20. Kartrouville Ex : The Origins
(By FdB)
Ça sentait la bonne bouffe jusqu’en bas de l’immeuble de Kiwi, leurs voisins devaient les haïr. On est montés jusqu’à l’appart et Chibi a spammé la sonnette jusqu’à ce que le masqué nous ouvre.
- Yo Grenade ! ont fait les deux Kiwis avec exactement la même voix et le même ton.
- Yo Grenadine ! j'ai fait avec juste un petit temps de retard.
Chibi Kiwi a rigolé bêtement :
- Grenadine ! C’est un nom de fille !
J’étais surpris et un peu flatté. C’est pas tous les jours que j’ai un public réceptif. Je l’ai peut-être mal jugé ce brave Chibi.
- Au secours, a fait une voix féminine blasée. Quelqu’un rigole aux blagues de Fraise des Bois.
Litchi était là, et Noisette aussi. Chibi est allé docilement leur faire un bisou, alors que le vrai Kiwi se contentait d’un plus casu :
- Salut les amoureux ! Qu'est-ce que vous faites là ?
- Je les ai appelés en renforts, a expliqué Grenade. Je ne crois pas qu’on soit de taille à gérer à la fois Chibi et FdB.
- Quoi ? me suis-je indigné.
Je ne comprends pas, je suis très facile à gérer pourtant ! Mais on avait déjà perdu Chibi :
- Grenadine j’ai faim ! Grenadine c’est quand qu’on mange ?
- C’est pas encore prêt, a répondu Grenade pas du tout perturbé par son nouveau surnom. D’ailleurs tu vas venir m’aider.
- Quoi ? Pourquoi moi ?
- Pour apprendre. Allez zou, dans la cuisine.
- Grenadine steuplééé ! T’es pas cool ! respecte-moi putain !
- On dit pas putain ! ont gueulé Grenade, Kiwi, Litchi et Noisette tous en même temps.
Ils sont tous partis s’installer dans la cuisine ou sur le canapé comme s’il étaient chez eux. J’ai hésité un peu sur où me poser : avec Grenade et les Kiwi dans la cuisine (je les connais mieux), ou avec Litchi et Noisette dans le salon (je suis un invité) ? En fait, je me sentais un peu exclu. Ces quatre-là, plus Chibi... On aurait dit une famille. Une vraie. Est-ce que j’en faisais partie ? Est-ce que j’en ferai partie un jour ? À cet instant, j’ai pensé que je donnerai tout ce que j’ai pour ça. Mon job chez Santorga, mon salaire, la confiance de mon patron, mes parties de jambes en l’air avec Driss Diak... je renoncerai à tout pour eux cinq. Pour Litchiasse et Grenadine, et Chibi que je venais de rencontrer... et bien sûr Kiwi. Et Noisette... bon okay peut-être pas Noisette, faut pas déconner je le connais pas si bien que ça... j'ai tout gâché là, non ?
Ce qui était le plus effrayant dans tout ça c’était que ce soit à ma portée. Il suffisait que là, quand on aura fini de manger, je leur raconte tout. Je jette ma boucle d’oreille par la fenêtre et je leur dis qui je suis. Et je leur demande pardon. Ils seront bien obligés de me pardonner, parce qu’avec tout ce que je sais, c’est soit ça, soit ils me tuent.
A cause de la présence de Chibi Kiwi je m’attendais à ce que le repas soit un carnage, avec des cris et de la bouffe qui vole partout. Mais en fait ça a été tout l’inverse, à peine assis tout le monde s’est calmé et on a mangé dans un silence limite religieux. C’était tellement bon, il faut dire, personne ne voulait gâcher ça. Le plat était un poulet rôti, je n’arrivais pas à croire que c’était du poulet, tellement ça n’avait rien à voir avec les nourricubes au poulet qui sont pourtant mes préférés (mes deuxième étant ceux aux crevettes qui sont aussi les préférés de ma mère, et en troisième le fromage. Vous savez tout.) A côté il y avait des pommes dauphines et des haricots, ça faisait très chic. Et en dessert une mousse au chocolat on n’y était pas encore mais je l’avais vue dans le frigo et j’en avais encore des palpitations.
- On t’entend plus FdB, qu’est-ce qui t’arrive ?
- J'ai jamais rien mangé d’aussi bon de ma vie ! ai-je presque pleuré.
Ils ont ri de ma misère gustative, puis Grenade a dit :
- Il paraît qu’il faut qu’on te raconte comment on a créé Kartrouville Ex.
- Oh, a fait Litchi. On lui fait confiance ?
- Apparemment.
Soyez pas trop enthousiastes surtout. Grenade était debout appuyé contre le plan de travail, comme d’habitude il mangeait pas avec nous, c’est un truc auquel j’ai fini par m’habituer à force de trainer ici. De temps en temps il s’asseyait un peu entre Noisette et Kiwi, puis il se levait pour faire sa vie tout en restant dans la pièce. Si j’avais eu du mal à l’imaginer en prof de fac, quand il a commencé à parler j’ai compris tout de suite. Il était fait pour ce genre de métiers.
- Il y a environ dix ans, a-t-il commencé, on s’est rencontrés tous les quatre dans le même hôpital. Noisette, Litchi, Kiwi et moi. Kiwi ne devait y rester qu’une semaine ou deux, mais il a attrapé une infection nosocomiale de la violence que je te laisse imaginer. Un streptocoque de type A, cette saloperie le dévorait par les extrémités.
- Doucement avec les détails, a mis en garde Kiwi avec un regard anxieux vers son clone.
- C’est vrai, Excuse-moi. Donc Kiwi est resté à l’hôpital un bout de temps. Moi j’étais cinq étages au-dessus, dans la section des grands brulés, et quand j’ai commencé à aller mieux, je descendais le voir. Dans la chambre à côté de la sienne, il y avait une espèce de folle qui n’arrêtait pas de hurler.
