Je laisse le micro à Sebastian, pour changer (mais pas tout le temps, il ne faut pas exagérer)

La lumière du jour filtrait doucement à travers les rideaux. Pour moi, c’était déjà trop. J’avais l’impression que des milliers d’aiguilles me transperçaient le crâne. J’avais déjà subi quelques gueules de bois mais celle-ci promettait de figurer parmi mon top trois. Je me cachai les yeux derrière mon bras en essayant de recoller les morceaux. Je me rappelai l’appel de Jasmine qui m’avait mis hors de  moi, la journée passée à faire comme si de rien n’était, la descente au bar dès qu’Esmé avait eu le dos tourné.

Esmé. Pourquoi avais-je l’impression qu’elle avait un lien avec le reste de la nuit? Quelques images supplémentaires me revinrent. Elle était venue me récupérer dans un état pas possible au bar de Freddy. Et elle s’était occupée de moi ensuite. Jusque dans les chiottes. Parfait. Cette fille devait me prendre pour le dernier des dégénérés à présent. Je me mis en position assise avec précaution. La pièce tanguait un peu autour de moi mais c’était supportable. Sur la table de chevet, j’avisai deux petites bouteilles d’eau minérale, assortie de deux cachets posés sur un papier. La note disait : prends ça au réveil sans discuter et BOIS DE L’EAU! Pas de signature mais je devinai qui était mon autoritaire ange gardien. Je gobai les cachets et vidai une bouteille.

Enfin, je réussis à me mettre debout. Ce n’était pas que j’avais une furieuse envie de me lever mais je portais encore mes vêtements de la veille et la seule chose qui me tentait à peu près pour cette journée était une douche brûlante.  Pour arriver à la salle de bain, il fallait traverser le salon. Je me mis en route avec prudence et une grande tentation de retourner me coucher pour ne plus bouger jusqu’au soir. Arrivé à la hauteur du premier canapé, je stoppai net. Allongée sur le côté, la tête posée sur le bras, Esmé dormait à poings fermés. J’avais complètement oublié qu’elle passait la nuit sur place. Je m’assis sur la table basse et ne pus m’empêcher de détailler la scène. Cette fille me déstabilisait un peu avec son mélange de franchise presque brutale et de… gentillesse. Après tout, elle s’était mise en quatre pour me ramasser et m’écouter gémir sur mon sort pendant la moitié de la nuit. Et sans se plaindre encore.

La jeune femme eut un petit ronflement et changea légèrement de position sans se réveiller. Je  remarquai avec amusement que son tee-shirt était à l’envers et passablement froissé. Le vêtement découvrait joliment la rondeur d’une épaule nue sur laquelle mon regard s’attarda un peu plus longtemps que nécessaire. Là où le corps de Jasmine était lignes pure et muscles effilés par la danse, celui d’Esme était tout en courbes douces et chair tendre. En tout cas, j’en avais l’impression. Ma main se tendit presque sans que je m’en rende compte. Je saisis avec délicatesse une des mèches de cheveux châtains qui se perdaient dans son cou. De la soie. Et des nuances de couleur que je n’avais pas remarqué au premier abord : un peu de blond, du roux par petites touches.

Soudain, je réalisai dans quelle situation je me trouvais, à caresser les cheveux de mon assistante qui m’avait ramassé fin soul la veille. Si elle se réveillait à cet instant, j’étais bon pour un procès pour harcèlement. Je me levai avec efforts et finis mon trajet vers la salle de bain sans me retourner.

 

***

 

Je ne suis pas et ne serai jamais du matin. Alors si, en plus, j’ai dormi moins de quatre heures, au réveil, je suis un ours.

Ce matin là, j’émergeai péniblement du sommeil avec les épaules endolories en prime. Imaginez mon humeur. Je m’extirpai avec peine du canapé en maudissant le coussin de décoration qui m’avait servi d’oreiller et démoli la nuque. Avant que j’ai eu le temps de manifester ma hargne, quelqu’un plaça un mug sous mon nez. Un mug plein de café dont je m’emparai comme un vampire aurait sauté sur une vierge.

« J’ai cru remarquer que tu prenais du café le matin, » dit Sebastian.

En fait, je ne prenais pas DU café. Je prenais DES LITRES de café le matin. C’était mon seul espoir de démarrer décemment la journée. Et ma seule drogue. Maintenant. Je pris une gorgée avec délectation en levant le pouce pour manifester ma reconnaissance. Pendant quelques minutes, je profitai de mon breuvage sans dire un mot. Sebastian non plus ne parlait pas mais le silence qui nous entourait était plutôt confortable. Alors que je m'interrogeai sur comment demander subtilement à Sebastian si la gueule de bois n’était pas trop sévère, il prit les devants.

« Tu n’étais pas trop mal installée?
— Pas génial mais j’ai dormi. Par contre, je ne te garantis pas une humeur de rêve aujourd’hui. »

Pour atténuer mon manque d’amabilité, je me fendis d’un petit sourire, qu’il me rendit.

« Je ne pète pas la forme non plus.
— Tu m’étonnes! »

Je sirotai mon café en réfléchissant à un plan de bataille efficace pour la suite des évènements. Pour commencer, je reniflai discrètement mon tee-shirt.

« Ça ne t’ennuierait pas de me prêter un truc pour me changer? demandai-je à Sebastian.
— Pas du tout. »

Pendant qu’il allait me chercher de quoi reprendre forme (et surtout odeur) humaine, je pris une décision radicale. Quand Sebastian revint, j’étais au téléphone.

« … oui, salut Mandy, c’est Esmé, tu sais? L’assistance de… c’est ça! Est-ce que Sebastian avait une séance d’entrainement aujourd’hui? Oui? Tu pourrais l’annuler? Il a un imprévu. Génial! Merci beaucoup. 
— Qu’est-ce que tu fabriques? »

Je raccrochai avec un sourire satisfait.

« Ecole buissonnière pour la journée! C’est réglé!
— J’avais sûrement d’autres rendez-vous. Tu ne peux pas tout annuler…
— Oh si, je peux. Je vais appeler mon colloc pour qu’il regarde sur la tablette de l’enfer et je vais prévenir tout le monde. Pour Jax, c’est déjà fait : je lui ai envoyé un texto. Il a passé une nuit torride avec sa nouvelle conquête, il est ravi de cuver tranquille.
— La tablette de quoi…?
— De l’enfer. »

Il était visiblement dépassé par les évènements mais me tendit courtoisement un tee-shrit propre.

« J’ai aussi commandé un petit déjeuner. Dès qu’on aura mangé, je t’emmène.
— Où ça?
— A la campagne. On va prendre l’air, marcher un peu. Dans un endroit où tu ne risques pas de te faire sauter dessus par des fans en délire. »

Je crois que c’est ce dernier point qui le fit céder.

 

***

 

« Tu ne veux pas me dire où on va à la fin? Ça fait des heures qu’on roule.
— Ça fait très exactement 45 minutes qu’on est parti. Je note que tu pratique la mauvaise foi en professionnel. »

Il rabaissa sa casquette sur ses yeux pour masquer son visage mais j’eu le temps de voir qu’il se marrait. Ouf. J’avais beau montrer une certaine assurance, j’étais consciente qu’à tout instant Sebastian pouvait mettre le holà sur la prise de contrôle que j’avais opérée sur sa vie. Je ne me sentais pas si différente de la tablette de l’enfer à la réflexion. Cependant, malgré les vilains cernes qui soulignaient ses yeux, je n’avais jamais vu Sebastian plus détendu qu’aujourd’hui. Je ne devais pas complètement me planter, du coup. Et le plan d’action que j’appliquai à présent avait déjà fait des miracles lors de périodes où j’étais moi-même au fond du trou.

J’engageai le 4/4 sur une large allée en terre battue qui menait à un portail ouvert. Une fois à l’intérieur de la propriété, je me garai dans un petit parking où se trouvaient déjà trois ou quatre véhicules.

« Tout le monde descend! »

 

***

 

Lorsque je descendis de la voiture, l’autorité avec laquelle Esmé m’avait conduit ici me faisait moins rire. Le soleil cognait sur mon crâne malgré ma casquette et n’arrangeait en rien ma migraine. Pourtant, je devais reconnaitre que l’endroit était spectaculaire. Le parking surplombait un grand ranch de plain pied, entouré de plusieurs enclos où s’ébattaient des chevaux, livrés à eux-même ou accompagnés de lads et de cavaliers. Derrière la maison s’étendaient des collines boisées qui contrastaient avec l’aridité des terrains et des pistes d’entrainement. Je suivis Esmé qui descendait d’un pas assuré vers les enclos. Je ne comprenais toujours pas ce qu’on fichait là…

Un peu à la traine, je la vis saluer d’un grand geste du bras un petit afro-américain maigrichon aux cheveux poivre et sel. Il lui rendit son salut et avança vers elle avec un grand sourire. Il l’attrapa et la souleva pour la serrer dans ses bras. A ma grande surprise, Esmé se laissa faire de bonne grâce. J’entendis même son rire fuser. Il finit par la lâcher et tous deux se tournèrent vers moi.

« Nick, je te présente Sebastian, un ami, » annonça Esmé.

Comme à chaque fois que je rencontrai quelqu’un pour la première fois, j’appréhendai la réaction du nouveau venu. Je sentis le froid familier envahir ma nuque. Nick leva un sourcil ; mes muscles se crispèrent. Cependant, il se contenta de me tendre la main avec un sourire chaleureux.

« Enchanté, Sebastian. C’est toujours un plaisir de rencontrer des amis de Buttercup (1)… Esmé. »

« Buttercup » lui adressa un regard assassin et m’en envoya un autre au passage alors que je rendais sa poignée de main à Nick. Je m’abstins de tout commentaire mais je me bidonnais intérieurement comme rarement.

« Vous êtes venus monter? demanda Nick.
— Si Sebastian a envie mais j’avais plutôt dans l’idée de l’emmener faire une balade à pieds dans les collines. Est-ce qu’on peut piller le frigo pour se faire un pique-nique?
— Bien sûr! Alma a fait les courses hier. Tu auras largement de quoi faire. »

Sans transition, Esmé me saisit par le poignet et m’entraina vers la grande maison. Une fois dans la cuisine, elle me fourra un paquet de pain de mie dans les bras et entreprit de vider consciencieusement le frigo dans un sac à dos qu’elle avait récupéré dans un débarras adjacent.

« Tu as l’air comme chez toi, dis-je.
— Hmmm? Oui, je viens au haras depuis que je suis toute petite. Mes parents ont toujours deux ou trois chevaux en pension ici. Tu voudras monter? »

Des chevaux en pension? Non seulement la mère d’Esmé était actrice mais sa famille avait aussi l’air plutôt… à l’aise. J’avais un peu de mal à faire coller ces éléments avec le tas de boue qui lui servait de voiture et le fait qu’elle joue les assistantes de star capricieuse pour gagner sa vie.

« Je suis plus moto que chevaux, en fait, finis-je par répondre.
— Comme tu veux. J’irais juste faire un coucou aux chevaux avant qu’on attaque la rando alors.
— La rando? Esmé, je ne sais pas ce que tu as en tête mais je suis pas sûr d’être en état de cavaler en plein cagnard…
— Ne t’inquiète pas. C’est juste une petite balade et le chemin est plat. Je l’ai déjà fait des tas de fois avec la gueule de bois. »

Elle hissa le sac à dos sur son épaule. Lorsqu’elle passa devant moi, je m’emparai d’office de son fardeau.

« Laisse-moi porter ça… Buttercup. »

Elle pointa sous mon nez un index menaçant.

« Si ça fuite, je saurais d’où ça vient. Et je me vengerai.
— Je n’oserais pas provoquer ta colère, herr kommandant. »

Elle haussa les épaules, visiblement plus amusée que fâchée. Dans l’écurie, je découvris encore une autre facette d’Esmé. Avec les chevaux, elle était douce et patiente, un peu comme quand je vomissais tripes et boyaux la veille et qu’elle me frottait le dos. Alors qu’elle me menait à la baguette depuis qu’elle était debout, j’enviai bêtement le cheval qu’elle caressa longuement en lui murmurant des gentillesses à l’oreille. Une fois qu’elle eut salué toutes les bestioles qu’elle préférait, elle m’entraina vers une piste qui partait de l’arrière de la propriété et filait vers les collines. Je peinai un peu au début à cause de la légère pente mais ma compagne filait devant moi sans me laisser le temps de flâner. Dès que nous fumes sous le couvert des arbres, je me sentis mieux. Les seuls bruits qui nous entouraient étaient des chants d’oiseau ou le vent dans le feuillage. Un pas après l’autre, mes muscles se dénouaient, je prenais plaisir à bouger sans forcer mon corps jusqu’à ses limites. Par moment, je fermais les yeux tout en continuant à marcher. J’avais l’impression d’être seul au monde avec Esmé.

Nous finîmes par arriver à une petite clairière où un tronc d’arbre couché faisait un banc parfait. Esmé m’ôta le sac du dos et le posa par terre.

« On va manger et rester ici un petit moment, ça te va? »

Je me laissai tomber sur le tronc. Bien que la promenade ait été un réel plaisir, j’étais claqué. Esmé s’assit dans l’herbe face à moi, puis me tendit un sandwich. Je faillis regarder quelle en était la garniture mais décidai de m’en foutre. La bouffe, le sport… Tout était devenu un vrai calvaire ces derniers temps. La crise d’hier soir était peut-être le signe qu’il fallait que je reprenne certaines choses en main.

« Je crois, dis-je avec lenteur, que je vais reconsidérer cette histoire d’emploi du temps…
— Grande idée, répondit Esmé la bouche pleine. On brûle la tablette de l’enfer?
— Je pensais plutôt à une révision de l’agenda. 
— C’est un début.
— Et je veux caser des séances de décorticage du script. »

Ça faisait trop longtemps que je repoussais ce travail. Si je continuais, j’allais arriver sur le tournage sans aucune préparation, le meilleur moyen de me tirer une balle dans le pied. Pendant que je ruminais, Esmé prenait ses aises. Elle s’allongea sur l’herbe sèche en tirant le sac à dos vers elle pour s’en faire un coussin puis poussa un long soupir de satisfaction en fermant les yeux. Mon tee-shirt, qu’elle avait noué autour de sa taille parce qu’il flottait sur elle, remonta un peu, exposant son nombril. Ce n’était pas la première fois qu’une fille portait un de mes vêtements mais c’était généralement après qu’on ait couché ensembles. Bien qu’il ne se soit rien passé de tel entre mon assistante et moi, j’étais un peu troublé de faire un tel rapprochement.

Esmé s’étira avec délectation comme un chat. La pointe de son sein se dressa sous le tissu doux de mon tee-shirt. Je me levai avec une certaine précipitation pour faire quelque pas, dans l’espoir de calmer le début d’érection qui me gagnait.

« Tu sais, Seb, dit-elle les yeux toujours clos, je crois que je vais accepter la proposition de Jax et m’installer dans la chambre voisine de ta suite. Comme ça, tu m’auras sous la main quand tu veux. Ça sera plus simple pour tout le monde. »

Plus simple? Je n’étais pas convaincu.

 

***

 

Esmé n’était pas du genre à lambiner quand elle avait pris une décision. Sur le chemin du retour, elle me demanda si nous pouvions passer à son appartement pour qu’elle prenne ses affaires, histoire qu’elle puisse s’installer immédiatement à l’hôtel. Ma… pression artérielle était redescendue sur le trajet qui nous ramenait au ranch. J’avais relativisé. Mon attirance pour Esmé avait été une sorte de flash érotique, pas désagréable au demeurant. Mais j’étais bien conscient qu’il était hors de question d’aller au-delà d’un petit fantasme. Ma vie était suffisamment compliquée comme ça. De plus, étant donné mon comportement de ces derniers jours, je doutais beaucoup qu’elle me voit autrement que comme un boulet.

Elle nous conduisit dans un quartier plus populaire que ce à quoi je m’attendais. Lorsqu’elle me proposa d’attendre dans la voiture, je déclinai. Après avoir approché une partie de son passé au haras, j’étais curieux de voir où elle habitait. Le standing ne semblait pas être tout à fait le même. Elle me fit entrer dans un immeuble vétuste mais propre et nous montâmes trois étages sans ascenseur. Esmé ouvrit la porte en criant à tue-tête :

« Jared! Je suis pas toute seule! Ne tombe pas dans les pommes! »

Un type à peine plus jeune que moi apparut dans la pièce, un sachet de chips à la main. Blond décoloré, tatoué et piercé. Je supposai qu’il s’agissait du colocataire.

« Je peux savoir pourquoi tu gueules comme ç…? »

Jared m’aperçut, me reconnut, ouvrit une bouche assez grande pour que j’entrevois les miettes de chips entre ses lèvres. Je me tendis, dans l’attente de l’inévitable réaction qui allait suivre mais Esmé fut la plus rapide. Elle fonça vers Jared, l’attrapa par le bras et lui murmura quelques mots à l’oreille. Le jeune homme referma la bouche, hocha la tête.

« T’aurais pu m’appeler, grommela-t-il. Que je passe pas pour un con.
— J’aurais pu. Mais j’aurais loupé ta tête. »

Il essaya de la frapper avec le sachet de chips mais elle disparut dans ce que je supposai être sa chambre. Jared vint vers moi, toute stupéfaction disparue.

« Est-ce que tu veux boire quelque chose en attendant que mon EMMERDEUSE de colocataire finisse de préparer son bordel? 
— Va te faire voir! lui hurla mélodieusement en retour une Esmé invisible.
— Tu vois ce que je subis? Enfin… Tu veux une bière?
— Tu n’aurais pas quelque chose sans alcool plutôt?
— On doit avoir du soda. Fais comme chez toi. »

Je profitai de ce moment de solitude pour étudier l’environnement quotidien d’Esmé. De toute évidence, ni elle, ni Jared n’étaient des décorateurs nés. Le salon était un assemblage de meubles de récup’ et d’objets disparates visiblement chinés (voire ramassés au fond d’une poubelle pour certains) ou estampillés « souvenirs de famille ». Des tissus indiens colorés recouvraient un canapé légèrement défoncé ; aux murs, des affiches de cinéma voisinaient avec des gravures anciennes encadrées. L’ensemble aurait dû piquer les yeux mais il s’en dégageait une harmonie inattendue et surtout une profonde impression de confort.

Dans chaque cadre étaient coincées une quantité de photos représentant les deux colocataires ensembles, séparés, accompagnés, déguisés… Je me penchai pour mieux voir, à la recherche d’indices sur sa mère. Mais aucun cliché ne me permit d’éclaircir le mystère. Au contraire, la famille d’Esmé était résolument absente de la collection.

Jared revint et me tendit une canette et un verre. Il désigna une photo avec le goulot de sa bouteille de bière.

« Ça, c’était le dernier anniversaire d’Esmé. On s’est fait pas mal d’ennemis parmi les voisins cette nuit-là. »

Vu leur attitude surexcitée, je comprenais pourquoi. Mais ça ne m’aurait pas déplu d’être là. Sur une impulsion subite, je tentai un coup de poker.

« Il n’y a pas de photo de sa mère? »

Jared me renvoya un regard horrifié.

« Elle t’a parlé de la reine mère?
— Brièvement. Tu sais qui c’est? »

Je bus une gorgée de soda d’un air dégagé. Jared, lui, paraissait plutôt nerveux.

« Euh… oui, je sais qui c’est, mais…
— Mais si tu balances, je fais de ta vie un enfer, chou! »

Grillé. Je ne pus retenir un sourire. Jared m’imita en un peu plus piteux et haussa une épaule.

« Désolé, dit-il.
— Pas de quoi. J’aurais essayé. »

 

1) Buttercup : Bouton d'or

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Trisanna
Posté le 08/11/2021
Me voila !

