La Femme monta les escaliers lentement. Elle sentait son cœur battre à tout va. Elle allait faire l’action la plus importante de sa vie. Et bien entendu qu’elle y allait à tâtons. L’Homme représentait beaucoup pour elle.
A mesure qu’elle gravissait les escaliers, les larmes montaient. C’était très difficile d’ignorer son cœur. Ce dernier qui donnait l’impression de vouloir louper ses battements. L’Homme était quelqu’un d’important pour elle.
Face à la porte de cet Homme, elle avança doucement son poing. Pour taper à la porte. Mais elle s’arrêta. Elle inspira. Elle expira. Elle tenait fort son carnet, sa figurine et son enveloppe. Le pas qu’elle devait faire ? Il devait symboliser le premier de son existence. Il était dur.
Ce saut dans le vide était trop difficile. Son carnet, sa figurine et son enveloppe allaient suffisamment parler pour elle. Alors elle déposa le tout, devant sa porte. Elle effleura la plaque avec le nom de l’Homme et reprit les escaliers dans l’autre sens.
En descendant, elle mit sa grande capuche sur sa tête. Il pleuvait dehors. Elle regarda les marches qu’elle prenait pour s’en aller. Et c’était en les scrutant qu’elle reconnut les chaussures de l’Homme. Des baskets noires. Ce qui venait confirmer son observation était le « Bonjour » lancé par lui. Qu’elle ne répondit pas. Elle se contenta de poursuivre son chemin. Malgré son cœur battant.
L’Homme arriva joyeusement devant sa porte. Il semblait en forme. Il avait probablement du faire des actions pour égayer sa journée. Et bien entendu, il était aussi content que sa journée fût terminée. Tout allait bien dans le meilleur des mondes pour lui.
A mesure qu’il se baissa pour récupérer les objets, il reconnut ces derniers. C’était très difficile de ne pas reconnaître le carnet qu’il avait offert à la Femme. D’ailleurs, il était encore dans son emballage. C’était aussi compliqué de ne pas prendre en main la figurine. Celle qu’il avait pour la Femme chez elle. Il récupéra l’enveloppe. Il n’y avait pas de nom dessus, rien. Le pas qu’il devait faire ? Il devait confirmer le premier pas amorcé par la Femme. Il n’était pas dut de simplement lire la lettre.
Quand il rentra chez lui, il posa le carnet et la figurine sur sa table. Il ouvrir la lettre :
« Cher Homme,
Cette lettre se devait d’exister. Pour dire à ma place que je réponds désormais à ton souhait le plus cher. Celui de ne plus jamais apparaître dans ta vie et de ne plus en faire partie.
Je voulais avoir de bonnes relations avec toi. Et il est dans ma nature de prendre des nouvelles des gens que j’aime. De les encourager si besoin. De les écouter si besoin. De les tirer vers le haut. Cela faisait 5 mois que j’ai essayé envers toi. 5 mois à avoir accepté d’être prise pour une conne de ta part. 5 mois d’avoir encaissé d’être une plus que moins que rien. Jusqu’à l’écriture de cette lettre, je me disais même que tes excréments étaient plus respectés que moi.
Je comprends tes réactions envers moi. Après tout, je suis une idiote ou une imbécile. Je suis encore pire qu’un excrément. Je suis rien, le néant, le vide, la non-existence, l’invisible, le fantôme. Parce qu’en réalité, à tes yeux, surtout depuis le début, je suis : une rien, un poids, un fléau, un Monstre.
Je suis le Monstre qui a pourri ta vie. Parce qu’à tes yeux je suis de cette condition : j’ai à assumer la responsabilité totale de notre séparation. J’ai à valider toute cette culpabilité sans te donner toute la tienne. C’est normal, tu es la victime en plus ! Et après tout, un Monstre reste un Monstre n’est-ce pas ? C’est normal de s’en protéger.
Cela ne sert à rien de recontextualiser les événements et d’exprimer ma Vérité. Le Monstre était amoureux. Pour toi, il avait accepté des situations qu’il ne pensait pas capable. Il a dû s’adapter à toi quand ce qu’il était ne convenait pas. Il a été présent et soutenant pour aider à avancer. Il avait une vie stable et t’incluait au maximum dedans.
Je vais passer les détails qui n’ont désormais plus lieu d’être aujourd’hui.
Je t’ai considéré et te considérerai toujours l’Homme de ma vie malgré tout cela. Même si je ne suis et ne serai jamais la Femme de la tienne.
Désormais, je vais aller dans ton sens. Nous ne nous sommes jamais connus. Donc nous n’avons jamais eu de relation. Ni amicale, ni amoureuse. Nous ne nous connaissons pas aujourd’hui. Nous ne serons plus jamais en contact. Si la vie fait que nous nous croisons un jour : je ne te regarderai pas et ne m’arrêterai pas vers toi. Si la vie fait qu’on devait se revoir chez des personnes en commun : tu n’auras aucun regard, aucune attention, aucune salutation de ma part. Si tu as un coup dur et que tu te tournes vers moi ? Tu auras rien, le vide, le néant.
Désormais, tu n’existes pas. Je ne dis pas adieu à quelqu’un qui n’existe pas.
Et pour finaliser notre situation, pour mon ultime et dernière demande envers toi : brûle la lettre. Pour le carnet et la figurine, tu en fais ce que tu veux. C’était les derniers objets qui nous reliaient. Il n’y a plus rien. »
Dans le même temps ou non, la Femme était sortie de l’immeuble. Cette fois-ci, elle descendait les marches extérieures à son rythme. Même si la pluie tombait fort, elle garda la même cadence de marche pour retourner à sa voiture.
Une fois à l’abri, elle enleva sa capuche. Ses larmes avaient finalement décidé de sortir. Elle avait un fort pressentiment que cette action était vaine de toute façon. Elle était persuadée que la lettre allait être laissée de côté voire jetée. Le reste ? Jeter aussi, voire donner à la nouvelle Femme de sa vie.
Non elle n’attendait pas un signe ou un espoir de quelque chose. Rien. Elle démarra tout simplement. En prenant la sortie de la rue, elle observa une dernière fois la fenêtre de l’Homme qu’elle a aimé si fort. Et pour lui, elle a mené l’action la plus importante de sa vie : oublier et partir.