- Hé, a coupé Litchi. J’étais pas folle, j’avais mes raisons.
A ma surprise, elle s’est tournée vers moi :
- Cancer, m’a-t-elle expliqué. On m’avait enlevé les ovaires et l’utérus et dès que j’étais remise je devais commencer une chimio. Mais je ne m’en remettais pas... je ne voulais pas m’en remettre, je préférais pourrir dans cette chambre. A l'époque... je voulais des gosses. C’était il y a longtemps. Mais crois-moi il y avait de quoi crier.
- Clairement, Litchi, a repris Grenade. Mais j’ignorais tout ça, et pour moi tu étais juste “la folle de la 304”.
Litchi a accepté le surnom sans broncher. Grenade a continué :
- A l’inverse, Kiwi ne parlait plus trop, même à moi.
- Qu’est-ce que tu racontes ? a fait Kiwi. J’étais tué de fièvre, comment tu voulais que je parle ?
- Ton silence n'était pas dû à la fièvre, Kiwi.
Kiwi a eu l’air mal à l’aise :
- Alors c’était juste que... je sais pas... j’avais la tête ailleurs, c’est normal, non ?
Imaginer Kiwi foutre des vents à son Grenade adoré, c’était nouveau, et certainement pas normal. Il ne devait vraiment pas aller bien. Je sais que c’est on ne peut plus logique de faire la gueule quand on se tape de la gangrène, mais vous connaissez pas Kiwi. C’est bizarre. Ou alors, peut-être que c’est moi qui le connais pas. Je n’ai pas eu le temps de méditer là-dessus car Grenade a repris :
- C’est ça. Kiwi avait la tête ailleurs, H24. Je ne savais pas du tout quoi faire. Mais ça me faisait du bien d’entendre les hurlements de la folle de la 304 briser son silence.
- Ce mélo, s’est moqué Kiwi gêné.
- C’était pareil pour moi, est intervenu Noisette : voir ma copine dans cet état... désolé Litchi, mais tu avais vraiment l’air d’une folle. Elle refusait de se lever, elle me hurlait de ne pas rester avec une femme stérile et tout un tas d’autres horreurs. Alors quand je passais devant la porte ouverte du gamin amputé de la 302, qui était tout sage... ça m’apaisait. Ça me donnait des forces.
- Arrêtez ça ! J'étais pas si silencieux !
- Je crois que tu te rends pas compte, a fait Noisette.
Mon téléphone a sonné à ce moment-là. Bordel qui c’est qui vient m’emmerder pendant ce moment crucial ? Evidemment, c’était notre cher Diakité. Qu’est-ce qu’il me veut encore ? En plus il m’appelle sur mon téléphone “Victor Carmin”, je vais dire quoi si mes copains de Kartrouville Ex se rendent compte que j’ai deux téléphones ? Bon il y a peu de chance parce que mon faux téléphone n’a jamais sonné devant eux mais c’est quand même chaud. Allez hop, je rejette son appel. L’histoire de Grenade est plus intéressante que les crises de paranoïa de mon collègue.
- Et puis l’improbable s’est produit, disait Grenade : Litchi et Kiwi sont devenus potes. Litchi qui pendant longtemps refusait de sortir de sa chambre a décidé un beau matin de se trainer jusqu’à la 302, et ils sont devenus inséparables. On n’a jamais vraiment compris, Litchi criait tout le temps, Kiwi n’ouvrait pas la bouche, mais ils ne se quittaient plus, c’est limite s’ils étaient pas devenus co-dépendants. J’imagine qu’ils avaient trouvé l’un chez l’autre ce dont ils avaient besoin. Noisette et moi, on s’était rapprochés aussi.
- A force de se croiser complètement dévastés dans les couloirs, a précisé Noisette, ça crée des liens. La première fois qu’on s’est parlé, tu t’en rappelles Grenade ? J’étais sorti dans le couloir et j’avais craqué, je m’étais mis à pleurer. Grenade est sorti de la 302 et m’a fait m’asseoir, m’a écouté m’épancher. Il est allé me chercher un chocolat chaud au distributeur, je m’en rappelle. Il avait tous ces bandages sur la tête, avant ce jour-là je ne savais pas que ce n’était qu’un ado. Quelle vie.
- Ouais.
Ils se sont tous tus un moment.
- Moi aussi un jour j’ai craqué, a dit Grenade d’une voix un peu différente. J’en pouvais plus que Kiwi refuse de me parler, je me suis mis à lui crier dessus, à le secouer.
- C’est qui le dingue, maintenant ? s’est moquée Litchi.
- ...Et Noisette a déboulé dans la chambre et nous a séparés. J’étais en larmes et ça me brûlait la peau. Kiwi réagissait pas.
Kiwi a eu un mouvement agacé. Cette conversation lui plaisait pas.
- FdB, je t’abrège le mélo : donc on s’est mis à passer du temps tous les quatre, c’était émotionnellement plus facile pour nous tous, apparemment. On pensait que c’était un genre d’amitié de circonstance, qu’on était tout les uns pour les autres dans cet hôpital mais que dès qu’on en sortirait on se perdrait de vue. Et c’est là que Chibs entre dans l’histoire.
En face de moi, Chibi Kiwi écoutait, captivé.
