Jour 2.

Notes de l’auteur : Merci d'avoir continué votre lecture, n'hésitez surtout pas à me faire des remarques, relevés des fautes ou incohérences !

Trois adolescentes disparues, pensa Franz en faisant couler son café. Il espérait de tout cœur qu’elles avaient fugués ensemble en dépit du portrait de petites filles sages qu’en avait fait madame Nyang. Il s’avérait qu’Ina et Carmilla n’était pas si sages que cela, et qu’elles auraient pu parfaitement entrainer Asma à la fugue. Cela ne lui ressemblait certes pas, mais il y a toujours des secrets que les adolescentes cachent à leur mère, comme le type dont elles sont amoureuses, les garçons qui les font craquer, et à cet âge là, les jeunes filles sont souvent attirés par des sales types. C’est comme ça, personne n’y peut rien.

Une fois le café engloutis, Franz avale un bout de pain limite rassis et part en quête de l’Ancienne. Il préfère la voir tôt, quand les enfants ne sont pas encore déposés chez elle, afin de pouvoir l’interroger quand elle n’est pas encore usée par sa journée avec les enfants. Les jeunes de cet âge là, ça épuise vite. Franz en sait quelque chose. La moindre activité avec la jeunesse l’épuise.

L’Ancienne habite dans la tour d’en face, mais elle donne ses cours non dans son appart mais celui de la gardienne laissé à l’abandon depuis des décades. Il n’y a plus de gardiens dans les immeubles, sur Paris des sociétés privées s’occupent du ménage et des poubelles, mais ici, personne ne s’occupe de rien, les poubelles s’amassent et attirent les bestioles, la poussière s’accumule, la crasse forme une couche protectrice sur le béton.

L’ancien policier tombe sur la vieille femme, assise dans la pénombre, reprenant son souffle après avoir préparer les fournitures pour les enfants. Chaque carnet et stylo est posé devant chaque coussin. Les enfants sont mis par terre, sur les coussins, en arc de cercle. C’est une manière d’enseigner plus proche, moins protocolaire. Ici la vie est revenue au niveau communautaire, les gens se connaissent, les rumeurs vont bon train, et chacun peut voir ce que fait l’autre s’il observe suffisamment longtemps à la fenêtre. On dirait un village.

Franz est arrivé là dedans, citadin qu’il était, et n’a pas tout de suite compris les règles du jeu. Ses débuts ont été difficiles pour ne pas dire compliqué. Mais il a fini par s’adapter. L’humain, comme il l’a découvert, est capable de s’adapter à tout, à n’importe quelle situation, même la plus désastreuse.

La femme à la peau parcheminée et au souffle court lève des yeux surpris vers lui. Elle n’a pas l’habitude de voir des hommes dans son domaine. Un certain retour en arrière s’est opéré sur certains domaines ici. Les femmes s’occupent des enfants, les hommes restent entre eux, se débrouillent par je-ne-sais-quel-moyen-pas-très-légal pour ramener de l’argent, de la nourriture sur la table.

— Pardonnez ma présence, j’enquête sur la disparition de trois jeunes filles.

Son regard s’agrandit, non de surprise, mais de curiosité, d’intérêt.

— Vous êtes pardonnez si vous venez en aide à ces pauvres filles.

— Merci madame. Vous les connaissez à ce qu’on m’a dit. Deux d’entre elles donnent des cours avec vous.

— Asma a disparue, en effet.

— Carmilla également.

L’ancienne se pinça les lèvres.

— Carmilla n’a jamais eut l’air de se plaire à donner des cours, le fait qu’elle ne vienne plus ne signifie pas spécialement qu’elle a disparue, expliqua-t-elle. Je ne force personne à donner des cours.

— Sa mère l’y a poussé à ce qu’elle m’a dit.

— Je suis contre ce genre de choses mais qu’y puis-je ? Je n’ai pas mon mot à dire dans l’éducation que donne une mère à son enfant.

— Comment était Carmilla, ici, avec les enfants ?

— Pas un cadeau. Au début elle était méchante avec les enfants, presque cruelle. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de ça ici, et que si elle continuait ainsi je la flanquerais à la porte. C’est Asma qui a finit par l’apprivoiser. Carmilla adore Asma, elle la suit partout, la regarde avec de grands yeux admiratifs. Je pense que Carmilla en pince pour Asma.

— Et Asma, qu’est-ce qu’elle en pense ?

— Asma a toujours été une jeune fille très correcte, et très gentille. Elle n’a jamais repoussé Carmilla mais ne lui a jamais donné non plus de raison d’espérer plus. Mais vous savez comment sont les jeunes d’aujourd’hui !

Non, Franz ne savait pas. Il voyait les conséquences de leurs actes, il voyait une certaine nonchalance, un certain esprit rebelle qui se manifestait chez eux de plus en plus tôt, mais au fond, les jeunes ont toujours été ainsi du plus loin qu’il s’en souvienne. Il y avait peut-être chez eux une certaine acceptation, une fatalité qu’il n’avait vu quand lui-même était jeune. Mais les temps avaient changé et pas forcément en bien.

