J-24

J - 24

Ellis se leva tard. Elle avait entendu sa mère rentrer vers quatre heures. Au bruit qu’elle avait fait elle devait être complètement ivre et ne pas être seule. Ellis s’assit sur son lit un instant. Dehors la pluie tombait avec force et le vent sifflait avec rage. La tempête avait rugi une partie de la nuit et s’attardait encore.

Son regard s’attarda sur le mur devant elle. Elle y avait punaisé la liste, sa liste. Elle avait déjà rayé les cinq premières lignes. La sixième ligne lui inspira un frisson. Une rafale de vent fit claquer un volet.

Le destin lui en voulait.

---- Blog de GothicLolita412 – 28 février 2010 – 22h27---

#6 Aller au bord de la mer.

[…]

----------------------------------------------------------

Ellis était descendue du train dans une ville touristique de la côte. Au cœur de l’après midi les quais étaient presque déserts. Quelques regards inertes se tournèrent vers elle avant de retourner à leurs propres occupations. Ellis passa sous les voies et rejoignit le hall. De là elle quitta la gare non sans vérifier l’heure de départ de son train de retour. La pluie avait cessé mais le vent soufflait par violentes rafales.

Ellis connaissait mal cette ville et eut un peu de mal à s’orienter. Par endroit les trottoirs étaient jonchés de débris et de bouts de tuiles. Les quelques passants qu’elle croisa ne la regardèrent même pas. Ils étaient bien trop occupés à ne pas s’envoler. Elle finit par atteindre la jetée et se trouva face à la mer. Elle fut étonnée du nombre de badauds qui bravaient les intempéries.

La mer était grise et furieuse. Des paquets d’écume voltigeaient. Des embruns remplissaient l’air.

Au cœur d’une foule fascinée par le spectacle, Ellis sortit de son sac un pistolet en plastique, réplique réaliste de l’arme de James Bond. Elle fit mine de tirer sur plusieurs passants dans l’indifférence générale. Même en plein jour elle pouvait être complètement invisible.

Ellis resta longtemps l’arme factice à la main à réfléchir.

Pourquoi ne la voyaient-ils dont pas ?

------------------------------------------------------

[…]

Une heure de train aller, une heure de train retour. Aujourd’hui il fait un temps insupportable, il pleut, il fait froid, il y a beaucoup de vent. La tempête de cette nuit n’est pas loin. Je n’aurais jamais pensé qu’il y aurait autant de monde à venir voir la mer encore démonté.

Quelqu’un m’a-t-il vu ?

J’ai eu froid, je suis trempée, j’ai mal aux pieds mais mon objectif est atteint sans trop de difficulté en fin de compte. Maman n’a même pas remarqué que j’étais partie.

Je n’existe pas.

Plus que vingt-quatre jours.

---------------------------------- 0 commentaire(s)