- Je savais que j’avais un clone, bien sûr, mais je ne m’étais jamais trop posé de questions là-dessus. Quand on a commencé à m’amputer, je n’ai pas pensé à ça, et on ne m’en a pas parlé, les médecins essayaient surtout de me maintenir en vie, et de stopper la propagation de la nécrose. Mais un beau jour, on m’annonce qu’on commence à en voir le bout, qu’on va amputer la totalité des bras et des jambes pour se faire une marge de sécurité, puis qu’on va me greffer ceux de mon clone et que tout redeviendra comme avant. Ça m’a fait paniquer. Je me suis dit que je ne pouvais pas accepter ça. J’en ai parlé aux autres, et on a décidé qu’il fallait qu’on libère Chibi. Alors le jour où l’opération était prévue, on a...
- Tu vas beaucoup trop vite, l’a stoppé Grenade.
Kiwi a protesté, mais j’étais plutôt d’accord avec Grenadine pour le coup. Je voulais les détails dramatiques, moi ! Heureusement, le masqué a repris le contrôle de la narration :
- J’ai fini par sortir de l’hôpital, et je revenais voir Kiwi en tant que visiteur. Son état commençait à s’améliorer. On l’avait réamputé d’un cran sur chaque membre et a priori ça ne gangrénait plus. Mais il ne parlait toujours que par monosyllabes, il ne s’intéressait à rien, n’avait pas de volonté... Laisse-moi finir Kiwi ! Un beau matin, je rentre dans la chambre comme d’habitude, prêt à parler tout seul pendant deux heures. J’ouvre la porte et là, je tombe sur son regard, droit dans les yeux. Une seconde j’ai cru que je m’étais trompé de chambre. Il me dit : “ Rahim, t‘es là ! Ecoute j’ai eu une idée terrible”, j’en revenais pas. Il s’est mis à me parler à toute vitesse comme s’il voulait rattraper tous ces mois de silence. Sauf qu’il ne répondait pas à mes questions, il ne me parlait que de cette histoire de clone et de greffe – j’étais déjà au courant –, qu’il fallait sauver son clone avant qu’il ne se fasse amputer. Pour moi c’était complètement absurde... Désolé Chibi... Je n’étais pas d’accord, ça m’a même mis en colère. Je voulais que Kiwi retrouve ses membres, qu’il redevienne lui-même. Pour moi cette histoire c’était du délire psychotique. Je n’ai jamais été pour le clonage, mais dans une situation pareille, bien sûr que je me disais que le clone n’avait pas de conscience, et que ce n’était pas si grave de lui prendre ses membres, si ça pouvait faire redevenir mon Kiwi comme avant. Kidnapper un clone, c’est un crime grave. J’ai dit à Kiwi qu’il était dingue de vouloir s’embarquer là-dedans. Mais il écoutait rien. Il avait recommencé à parler, mais il n’écoutait toujours pas. Il a tapé dans le mur avec sa tête pour appeler Litchi, qui a débarqué et s’est mise à me répéter les mêmes conneries. Apparemment ils en avaient parlé toute la nuit.
- Je ne sais même pas comment Kiwi a fait pour me convaincre de voler son clone, a fait Litchi en riant. Je crois que j’étais dans une spirale destructrice. J’avais envie de tout faire péter. Kiwi m’aurait dit : ”viens on fabrique une bombe et on la jette par la fenêtre”, je crois que j’aurais accepté. J’étais vraiment devenue folle, finalement.
- Et moi, a fait Noisette. Je n’étais au courant de rien. Ils m’ont mis devant le fait accompli. Raconte-leur, Grenade.
- J’y arrive. Non seulement l’idée que Kiwi ne retrouve jamais ses membres me terrorisait, mais en plus, étant moi-même un clone rappelé, je pensais qu’il avait pris cette décision à cause de moi, comme s’il voulait me prouver quelque chose. Et ça ne me plaisait pas. J’ai préféré partir avant de me mettre à lui crier dessus. Chibi, il faut que tu saches que Kiwi a eu beaucoup de mal à me convaincre de te sauver.
- T’inquiète je comprends, a fait Chibi d’un ton adulte qui m’a surpris. Un clone inconscient ou les membres de la personne que t’aime. Pour moi le choix aurait été vite fait.
- Exact. J’aurais accepté de tuer des innocents pour Kiwi. Alors un clone endormi chez Santorga, c’était quoi ?
Dring. Re-Diak. Il commence à me faire chier ! C’est vrai qu’on s’est pas vus depuis au moins une semaine et demi, le malheureux doit crever la dalle, mais oh, j’ai une vie ! Et puis qu’est ce qu’il m’appelle à 21h, me dites pas qu’il est encore au bureau ? il a pas autre chose à foutre ? Ce boulet bordel. Appel rejeté. Et bim. Avec ces conneries j’avais raté la manière dont Kiwi avait rougi quand Grenade n’avait pas nié le “la personne que t’aime”. Mais genre que Grenade aime Kiwi. J’ai plutôt l’impression qu’il joue avec et c’est pas cool du tout, même si dans le fond, ça m’arrange.
- Mais j’ai fini par céder, continuait de raconter Grenade. Kiwi parlait de ça tous les jours, lui et Litchi travaillaient sur un plan... ils l’auraient fait, avec ou sans moi. Mais sans moi ils avaient peu de chance, ils pouvaient à peine se déplacer sans aide. Kiwi était devenu complètement obsédé par cette histoire, et même si je désapprouvais, je ne pouvais pas ne pas voir que ce projet était ce qui l’avait rappelé à la vie. Sans ce clone à sauver, il se laisserait dépérir comme il le faisait depuis des semaines. Peut-être que j’étais un peu jaloux, que la raison de vivre de Kiwi soit ce clone et pas moi. Mais en tout cas, l’obsession de Kiwi a fini par devenir la mienne. Ça se passe toujours comme ça entre nous. Depuis qu’on est gosses Kiwi arrive à m’entrainer dans toutes ses combines.