— Donc pour vous Asma n’aurait pas pu s’enfuir avec Carmilla ?

L’Ancienne secoua la tête.

— On ne sait jamais de quoi sont capables les gens, ni ce dont ils souffrent. Asma est le genre de jeune fille qui garde pour elle ce qui la tracasse. Carmilla est bien plus électrique, émotive et impulsive. Que Carmilla ait fugué cela ne m’étonne guère. Elle ne s’entend pas avec sa mère, avec pas grand monde en fait. Mais Asma, ce n’est pas le genre à fuir. Si elle est partie, c’est qu’elle avait d’excellentes raisons de le faire.

— Pouvait-elle être amoureuse ?

— Asma est quelqu’un de très secret, si elle est amoureuse je l’ignore et je ne sais pas qui pourra être en mesure de le savoir. En revanche, je crois qu’elle tenait un journal.

Franz nota journal sur son calpin et le souligna trois fois. Sa mère n’était sans doute pas tombée dessus sinon elle le lui aurait donné sauf si elle pensait qu’il fallait garder les secrets de sa fille. C’était plausible. Il lui demanderait.

— Vous avez parlé de trois jeunes filles, qui est la troisième ?

— Ina Mwana, vous vous souvenez d’elle ?

— Ina ? Ce prénom me dit quelque chose. Elle était camarade de classe de Asma, non ?

— Oui, elles étaient proches enfants d’après ce qu’on m’a dit.

— Je crois m’en souvenir, c’était une petite fille pleine d’énergie, un vrai rayon de soleil.

— Vous ne l’avez pas revu depuis ?

— Non, cela fait des années que je ne l’ai pas vu. J’espère que vous la retrouverez.

— Je l’espère aussi, souffla Franz.

Mais dans ce genre de cas, l’espoir ne suffisait pas.

— Dites moi, vous ne sauriez pas où elles avaient l’habitude de trainer, Asma et Carmilla ?

— Non, ce n’est pas le genre de choses qu’on me raconte.

— Merci, fit-il en la gratifiant d’un petit signe de tête en guise d’au revoir.

L’Ancienne ne lui avait appris grand chose mais avait mentionné un journal intime. Ce genre de chose pouvait carrément illuminer une enquête voire la clore. Il est rare cependant que les individus tiennent des journaux intimes et plus encore qu’ils les laissent à porter d’yeux indiscrets. Cependant, une fois qu’on connaît les endroits fréquentés par quelqu’un, il est aisé de retrouver ses cachettes. Enfin, quand on est un flic évidemment.

Pensant qu’Asma était la pierre angulaire, la seule qui semblait peu propice à la fugue, il décida de rendre visite à sa mère, et surtout de fouiller sa chambre. Il aurait sans doute dû commencer par cela mais c’est mieux d’avoir un portrait de la personne avant de commencer à fouiller ses affaires personnelles.

 

 

Après une courte pause déjeuner que Franz s’imposa, s’il ne s’obligeait pas à manger, il tomberait d’inanition. Plus il vieillissait, moins il avait d’appétit, ce qui était corolaire à une perte de force et de vitalité. Quand il observait la quantité de nourriture qu’ingurgitait la jeunesse, de sucre particulièrement, il n’était guère étonné de l’énergie qu’ils possédaient. Une fois son œuf, saucisse purée avalé, il vint frapper à la porte de madame Nyang.

Celle-ci parue, inquiète, à la porte. Il dû la rassurer immédiatement, il n’avait pas de nouvelles ni bonnes ou mauvaises. Il avait besoin de fouiller la chambre de sa fille à la recherche d’un journal intime. La mère d’Asma n’argumenta même pas, ne fit rien pour l’empêcher de fouiller dans les affaires de son enfant. Elle était désespérée et prête à tout pour qu’il retrouve sa fille.

Surtout, elle paraissait être de ces rares personnes qui avait encore foi dans l’ancien système, et ce qu’il représentait. Elle comprenait comment le monde marchait, et acceptait les règles du jeu. Avec quelqu’un comme elle, c’était facile de mener l’enquête. Depuis le début, c’était elle qui lui amenait les mères des amies d’Asma disparues. Peut-être même en faisait-elle trop.

Ina ne semblait pas si disparue que cela à entendre ses amis et sa mère. Quand à Camilla, il était possible que l’inquiétude d’Assa soit contagieuse. Sa fille avait disparue depuis plusieurs jours à présent, et peut-être qu’en signalant d’autres disparitions, elle espérait accélérer le processus de recherche. Franz n’était pas dupe. Il y avait toujours des parents trop zélés et pressants, inquiets pour un rien, et d’autres incapables de se soucier de leurs enfants.

Une fois seul dans la chambre de l’adolescente, Franz soupira. Evidemment, Asma ne vivait pas seule, elle partageait sa chambre avec ses frères et sœurs. D’après sa mère, elle occupait le lit supérieur, de peur que les petits ne tombent de trop haut. L’espace était réduit, mais plutôt ordonné en dépit de la présence de jeunes enfants. Il n’y avait de jouets trainant sur le sol, et ce dernier était plutôt propre. Décidément, la famille Nyang frisait la perfection.

