt chétives et tremblotantes, avant de s’évanouirent en laissant derrière elles une pluie d’or et d’argent qui scintillait comme de la poussière d’étoile. C’était un spectacle magnifique et troublant à la fois, car on eût dit que la voix de Galar Im’Radiel résonnait jusque dans les tréfonds de l’au-delà, éveillant la terre, le bois et les ténèbres autour d’eux.
« Voici le chant de ceux qui façonnèrent le monde
Et de leurs descendants, âmes solitaires et vagabondes
Qui parcourent ces terres depuis l’éternité
Doués des anciennes magies mais sans cesse rejetés
Quatre étaient au début les tout puissants dragons
Nés du pouvoir des Dieux, chantant à l’unisson
Et leurs voix s’envolaient par-delà les cieux et les mers
Imprégnant notre monde de magie et de lumière
Mais l’un d’entre eux rêvait de pouvoir et de domination
Sans limite étaient son orgueil et son ambition
Et nul ne connut jamais plus terrible adversaire
Que Mar’Elan le fourbe qui trahit ses trois frères »
À l’évocation de ce nom, une ombre tomba sur le refuge de Brenan, et une présence malveillante, oppressante se manifesta. Les flammes qui luisaient auparavant d’un blanc éclatant se fondirent soudain dans les ténèbres, prenant une inquiétante couleur d’encre noire que venaient lécher des étincelles d’orange et de pourpre. Sur les murs, les ombres se firent plus grandes, menaçantes, et décrivirent alors des légions déferlant sur des cités détruites. Tout n’était plus que chaos et violence, et les formes tourbillonnaient avec fureur comme un océan de noirceur prêt à engloutir toute forme de vie. Lilyh se réfugia contre la poitrine de son frère, et serra anxieusement son bras. Galar, impassible, continuait de chanter. Sa voix redevint rauque, son ton se fit plus grave. À l’extérieur de la cabane, le vent se déchaîna à nouveau contre porte et fenêtres, comme pour accompagner de son rugissement le rythme infernal de ce poème. Il sembla même à Domadan entendre des tambours de guerre et des cris résonner dans le lointain. Sur les bras du conteur, l'éclat surnaturel de ses écailles s'intensifia, de sorte qu'il luisait dans la pièce obscure comme une étoile aveuglante au cœur de la nuit.
« Rouges étaient ses écailles comme le feu des enfers
Noir était son cœur consumé d’une haine millénaire
De là naquirent la misère, le chagrin et les cauchemars
Il façonna la peur, insuffla le désespoir
Nombreux furent ses adeptes corrompus par ses mots
Croyant qu’un paradis renaîtrait du chaos
Ils parcoururent nos terres en y semant la mort
Et pour chaque vie prise ils devenaient plus forts
Gaa'lidan le fier ne pouvant laisser faire
S'en fut le rencontrer dans sa sombre tanière
Entre les deux dragons un combat éclata
Porté par sa colère Mar'Elan l'emporta »
La fureur des deux créatures se déchaînait dans la cabane désormais. Tandis qu'il continuait de chanter, la voix de Galar devenait de plus en plus grave et caverneuse, habitée par un vibrato surnaturel qui amplifiait chacun de ses mots. Autour du conteur, un torrent d'énergie se déversait, créant un tourbillon de lumière et de noirceur qui s'élevait jusqu'au plafond. Blancs, gris, noirs et ocres semblaient s'affronter dans cette spirale infernale, dessinant des gueules aux crocs acérés. C'était un spectacle époustouflant et grandiose à la fois. Puis, soudain, comme il attaquait la dernière partie de son chant, toute trace de lumière disparut. Seul le Grisécaille brillait encore, assis en tailleur sur sa chaise devant le feu, entouré d'un voile intangible.
