La Maison Connectée – Mode Survivant

Bon.
Faut qu’on parle de ma maison. Ma maison connectée. Ah ouais, attention, pas n’importe quoi. La maison de l’avenir ! Qu’on m’avait vendue avec des étoiles dans les yeux. "Vous allez voir, c’est tellement pratique… Tout se commande à la voix ! Votre vie va changer !"

Ah bah oui, ma vie a changé. Mais pas comme prévu. Non. Ce qui a changé, c’est mon ESPÉRANCE DE VIE. Parce que je vous le dis : cette maison, c’est un remake de l’exorciste.

Tout a commencé quand j’ai décidé de me mettre à la page, moi aussi. Fini les interrupteurs, fini les boutons, place à la modernité ! Je me voyais déjà, assise sur mon canapé, en train de dire :
– Éteins la lumière.
Et là, hop, magique, la lumière s’éteint.
Non. Non, non, non. Ça, c’est dans les pubs. Moi, j’ai dit :
– Éteins la lumière.
Et mon assistant vocal, là… cette espèce de cylindre diabolique, me répond :
– Je n’ai pas compris votre demande. Dois-je commander 20 kilos de carottes ?

… QUOI ?! Des carottes ? Mais quel rapport, sérieusement ? À quel moment dans ta vie tu fais un lien entre “éteins la lumière” et un potager de compétition ?! Alors je me fâche, bien sûr, je répète en articulant comme une prof de CP :
– É-T-E-I-N-S… LA… LUMIÈRE !
Et là, il me répond :
– Très bien. Recherche de lampes sur Amazon.

Super. J’allume ma lampe de chevet, et toi, tu fais du shopping. Génial, merci.

Mais ça, encore, c’est mignon. Le vrai cauchemar, c’est la nuit. La première nuit dans cette maison, tout allait bien. J’étais dans mon lit, je dormais paisiblement, et là… À TROIS HEURES DU MATIN… j’entends un bruit. Un bruit terrifiant :
GRRRRRRRRRRRRRRRRRR…

Je me lève en panique, je descends dans le salon, et là, qu’est-ce que je vois ? Les volets. Les volets en train de s’ouvrir tout seuls. Je vous jure, on aurait dit une scène d’exorcisme. Je hurle :
– Arrête ! Pourquoi tu fais ça ?!
Et l’assistant vocal me sort, tout zen :
– Bonjour, il est 3 heures. Une excellente heure pour profiter de la lumière naturelle.

MAIS IL FAIT NUIT, MICHELINE ! Y’A PAS DE LUMIÈRE NATURELLE À 3 HEURES DU MATIN !
J’ai passé le reste de la nuit à guetter mes volets comme une folle, en mode : “C’est bon ? Ils bougent plus ?”

Et puis, y’a le four. Oh, le four… Lui, c’est un autre niveau. Je dormais tranquille, et là, PIIIIIIIIIIING. Je descends dans la cuisine et je vois le four en préchauffage. Tout seul. À 200 degrés. À TROIS HEURES DU MATIN !

Non mais vous comprenez, là, c’est plus de la domotique. Là, c’est du Stephen King. J’étais devant mon four, comme ça :
– C’est quoi ton plan ? Tu veux me cuire ?! Me rôtir vivante ?!
Et en plus, il était poli, hein, il m’a proposé une recette :
– Souhaitez-vous préparer une tarte aux pommes ?

Non. Non, je veux pas une tarte aux pommes. JE VEUX VIVRE. Juste vivre.

Bref, au bout d’une semaine, j’ai tout débranché. Fini l’assistant vocal, fini les volets qui font des soirées techno à 3 heures du mat’, et surtout… surtout… fini le four psychopathe.

Maintenant, ma maison, elle est vieille école. Si je veux de la lumière, j’allume un interrupteur. Si je veux ouvrir mes volets, je tire sur une ficelle. Et si je veux préchauffer mon four, je tourne un bouton.

Et pour les carottes ? Bah je vais au marché. Comme tout le monde.

Alors, si quelqu’un me reparle un jour de maison connectée… Je l’éteins. Lui.