Cela fait maintenant deux semaines que les bateaux ont quitté l'île sur la colombe pourpre le Puant vient voir ses deux élèves.
Le Puant : — Vous avez pris un peu de muscles en nettoyant ce bateau.
Le Frimeur : — Et en plus, on assure maintenant à l'épée.
— Vous avez fait quelques progrès, mais vous êtes loin d'excellé.
Malone : — Ça vous dit un petit échauffement en deux contre un. J'ai suivi vos conseils et j'utilise maintenant deux lames, la lame de droite me sert pour l'attaque principalement alors qu'avec la gauche je l'utilise plus pour me défendre.
— Le soleil vous tape un peu trop sur la tête pour oser me défier, mais bon j'ai bien une minute pour rigoler et vous rappeler la différence de niveaux qu'il y a entre nous.
— En garde!
Après une charge rapide, le Puant les a déjà désarmés en deux secondes sans qu'ils aient eu la moindre réaction.
Le Puant : — Vos quatre lames et vos muscles dont vous étiez si fière ne servent pas à grand chose face à un adversaire tel que moi qui n'a qu'une seule lame et un corps d'athlète.
Le Frimeur : — On est pourtant plus fort qu'avant et vous nous avez battu encore plus vite que la dernière fois, j'y comprends rien.
— N'oubliez pas que j'étais saoul la dernière fois, mais j'aurais pu vous battre tout aussi vite à l'époque, là je me suis battu un peu plus sérieusement.
Malone : — Nous avons encore un long chemin avant d'être digne de vous.
— Vous connaissez pourtant tout les bons mouvements qu'il faut faire, les parades aux attaques , vous avez même gagné en vitesse d'exécution, je suis assez fière de vous.
— C'est donc de pratique dont nous avons besoin.
— C'est vrai, mais il faut aussi apprendre à maîtriser la technique.
Le Frimeur : — Vous nous avez appris les techniques basiques et les mouvements des épéistes.
— Oui, mais il n'y a pas que cela, lors d'un combat tout compte et si l'on fait bien attention à tout, au lieu de se battre d'égal à égal, on a un avantage infini et cette avantage je l'obtient grâce à la technique de la minute infinie.
Malone : — Et comment, faites-vous Maître ?
— Un combat dure très peu de temps généralement, c'est pour cela qu'un combat qui dure normalement une minute, en fait pour moi peut durer un temps infini et pourtant je n'arrête pas le temps, la première chose à faire est d'observer son adversaire, l'analyser si c'est un droitier ou un gaucher, quelle est sa jambe d'appuie, sa forme physique, la façon de tenir son arme, sa façon de se mouvoir et avant même qu'il est bougé, j'ai déjà plusieurs idées de comment parer, contre-attaquer ou esquiver, j'envisage aussi les réactions possibles de mon adversaire et j'ai déjà pensé à plusieurs mouvements à l'avance, mes attaques sont organisées et c'est ce qui fait que mon adversaire qui vient seulement de croiser mon regard est déjà entré dans la spirale de ma minute infinie.
Malone : — Et c'est tout, votre technique n'est basée que sur l'observation de l'adversaire.
— Pas seulement, j'ai une super force et une rapidité d'exécution incroyable.
Le Frimeur : — Je maîtriserais cette technique bientôt.
— Ne crois pas cela, même moi, j'améliore ma technique de jour en jour, l'observation de l'adversaire n'est pas une mince affaire, même si ton adversaire est droitier, par exemple les droitiers débutants commencent souvent par attaquer à droite c'est un fait très connu, mais certains plus expérimentés commencent par la gauche pour surprendre leurs adversaires. Vous voyez il y a tant de facteurs à prendre en compte, ce n'est pas si simple.
— Mais alors comment faire?
— Ce n'est pas un objectif inatteignable. Vous devez quand même vous entraîner tout les jours, pour gagner en précision et en vitesse d'exécution, le reste vient naturellement avec l'expérience.
Le Prêcheur arrive.
Prêcheur : — Alors comme ça, tu recommences avec tes histoires sur ta minute infinie, je peux vous le dire messieurs, votre professeur vous a bien formé mais ses théories ce ne sont que des inepties, la théorie c'est ce qui embrouille l'esprit lors d'un combat, moi je me bat à l'instinct, j'ai beaucoup d'expérience en combat et je sais à peu près d'instinct ce que feront mes adversaires, y a pas de mystère.
Le Puant : — Alors tu dis que mes techniques ne valent rien.
— Je ne dis pas cela, c'est juste trop réfléchis et je suis sûr que toi aussi, tu te bats souvent avec ton instinct. Ce qui compte le plus dans un combat ce sont les réflexes qui doivent être rapide, la force car même si vous parez une attaque, si votre adversaire est plus puissant que vous il peut vous déséquilibrer et vous toucher plus facilement au coup suivant.
— Donc selon toi, seul compte la vitesse et la force.
— L'observation compte aussi, mais c'est pas aussi important que tu le dis.
— Voyons cela, ça te dis quelques passes.
— Challenge accepté.