Franz hésita avant de tout retourner, sachant qu’elle partageait sa chambre avec 2 autres enfants, aurait-elle choisi de le cacher ici, alors que ses frères risquaient de tomber dessus ? Pour une adolescente, n’est-ce pas la pire chose qu’il puisse arriver, que ses frères lisent son journal intime ? Il fouilla tout de même le lit de la jeune fille, ainsi son tiroir de commode et le bureau, mais il ne trouva rien.

L’ancien flic avait cependant plus d’un tour dans son sac, il demanda où était la salle de bain prétextant une envie urgente. Une fois à l’intérieur, il chercha dans le faux plafond, dans le réservoir d’eau des toilettes, et au milieu des serviettes hygiéniques mais ne trouva rien du tout. Il se demanda s’il y avait la moindre chance pour qu’Asma ait caché son journal intime chez elle. Mais s’il n’était ici, où aurait-elle pu le cacher ?

Retrouvant la mère dans la cuisine, il l’interrogea sur les activités de sa fille. Restait-elle tard le soir chez l’Ancienne ? Est-ce qu’elle faisait la cuisine ? Trainait-elle avec ses amis quelque part ? La mère lui répondit du mieux qu’elle pouvait, il arrivait qu’Asma rentre plus tard, et Assa avait toujours pensé qu’elle trainait avec des amis mais ignorait qui et où. Sa fille l’aidait à la cuisine mais ne cuisinait pas toute seule. En revanche, il lui arrivait de livrer des repas aux vieilles personnes.

Asma était la jeune fille la plus extraordinaire dont il eut entendu parler. Une telle perfection, une telle gentillesse, un tel dévouement lui semblait forcément trompeur. Personne d’aussi parfait ne pouvait exister. Il connaissait la noirceur humaine. Tout le monde avait des failles. Même Jésus. Ne s’était-il pas tapé Marie Madeleine ? Franz l’avait toujours soupçonné. En attendant, il voulait creuser la piste des repas aux personnes âgés. Peut-être l’un des vieillards lui gardait son journal intime ?

 

 

La mère d’Asma lui avait indiqué où trouver le local de l’association qui s’occupait des anciens et de leur livrer des repas. Franz redoutait d’aller les voir, ils étaient venus plusieurs fois à sa porte pour qu’il souscrive à leur service. Naturellement ce n’était pas gratuit. Mais ils étaient tellement serviables que beaucoup acceptaient. Mais Franz estimait que lorsqu’on cessait de se faire à manger soi-même c’était le début de la fin.

Quand il arriva face au local, Franz inspira longuement. Puis il prit son courage à deux mains. Un jeune bénévole l’accueilli, chaleureusement, lui demandant s’il était un client pas satisfait. Franz secoua la tête et le jeune homme eut l’air soulagé. Franz fronça les sourcils, dans la bande des bénévoles qui travaillait derrière le comptoir, il vit un visage familier.

C’était le jeune joueur de basket qu’il avait interrogé la vieille. Le jeune Pietro que les autres jeunes gens appelaient Roméo, autrement dit, l’amoureux transis.

— Hey monsieur Hartman, ça va ? Toujours à la recherche d’Asma ?

— Toujours. Vous ne m’aviez pas dit que vous travaillez ici.

— Ça m’étais sorti de la tête.

— Que vous étiez bénévole au même endroit qu’Asma ? insista Franz avec un sourire faussement tout miel.

Pietro se frotta la tête essayant de masquer la gêne qui s’emparait de lui.

— Bin, on ne fait que se croiser, vous savez. Et Asma ne vient quasiment plus.

— Vous voulez dire qu’elle cessait de travailler ici ?

— J’en sais rien, on la voyait quasiment plus. Elle continuait à voir le vieux Gérard, mais c’est tout. Elle avait réduit sa tournée.

— Vous pourriez me donner le nom de ceux qu’elle livrait encore ?

— Euh… ça peut se faire.

Pietro disparu quelques instants puis revint avec des noms et des numéros de portes griffonnés.

— Ils sont tous dans cette tour ?

— Yep.

 

Franz remonta la tour, s’arrêtant à chaque étage, chaque porte où Asma livrait auparavant. Certains ne se souvenaient même pas d’elle. Franz doutait qu’ils soient capables de se rappeler de sa visite dans une heure. D’autres avaient de vagues souvenirs, évoquèrent la jeune fille douce et sympathique dont il avait déjà entendu le portrait. Il y en avait suffisamment cynique, rendu amer par l’âge et les épreuves de la vie, pour faire la remarque qu’Asma en faisait trop, qu’elle voulait qu’on l’aime, qu’on la trouve sympathique, soupçonnant qu’elle ne soit qu’une voleuse. Franz se demanda s’ils allaient le traiter lui aussi de voleur après sa visite. Ce n’était pas impossible.