Grenade a arrêté de parler pendant un moment. Tout le monde attendait la suite. Il s’est penché et a attrapé et secoué avec tendresse le chignon presque défait de Kiwi, qui a répondu avec un rire un peu triste. Grenade a gardé la main sur l’épaule de son copain quand il a repris :
- Mon vœu le plus cher, c’était que Kiwi redevienne comme avant. Et je me suis rendu compte que ce Kiwi-là, avec son projet fou qui lui mettait des flammes dans les yeux, même sans ses membres il ressemblait plus à qui il était avant que le Kiwi que j’avais fréquenté ces dernières semaines, qui ne réagissait à rien. Alors j’ai décidé de les aider à voler ce foutu clone.
- Yeaah ! a fait Chibi.
Ce putain d’emmerdeur de Diak de merde m’a appelé pour la troisième fois. Il me soule purée ! Pourquoi il me harcèle ? J’allais éteindre mon tel une fois pour toutes, mais une petite voix dans ma tête m’a dit que c’était une mauvaise idée. Si Diak a absolument besoin de me joindre, il allumera ma boucle d’oreille. Et dans ce cas il saura que je suis en train de diner chez l’ennemi sans l’avoir prévenu, et je serai obligé de lui donner toutes les infos que j’avais gratté aujourd’hui. Pas bon, ça.
- Pardon, j’ai fait en me levant. Je vais prendre cet appel j’en ai pas pour longtemps. Attendez-moi pour raconter la suite.
Je suis parti me planquer dans la salle de bains :
- Allo ?
La voix de mon collègue était imbuvable :
- Tiens ? On répond cette fois ?
- Qu’est-ce que tu veux Diak ? J’ai pas toute la soirée.
- Je te dérange ? Tu es occupé peut-être ?
- Exactement.
J’ai senti que si je voulais qu’il me lâche j’allais devoir lui donner plus de détails :
- Je suis avec ma mère, là, alors abrège.
- Ta mère ?
Que voulez-vous, en dehors de Santorga et de KEx, j’ai un cercle social un peu restreint.
- Ben ouais, ma mère. Ça te pose un problème ? On est en train de jouer au scrabble et j'ai fait un mot compte triple avec emmerdeur que j’ai placé sur le E de dégage.
- Toujours aussi subtil, Carmin. T’as rien à me dire ? Il n’y a pas quelque chose que tu voudrais m’avouer ?
Bien que je sois hyper pressé, j’ai pas résisté à jouer un peu :
- Oh Drissou-Lapin, tu sais que je meurs d’envie de te dire je t’aime mais notre patron ne l’accepterait pas.
Il y a eu un silence froid, et puis Diak a dit avec sa voix agacée :
- Rien d’autre ? Je peux considérer que tu n’as rien à me dire même après que je te l’ai demandé expressément ?
- Mais de quoi tu parles, à la fin ?
- Laisse tomber. J’ai tout ce qu’il me faut. Je te laisse retourner t’amuser avec... ta mère. Mais pour info, il y a trop de lettres à emmerdeur pour en faire un mot jouable, même en reprenant le E d’un autre mot. Travaille tes mensonges, le sous-doué.
- Je t’emmerde blaireau ! Pourquoi tu m’as appelé ? ...Diak ? ...Allô ?
J’y crois pas. Après m’avoir harcelé au téléphone ce salaud venait de me raccrocher au nez. Est-ce que ce n’est pas ça qu’on appelle un pervers narcissique ? ça m’a laissé un peu inquiet. Quel appel étrange. Il tentait de me faire avouer quelque chose qu’il ignorait, comme s’il avait des doutes sur ma loyauté mais pas de preuves. Deux possibilités :
1. Il soupçonnait que j’étais avec KEx, mais comment il pourrait savoir ça ?
2. Il soupçonnait que j’étais chez un autre plan cul que lui, mais d’où il a le droit d’être énervé ?
Dans tous les cas, c’est bizarre et ça peut avoir de sales conséquences. J’ai enlevé ma boucle d’oreille et je l’ai laissé sur la tablette du lavabo. Je la récupérerai en partant. Aucune idée de la portée de ce truc, j’espère que ça dépasse pas une porte fermée.
J’ai rejoint Grenade et les autres, prêt à entendre la suite de l’histoire :
- Désolé, c’était mon plan cul qui me faisait son caca nerveux de la semaine. Un boulet j’vous jure...
- C’est quoi un plan cul ? a demandé Chibi Kiwi.
Il est sérieux le copier/coller ? Apparemment oui. Aie. Quatre paires d’yeux me fixaient, menaçantes, prêtes à m’étriper si je pervertissais l’âme de leur bébé. Il allait falloir que je rattrape ça.
- C’est le surnom que je donne à... euh... à mon... alors...
J’allais jamais y arriver.
- A qui ?
- A un type que je... euh...
J’ai ployé sous la pression des regards assassins :
- A mon amoureux.
Jésus Marie Joseph, c’est le pire mensonge de ma vie. Mon double-jeu avec KEx est un moins gros mytho que ça. Heureusement que j'avais enlevé ma boucle d’oreille, si Diak entendait un truc pareil, il couperait court à notre relation.
Kiwi ricanait de ma mine déconfite. Est-ce qu’il serait pas jaloux, des fois ? Difficile à dire, surtout avec Grenade dans les parages.
- T’es vraiment bizarre, a commenté Chibi Kiwi.
- T’as pas idée, s’est gentiment moqué son original.
- Bon, on peut reprendre ? j’ai coupé un peu vexé. On en était à quand Grenade a accepté d’aider à voler Chibi Kiwi. Comment vous avez fait ?
Tel un grand chef indien, Grenade a repris son histoire devant notre silence attentif :
- Kiwi et Litchi avaient déjà mis en place une espèce de plan, un truc complètement saugrenu.