Très bon choix d'alterner les points de vue ! On en apprend plus sur Sebastian de cette façon sans le forcer à s'ouvrir à nous si je puis le dire ainsi. En gros, tu n'es pas obligé de le dénaturer afin que nous puissions le comprendre et l'apprécier. J'aime beaucoup !

Et puis tu nous gâtes, tu nous intrigues avec le passé d'Esmé. On veut en savoir plus, on veut manger son passé ! haha. Je m'égare oups.

En clair, j'aime beaucoup la tournure que prend l'histoire et ta façon de nous la présenter.

Bien à toi,
Trisanna.
Aliceetlescrayons
Posté le 10/11/2021
Je suis ravie de voir que mon choix narratif te plait ^^ C'était d'ailleurs plutôt sympa de se retrouver dans la peau de Sebastian!
Merci beaucoup pour ta fidélité et tous ces gentils commentaires, ça me fait vraiment plaisir :)
Alice
Trisanna
Posté le 10/11/2021
Avec grand plaisir !
AnonymeErrant
Posté le 16/07/2021
Coucou !

Mais c’est qu’Esmé lui a vraiment cédé le micro ! Madame est trop bonne. On sent bien la différence entre les deux POV, ne serait-ce que par leurs réactions. Alterner entre les personnages est une bonne idée, déjà parce que c’est amusant pour le lecteur, mais aussi parce que si tu craignais que Sebastian se fasse « écraser » par la personnalité d’Esmé, ça ouvre une porte pour l’approfondir. J’entends ça dans le sens où – avis purement personnel et subjectif – ce n’est pas parce que quelqu’un paraît, disons, réservé ou ne livre pas le fond de sa pensée, que ça en fait une personne effacée, sans substance ou manquant de jugeote. Dans l’idée et en résumé : « Ce n’est pas parce que je ne dis rien que je n’en pense pas moins. ». Donc, donner la parole à l’un comme à l’autre te permettra sans doute de nous faire mieux appréhender le caractère de Sebastian, même s’il est plus discret, et offre un bon compromis. Je suis curieuse que tu lui laisses un peu plus les rênes d’ailleurs, et d’évoluer sous son crâne. Et puis, étant team jardinière jusqu’au bout des ongles, je sûre que ça va le faire xD

Le paradoxe entre la célébrité, le « star system » et le désir des dites célébrités qu’on leur fiche la paix est un point/sujet assez complexe. C’est clair que ça doit être super chi*** d’avoir des gens qui te sautent dessus à tout bout de champ dans la rue. Sebastian à l’air de ceux qui le vivent mal. Doué pour changer de peau (c’est son boulot), tout en détestant ce qui va de pair avec ce métier.

Esmé et son passé m’intriguent, maintenant. Je sens que la collision entre la vie qu’elle s’est choisie et celle qu’elle avait vont faire du bruit. Je dis ça, je dis rien.

Bon, je retourne travailler X_X. Je reviendrai sans doute lire la suite ce week-end. A bientôt !
Aliceetlescrayons
Posté le 18/07/2021
Coucou,
ah mais Esmé peut être partageuse, des fois :D
Je suis ravie que la différence de ton se sente bien. J'avais un peu peur que ça ne soit pas si net ^^
J'entends bien ce que tu me dis sur le fait que ce n'est pas parce qu'un personnage est discret qu'il est inexistant. Cependant, pendant que j'écrivais, j'ai eu vraiment cette impression que Sebastian disparaissait complètement face à Esmé (qui est quand même un sacré tempérament). A présent que je suis un peu plus avancée dans l'écriture, ça va mieux mais je suis très contente de mes changements de points de vue :) (c'est un truc que j'affectionne je crois ;p)
Bon, le problème, c'est qu'à la base, je suis archi-architecte alors je me sens un peu perdue é_è
Pour ce qui est du star system, le souci de Sebastian vient du fait qu'il y a atterri par hasard. Il ne se sent pas complètement légitime, ça lui rend l'admiration inconditionnelle qu'on lui porte un peu incompréhensible...
Eeeet pour le passé d'Esmé, je te laisse vir ça avec les prochains chapitres :D
Bon courage pour le boulot et merci pour ta lecture <3
Alice
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