La maison

« Eh l'Enfant, d'où viens-tu ? Demanda le Chat. »

L'enfant, qui courait après un papillon, s'arrêta dans sa folle course et regarda le chat. Qu'il était gracieux, qu'il semblait doux, et comme ses yeux ambrés étaient mystérieux !

« Je viens d'un endroit merveilleux. C'est une grande maison, aux abords d'une forêt. Les fleurs y poussent toute l'année, c'est une maison de couleurs et d'odeurs. Elle paraît bien petite de l'extérieur, mais quand on y entre, elle est plus vaste qu'un manoir. Le bois de son sol et de ses murs craquent sous les pas des invités : elle les salue ; même sous tes pattes de velours, elle craquerait de bienvenue, le Chat.

- Dis-m'en plus l'Enfant. Ta maison a-t-elle un nom ? Dit-il en s'allongeant confortablement sur un muret.

- C'est un nom secret et perdu, tant et si bien qu'on se demande s'il a un jour existé. Ce doit être un nom doux et chaleureux, qui fond sur la langue comme un bon caramel et craque sur les tympans comme un feu de cheminée par un hiver glacial. Ma maison porte sûrement un nom des plus ordinaires pour une maison.

- Et a-t-elle des secrets ? Miaula le curieux chat.

- Oh oui ! On raconte qu'il y a bien longtemps, l'homme qui y vivait a laissé un trésor, bien dissimulé. Il n'a d'ailleurs jamais été trouvé. La maison aime ses secrets et elle aime les garder. Peut-être qu'un jour, il ressortira d'entre les lattes de parquet, ou qu'un autre enfant le trouvera au détour d'une porte. Ma maison cache un secret au fond de son cœur...

Ainsi s'acheva leur discussion. Le Chat ferma lentement les yeux et ronronna de contentement. L'Enfant repartit dans son absurde course.