« L'aîné des dragons gravement blessé au flanc
Périt sans un bruit au fond des océans
Les flots se déchaînèrent, les vents hurlèrent de douleur
Les volcans grondèrent quand s'éteignit son cœur
C'est alors qu'arriva Tar'Doraan le vert
Qui prit la décision de protéger nos terres
Car Mar'Elan le sombre était devenu trop puissant
Le pouvoir du vaincu coulait maintenant dans son sang
Il sacrifia sa vie pour nous offrir la magie
Créant les Grisécailles qui longtemps après lui
Repoussèrent Mar'Elan dans les confins du monde
Et bannirent à jamais les vestiges de ses ombres
Seul reste à présent Nim'Rean le Blanc
Veillant sur les Hommes, ses plus chers enfants
Il se repose en paix, au-delà du désert
D'un sommeil enchanté depuis des millénaires
Et les Fils des Dragons sont devenus légende
La magie un pouvoir que le monde appréhende
Depuis longtemps déjà ils ont cessé de chanter
Ne sont plus désormais que gardiens méprisés. »
Sa voix s'éteignit dans un souffle, et avec elle moururent les dernières traces de magie qui subsistaient dans la pièce. Sur ses bras, la lueur de ses écailles s'effaça peu à peu, et elles se transformèrent en une peau translucide aux reflets bleutés. Les deux enfants le dévisagèrent, interdits.
" Voici l'histoire de ma lignée, leur dit Galar doucement. Depuis bien des années, ceux qui écoutaient autrefois les étoiles sont demeurés muets, attendant patiemment que le monde s'éveille.
Il marqua une pause, et son regard passa alternativement de Domadan à sa sœur, comme pour les évaluer.
- Mais aujourd'hui, reprit le conteur, j'entends à nouveau la voix de la nature et des mélodies dans les cieux, car Belfara Eren a donné naissance à un Enfant de Shâat. "
Il y eut un silence, et la pièce parut soudain rapetisser autour d'eux. Quelques volutes de fumée solitaires s'élevaient doucement dans l'air, et une bûche crépita. Cette fois, c'en était bien terminé de la magie et de la démonstration théâtrale d'Im'Radiel, mais Domadan n'était pas rassuré pour autant. Il était convaincu que cet étranger n'était pas venu les rencontrer par hasard. Il avait certainement d'autres desseins qu'il conservait secrets, et cette histoire d'Enfant de Shâat ne lui évoquait rien de bon.
" C'est quoi, un Enfant de Shâat ? Demanda Lilyh, toujours fascinée par le conteur.
- Un don rare des Grisécailles, qui se transmet parfois à la naissance, répondit Galar avec emphase. Les nourrissons qui en sont frappés sont reconnaissables à la couleur singulière de leurs yeux, et développent un talent inné pour la magie à l'adolescence.
- La magie ? "
La jeune fille avait bondi de sa chaise, émerveillée. Car c'était elle, des deux jumeaux de Brenan, qui avait les prunelles argentées. Une singularité dont personne n'avait jamais parlé, mais qui prenait tout à coup une signification inattendue et pleine de mystères.
" En effet, Lilybeth Eren, reprit le poète en ricanant. Il semblerait que vous ayez hérité du talent tout à fait particulier de votre mère. Le même feu liquide brûle au fond de vos yeux, et je peux déjà sentir un grand pouvoir qui sommeille en vous. "
Ce disant, l'étranger fit un geste de sa main en forme de cercle, et une aura de lumière apparut sur le ventre de Lilyh, qui se mit à luire comme un soleil.
" Bien sûr, reprit-il, un tel don se doit d'être contrôlé et pratiqué, sans quoi il dépérira avec le temps. Si vous le désirez, jeune fille, ce sera pour moi un immense honneur de vous enseigner ce que je sais. "
Un nouveau geste, en sens contraire. La sphère lumineuse se détacha du corps de Lilyh et prit l'apparence d'une minuscule silhouette humaine, avec des bras et des jambes, qui tourbillonna autour des flammes en scintillant. Lorsque la sœur de Domadan voulut la caresser, la créature émit un petit rire enfantin.
