Chapter 2 : Knockin' on Hell's Door
Le lendemain ils allèrent au lycée ensemble. Ash passa une bonne journée, et ne repensa aux horribles rumeurs qu’en arrivant chez lui. En passant l’imposant portail de sa demeure, il pria pour que ces bruits se soient tu, ou au moins calmés.
Alors qu’il stoppait sa marche pour scruter la façade devant lui, cherchant des traces du séisme passé, il entraperçut quelques gravats au coin du dédale qui avait été désigné comme un jardin. Il s’avança prudemment, et jeta un œil sur le pan de mur d’où provenaient les gravats. Il poussa un long cri aigu, qu’il n’aurait jamais pensé sortir de ses propres poumons, et tomba par terre, assis. Il resta quelques secondes ébahi, les yeux grands ouverts, reculant lentement. Dans la cassure du mur apparaissait un cadavre. A cause du petit effondrement, la quasi-totalité du corps était apparente. Ash, remis de ses émotions, se releva et, quoique rebuté, inspecta le corps. A première vue, on aurait pu dire qu’il avait été simplement emmuré, mais après un entretien plus minutieux il apparaissait presque fossilisé, comme incrusté dans la pierre. Dégoûté et profondément intrigué à la fois, il rentra finalement dans sa maison, où les sombres rumeurs l’attendaient. Obnubilé par le cadavre dans le mur, il ne dormit que quelques heures, ruminant sans cesse les multiples hypothèses qui se bousculaient dans sa tête. Il ne prêtait que peu d’attention aux bruits incessants.
Le jour d’après, il passa une mauvaise journée au lycée. De retour chez lui, il commença ses recherches. Il était décidé a percer le mystère du corps emmuré au sein de son foyer. Il farfouilla dans les archives de sa famille, à la recherche de quelques indices. Il trouva découvrit un plan de l’extérieur de la maison, où l’on voyait que le mur au cadavre avait été construit avant l'arrivée de ses arrières grands-parents. Ash lâcha un soupir de soulagement : « Au moins ma famille n’est pas impliquée dans cette affaire. Si les flics decouvre le corps, on pourra toujours montrer ce plan pour nous innocenter. » Il continua de chercher, le nez dans les archives poussiereuses. Quelques heures après, il déséspera et failli abandonner. Mais lorsqu’il ouvrit un ultime ouvrage familial, une photo s’en échappa. Il la saisi délicatement et l’observa : on y voyait un garçon dont seul le buste dépassait du mur dans lequel il semblait aspiré. La photo paraissait ancienne, et un frisson parcourut la colonne d’Ash : « Il n’y avait pas de photo-montage à l’époque... » Les bruits au sein des murs lui parurent s’intensifier. En sueur, il tira une conclusion : tout comme l’homme dehors, le garçon avait "seulement" été emmuré. Une solution de facilité, mais qui le calma momentanément. Un deuxième frisson lui glaça l’échine : adolescent avait été introduit dans le même mur de la cuisine où Ash se tenait. Il reposa ses yeux sur l’image et reconnut effectivement la cheminée qui trônait au centre de la cuisine. Tremblant, il se leva et s'avança vers le tableau qui se trouvait pile à l’endroit du garçon sur la photo. « Ces murs-là n'ont pas étés retapés… Si ce n’est pas un trucage, il doit forcément rester une trace... » Brutalement, il retira le tableau. Rien. Seulement le mur, blanc. Fébrile, il retomba sur sa chaise. C’était une farce. Une vaste farce.
Une barre de fatigue lui pressant le front, il se traîna jusqu’à sa chambre. Sur le chemin, le téléphone fixe le fit sursauter. Il modifia sa trajectoire et décrocha : « -Allo ? dit il d’une voix molle
- Salut ! C’est papa !! Tu vas bien ? C’est allé avec le séisme ? On l’a appris aux infos, on a tout de suite appelé.
- Salut ! Oui je vais bien vous inquiétez pas ! Il n’évoqua pas les deux hommes emmurés.Et vous ? Vous rentrez quand ?
- Nous tout se passe bien. On rentre dans une semaine normalement. »
La discussion dura quelques minutes, et Ash raccrocha avec un pincement au cœur. Dans sa chambre, il repensa au mur et à l’horrible fossile. Soucieux de ce que dirait ses parents (ou même les voisins) s’ils voyaient le corps, il se mit en tête de l’enlever. Il se rendit donc à l'entrepôt, dénicha une vieille pioche et, avec un sursaut d'énergie qui le surprit lui-même, se précipita dehors. La vue du cadavre l'ébroua. Il s'approcha prudemment et leva la pioche. Elle resta suspendue en l'air quelques secondes, tremblante, et les pensées d'Ash défilèrent : « Et si le mur s'effondrait ? Et si je touche au corps, est-ce que je serais maudit ? Etc. » Puis il serra les dents, et la pioche tomba, pile sur le crâne du cadavre. A l'instant où la pointe s'enfonça dans la pierre, un long cri rauque vrilla les oreilles d'Ash. Épouvanté au possible, il écarquilla les yeux, lâcha la pioche et s'enfuit à toutes jambes. Il se précipita sous sa couette et tenta d'effacer l'abominable cri de sa mémoire, qui résonnait encore sous son crâne. Il ne pensa même pas à dormir. Les bruits le rattrapèrent bientôt. Essayant de les étouffer, il se bouchait les oreilles avec son oreiller, mais ils pénétraient tous les obstacles et s'insinuaient au plus profond de son être. Les yeux injectés de sang, au bord de la folie, il se leva et décida de retourner chez Jax. Il lui faudrait peut-être traverser le village entier à pied pour y arriver, mais il était prêt à tout pour quitter cet enfer. Il traversa la maison rapidement, les rumeurs à ses trousses. Avant de passer la porte, il inspira un grand coup, et se résolut à traverser le jardin sans regarder le mur. Il prit son élan et ouvrit la porte, près à courir le marathon de sa vie. Il percuta deux ombres. Étouffant un cri, il plissa les yeux pour apercevoir les contours des visages.