J-22
La classe de 1ère B avait cours de sport en début d’après-midi. Le professeur n’avait pas montré le moindre étonnement au sujet de l’absence d’Ellis Marcellin, tout juste un soupir agacé. Il finissait par ne même plus savoir à quoi ressemblait cette élève. Pourtant à ce que des collègues lui avaient raconté, ça valait le coup d’oeil et car elle était actuellement un vrai spectacle ambulant.
La séance se déroula sans événement notable, sans blessé, sans insulte, ni cri. L’absence d’Ellis Marcellin avait l’avantage de rendre le cours plus calme.
La séance s’acheva, le professeur déverrouilla les vestiaires et se réfugia dans son bureau de l’autre côté du bâtiment.
Ellis avait attendu cet instant toute une partie de l’après midi. Sans même chercher à être discrète, elle entra dans le gymnase et se dirigea vers le vestiaire des filles. Elle entendit leur voix.
Brève hésitation.
Ellis sortit de son sac une pelote de ficelle. D’un geste elle noua la poignée de la porte du vestiaire et la rattacha au radiateur qui se trouvait juste à côté. Il était désormais impossible d’ouvrir de l’intérieur. Ceci fait, Ellis sortit quelques feuilles de journal qu’elle froissa et posa sur le carrelage à ses pieds. Elle prit un briquet dans sa poche. Le papier se consuma rapidement en dégageant une fumée grise et acre qui s’immisça sous la porte.
Quand il n’y eu plus de risque que le feu se propage, Ellis s’éloigna et frappa dans le bouton d’alerte incendie. L’alarme lui perça les tympans. Elle sortit rapidement et alla se poster sous les fenêtres du vestiaire, là où on pouvait tout entendre.
Les cris protestations laissèrent rapidement place à un silence de stupeur puis à des cris stridents.
Personne ne passa devant le vestiaire des filles. Ellis le savait. Les garçons sortirent par l’autre issue du gymnase. Il fallut un moment incroyablement long avant qu’on ne se rende compte de l’absence des filles au point de mise en sûreté et qu’on vienne les délivrer. Et tout ce temps des cris, de longs cris de panique et de peur.
Un peu de fumée, l’alarme, une pièce close.
--- Blog de GothicLolita412 – 2 mars 2010 – 22h56-----
Je ne les ai pas vues, seulement entendu. Elles avaient beau crier à plein poumon on ne pouvait pas les entendre du point de rassemblement dans la cour.
C’était effrayant en fait, même pour moi qui étais dehors, moi qui savait qu’il n’y avait rien, aucun danger, que quelqu’un viendrait leur ouvrir la porte. Comment peuvent-elles aimer m’entendre crier ainsi ?
#8 Leur faire peur
Ce n’était qu’une alarme incendie.
Plus que vingt-deux jours.
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Le coup du faux incendie est flippant, j'ai peur des conséquences que ça aura sur elle (c'est sûr les profs ne vont se soucier que de la punir, quand bien même son mobile semble clair et qu'ils sont au courant)
Quand il n’y eu plus de risque => eut
Et il me semble que l'alarme incendie n'est pas supposée se déclencher aussitôt qu'on appuie sur le bouton (en tout cas c'est ce que nous ont expliqué les respos sécurité, ça envoie une notification à la sécurité qui dispose de qq minutes pour aller voir et désactiver l'alarme en cas de fausse alerte, mais c'est vrai que j'ai pas vérifié et dans tous les cas c'est peut-être pas partout pareil)
merci pour ces commentaires.
Non, non, l'alarme se déclenche immédiatement quand on l'active (je fais 2 à 3 exercices incendies par an depuis 20 ans, dans différents établissements...) Le principe : on évacue d'abord, on réfléchit après.
De toute façon, "responsables sécurités", c'est pas du vocabulaire scolaire. XD
Quand aux profs, alors c'était très "rien vu rien entendu" dans le secondaire, ça commence à bouger un peu. Le primaire est très réactif en général par contre (car comme on est responsable de nos élèves 25h/semaine, on est bien plus impliqué.)