" C'est prodigieux ! Murmura-t-elle, invitant l'être de lumière à venir courir le long de son bras. Apprenez-moi, monsieur Im'Radiel ! Moi aussi, je veux faire danser le soleil au creux de mes mains !
- Tu n'y penses pas sérieusement ! Intervint Domadan avec colère. Ma pauvre sœur, ce poète t'a retourné l'esprit avec ses histoires à dormir debout ! De la magie, des dragons ! Tout ce que je vois, moi, c'est de la fumée et des ombres, un peu de poudre aux yeux lancée comme un artifice !
Il se leva brusquement, et marcha d'un pas vif en direction de la porte. Là, il l'ouvrit en la faisant claquer, et pointa du doigt le bas de la colline qui baignait toujours dans un brouillard impénétrable.
- Allons, étranger ! Il me semble que vous avez suffisamment abusé de notre hospitalité. Faites vos adieux, et que la route vous emporte loin de notre vie !
- Domadan ! Ce n'est pas une façon de s'adresser à un invité !
- Mais enfin, regarde-le, Lilyh ! Tu le connais à peine, il n'est même pas humain ! Est-ce qu'on peut vraiment se fier à un Grisécaille ? Qui te dit que ce n'est pas un charlatan qui a versé une drogue dans ton lait, pour te faire voir ce qu'il voulait ?
- Tu ne penses pas un mot de ce que tu dis !
- Au contraire ! Explosa Domadan, furieux. Puisqu'il te plaît tellement, ton Galar Im'Radiel, et bien il va falloir faire un choix : ce sera lui ou moi ! S'il reste, c'est moi qui partirai.
« Ô cruelle jalousie, quand tu nous envahis
En chassant la raison et suscitant l'envie
Tu t'empares sans pitié du cœur de tous les hommes
Même les plus forts d'entre eux devant toi se transforment
Oubliant leurs amours, trahissant leurs amis
Seul compte désormais l'objet de convoitise
Un bijou, le pouvoir, une femme promise
Pour se l'approprier, ils seront prêts à tout
Ils défieront les lois, balayeront les tabous
Et iront même, peut-être, jusqu'à prendre une vie. »
La voix de Galar, à la fois puissante et pure, coupa court à la dispute. Lilyh regarda le poète, interdite, et se retourna vers son frère, debout à côté de l'entrée. Des larmes de chagrin quittèrent le coin de ses yeux et tracèrent un sillon humide le long de ses joues.
" Je suis désolée ", murmura-t-elle à voix basse.
Et Domadan claqua la porte en sortant.
On apprend beaucoup de choses sur l'univers dans cette deuxième partie de prologue. J'ai plus accroché à celle-ci qu'à la première, peut-être parce que les chants permettaient d'aéré le texte et de rendre les explications plus digestes. La poésie permet de décrire la légende constitutive de ton univers, les dragons etc mais comme tu les entrecoupes avec les réactions des enfants, ça permet de mieux rentrer dedans que si c'était en un bloc dans un prologue.
Les enfants ne m'inspirent pas forcément grand chose pour l'instant, j'attends d'en savoir un peu plus sur eux pour te donner une réaction. J'ai juste trouvé ce passage un peu étrange alors qu'ils viennent de rencontrer l'étranger "et bien il va falloir faire un choix : ce sera lui ou moi !"
Je trouve l'idée que certains hommes descendent des dragons assez sympa, je suis curieux de voir comment tu vas développer cet élément de ton univers.
Petite remarque :
"Seul compte désormais l'objet de convoitise Un bijou, le pouvoir, une femme promise" une idylle promise ? tu gardes la rime, et ça permet d'inclure aussi les femmes dans la chanson, ce que je trouverais chouette.
Un plaisir,
A bientôt !
Content de voir que la poésie du prologue te paraît réussie. Cette deuxième partie est effectivement plus riche - et sans doute plus intéressante - que la première. Après, j'ai découpé mon prologue sur PA pour éviter d'avoir un bloc de 8K mots mais normalement, il est pensé pour être lu d'un seul tenant.
Concernant les deux enfants, c'est normal s'ils n'inspirent pas grand chose pour le moment. On vient tout juste de les rencontrer, on sait finalement peu de choses à leur sujet. Ce sont deux personnages très importants dans mon univers mais qui demeurent assez mystérieux et on découvre progressivement leur histoire tout au long du livre.
Merci de ton commentaire et à bientôt :)
Je me demandais qui était cet homme lézard. Du coup, je profite de la cuisson de ma soupe pour lire la suite.
J'aime bien l'idée des chants et des ombres magiques qui les illustrent. L'histoire racontée par l'étranger est sympa et les descriptions de la magie sont bien, mais fais attention, c'est un récit d'exposition classique de fantasy, avec la présentation des mythes, d'un Dieu tout ça. Là, le fait d'avoir l'opposition bien/mal comme Dieu/le Diable peut faire penser à quelque chose de classique. L'histoire en soi du peuple des dragons n'est pas renversante.
J'ai un autre bémol sur ce chapitre pourtant bien écrit : les émotions des enfants sont très (trop ?) tranchées. En gros, on a le garçon boudeur opposé à l'etranger qui se tire carrément a la fin et la fille emerveillée et naive. Comme c'est des jumeaux élevés ensemble, on s'attendrait à une certaine connivence entre eux. Que l'un essaie de convaincre l'autre. Que l'un se soucie de l'autre. Autant je trouve la réaction du garçon crédible, elle pourrait même être accentuée, autant je trouve la fille naïve. Elle ne se pose aucune question. Elle a vécu isolée, entourée de personnes hostiles, et pourtant elle agit comme si tous avaient toujours été bienveillants avec eux.
Coté style, je pense que les émotions pourraient être mieux rendues avec davantage de show. Plutôt que de dire qu'elle est fascinée, tu peux le montrer en décrivant ses reactions par exemple. Aussi, tu décris plus les sensations du garçon, alors que j'ai l'impression que tu es dans un point de vue omniscient ? Du coup, on pourrait s'attendre à une sorte de balance entre les deux enfants ?
On n'en apprend pas plus sur cet homme lézard, à part qu'il veut s'imposer chez eux. Du coup, je me demande pourquoi la fille est si gentille avec lui. Elle ne se pose vraiment aucune question ? Et si le mec avait menti et s'apprêtait à la violenter alors que son frère part bouder ? Après tout, il a pas l'air net ce gars.
Mes notes de lecture :
"Mais ils avaient compris au moins une chose concernant le curieux personnage qui se tenait en face d’eux : ce n’était pas en l’interrogeant sans cesse qu’ils obtiendraient des réponses."
> Je pense qu'il manque une petite scénette avant où les enfants posent pleins de questions, mais le gars ne répond pas, sinon on ne voit pas à quoi tu refers et pourquoi ils ont cette soudaine réflexion
"Les minutes"
> Le terme minute est peut-être anachronique pour des paysans du moyen-âge ?
"une petite cheminée de pierre posée sur le toit de la cabane à l’automne de l’année passée"
> La fin de la phrase "à l'automne de l'année passée" tombe comme un cheveu sur la soupe. Pourquoi c'est là ? Pourquoi cette précision ? Peut-être la remonter en début de phrase ?
Il est bizarre ton poème. Il n'a ni rime ni pied. Ce serait pas mieux d'en faire un vrai poème ou avec le rythme d'une chanson ? Je sais que dans la fantasy les poèmes sont craqués, mais c'est souvent la faute à des mauvaises traductions. J'ai acheté la nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux parue l'an passée et les chansons y paraissent plus normales.
"À la seconde où les yeux de Galar croisèrent les siens"
> Comment sont ses yeux ? Reptiliens aussi ?
