Je vais démissionner. Que les gens ne viennent pas me demander pourquoi, ils savent très bien.
Chaque matin, chaque jour, chaque semaine, je me lève à des heures incongrues, alors que je tombe de fatigue. Je me fais violence pour me préparer, déprimant devant mon bol de Chocapic, pendant que je lis le dos du paquet, maudissant l'inventeur du labyrinthe. Et d'ailleurs, on en parle de Pico, la mascotte ? Un chien qui bouffe du chocolat ? Vraiment ? Encore une idée de génie du marketing ça ! Comme quoi, il n'y a pas que dans l'entreprise où je bosse où ce ne sont pas les couteaux les plus aiguisés du tiroir.
Puis se lever, c'est une chose, mais on devrait également toucher une prime de risque avec tous les cons qu'on croise sur la route. Franchement, je pense que du moment où on s'assoit derrière le volant, nos chances de finir les deux pieds devant augmentent de 120%. Il y a des gens, on se demande comment l'univers ne les a pas rayés de la carte plus tôt. Non Martine, ce n'est pas un stop mais une voie d'accélération pour aller sur l'autoroute bordel ! La prochaine fois traverse la quatre voies à pied, tu rendras service à l'humanité.
Et comme si survivre aux conditions de circulation hostiles n'était pas assez punitif, vient ensuite l'arrivée au bureau. Là c'est le pompon : des projets dont on ne voit pas le bout, avec des réunions où les chefs brassent de l'air à l'infini (si l'air était taxé on pourrait tous partir à la retraite à 38 ans vu les thunes que se ferait l'état). On salue également les collègues qui ne remettent pas d'eau dans la bouilloire ou ne vident pas les paniers de capsules plein à craquer sur les machines à café, j'espère que des places sont réservées en Enfer pour eux.
Au final, on s'y habitue à tous ces cons. On apprend à « con-poser » avec du moins. Il parait d'ailleurs qu'on est tous le con de quelqu'un. Personnellement, ce qui contribue à mon bien-être au travail, ce sont les petits paquets de bonbons sur le bureau. Est-ce que le sucre me retient de tuer quelques collègues ? Assurément. Est-ce que ça a suffi ? Sûrement pas, il me reste quand même encore 24 années de prison à tirer malgré la tentative d'appel de mon avocat.
J'espère que j'aurai quand même ma rupture conventionnelle, croisons les doigts !
Ce que j'apprécie dans ton texte, c'est que tu parviens à en tirer une dimension humoristique malgré un côté intrinsèquement négatif (on ressent bien la déprime du personnage). Même si le texte est court, il est efficace, drôle et on peut facilement s'identifier ^_^
C'est fluide, contemporain et très drôle.
Merci pour ce moment ;)