Une petite coquille : ça valait le coup d’oeil et car elle
J'espère que la suite te plaira.
J'aime beaucoup le rythme de tes chapitres, avec l'alternance des points de vues : celui d'Ellis quand elle rédige pour son blog ; celui, plus indifférent, du narrateur quand il narre les évènements de la journée ; et enfin celui du garçon dans une autre classe, qui décrit à la fois ses émotions et les actions. Félicitations de faire tenir autant de choses dans des chapitres aussi court, et de parvenir à retranscrire l'écriture d'Ellis sur son blog de manière aussi réaliste. (Je suis d'autant plus admirative que la première personne est ma petite terreur rédactionnelle depuis un bout de temps.)
Les chapitres deviennent progressivement de plus en plus durs et percutants. Celui-ci m'a déjà mise assez mal à l'aise, mais, au vues des avertissements dans le résumé, il reste encore beaucoup de place pour faire empirer les choses.
Je ne sais pas comment tu réussi à conjurer aussi bien l'ambiance du lycée (la cantine dégoutante, la salle d'art plastique dans un autre bâtiment - sous chauffé -, tout un tas de choses qui ne me donnent pas du tout envie d'y remettre les pieds et ma rappelle que les séries américaines et japonaises qui couvrent cette période ne sont qu'une utopie...) et toutes ses misères, dont au moins un de mes proches a été témoin sans jamais que j'y soit confronté... De manière un peu pessimiste, j'ai l'impression que les cas de suicide, de harcèlement, fond grand bruit dans les médias pendant une semaine chaque fois qu'il sont constatés, mais que jamais le problème n'est pris à bras le corps par les autorités. Désolée de terminer par cette note déprimante et probablement un peu hypocrite...
Quoi qu'il en soit j'ai hâte de lire les prochains chapitres de cette histoire!
Waow, ça c'est du commentaire! :O C'est presque aussi long qu'un chapitre de l'histoire.
Pour ce qui est du thème du harcèlement, de la dépression.. j'ai juste eu à piocher dans mes propres souvenirs. Bref, il n'y a pas beaucoup de gloire à écrire sur ce sujet.
Pour ce qui est de la lutte contre le harcèlement, en vrai, sorti des grands discours que l'on prêche partout, c'est malheureusement une problématique d'une très grande complexité.
Oui, ça va devenir très dur dans la suite de l'histoire, les avertissement ne son pas décoratif.
Pour ce qui est de l'écriture à la première personne, j'ai écrit pas loin de mille pages comme ça, c'est plutôt la troisième personne qui m'a donné des sueurs froides à un moment donné.
Sinon, je suis contente que cette modeste (et horrible) histoire te plaise et que la suite te plaira aussi.
:)
Sinon
Je suis un peu inquiète à cause de tes avertissement, mais très impatiente!
Pour les 1000 pages à la 1ere personne, ce sont les trois tomes de Côté face, qui ont été édité il y a plus de 10 ans... Une autre époque. Il y a longtemps que je me suis remise. Par ailleurs, GL412 est déjà entièrement écrite, donc ça va aller. ;)
Sinon le chapitre est court, mais bien percutant. Narration et blog se complète bien : on a d'abord les faits, puis les sentiments et impressions de l'héroïne.
Je pense que l'histoire se terminera avec le suicide d'Ellis, ou d'une de ses abominables camarades de classe.
Hâte de lire la suite :)
Je suis contente que l'histoire te plaise (même si le contenu est horrible, hein, c'est très dur...)
C'était un défi d'écriture où les chapitres devaient faire moins de 500 mots (devaient, car quelques chapitres sont autour des 600), ça travaille l'efficacité. XD
Pour la suite, je te laisse la surprise hein... :P
Merci d'avoir lu et commenté. :)