"Autour du poète, l’air devenait trouble, et ce phénomène étrange n’avait rien à voir avec la fumée qui continuait de s’élever paresseusement du feu. Le jeune garçon déglutit, et se trouva contraint à détourner le regard."
> Je mettrais "autour du poète [...] du feu" après le fait qu'il détourne les yeux, car je me l'imaginais regarder autour du poète, comme tu le dis, et non pas le fixer encore dans les yeux à ce moment-là.
"Le jeune garçon s'arracha du lourd regard du poète et le poids qui encesserait sa poitrine disparut. Tout autour d'eux, des rouleaux de fumée se déroulaient hors du feu et l’air s'opacifiait." Par exemple 🙂 (désolé mon essai est pourri)
"couvrant à peu près la longueur d’un pouce et mesurant une phalange de large"
> Attends voir la longueur d'un pouce et une phalange de large donc tu veux dire de la taille d'un pouce en gros ? Pourquoi ne pas dire "des écailles allongées mesurant un pouce" ?
"C'était un spectacle époustouflant et grandiose à la fois"
> Je ne sais pas si ces phrases de tell sont nécessaires si les émotions des enfants sont bien retranscrites. C'est d'ailleurs ce qui manque dans ta description
"Voici l'histoire de ma lignée"
> De son peuple plutôt non ?
"Quelques volutes de fumée solitaires s'élevaient doucement dans l'air"
> Tu disais déjà avant que la fumée s'élève, c'est je crois la troisième fois, puisqu'il y a la fois où tu décris longuement la trappe, puis quand l'air s'étire autour du gars, et enfin ici, où tu décris la fumée qui s'élève une troisième fois.
"toujours fascinée par le conteur."
> Ça fait un peu répétition d'idées. J'enlèverais, d'autant que c'est très tell. Comment est-elle concrètement ?
Content de voir que le prologue dans sa globalité t'a plu, il apporte en effet un peu d'exposition et de légendes mais tu verras qu'à partir du chapitre 1 quand on découvre Elraza, on s'en détache assez largement. L'histoire des dragons est assez classique je te l'accorde (encore que, à l'époque où je l'avais imaginée, GoT n'existait pas, l'Assassin Royal n'en était qu'à son deuxième cycle en version FR et Eragon n'était pas encore un succès non plus), mais ce n'est qu'une trame de fond sur laquelle s'ancre l'histoire principale.
Les choses sont assez manichéennes au début en effet, le côté "gris" arrive plus tard dans le livre quand on en apprend plus sur l'histoire des différents personnages.
J'essaierai éventuellement de repasser sur les émotions de Lilyh et Domadan pour équilibrer un peu tout ça :)
Concernant la mesure du temps, la notion de minute n'est absolument pas anachronique ; la mesure du temps sur une base de 60 unités remonte même à l'époque Mésopotamienne ! Et si ce qui te choque c'est l'idée que les horloges sont plus récentes, sache que les premières horloges et pendules sont datées du XIVe siècle, donc on est bien dans la période médiévale ;)
"Il est bizarre ton poème. Il n'a ni rime ni pied."
--> Le premier oui, les autres ont les rimes. C'est voulu, l'idée n'était pas de faire un vrai poème pour celui-ci mais plutôt un texte de prose aux intonations poétiques. Galar est avant tout un conteur.
C'est noté pour la description de la cheminée, je crois que c'est effectivement Neila qui m'avait fait cette remarque. Je verrai pour la raccourcir/couper le moment venu :)
Merci pour toutes tes remarques et tes encouragements, à bientôt pour la suite !
Ori :)
Jolis tes vers. Le rythme et les enchainements sont agréables.
On sent que ce que tu veux montrer : une scène peinte avec de la musique qui raconte, comme dans un film. Tu as plutôt réussi ton coup. Ça n'a pas dû être facile à écrire donc bravo.
