Introduction : Le Premier Archétype

Par Khazro

Bonjour, je suis l’Enfant Intérieur.

Dans le ventre de sa mère, le bambin perçoit des sons, des mouvements, des vibrations.

À sa naissance, il prend connaissance de son propre corps, se met à observer ses mains, sentir son coeur battre, entendre sa propre voix.

Dans son cerveau, je me forme. Je suis la première représentation qu’il se fait de lui même, son premier Archétype. Je vis dans sa tête et je vais avoir une importance cruciale par la suite.

Durant les premiers jours de sa vie, je me dédouble régulièrement et mon double prend la forme de nouveaux Archétypes : celui de sa tendre mère qui le porte, de son père qui lui sourit fièrement et attrape ses doigts, de la gentille puéricultrice qui s’occupe de lui à la maternité, du premier animal qu’il rencontre à son arrivé dans le foyer familial (un chat, probablement). Je ne suis plus seul désormais, et je continue de me dédoubler, encore et encore à mesure qu'il découvre le monde.

Ces autres Archétypes viennent remplir les rangs de l’esprit de l’enfant. Nous sommes tous agglutinés les un sur les autres, errant dans l’espace sans prise autour de nous, si ce n’est nous même.

Je change régulièrement de forme, à mesure que le petit enfant découvre de nouvelles émotions et expérimente la vision qu’il a de lui même. Je deviens un enfant tantôt heureux, tantôt colérique ; tantôt affamé, tantôt repu ; tantôt curieux, tantôt craintif.

Et puis tout d’un coup, ses parents lui racontent une histoire.

Il ne sait pas ce que c’est,

Une histoire.

On lui montre l’image d’un dragon et d’une princesse.

_ C’est quoi un dragon ? C’est moi ? Non ? Qu’est ce que ça pourrait avoir de moi ? se demande-t-il. Tiens ! un dragon ça a des dents, une queue, c’est tout vert et ça crache du feu.

Je me dédouble et l'archétype issue de moi prend une nouvelle forme : Un dragon, avec le visage du petit garçon, ses jambes, une queue, tout vert. Et en plus ce nouvel Archétype crache du feu. Il lui ressemble encore quand même un peu.

_ Ohhh, une princesse ! C’est quoi ? C’est moi ? Non ? Qu’est ce que ça pourrait avoir de moi ? se demande-t-il à nouveau. Tiens, une princesse, ça a une robe, des ongles vernis, un diadème, et en plus, c’est joli.

Puis, je me dédouble à nouveau : une princesse, avec son visage, son corps, une robe, des ongles vernis, et un diadème. Et en plus, ce nouvel Archétype est joli. Mais il lui ressemble encore aussi.

L’histoire de ses parents a permit au petit garçon de de créer dans son imagination un nouveau jardin, comme celui de chez lui. Alors j’y place l’Archétype du dragon qui vient de sortir de moi, et l’Archétype de la princesse qui sort de moi aussi.

Et ceux-ci vivent des histoires.

La première Contrée Imaginaire vient d’apparaitre, et quand le bambin pense à eux, des boules de lumière en sortent et s’envolent vers le ciel pour se fixer dans son coeur.

Les boules de l’inspiration.

Les Archétypes qui s’étaient tous agglutinés jusqu’à présent peuvent maintenant investir cette nouvelle Contrée Imaginaire. Il atterrissent ensemble comme un gros avion dans ce petit jardin. Et avec le dragon et la princesse, ils vivent des histoires.

L’Archétype du Papa combat le dragon pour sauver l’Archétype de la Maman. Et ça fait une boule de lumière qui se fixe dans son coeur.

L’Archétype de la puéricultrice ou de la nounou décide de soigner le dragon après son combat contre Papa. Et ça fait une boule de lumière qui se fixe dans son coeur.

L’Archétype du médecin menace de calmer tout ce petit monde avec son aiguille. Ça fait froid dans le dos, mais ça fait une boule de lumière qui se fixe dans son coeur.

Bref, les Archétypes vivent des histoires. Et ça fait des boules de lumières qui se fixent dans son coeur.

Puis un jour, Papa offre une peluche de dragon à son enfant.

Le petit la câline, la caresse et l’observe.

Au plus il la regarde, au plus l’Archétype devient vert. Il change progressivement d’apparence.

Ses jambes deviennent des pattes, sa peau se transforme en fourrure douce, et ses ailes s’agrandissent. Il ressemble de plus en plus à un dragon-peluche.

Puis un jour, Papa offre le livre de conte qu’il lui avait présenté plus tôt. Au plus il le regarde, au plus l’Archétype se couvre d’écailles.

Mais il reste doux, car c’est plus agréable.

Ses ailes s’affinent et il sait désormais voler. Il ressemble de plus en plus à un dragon comme dans le livre.

Il en est de même pour l’Archétype de la princesse : elle change, et ressemble de plus en plus à la princesse dans le livre.

Papa lui offrira d’autres livres de dragons et de princesse, et à chaque histoires, l’image s’affine et est plus précise, tout en étant plus variée.

Il apprend.

Et puis il découvre les pirates,

Et puis il découvre les chevaliers,

Et puis les dinosaures,

Et puis les marionnettes,

Et puis encore,

Et encore.

Et à chaque découverte, le jardin s’étend. Il se complète de bateau à voiles où un capitaine prend la barre,

De châteaux forts qu’attaque le dragon et où séjourne la princesse,

De plaines fertiles et de volcans en éruption où s’ébattent des monstres tantôt tranquilles et dociles, tantôt hurlant et bondissants,

De petites scènes de bois et de tissus où on donne des coups de bâtons et où les nez s’allongent lorsque l’on ment.

Il apprend.

Bonjour, je suis l’Enfant intérieur et d’autres demi-Dieux apparaitront progressivement autour de moi. Si je créé les archétypes et les modèle, mes cousins divins, eux, présideront à la pensée et la cognition du petit garçon.

Ensemble, nous formons la psyché.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez