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Même en ayant déniché sur l’intranet du lycée l’emploi du temps des 1ère B et le planning des salles, Joachim n’avait toujours pas réussi à mettre la main sur la propriétaire du cahier vert. Malgré un look improbable, Ellis Marcellin était la femme invisible. Ça agaçait profondément le jeune homme. Il en était venu à penser qu’elle n’était pas venue au lycée tout simplement.

La faim et les supplications plaintives de son meilleur ami lui firent abandonner ses recherches et diriger ses pas vers le self.

Le plus gros du troupeau des lycéens affamés avaient déjà fait la rasia et le choix était plutôt pauvre et infect. Ni vu ni connu, il fit une provision de fromage et de pain. Il devrait pouvoir survivre jusqu’au prochain repas.

Joachim venait tout juste de s’asseoir quand son cerveau lui fit part qu’il venait de détecter quelque chose à l’extrême bord de son champ de vision, du côté gauche. Il se tourna et là, ô miracle, il l’aperçut enfin. Son cœur fit un bond. Ellis Marcellin de 1ère B était assise à seulement quelques mètres de lui. Sans même réfléchir il se leva, attrapa le cahier vert dans son sac et traversa la foule.

Elle n’eut pas la peine de lever les yeux quand il se planta devant elle car elle l’avait regardé s’approcher quasiment dès qu’il avait commencé à se diriger vers elle.

« Bonjour ! »

Si Joachim avait espéré avoir une réponse et bien il dut être très déçus car elle se contenta de le dévisager d’un regard dur et méfiant. Il y eut un silence.

« Tu es Ellis, de 1ère B ? »

Pas plus de réponse. Ne trouvant pas de chose intelligente à dire, Joachim tendit le cahier vert. Elle baissa les yeux un quart de seconde pour regarder l’objet. Elle reposa sur son plateau une pomme soigneusement pelé mais seulement à moitié mangée et s’essuya les mains à une serviette en papier immaculée. Elle prit le cahier sans quitter Joachim des yeux.

« Est-ce que … »

Mais Joachim n’en était que là dans sa question quand elle se leva et passa son sac en bandoulière pardessus son épaule, le cahier coincé sous le bras.

« … je peux te parler ? »

Elle avait pris son plateau et tourné les talons avant même qu’il finisse de prononcer le point d’interrogation. Il la regarda s’éloigner. Elle ressemblait à… il ne savait pas trop quoi. Une sorte de poupée. Sans son regard dur et méfiant, elle aurait eu l’air de ne même pas exister réellement.

Joachim la vit jeter ostensiblement le cahier vert dans la poubelle.

Pourquoi venait-elle de faire ça ?

-- Blog de GothicLolita412 – 26 février 2010 – 19h12--

Parfois des choses toutes simples qui ne devraient poser aucun problème prennent une tournure insurmontable. Même un objectif insignifiant peut se révéler infaisable.

#4 : manger une pomme au self.

Ce n’était pourtant ni extraordinaire, ni transcendant, c’était juste une pomme du self, même pas mure. La seule difficulté était qu’il me faut un temps infini pour manger une pomme et que le self est un lieu très exposé, équipé d’objets pointus, coupants, brûlants, salissants et où les mauvaises rencontres vous tombent dessus sans prévenir.

Objectif raté.

Le destin se moque de moi et a profité de ce moment là, très exactement, pour faire réapparaître mon devoir d’anglais dans les mains de Saint-Bernard, défenseur de la veuve, de l’orphelin et des causes perdues. Visiblement il a décidé de m’ajouter à son palmarès de bonnes actions. Le destin envoie la cavalerie.

Acteur ou spectateur ?

Le spectacle continue.

Plus que vingt-six jours.

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