- Plus saugrenu que le faux-plafond et les poubelles ?
- Sincèrement oui. Le clone de Kiwi devait arriver quelques heures avant qu’ils ne commencent la greffe. Ça ne nous laissait pas le temps d’agir, il aurait été directement envoyé en salle d’opération. On devait gagner du temps, pour ça il fallait que l’opération soit décalée, et ce au dernier moment, une fois que le clone était dans l’enceinte de l’hôpital. La solution qu’avaient trouvé nos deux génies, c’était de faire tomber Kiwi malade. Ils étaient partis sur une intoxication alimentaire. Mon premier acte en tant que terroriste a donc été de cuisiner et de faire avaler à Kiwi de la nourriture toxique.
- Rien que d’y penser, mon Dieu ! a fait Kiwi avec une grimace de dégoût. C’était abominable. Il m’avait fait des œufs pourris avec du décongelé/recongelé, tout passé au mixeur dans du lait caillé baaaah. Je pourrais vomir rien qu’en y repensant.
- Je faisais le guet dehors, a ajouté Litchi. Kiwi devait être à jeun pour l’anesthésie alors on devait faire ça en cachette. Mais je sentais l’odeur depuis le couloir. J’en revenais pas qu’il ait pu manger.
- Tout ça pour Chibi.
- Je savais pas, a murmuré le clone ému.
Kiwi lui a fait un clin d’œil :
- Et ça a marché du feu de Dieu. Quand les infirmiers sont venus me chercher pour les greffes, j’avais super mal au ventre et je me suis mis à vomir partout. Ils ont été obligés de décaler l’opération.
- Ils lui ont fait un lavage d’estomac, a fait Grenade, et vu ce qu’ils ont retrouvé dedans ils ont évoqué l’hypothèse d’une tentative de suicide. Le pauvre arrêtait pas de se vider par les deux...
- Les détails ! l'a coupé Kiwi. On est en train de manger là !
Ils riaient tous les deux, puis Kiwi a repris :
- Bref, c’était gore, mais grâce à mon sacrifice, mon opération a été décalée et mon clone rangé quelque part en attendant. Moi j’étais cloué au lit en observation, donc c’est Litchi qui a pris le relais.
- J’avais encore du mal à marcher, a fait celle-ci, mais j’étais déterminée à le trouver. J’ai mené mon enquête, les infirmiers m’ont dit dans quelle aile il était, et en allant trainer là-bas j’ai fini par trouver l’endroit exact. Tout le personnel était émerveillé quand ils me voyaient marcher hors de ma chambre, si je me faisais choper là où je n’avais pas le droit d’être on me ramenait sans rien me reprocher, je craignais rien. Chibi était dans une salle de stockage, toujours dans sa capsule Santorga. Ça m’a fait quelque chose de le voir. Tout ce que je voulais c’était foutre le bordel, mais quand j’ai eu le clone devant moi, qui ressemblait tellement à Kiwi et à qui on allait retirer les membres volontairement, mes raisons ont changé. C’était inacceptable. Mais je ne pouvais pas faire grand-chose toute seule, alors la veille du jour ou l’opération avait été décalée, Grenade a demandé l’autorisation de passer la nuit à l’hôpital avec Kiwi. Il est venu avec une valise géante, qui contenait une énorme peluche.
- Chien-Patate, a rigolé Kiwi. Je l’ai toujours il est dans ma chambre. C’était un super cadeau !
- Content qu’il t’ai plu, a répondu Grenade. A la base c’était juste un prétexte pour amener la valise géante, mais j’ai quand même mis du temps à le choisir.
- T’as gardé ce monstre ? a fait Noisette sidéré.
- Pour la vie je le garde, je me ferai enterrer avec.
- Mon Dieu.
J’avais déjà eu l’honneur de rencontrer Chien-Patate le Saint-Bernard quand Kiwi m’avait montré sa chambre. Et je confirme qu’il était énorme, je crois qu’aucun vrai chien n’est aussi gros. Je suis même étonné qu’il ait pu tenir dans une valise.
- En pleine nuit, a continué Grenade, je suis passé chercher Litchi et on est allés kidnapper le clone. On se doutait qu’il ferait du bruit si on le réveillait, alors on l’a bâillonné et on l’a mis dans la valise. A moi aussi ça m’a fait quelque chose de voir le sosie de Kiwi ouvrir les yeux et nous regarder sans rien comprendre. Ensuite on a rejoint Noisette à l’accueil, il y avait un peu de monde mais personne s’est douté de rien. Pour la première fois depuis son arrivée ici, Litchi voulait prendre l’air. Le personnel de nuit était enchanté. On est allés jusqu’à la voiture de Noisette et là on lui a déballé le clone devant le nez.
- J’aurais bien aimé être là, a soupiré Kiwi. Je n’ai vu Chibi pour la première fois que des mois après. Tout ce que j’ai fait pour le sauver c’est vomir.
Chibi a essayé de répondre, mais il n’a sorti qu’un balbutiement ému. C’était sans doute la première fois qu’il entendait cette histoire avec autant de détails.
- Je n’étais pas du tout au courant de ce qui m’attendait, a dit Noisette. Litchi m’avait dit : “Viens à l'hôpital a 23h et attends-moi à l’accueil, je t’amène un cadeau”. Je les vois avec la grande valise, je n’avais aucune idée de ce que ça pouvait être. Puis ils l’ouvrent et là je découvre le petit de la 302 à poil, bâillonné, et avec ses membres. Il a fallu que je m’assoie. Quand j’ai compris que ma fiancée attendait de moi que je ramène cette créature à la maison et que je la protège au péril de ma vie, j’ai cru que c’était une caméra cachée, que j’étais dans un film. Mais non. Alors moi aussi j’ai marché dans la combine. Litchi avait accepté de sortir pour la première fois pour me confier ce clone. Elle qui ne voulait pas m’offrir une vie sans enfants, elle me ramenait ce petit être, dont il fallait prendre soin jusqu’à ce qu’on trouve une solution. Bien sûr que j’allais faire tout mon possible. Je l'ai ramené à la maison et je l’ai élevé comme j’ai pu.