Sa mère en vieillissant avait été une acariâtre insupportable et son père foutait des coups de latte au chien et en aurait fait autant aux boniches si on l’avait laissé faire. Ses vieux n’avaient jamais été des tendres mais en vieillissant, les choses avaient empiré. Ils ne faisaient plus l’effort de se contrôler, de modérer leur caractère qui s’en trouvait affuté. Franz s’était reposé sur sa sœur, elle s’était occupée d’eux jusqu’au bout. Parfois il s’en voulait de l’avoir laissée seule sur ce coup là, mais à l’époque, il avait du travail, toujours trop de travail.

Sa tournée des vieux lui fila le bourdon. Franz pensa qu’un jour pas si lointain, c’est lui qui aurait besoin qu’on s’occupe de lui, et peut-être bien qu’une fois qu’il serait dépendant totalement de jeunes bénévoles que ce soit pour la nourriture, la toilette ou les soins les plus basiques, il serait aussi méchant que ses vieux l’ont été avec sa sœur. Il espérait que non. Toute sa vie, il avait essayé de ne pas ressembler à son père.

Outre le coup de vieux qu’il ressenti, aucun de ces vieillards ne lui donna la moindre information croustillante, il n’apprit rien de plus qu’il ne savait déjà. Asma était visiblement une perle, la perfection incarnée, et les soupçons de vol posant sur sa personne lui paraissait surréaliste. D’autant qu’il avait fouillé sa chambre et n’avait rien trouvé qui puisse soutenir une telle théorie.

Quand il frappa à la dernière porte, il réalisa que c’était celle du vieux Gérard qu’Asma continuait à livrer, le seul qu’elle livrait encore. Si quelqu’un pouvait l’aider dans cette affaire, parmi ces vieux qu’elle livrait, c’était certainement lui. Pourquoi ne réduire sa tournée qu’à un seul type si on ne l’appréciait pas un minimum. Peut-être assez pour lui confier son journal intime ? Ou peut-être parce que chez lui, il y avait la planque idéale pour un journal ?

Franz frappa, et il dû insister avant que la porte ne s’ouvre enfin dans un concert de ronchonneries. Un homme au visage couvert de rides et buriné par le soleil lui jeta un regard clair à la froideur hivernale. Gérard renifla en observant Franz d’un air mauvais. Cela devait suffire à faire fuir la plupart des gens, pensa Franz.

— Bonjour, je viens vous voir au sujet de Asma, s’introduit-il.

Les deux yeux cyan se réduisirent à deux fentes, et Franz pu presque sentir l’air se refroidir autour de lui, ce qui, par la chaleur qu’il faisait, tenait du miracle.

— Qu’est-ce qu’il y a avec Asma ?

— Elle a disparue.

Autant être direct, Franz n’aimait pas perdre de temps, et trouvait les réactions des gens qu’il interrogeait toujours intéressantes quand il mettait les pieds dans le plat d’entrée de jeu.

— Disparue ? Vous êtes quoi, la police ?

— Presque, un ancien de la police. Franz Hartman.

Les lèvres fines de Gérard se plissèrent dans un sourire grinçant. Il ne dit rien, resta planté là, à l’observer durement, comme si c’était à Franz de se justifier. Ce genre d’attitude n’était pas habituelle, c’était peut-être un ancien gangster ou un militaire.

— Asma vous livrait encore. Vous êtes le seul qu’elle a gardé de sa tournée. Pourquoi ?

— Ça vous regarde pas, siffla le vieux.

— Oh que si, sa mère m’a engagé pour que je retrouve sa fille. Et je vais la retrouver, alors autant coopérer.

— Faites ce qui vous chante mais faites-le ailleurs, j’ai rien à vous dire.

L’ancien tenta de lui claquer la porte au nez, mais Franz habitué à ce genre de choses eut le réflexe de mettre son pied en travers de la porte. Celle-ci buta dessus. Le regard du vieux se durcit, ses sourcils se froncèrent et sa bouche se tordit.

— Vous allez ficher le camp d’ici, oui ? J’ai rien à vous dire.

— Vous voulez que je parte ? Dites-moi ce que je veux savoir.

Pendant un instant, les deux se toisèrent, et si un regard pouvait tuer, ils se seraient probablement entretués. Gérard avait l’air furieux, il avait beau faire tous ses tours habituels Franz persistait, et rien ne semblait capable de le mettre en déroute.

— Je compte pas m’en aller, vous savez. J’ai toute ma journée, insista-t-il.

— Vous êtes un allemand pas vrai ? Aussi buté qu’un boch, rien à faire alors, ronchonna le vieux en poussant un lourd soupire.

La porte finit par s’ouvrir. Bien sûr, il avait conscience qu’on ne lui offrirait cette fois-ci rien à boire ou à manger, et à la fois, il n’aurait pas eut confiance. Le vieux n’avait pas l’air commode du tout, il se demanda comment Asma avait réussit à l’amadouer.

— Vous l’aimez bien, Asma, fit Franz.

— C’est la seule qui ait réussit à franchir ce seuil, avec vous. Mais elle est nettement moins chiante que vous.

— Oh je parie qu’elle a insisté jusqu’à ce que vous finissiez par la laisser rentrer.

