Au petit matin, la troupe était partie avant le lever de Soleil car ils avaient perdu du temps la veille, mais aussi parce que la route était simple et ne nécessitait pas qu’il fasse jour pour se repérer.
La soirée précédant, c’était passée avec plusieurs évènements notables qui méritaient plus ou moins d’importance.
Premièrement, quand les quatre jeunes gens rejoignirent le campement, ils furent tous déçus en apprenant que ce col n’était que le premier d’une petite série de semblable, et que, bien évidemment, il fallait à chaque fois descendre et remonter.
Secondement, lorsqu’ils apprirent que le feu ne brulerait pas toute la nuit ils ‘étonnèrent car il faisait grandement froid. Pourquoi ? Le rêveur leur donna la réponse. C’était car, à leur altitude, les arbres ne poussaient plus, et donc qu’il n’y avait donc plus de bois. Les seuls feus qu’ils pourrons faire seront pour cuire leurs aliments à l’aide de leurs provisions en combustibles effectués durant la traversée de la forêt.
Dernièrement, lorsque la légionnaire, distribuant les tours de garde, demanda à Sayanel s’il pouvait prendre le premier. Elle se vit recevoir une réponse à laquelle elle ne s’attendait pas.
-Non.
Bouche bée, Orma pensa avoir mal compris, car bien que le maître marchombre revendiquait sa liberté, il avait jusqu’ici toujours accepté son tours.
-P…Pardon ?
-Non.
-Bien. Si vous le souhaitez. Orma savait qu’il était le seul maître de lui, et n’insista donc pas.
Awt, qui, contrairement à ses amis, ne craignais pas d’aller parler à Sayanel, et qui, surtout, obtenait des réponses, alla le voir et posa à voix haute la question que tous se posaient à voix basse.
-Si je puis me permettre, pourquoi ?
L’homme, en entendant cette question, sourit. Il dévisagea la jeune fille, et, estimant, en tant que maître, que toute question mérite réponse, lui répondit.
-Tu connaitra la réponse, si tu veux bien m’accompagner ce soir. Ne t’inquiète pas, nous reviendrons dans une ou deux heures.
Awt, se rappelant toutes les histoires de viol, et de pédophilie sur Terre, alla voir ses amis pour réfléchir avec eux de la proposition faite.
A l'entente de ses craintes, Auldon ria.
-Ne t’inquiètes pas, les marchombres, s'ils sont libres de tous, ils n'en n'ont pas pour autant aucun sens de l’honneur, ils ne font pas aux autres ce qu'ils n'aimeraient pas qu'on leurs fassent, sauf si leur liberté est en danger. Les seuls marchombres qui ont osé ne pas respecter ce code de l'honneur sont devenu des mercenaires du chaos, guilde qui avait pour but suprême le chaos. L'un est mort de la main de Sayanel et l'autre d’Ellana Caldin, la femme d’Edwin Til' Illan et la mère de Destan.
-Doume m'a expliqué que le savoir marchombre se transmettait de maître en élève depuis des générations, et qu'ils ne prenaient que les plus talentueux.
Annter qui ne voulais pas donner de faux espoirs à Awt, s’arrêta là.
Leur amie, tout en réfléchissant à ce qu'ils venaient de lui dire, alla lentement vers Sayanel, et, à mi-chemin, elle accéléra le pas vers lui, visiblement décidée.
-Tu as fait ton choix ?
Le marchombre lui avait posé cette question alors qu'il lui tournait le dos et qu'elle pensait avoir été silencieuse. Prudente, elle répondit.
-De quel choix parlez-vous ?
-Je pense que tu connais très bien la réponse et que tu me teste, mais je vais tout de même te répondre.
Awt, en entendant ses mots, rougit légèrement, honteuse.
-Comment cela fonctionne-t-il ?
-Regarde la falaise.
Elle regarda dans la direction qu’il lui avait indiquée, et ne vit que la silhouette de la montagne sur le ciel d'encre parsemé d’étoiles.
-Je ne vois rien.
-Cherche encore.
Awt persista, et alla répéter sa réponse lorsqu'enfin sa vue s'habitua à l’obscurité. Elle distingua des formes… non, des traits. Au fur et à mesure, elle déchiffra ce qui était en fait des lettres.
La Voie de l’envol
Limites abaissées
Liberté
Awt, en lisant ces mots, compris quelque chose. Ce quelque chose, elle ne le connaissait pas, mais elle sentait que Sayanel pouvait le lui apprendre.
Ces mots avaient bouleversé la jeune fille. Certains auraient dit qu’une porte s’ouvrait dans son cœur, mais ce n’était en fait qu’un chemin qu’elle découvrait.
-Ceux qui comprennent la poésie marchombre ont accès à son âme, et peuvent donc les rejoindre. Veux-tu me rejoindre ?
Sayanel avait murmuré ces mots. Awt douta même qu’il les ait prononcés.
-Que dois-je faire ?
-Suis moi.
Sans plus attendre, Sayanel se leva et s’écarta du groupe en direction de la falaise où était écrit les mots. Il la contourna par la gauche, et s’arrêta devant un précipice.
-Saute.
Il avait prononcé son ordre comme une requête, un souhait.
-Vous voulez que je saute ? Mais c’est du suicide !
-Si jamais tu t’engages à me suivre, sache que jamais je ne te laisserais quelqu’un te faire du mal, fut-ce toi-même. Si je te demande de sauter, c’est parce-que tu ne crains rien. Ou alors je ne te le demanderai pas. Et si tu veux devenir mon élève, sache que je ne supporte pas le refus.
Sayanel parlait d’une voix douce et posée qui inspirait la confiance. La jeune fille, qui sentait encore la poésie résonner dans sa tête, s’avança du bord, et ne vit en bas que la nuit.
-Comment pouvez-vous être sûr que je ne risque rien ?
-Essaye de ne pas crier, cela éviterait d’alarmer nos compagnons.
Comprenant que le temps des questions et des réponses était pour le moment passé, elle prit son courage à deux mains, s’avança près du bord, et fit un pas en avant.