- Deux semaines après, a ajouté Grenade, Litchi quittait l’hôpital. Elle s’était remise à manger et à faire ses exercices sérieusement, tellement elle avait hâte de sortir. Les greffes de Kiwi ont été annulées, mais on a commencé à nous parler de prothèses cybernétiques. On allait tous mieux. J’allais chez Litchi et Noisette quand je pouvais pour les aider avec le clone, et quand on s’est rendus compte qu’on ne s’en sortirait pas tous les trois, Kiwi a appelé ses grands-parents et les a mis dans la confidence.
Le leader a fait tourner pensivement sa fausse main puis a pris la parole :
- Les choses auraient dû s’arrêter là, mais il s’est passé deux trucs qu’on avait pas du tout prévu, et qui ont tout changé. Le premier, c’est qu’on a pas été découverts. J’étais persuadé qu’on serait les premiers soupçonnés quand ils verraient que mon clone avait disparu. On aurait déclaré qu’on refusait de le rendre, ça aurait fait un scandale, j’imaginais ça. Mais les rares fois où on a été interrogés, c’était par des cellules de soutien qui faisaient tout pour ne pas nous brusquer. Les médias ont dit que les voleurs étaient des monstres dangereux qui avaient sans doute comme motif de revendre les organes du clone au marché noir. Nous qui voulions juste commettre un petit acte de rébellion, en n’étant pas découverts on est devenus des criminels.
Kiwi a fait une pause pendant laquelle ils se sont tous regardés, puis il a repris :
- Le deuxième truc, c’est que mes parents ont voulu porter plainte contre Santorga et contre l’hôpital. Pour éviter ça, Santorga a financé mes prothèses, et remboursé mes parents de tout l’argent qu’ils avaient investi dans le clone. L'hôpital a aussi versé une grosse somme. Mes parents m’ont fait cadeau de tout cet argent, et je me suis retrouvé plein aux as, du jour au lendemain.
Grenade a continué :
- Pendant ce temps, Litchi, Noisette, les grands parents de Kiwi et moi, on se relayait pour élever le clone en cachette. Quand Kiwi est sorti de l’hôpital et l’a enfin rencontré, il a dit à voix haute ce qu’on commençait tous à penser : Les clones doivent vivre. Tous. Litchi avait entamé sa chimio, Kiwi devait se faire poser et contrôler ses prothèses, apprendre à les manier, tous les deux retournaient à l’hôpital souvent. Un jour l’occasion s’est présentée de voler un autre clone là-bas. On... n’a pas réussi, par manque d’organisation, mais on était prêts à le faire sans hésiter. On envisageait plus nos vies autrement. Quand il a eu 18 ans, Kiwi a utilisé son argent pour acheter un grand bâtiment en banlieue, et ses grands-parents s’y sont installés avec Chibi. Ils ont fait de la place pour tous les clones qu’on pourrait sauver dans le futur. Kartrouville Ex était né.
- Pour l’endroit où tout a commencé, a expliqué Kiwi. La section K de l’hôpital de Sartrouville. On y a passé tellement de temps, on était tellement jeunes. J’avais 16 ans. Grenade en avait 20-mais-14. Si ça avait été à refaire, j’aurais refait exactement pareil.
- Moi aussi, a fait Litchi. Aucun regret. Et on ne fait que commencer.
- Exact, a dit Noisette. On les sauvera tous, sans exception.
- Prochaine étape : les 12000 clones de Santorga Cergy.
Quelque chose dans leurs yeux à tous m’a empêché de rigoler. J’étais des leurs, corps et âme. J’ai ravalé mon cynisme et dans un élan de foi j’ai saisi la main de Litchi à ma droite et le port de l’épaule de Kiwi à ma gauche. J’ai déclaré, et l’émotion dans ma voix n’avait rien de feint :
- On va changer l’Histoire.
J'aime bien ce que tu dis, une dystopie au ton léger, c'est ce que je voulais faire! A l'époque où j'ai écrit KEM j'étais eco anxieuse, et je voulais écrire un monde futur ou tout a foutu le camp mais les gens se sont adaptés, je pense que c'est ce que les gens font toujours, et a la fois c'est triste, a la fois c'est rassurant.
De mémoire, Driss a appelé pour confronter carmin, il est toujours bloqué sur le fait que lui est kiwi se soient embrassé hahahaha le niveau de seum est maximal :p
Ah ah, j'adore l'attitude "parentale" de l'équipe : "on dit pas putain !", exactement comme quatre parents pourraient sortir à leur gosse.
Purée, ça me fait mal pour Diak de voir que Fdb n'a pas l'air de tenir à lui plus que ça... il n'a pas de bol d'être amoureux d'un couillon pareil tout de même.
Bon, c'est cool, ils ont parlé de la naissance de Kex... mais pas du tout ce que qu'il est arrivé à Grenade et Kiwi en fait ! Pfff... ce sadisme là... ;)
Et ils étaient bien plus jeunes que je ne l'imaginais à cette époque... (pourtant, c'était évident, vu que c'était il y a dix ans, mais je ne sais pas, je les voyais pas ados lorsqu'ils ont eu leur accident).
Putain c'est une mauvaise idée de laisser sa boucle d'oreille dans l'appart de "l'encore ennemi" là...
