Si j'ai la hargne ? T'en as de drôles des questions, toi. C'est comme ça depuis toujours. Déjà à la petite école, il fallait pas me me chercher des noises, du genre me piquer ma place ou me faire apprendre par cœur des trucs débiles. J'ai quitté le lycée sur un coup de boule, t'aurais vu la tête du directeur, le nez éclaté, le sang qui pissait. À l'armée aussi, je me suis fait des potes, mon gars, t'aurais vu comment on ratonnait pendant les perms. C'était l'éclate.
Après ? Ça a pas été facile de trouver du boulot en sortant de tôle. Sans travail, je suis retourné chez ma mère. Son taf l'a usé jusqu'à la moelle, on vit avec les allocs et les petits boulots, tu sais bien, quand un pote a besoin d'une caisse, tu poses pas de questions, tu descends la chercher dans les beaux quartiers, ceux des bras mous où t'as rien à craindre. Mais là, tu commences à m'emmerder avec tes questions. Tu veux savoir quoi encore ?
Mon père ? Putain t'es casse-couilles toi. Il tapait dur c'est vrai, mais il avait bon cœur, il est parti vivre au soleil avec une gonzesse plus tatouée que lui. Tu vois, ce qui fait chier dans la vie, c'est qu'il y a toujours des petits malins qui essayent de te piquer tes affaires. Il a pris cher celui qui s'est barré avec ma meuf. Lui et sa caisse, un tas d'os en vrac et un tas de ferrailles, c'est tout ce qui restait d'eux. Que ça leur serve de leçon. Si un jour on les revoit ici, tu peux sortir les crocs mon Jako. Hein mon Jako, t'en penses quoi toi de la vie, avec ton flair à emmerdes ? T'es sur une piste ? Quand il rogne comme ça, faut bouger. Allez, on s'arrache ! Et que je croise pas ta gueule de fouine encore une fois, ou c'est mon clebs qui te fera la conversation.