— Ouais, elle est restée plantée devant ma porte des heures durant, et parce qu’elle devait faire d’autres livraisons, elle finissait par laisser le plateau devant ma porte. Pendant des semaines, elle a attendu, au moins une heure, parfois plus, elle me donnait des nouvelles du monde, du dehors, parfois des ragots de la tour. Elle a tout tenté. Un jour, j’ai finit par lui ouvrir. Il pleuvait des trombes, j’avais peur qu’elle tombe malade.

— Et après cela, elle n’est plus repartie.

Franz pouvait presque voir l’image, Asma trempée jusqu’à l’os, claquant sans doute des dents mais bien décidé à rester une heure. Et ce vieux bâtiment en béton est bourré de courant d’air, la jeune fille aurait sans pu attraper la pneumonie. Cette maladie s’insinuait ici facilement, et comme la grippe, elle ne repartait pas sans emporter quelques enfants et vieilles personnes.

Le vieux Gérard s’était enfin déridé comme si parler d’Asma avait ramené du soleil dans cet intérieur triste et cet homme plus triste et froid encore que son appartement.

— Elle vous manque pas vrai ?

— C’est une adolescente, faut qu’elle vive sa vie. Je n’arrêtais pas de le lui dire. Voyager, voir le monde, voilà ce qu’elle devait faire. Rester ici c’est la mort.

— Vous aurait-elle enfin écouté ?

C’est à cet instant qu’un bruit se fit entendre, assez faible cependant, comme un bruit de raclement. Franz ouvrit l’oreille, continuant d’écouter Gérard qui se vantait d’avoir convaincu Asma de partir loin d’ici. Franz n’y croyait pas une seule seconde, Asma n’avait pas pu abandonner sa mère, lui laisser croire qu’elle avait été enlevée ou qu’elle était morte quelque part pendant tout ce temps.

— Vous avez un animal avec vous ? demanda Franz.

 

La jeune fille l’observait avec ses grands yeux noisettes en amende. Franz se demanda combien de temps était-elle restée tapie ici. Gérard devait la cacher depuis quelques jours. Mais pourquoi l’avoir cachée et pourquoi Asma n’avait rien dit à sa mère ? Cela semblait absurde mais quand son regard croisa celui terrorisé de la jeune femme un doute s’insinua en lui. Et si elle avait d’excellentes raisons de se tapir ici ?

— Asma, tout le monde vous cherche, surtout votre mère et l’Ancienne. Elles sont toutes les deux terriblement inquiètes pour vous jeune fille, fit Franz.

Asma releva vers lui un regard inquiet. La terreur semblait s’être dissoute quelque peu, peut-être à cause du ton paternaliste qu’il venait de prendre.

— Oh je ne voulais pas… fit-elle juste avant de s’effondrer en pleurs.

Gérard se positionna devant elle, faisant barrière de son corps, toisant l’ancien flic d’un air de défi. A cet instant, il avait tout du chevalier servant, du garde du corps, farouche et imperturbable.

— Pourquoi vous êtes-vous cachée ? Avez-vous peur de quelqu’un ?

La jeune fille se cacha derrière Gérard avec l’air affolé d’un animal traqué.

— Je vous en prie, je ne vous ferais pas de mal. Votre mère m’a engagé pour vous retrouver. Je m’appelle Franz Hartman. J’étais policier avant ma retraite. Je peux vous aider si vous me dites de qui vous avez peur.

— Que pouvez-vous faire pour elle ? Vous n’êtes plus rien ici, comme nous tous, répliqua sèchement Gérard. Dans le temps, j’étais militaire, j’avais mon équipe, des armes, l’armée derrière moi. Je pensais que c’était ma famille. Et puis on m’a mit en retraite, on m’a donné un chèque ridicule et je dois me débrouiller avec ! Vous êtes pareil, vous n’auriez jamais fichu les pieds ici sans votre retraite ridicule ! Vous savez ce que je veux dire, vous n’avez plus aucun soutient de votre ancienne hiérarchie. Nous sommes seuls et on doit se débrouiller par nous-même.

Franz hausa les épaules.

— Je n’ai peut-être plus le commissariat, mais il y a plusieurs mères inquiètes qui réclament après leurs filles. Asma, vous n’êtes pas la seule à avoir disparue. J’ai besoin de vous, aidez-moi.

La jeune fille releva la tête, interloquée.

— N’en fait rien Asma, il essaye de jouer avec ta corde sensible, et comme tu es trop gentille, tu vas vouloir l’aider. Mais ce sera ta perte ! Il ne peut pas te protéger ! Reste ici, tu es en sécurité ici.

— Et après ? Elle va se cacher pour toujours ici ? Vous allez vous nourrir de quoi ? Vous allez faire comment ?

Asma regarda Franz puis Gérard, ne sachant que choisir.

— Vos amies, Ina et Camilla ont disparue. Savez-vous où elles sont ? enchaîna Franz sans même laisser le temps à Gérard de répondre.

— Ina ? fit la jeune fille d’une toute petite voix.

— Aidez-moi je vous en prie.

 

Les mèches brunes bouclées tombaient sur de magnifiques yeux verts. Asma était d’une grande beauté, mais du genre timide, jeune fille sage, qui n’avait sans doute pas conscience de sa beauté et du pouvoir subjuguant qu’elle pouvait avoir. Ou peut-être le savait-elle et estimait-elle ce pouvoir comme un handicap plus qu’autre chose.

Assisse sur le canapé, enfoncée dedans, elle observait Franz avec un regard de biche effarouchée. Franz qui a toujours joué de sa réputation de vieux flic bougon sait qu’il va devoir en faire des caisses pour qu’elle se sente à l’aise. Ironiquement, il aide souvent des adolescents mais ne se sent jamais très à l’aise avec eux.

Sa carte secrète c’est les deux jeunes filles disparues. Dès qu’il les a nommés, il a vu le regard de l’adolescente s’illuminer, il venait de titiller sa curiosité, de faire appel à son empathie. L’adolescente s’est levée d’elle-même en dépit de tous les avertissements de son chevalier servant.

Le vieux Gérard observait justement Franz d’un œil mauvais, suspicieux envers Franz et très protecteur envers la jeune Asma. Franz en mettrait sa main au feu, le vieux ronchon était fou amoureux de l’adolescente. Bien sûr, il ne tenterait jamais rien, la différence d’âge est trop grande, mais il est farouchement protecteur envers elle, et fera probablement n’importe quoi pour elle, manifestement.

— Vous devez m’aider à les retrouver, insista Franz ignorant le regard lourd que lui jetait le vieux.

— Je… je sais pas ce qu’il leur ait arrivé. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, répondit l’adolescente avec une voix perchée dans les aigus, s’étranglant sous le coup de l’émotion.

Franz essaya d’avoir l’air bienveillant même s’il était persuadé que les disparitions des deux jeunes filles sont liées au fait qu’Asma soit restée cachée ici.

— Elles ont disparues en même temps que vous. Je pense que leur disparition est lié à la votre. Il faut que vous me disiez tout. Pourquoi vous êtes-vous caché ici ?

La jeune fille baissa la tête, son regard était fuyant. Franz savait qu’il touchait un point sensible. La belle Asma mit quelques secondes avant d’arriver à parler. Ayant interrogé beaucoup de monde, il savait qu’il fallait parfois leur laisser le temps de trouver la force d’exprimer la vérité. La plupart des gens mentent par facilité, faiblesse, parce que la vérité est honteuse ou douloureuse, parfois les deux. Mais parfois il n’a pas le luxe de les leur laisser ce temps nécessaire, il doit les forcer à tout déballer.

— Tu n’es pas obligée, murmura Gérard.

— Si, je crois bien que si, rétorqua l’adolescente, relevant un regard humide. Je n’avais pas l’intention de faire peur à tout le monde, j’ai juste parlé à Gérard de quelque chose… de douloureux. J’ai vidé mon sac et…

— J’ai estimé qu’elle serait plus en sécurité ici.

— Que s’est-il passé Asma ? demanda franchement Franz.

Du coin de l’œil, Franz aperçoit Gérard qui s’agite nerveusement, en comparaison, Asma ressemble plutôt à un animal piégé, son regard fuyant coule tantôt à gauche tantôt à droite, puis se fixe sur un objet lointain devant elle.

— C’était une soirée avec tout le monde, il y avait de l’alcool et même de la drogue je crois. J’y suis allée avec Camilla. J’ai pas trop l’habitude des soirées, j’y suis pas très à l’aise, alors j’ai un peu bu pour me détendre. Et… j’ai pas non plus l’habitude de boire. Je… il… je me suis retrouvée toute seule à un moment. Je ne sais plus où était Camilla. Et il y avait ce garçon, il était gentil au début…

— Mais il a cessé de l’être à un moment, c’est cela ?

— Il m’a forcé la main… j’ai essayé de lui faire comprendre, de lui dire non… mais il n’écoutait pas.

Un sanglot l’interrompit, Asma reprit sa respiration.

— Ce garçon a abusé de toi ?

Reniflant, pleurant, elle se contenta d’hocher la tête. Gérard posa sa main sur son épaule et la serra doucement, la jeune fille attrapa sa main. Les larmes semblaient n’avoir de fin, elle pleura longtemps, et Franz n’osa rien dire, lui laissant le temps d’évacuer la tristesse et la douleur. Il se demanda cependant si ce garçon n’avait pas fait plus qu’abuser d’elle. La jeune fille paraissait particulièrement secouée.

— Est-ce qu’il a été violent ?

Asma secoua la tête, de gauche à droite.

— Il t’a forcé à faire des choses que tu ne voulais pas ?

Cette fois-ci, elle opina de la tête, de haut en bas.

— Est-ce qu’il était seul ? demanda-t-il en suivant son instinct.

La caboche de l’adolescente se meut à nouveau, de gauche à droite. Ce qu’il craignait s’était produit. Dans ce type de soirée, le viol peut déboucher à un viol collectif. Ce n’était pas la première fois qu’il était confronté à ce genre d’abus. Franz connaissait les conséquences du mélange drogue, alcool et phénomène de groupe dans ce qu’il pouvait donner de pire.

— Asma, je sais que c’est dur, mais je vais devoir te poser des questions plus précises.

Pour toute réponse, il eut un sanglot exprimé à voix haute, un hoquet et une vague de larmes coulant sur les joues rouges de l’adolescente pâlotte.

— Sais-tu combien ils étaient, environ ?

La jeune fille haussa les épaules, secoua la tête.

— Plus de dix ?

Pas de réponse. Gérard manifesta son mécontentement d’un raclement de la gorge.

— Je suis désolé mais j’ai besoin d’avoir plus d’information.

— Vous croyez qu’elle soit en état de vous les donner ?

— Très bien, revenons à un autre sujet. Tu m’as dit que tu es allée à la soirée avec Camilla. Tu l’as perdue de vue, c’est cela ? Et tu t’es retrouvée toute seule. Est-ce que tu l’a retrouvée plus tard ? L’as-tu revue après ?

— Je ne m’en souviens pas, déglutit-elle.

— Avec qui es-tu rentrée ? Seule ?

— Oui, je suis rentrée seule.

— Tu n’as pas revenue Camilla après cela ?

La jeune fille secoua la tête.

— Tu es venue te cacher ici combien de temps après cette soirée ?

— Je… le lendemain.

— Et Ina dans tout cela, était-elle à la soirée ?

Asma releva un regard perplexe, puis elle haussa à nouveau les épaules, son regard s’enfuyant à nouveau.

— Je… m’en souviens pas.

— Elle est fatiguée, fit Gérard en se plaçant devant Franz comme une barrière protectrice pour la jeune fille. Et elle a répondu à vos questions.

— Pas à toutes, je suis désolé mais je devrais repasser. Et je dois prévenir votre mère.

La jeune fille se ramassa sur elle-même, et Gérard jeta un regard sombre à Franz. Ce dernier compris qu’il lui valait mieux partir.

— Avant de partir, j’ai besoin de dernières informations. Quand et où avait lieu cette fête ?

 

Retour à la cave pour monsieur Hartman. Franz redescendit en début de soirée.

Normalement à cette heure-là il était déjà devant la télévision en train de s’assoupir dans son canapé. Bizarrement il ne ressentait pas encore la fatigue, cela viendrait plus tard, elle viendrait comme une lame de fond et l’écraserait. Franz savait comment gérer sa fatigue, et quand il était sur une affaire il pouvait tenir sur les nerfs.

La nuit tombait mais la fraicheur n’arrivait pas encore, au contraire, la chaleur de la journée retombait comme une chape de plomb. Franz supposa qu’il devait s’estimer heureux de descendre à la cave, forcément plus fraiche.

Les jeunes gens qu’il retrouva en bas parlaient fort et jouaient au bière pong avec une table bricolée, un filet découpé et tendu avec des bouts de ficelles. Franz retrouva une partie des jeunes gens de l’autre jour, mais plus éméchés et agités qu’à sa dernière visite. Visiblement ils avaient déjà bien entamé la soirée, suffisamment pour que personne ne tique sur sa présence. Le rouquin de l’autre jour l’accueillit même généreusement, ouvrant ses bras.

— Hey le vioque, tu viens boire un coup avec les d’jeunes ?

Une vague de rire se mêla à des encouragements que les jeunes émettaient à vive voix. Franz ne releva pas, la vulgarité qu’affichaient les jeunes dans leur langage n’était au fond qu’une tentative d’émancipation, de se démarquer.

— Pourquoi pas ? Vous faites souvent des soirées ici ?

— Ouais, assez. Enfin quand on a de quoi picoler évidemment ! s’exclama le rouquin.

— Samedi soir dernier, vous avez fait la fête ?

— Comme tous les samedi soirs.

— Mais c’était un peu spécial non ?

— Ouais, Mous’ fêtait son anniversaire.

— Et il y avait des filles, n’est-ce pas ?

— Oh comme d’habitude.

— La jeune Asma Nyang, elle y était ?

Le rouquin haussa les épaules.

— P’être bin, y’avait un tas de monde ce soir là. Beaucoup trop. On était en rupture de stock d’alcool.

— Et de drogue ? demanda Franz.

Les yeux du jeune homme se plissèrent, la méfiance venait, enfin.

— Ça ne vous regarde pas le vieux.

— Oh je crois bien que si. Parce que pendant cette soirée, une jeune fille a été violée.

Franz scrutait le visage du rouquin. Son expérience de flic lui permettait de savoir lorsqu’on lui mentait. Il lui suffisait de poser la question et de scruter l’autre. Les mensonges étaient trahis par des tiques nerveux, un regard fuyant ou des gestes inconscients. Et l’adolescent à la grande gueule le regarda avec un mélange de colère et de suspicion.

— Vous pensez que c’est de notre faute ? Y’a toujours quelqu’un pour déconner, c’est triste mais ça arrive. Et pis vous êtes certain qu’elle a bien été violée, que c’est pas une embrouille de couple ? Non parce qu’on en a souvent ici. La dernière mode c’est de crier au viol dès que ça colle plus dans un couple.

— Je suis certain, d’autant que nous avons affaire à un viol collectif.

