Tu étais presque tout - quand je n'étais plus rien -,
Qui comblais dans l’abysse les creux de mon cœur ;
Tu as été la pluie sur mes terres sans biens,
Qui tuais l’aridité en semant les pleurs !
Nymphe ! - Magnificat ! - Gorgone déguisée !
Qui croisas de mon âme les yeux innombrables !
Comment ! Sans remords, mes amours pétrifiées
Pour cette gloire hautaine, ta face innommable !
Mais ma douleur, amie, a préféré se taire,
Et plus rien en mes yeux n’attise les couleurs ;
Dans les flammes grisâtres crépite ta chair
Sans pigment, sans attrait... – les cendres sans odeurs !
Tu t’éloignes, vois-tu ? Tu perds de ton emprise !
Ton but est trop lointain, et ta ficelle fine,
- Hardie marionnettiste ! - ta mortelle prise
Goûte au délaissement que ton écho raffine :
Tu ne désoleras plus les sols de ma France !
Je ne te verrai plus, ne veux plus te penser,
Va et pars, point ne pleure, et pour seule assurance
Que ce que j’eus pour toi était d’or empenné.