Le pantoun, ou pantoum, est une forme poétique issue du pantun berkait malais et popularisée en France par Victor Hugo à partir d’une note de ses Orientales (1829) contenant un « pantoum malais » écrit par Ernest Fouinet et traduit par Hugo. Théodore de Banville est considéré comme le théoricien français de ce genre. Les poèmes de Louisa Siefert et Charles Leconte de Lisle sont le plus souvent ceux cités à titre d’exemple formel.
Cette forme poétique consiste en une suite de quatrains (minimum 6) composés de vers du même mètre (octosyllabes ou décasyllabes taratantaras), en rimes croisées (ABAB). Les 2e et 4e vers de chaque strophe sont repris comme 1er et 3e vers de la strophe suivante (schématiquement : ABAB ; BCBC ; CDCD ; etc.). Le tout dernier vers se doit d’être le même que le tout premier, d’après la « règle de clausule » introduite en 1872 par Théodore de Banville. Il est également d’usage d’alterner rimes féminines (avec un e caduc) et masculines (sans e). Le nombre de quatrains doit dans ce cas obligatoirement être pair pour ne pas finir sur un quatrain possédant quatre vers du même genre.
Le fond du poème est également quelque peu codifié. Deux intrigues doivent s’entremêler, ou plus précisément deux idées se faisant thématiquement écho. L’idée 1, généralement descriptive et pittoresque, est développée dans le premier distique (les deux premiers vers) de chaque strophe ; l’idée 2, généralement intime et morale ou sentimentale, est développée dans le second distique. Il s’agit finalement d’un champ/contre-champ, d’un dialogue entre deux scènes différentes et qui pourtant se reflètent. La répétition des vers et le passage d’une scène à une autre à chaque nouveau distique donne l’impression que le temps s’étire, ralentit. Cela permet d’apprécier davantage certains détails, notamment les vers répétés que l’on n’interprète pas toujours de la même façon la seconde fois.
Un quatrain de pantoun doit donc être composé comme suit (la position des rimes féminines et masculines pouvant être inversée) :
Idée 1, rime au masculin
Idée 1, rime féminine
Idée 2, rime au masculin
Idée 2, rime féminine
Le premier vers se retrouvant également à la toute fin du poème, il faudrait en théorie que son sens soit suffisamment ambivalent pour couvrir les deux sujets abordés (puisqu’il se trouve dans les deux premiers vers du premier quatrain, couvrant le premier sujet, mais aussi dans les deux derniers vers du dernier quatrain, couvrant le second sujet). Bien que ce ne soit pas le cas dans bon nombre de pantouns, j’essaierai pour ma part de respecter cette règle dans ceux qui composeront le recueil que vous vous apprêtez à lire.
Sources :
http://pantun-sayang-afp.fr/
https://lettresdemalaisie.com/2015/05/05/du-pantoum-au-pantoun/
https://lettresdemalaisie.com/2012/05/14/au-fait-vous-avez-dit-pantoun-ou-pantoum/
http://alternativephilolettres.fr/wp-content/uploads/2017/01/Pantoun-malais.pdf