Le scénario se dévoile doucement. C'est classique : la destinée qui s'ouvre sans prévenir, liée à une particularité physique. C'est banal et attendu, mais c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures histoires alors rien à redire. Pas besoin d'être inventif tout le temps. Ça marche bien. Autant en profiter :)
À ce stade de l'histoire, le scénario semble effectivement assez simple. Mais n'oublions pas qu'il ne s'agit ici que d'un prologue, et dès le premier chapitre les choses vont se complexifier davantage.
Bonne lecture !
J’aurais qu’une remarque, et tu vas peut-être t’arracher les cheveux parce que c’est en contradiction directe avec ce qu’on t’a dit dans un précédent commentaire, mais je pense que l’explication sur le pourquoi de l’installation de la trappe dans le plafond est de trop. ^^’ Autant, j’ai bien aimé ce genre de détail dans la première moitié du chapitre, autant, là, maintenant que le décors est planté et que les choses sérieuses commencent, s’attarder autant sur l’évacuation de l’air, c’est peut-être un peu anti climatique ? Mais bon, il se peut que ce ne soit pas un avis partagé par la majorité.
Sinon, j’aime bien le lore, l’histoire des quatre dragons. Cette histoire d’enfant de Shâat aussi, c’est bien intriguant. Globalement, j’ai trouvé ce prologue sympa, bien écrit et intriguant (tellement que je le répète). J’imagine que la suite nous dira ce qui est arrivé aux deux enfants.
A bientôt !
Concernant Galar effectivement, c'est un personnage mystérieux dont on ne connait finalement pas très bien les motivations. C'est voulu, assumé, et ça va rester comme ça encore un bon moment !
Le passage de la trappe est peut-être de trop, personnellement ça ne m'avais pas du tout choqué. Après, garde aussi en mémoire que j'ai découpé ce prologue en deux pour PA mais qu'à l'origine il s'agit d'un seul texte. Lorsque j'amène cette description, les "choses sérieuses" (quand Galar commence à chanter) n'ont pas encore débuté. Et ne t'inquiète pas pour mes cheveux, je n'ai pas l'intention de me rendre chauve pour le moment :p
Concernant la suite du récit, l'histoire des enfants Eren et de Galar se dévoilera en effet, mais par petites touches disséminées ici et là jusqu'à la fin du livre. Bien qu'ils aient une importance cruciale dans le récit, ce ne sont pas les personnages principaux du Sildaros.
Au plaisir de te croiser quand tu liras la suite, et merci pour tes commentaires !
Ori
Mais je comprends très bien ton désir de passer à autre chose. Très égoïstement, je préfère que tu écrives la suite plutôt que tu reprennes. :p
J'aime bien la description de l'installation de l'évacuation d'air. Ça rend la cabane plus "concrète" sans pour autant alourdir le récit.
C'est très poétique de lier les chants et les poèmes aux éléments extérieurs. La légende des Grisécailles est très belle. Bien que les dragons soient souvent mis en avant dans la littérature, je n'ai pas de sensation de déjà vue.
La réaction de Domadan vis-à-vis de Lilyh est prévisible (pas au sens négatif), j'ai bien cerné le personnage ! Peut-être que son chantage (choisir entre lui ou le Grisécaille) arrive un peu trop tôt dans le récit. Il n'a pas encore vraiment d'arguments pour imposer ça à sa jumelle.
Je continue avec plaisir :)
Merci pour ce commentaire, je suis ravi de voir que l'aspect poétique de cette partie n'alourdit pas le récit et produit l'effet escompté. C'est pour être honnête le passage qui m'a donné le plus de mal jusqu'à présent.
Garde toutefois en tête que ceci n'était qu'un prologue visant à introduire Lilybeth, Domadan et Galar Im'Radiel, ainsi que quelques éléments de l'univers.
L'histoire à proprement parler ne continue pas directement avec les deux jumeaux, mais on découvrira progressivement par la suite ce qui leur est arrivé et la suite de leurs aventures via d'autres chants, légendes et poèmes.
J'espère que la suite te plaira tout autant.
Bonne lecture, et merci pour tes retours constructifs !