Ah ah, pauvre Noisette, on apprend à connaitre un peu plus Noisette et Litchi dans ce chapitre aussi, c'est cool :)
Quelle galère a ammener, tous ces flashbacks ! Je suis contente que t'aies remarqué que celui-ci était incomplet !
aaah, Noisette ! Il ne sert pas à grand chose et ça me faisait trop rire à écrire (c'est un peu mon running gag xD pauvre Noisette)
Très beau chapitre. Je ne m'attendais pas à ça concernant la création de Kex.
Ca commence à devenir intéressant, on va très vite savoir de quel côté est Driss !!
Par contre Driss et Victor filent du mauvais coton à se tirer dans les jambes. On sait plus trop qui est avec qui ! Et Fdb qui va oublier sa boucle d'oreille omg je le sens mal !
Tu sais maintenant comment des boulets pareils ont fini par devenir des terroristes anti-clonage !
Il était hyper dur à gérer ce chapitre, les moments grandes révélations et récits sur ce qui s'est passé avant l'action en cours, je trouve que c'est toujours la merdasse pour les auteurs, et franchement tu l'as vraiment super bien géré.
Je me rappelle avoir trouvé ça super fluide la première fois où je l'ai lu, dynamique, bien conduit, émouvant (le moment ou Kiwi ne parle plus T____T, le moment où Rahim pète un câble, le moment où Kiwi vomit, le moment où Noisette voit débarquer un enfant tombé du ciel dont il faut prendre soin rahhhhhhhhhhh <3)
Bref comme toujours super émouvant, poignant, ça me l'avait fait à l'époque, je repense la même aujourd'hui.
C'est le moment aussi où j'avais enfin de l'empathie pour Litchie, avant ça je ne l'aimais pas du tout à cause du moment où elle s'était barrée pendant l'épisode en Franche Comté, j'aurais carrément réagi comme Grenade moi, à lui foutre une baffe, bref, mais là, le coup de ce qu'elle a vécu... on comprend mieux sa façon de penser le combat...
C'est sûr que FDB passe après la libération des clones dans sa tête, elle les voit comme des enfants à libérer..
J'aime aussi énormément ce chapitre parce qu'on apprend que Grenade s'appelle Rahim et que j'adore ce prénom, et puis c'est trop lui, quoi.
Liam et Rahim ça sonne tellement bien en plus, tellement le destin.
J'adore aussi tu le sais, comme tu arrives toujours à glisser des moments un peu marrants, genre celui-là:
"J’étais surpris et un peu flatté. C’est pas tous les jours que j’ai un public réceptif. Je l’ai peut-être mal jugé ce brave Chibi."
LOL la subjectivité absolue de FDB, qui se met à apprécier les gens dès que les gens l'apprécient... il me fait trop rire XD
Purée mais Diak voilà, c'était ça la solution t'aurais dû rire à ses blagues toutes ses années au lieu de le casser à tout va, c'était pas plus compliqué que çaaaaaaaaaaaaaaaaa!
Bon reprenons-nous.
L'appel de Diak est bien, par rapport à ce que tu disais. Je pense que si t'en as envie comme tu y réfléchissais, de le retravailler, ouais pourquoi pas, mais on comprend l'essentiel il me semble.
Le moment ou Kiwi vomit tu le compte dans les émouvants ? WTF XDD
J'avoue, Liam et Rahim, Rahim et Liam... ça va bien ensemble !
Jamais Diak aurait renoncé a sa dignité au point de rire aux blagues de Carmin ! Jamais !
faut que je rebosse faut que je... mais j'ai trop la flemme T.T
Bon après y avait rien de bien constructif pour toi à part peut-être 2-3 fautes, mais flemme de les retrouver. Le reste c'était des OMG ! Olala ! Oh !
Bref, c'est hyper intéressant de voir les origines et l'investissement des 4 Originaux est plutôt bien argumenté. A aucun moment je me suis dit "ah ouai, mais là .... ce n'est pas possible ... jamais quelqu'un·e aurait agit comme ça" donc bravo pour ça !
J'ai juste relevé ça :
"Il me dit : “ Rahim, t‘es là ! Ecoute j’ai eu une idée terrible”"
-> Maintenant je ne laisse plus passer les indices ! Enfin j'essaie xD FdB dit rien là-dessus, mais bon Grenade a laché son prénom dans le plus grand des calmes xD
Kartrouville c'est la ville de Sartrouville avec un K olala, depuis le début j'étais là "non mais ça me dit un truc en vrai, mais j'sais pas quoi" ahah !! En fait, je ne sais pas pourquoi, mais je me sens d'autant plus investie dans un roman quand j'arrive autant à situer les lieux, fin c'est pas pareil ^^
Oh tu connais Sartrouville ? Je suis impressionnée xDD
Contente que ce chapitre ait fonctionné pour toi, j'ai beaucoup galéré avec, à raconter un flashback d'un point de vue de quelqu'un qui n'était pas présent à l'époque... ça donne des gros pâtés de dialogues, pfiouuu ! mais j'ai la flemme de tout réécrire au discours rapporté "juste pour voir" xD
Ahah oui je connais, je passais en train quand je bossais à Cergy et que j'habitais près de Courbevoie ^^
Pour la forme, je pense que c'est perfectible. C'est vrai que le format dialogue n'est pas facile, et vu tout ce que tu as à raconter, je trouve que tu ne t'en tires pas si mal.