Le silence tomba, lourd. Les jeunes autour d’eux demeuraient silencieux, certains avaient même l’air coupable, d’autres avaient le regard fuyant. Dans quelques instants, ils trouveraient un moyen de s’enfuir, de partir, ou de le chasser. Franz les connaissait, ils agissaient comme une meute, ce qu’ils étaient au fond. Rassemblez des gens, laissez-les faire tout ensemble, ils finiront par se comporter comme des animaux, comme une meute. Le phénomène est amplifié par la jeunesse mais peut se retrouver chez n’importe quelle bande d’individus laissés livrés à eux-mêmes.

— Vous comprenez pourquoi j’ai besoin de savoir ce qu’il s’est passé à cette soirée.

— Je sais que vous vous prenez pour le Humphrey Bogart de la cité mais vous n’êtes pas le shérif de la place. Personne ne vous a donné la moindre autorité, fit le rouquin de manière agressive.

Franz connaissait ce jeu de domination, il y était habitué. Les jeunes gens ne lui reconnaissaient qu’une vague autorité et l’envoyaient voler quand il finissait par les déranger. Franz savait qu’il lui fallait alors sortir les bonnes vieilles méthodes, s’imposer par la force, une voix forte, une détermination sans faille et un certain sens du sarcasme.

— Vous avez vraiment envie de jouer à ce jeu ? Vous savez ce qu’il se passera si c’est votre père ou votre frère qui disparaît ? Vous viendrez frapper à ma porte comme tout le monde ici, parce que personne d’autre ne s’en chargera et qu’au fond, tout le monde s’en fout. Je vous dérange peut-être ce soir, mais demain ? Demain ce sera une autre histoire.

Le rouquin renifla, il avait posé ses poings sur ses hanches pour se donner de la contenance, Franz quant à lui n’avait bougé d’un poil. Il devait marquer l’esprit du rouquin, de ces jeunes, qu’il était fort, qu’il ne doutait de lui, n’avait besoin de compenser d’une quelconque manière.

— Je saurais très bien me débrouiller tout seul.

— Oh, vous préférez alors la justice à l’ancienne ? Que les mères de ces gamines disparues viennent réclamer justice elles-mêmes ? Qu’elles fassent une descente ici et raflent tout le monde ? Vous avez entendu parler du lynchage ?

L’adolescent haussa les épaules.

— Vos conneries sont tolérées mais vous savez parfaitement que si vous faites trop de dégâts des actions seront entreprises. Vous le savez si bien que vous vous planquez ici et que vous mordez tout ceux qui tentent de coller leur nez dans vos affaires. Mais vous savez également comment se joue ce jeu. Si je descends ici c’est qu’il s’est passé un truc de grave et que vous avez plutôt intérêt à répondre à mes questions.

Le rouquin le toisa, et le silence imposa une tension à la limite du supportable. Franz soutient son regard, gardant son sang froid et son expression imperturbable.

— C’est ce que vous croyez le vioque. Mais vous êtes plus flic.

— Non, et même si je l’étais encore, je m’en ficherais bien de ce que vous faites ici, de la drogue que vous consommez ou de comment vous vous procurez de l’alcool malgré la prohibition mais si quelqu’un sous l’emprise de ces drogues ou alcool tue quelqu’un d’autre ça me préoccupe. Vous avez intérêt à collaborer. Vraiment intérêt.

— Ecoutez l’vieux, si des gars déconnent j’suis pas responsable. On laisse les gens faire ce qu’ils veulent, et aux dernières nouvelles, chacun est responsable.

La tension allait grandissante, si forte que plus personne n’osait souffler mot, que le moindre bruit, crissement d’une chaussure contre le béton provoquait une vague de tension plus forte encore.

— On va faire quelque chose de simple, je vous laisse y penser, poser des questions, sonder vos gars, et quand je reviendrais, vous me direz ce que vous avez réussit à obtenir comme information. Vous savez parfaitement qu’il vaut mieux que je m’en charge plutôt que la famille de la victime fasse justice elle-même.

Le gamin n’était peut-être pas d’accord, et il jouera le fanfaron face aux autres gamins, parce qu’il a besoin d’exprimer sa supériorité, de garder son statut de leader. Mais quand il repasserait, Franz obtiendrait quelque chose, parce qu’il avait imposé les règles du jeu.

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Sorryf
Posté le 20/09/2019
Je m'attendais pas à ce que le détective retrouve Asma aussi vite ! Je pensais que ce serait à la toute fin, ça m'a surprise et rassurée ! Même si... purée la pauvre T.T
Le suspense tient très très bien, au point que j'ai foncé lire la suite malgré les 14k mots qui me faisaient peur xD ! Du coup je ne vois rien d'autre à te dire sur ce chapitre, je suis trop sous le choc de la fin du suivant ! je file le commenter !

petite coquille : le détective dit à un moment : "ma mère m'a engagé pour vous retrouver" -> "Votre mère".
Eden Memories
Posté le 21/09/2019
Merci pour la coquille trouvée.
Et heureuse que le suspense fonctionne !
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