J - 28
Joachim avait aperçu le début de la scène de loin sans vraiment la comprendre. Bon, il l’avait tout juste vue, pas vraiment regardée et de toute façon il avait certes de bons yeux mais dans une cage d’escalier à plus d’un étage de différence, il ne pouvait faire mieux. Par contre la scène se déplaça vers lui et, là, qu’il le veuille ou non, il allait s’y trouver mêlé.
Un sac s’écrasa juste à ses pieds et répandit son contenu sur le sol. Des rires fusèrent de l’étage supérieur. Joachim leva les yeux et entraperçu trois visages qui disparurent presque aussitôt. Une sorte de fantômes noir et blanc dévala les marches avant de s’arrêter à sa hauteur.
Il resta tellement stupéfait par l’allure de sinistre poupée gothique de la fille qui se trouvait devant lui qu’il lui fallut quelques secondes pour réagir. Il entama un geste pour l’aider à ramasser ses affaires. Elle se tourna brusquement vers lui. Méfiante, sur la défensive, prête à bondir, prête à foncer tête baissée. Son regard était coupant et ses pupilles complètement dilatées.
Joachim resta sans pouvoir rien faire d’autre que la dévisager. Cette fille était… fascinante.
Elle fourra rapidement et sans ménagement ses affaires dans son sac, comme si elle avait l’habitude de faire ça tous les jours, et disparut sans même un mot.
… fascinante et effrayante.
Joachim remarqua une trace rouge sur le sol mais ne sut dire si c’était de l’encre ou autre chose. Elle avait oublié un cahier. Joachim le ramassa. Avec un look pareil, elle ne devrait pas être trop difficile à retrouver.
--- Blog de GothicLolita412 – 24 février 2010 – 19h53--
Nouveau jour, nouvel objectif.
#2 : Survivre
Mon cœur bat encore, je respire. Objectif atteint.
Finalement l’apparence n’a pas beaucoup d’importance. La journée a commencé dans une tranquillité presque surnaturelle. On m’a beaucoup regardée. J’ai entendu des rires et des moqueries, sans plus. On est resté à bonne distance de moi. Avec le début des cours ça a vite changé. En fait on ne m’avait juste pas reconnu.
La suite…
Les jours se suivent et se ressemblent.
Enfin presque.
Ce matin Saint-Bernard, défenseur de la veuve et de l’orphelin, militant de toutes les causes perdues du monde, m’a regardée avec pitié, a failli intervenir.
Je ne suis ni veuve, ni orpheline, ni une cause à défendre.
Il n’a finalement rien fait. C’est sans doute bien mieux comme ça, je n’ai pas besoin de sa pitié.
Plus que vingt-huit jours.
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