Mon ressenti, c'est que tu devrais pouvoir rendre ce dialogue plus dynamique si :
- tu raccourcis (je sais que les coupes sont toujours un crève-coeur, mais je pense que c'est trop long, il faudrait enlever certains détails)
- tu intercales des phrases narratives dans les répliques trop longues,
- tu ajoutes de l'introspection de FdB. Même si tu réserves ses réactions de fond pour plus tard, dans un autre chapitre tu peux quand même le faire réagir plus "superficiellement" ici. Parce qu'en fait, jusqu'à la dernière phrase, on a aucune idée de ce qu'il pense. Or, c'est son point de vue et ça fait très bizarre de n'avoir aucune réaction en temps réel, alors qu'il en donne tout le temps, d'habitude.
Tu verras ci-dessous que plusieurs passages m'ont paru loin de la syntaxe FdB. Vocabulaire trop recherché ou phrases trop structurées. A moins que tu cherches à montrer qu'il s'améliore sur ce plan-là ? Mais sinon, je pense qu'il faut que tu revoies ça. Par exemple, je te conseillerais de ne pas inverser sujet et verbe dans les incises à la première personne. A la troisième personne, ça passe, mais à la première, ça fait vraiment littéraire.
Exemple : " - Bon, on peut reprendre ? ai-je coupé un peu vexé." --> "- Bon, on peut reprendre ? j'ai coupé un peu vexé." Le fait qu'il n'y ait pas de majuscule à "j'ai", suffit à l'identifier comme une incise, tes lecteurs ne s'y tromperont pas, tu peux y aller.
Sinon pour l'histoire, tu y es pas allée de main morte avec l'histoire de la gangrène ! :D
Détails et pinaillages :
"Ils ont commencé à communiquer la nuit, en tapant dans le mur entre eux." : Euh... Kiwi tapait contre le mur alors qu'il était amputé des quatre membres ? Avec sa tête, alors ? Toute la nuit ? Là y a un truc qui me parait pas possible...
"Heureusement, le grand masqué a repris le contrôle de la narration : " : elle ne fait pas très FdB, cette phrase.
"Il me dit : “ Rahim, t‘es là ! Ecoute j’ai eu une idée terrible” " : il a un peu trahi son prénom, là, non ?
"- J’ai fini par sortir de l’hôpital,[...] Apparemment ils en avaient parlé toute la nuit. " : je pense qu'il faut que tu coupes cette réplique, elle est un peu longue. Par une réaction de Kiwi, par exemple, genre "Pfff t'exagères encore ", ou un truc comme ça.
"Avec ces conneries j’avais raté la manière dont Kiwi avait rougi quand Grenade n’avait pas nié le “la personne que t’aimes”." : j'avais presque raté, non ? Parce que s'il a raté, comment peut-il le raconter ? (oui : pinaillage)
"Grenade a gardé la main sur l’épaule de son leader quand il a repris : " : ça fait bizarre "leader", dans cette phrase et vu ce qui est en train de se raconter. "Pote", non ? "Ami" ?
"Quel appel étrange. Il tentait de me faire avouer quelque chose qu’il ignorait, comme s’il avait des doutes sur ma loyauté mais pas de preuves." : ce passage ne fait pas très Fdb. La syntaxe est trop structurée.
"J’ai ployé sous la pression des regards assassins :" idem, plier passerait mieux que ployer. Ou céder
"Tel un grand chef indien, Grenade a repris son histoire devant notre silence captivé : " : idem
"Nous qui voulions juste commettre un petit acte de rébellion, en n’étant pas découverts on est devenus des criminels. " : après cette phrase, je mettrais une phrase narrative 1) pour couper le pavé de la réplique, 2) parce que ce qu'il dit n'est pas anodin. Il pourrait hausser les épaules pour montrer que ça ne lui fait finalement ni chaud ni froid, ou au contraire faire un grand sourire qui montrerait qu'il en est fier. Ca illustrerait tout le propos du débat avec Bambi sur ton JdB : le fait que sa perseption est faussée.
"Quelque chose dans leurs yeux à tous m’a empêché de rigoler. J’étais des leurs, corps et âme. J’ai ravalé mon cynisme et dans un élan de foi j’ai saisi la main de Litchi à ma droite et le port de l’épaule de Kiwi à ma gauche. J’ai déclaré, et l’émotion dans ma voix n’avait rien de feinte :" : encore une fois, la syntaxe ne ressemble pas à FdB
A+
Par contre c'est vrai que Fdb est devenu naiseeeeuuux, ça m'avait pas trop dérangé dans les autres chapitres, mais là le manque d'autodérision et le full lyrique ça fait un peu bizarre, surtout qu'il s'est passé max une heure depuis le dernier chapitre donc je pense qu'il faudrait remettre de l'humour salace là-dedans, et un peu pus d'autidérision.
Ah aussi pour le titre du chapitre, le sous-titre plutôt, "by à peu près tout le monde sauf FDB" bah pour moi c'est l'inverse XD, c'est un POV FdB, c'est juste que les persos n'arrêtent pas de raconter leur vie. "by FdB qui fou rien et qui écoute" ça colle mieux je trouve, un truc dans ce genre là quoi.
Troisième chose : je crois qu'il manque une phrase à la fin, parce que moi j'ai "et l'émotion dans ma voix n'avait rien de feinte :
"
Voilà, donc je pense justement qu'il manque la dernière phrase de FdB. (feintE c'est une coquille)
En tout cas je me suis régalée en lisant ce chapitre, même si j'ai encore plus enevie de savoir POURQUOI ils se sont retrouvés à l'hopital tous les deux. Brref
By FdB qui fout rien et qui écoute : putain j'adore ! adopté !!!
OH MERDE LA PHASE DE FIN ! ou est-ce qu'elle est passé ?!?!! là ca fait vieux suspense a deux balles la honte >.< heureusement que tu me le signales, je file changer ça ! et ce qu'il dit, pour t'éviter d'y retourner c'est : "On va changer l'histoire".
Merci beaucoup pour ce com plein de conseils avisés !