Le Puant charge le Prêcheur qui pare avec adresse, le combat fait rage attaque à gauche, puis à droite les attaques se font vers le haut puis le bas, elles s'enchaînent très rapidement, les autres membres de l'équipage viennent au fur et à mesure assister au combat, Mona les regarde aussi, Prêcheur a remarqué sa présence.
Dans l'esprit de Prêcheur un sentiment ardent brûle au fond de lui, il attaque avec plus d'ardeur ne voulant pas perdre la face devant sa bien aimée, suite à l'ardeur décuplé de Prêcheur, le Puant réplique de même, lui aussi ne voulant pas perdre devant ses élèves.
Le capitaine les observe à son tour et il se lasse assez vite de regarder.
Capitaine Mac : — Votre minute m'a l'air de toucher à sa fin. Messieurs retenez bien cela, un bon pirate doit savoir saisir la bonne opportunité au bon moment, vous voyez au lieu d'intervenir au moment où votre adversaire s'attend à se faire attaquer, il faut le surprendre.
Le capitaine dégaine son épée est charge sur ses deux hommes qui se dégagent de justesse.
Le Puant : — Vous voyez les gars, il faut toujours être à l'affût, c'est comme ça que j'ai pu éviter l'attaque en traître du Capitaine.
Prêcheur : — Je l'ai aussi éviter et je n'utilise pas ta technique, je connais simplement notre Capitaine. Bon, j'arrête pour aujourd'hui.
Prêcheur rengaine son épée.
Le Puant : — J'ai bien aimé notre échange, on se refait ça quand tu veux, grâce à toi, mes élèves ont pu observer un vrai combat à l'épée.
Le Puant rengaine à son tour son épée.
Capitaine Mac : — Puisque tout le monde rengaine son épée, j'en fais de même, mais mon argument reste valable, peu importe ce qu'on vous dira, l'effet de surprise bat toutes les techniques, si tu ne me vois pas et que je lance mon attaque t'es mort, surtout si je te mets une balle dans la tête.
— Mais si ils utilisent bien ma technique de la minute infinie, ils ne se feront pas surprendre si facilement.
Malone : — Je suis loin d'être à leurs hauteurs, mais j'y arriverai, je dois gagner en vitesse, Frimeur on reprend l'entraînement.
Après avoir vu le combat du maître, les élèves reprennent l'entraînement avec encore plus de vigueur, les échanges deviennent plus précis, ils s'observent plus avant d'attaquer mais tout n'est pas encore calculés, ils leur faudraient encore des années de pratiques mais ils sont maintenant sur la bonne voie pour devenir d'excellents épéistes.
Mona et le Prêcheur se sont retrouvés dans leur coin du navire où ils se sentent à l'abri du regard des autres.
Mona : — C'est vraiment sérieux cette technique de la minute infinie.
— Ça t'intéresse vraiment, parce que c'est franchement une blague.
— Allez, raconte-moi !
— Tu me promets de garder le secret?
— Promis.
— Alors, voilà le Puant a déjà eu des élèves et il cherchait un moyen de les motiver.
— C'est qui ces anciens élèves.
— Des fantômes maintenant, ils sont morts dans une des missions dangereuses du Capitaine.
— Le Capitaine organise souvent des missions aussi dangereuses ?
— Tout le temps, mais ne t'en fais pas pour moi, j'ai l'art de me sortir des pires situations intact. Tu veux toujours savoir pour la technique ?
— Oui, je suis curieuse.
— Comme je te disais le Puant cherchait un moyen de motivation pour ses élèves et le Capitaine nous proposa de nous changer les idées dans un de ses endroits favoris, la taverne, nous étions assez nombreux, il y avait le Capitaine, Chef, le Puant, les frères cogneurs et moi, en se dirigeant vers la taverne nous avons croisé des enfants qui jouaient ensemble, l'un des enfants a dit : "mon pistolet est magique et avec son pouvoir j'ai des balles à l'infini et je te tirerais dessus éternellement", l'autre enfant assez malin lui répondît : "moi j'ai aussi un pouvoir magique je suis éternel car j'ai un nombre de vies infinies". Les enfants se sont traités mutuellement de tricheurs, c'était amusant, tu vois des bêtises d'enfants. Un peu plus tard à la taverne devant son verre, je pense que le Puant repensa un peu à ce qu'il avait vu quelques temps auparavant et il a eu une révélation, il a trouvé sa théorie de la minute infinie, c'est ce soir-là qu'il parla pour la première fois de sa fameuse technique et il la ressort de temps en temps comme aujourd'hui.
— Un jeu d'enfant, mais c'est absurde.
— Pas tant que cela, les idées les plus incroyables viennent des rêveurs et les enfants sont de grands rêveurs et ça marche plutôt bien pour motiver ses élèves.
— En tout cas, c'est une jolie histoire, tu es un grand compteur.
— J'ai de nombreux talents et je te les offre avec grand plaisir, ma chérie.
Après deux heures d'affrontements acharnés pour leurs entraînements le Frimeur et Malone font une pause bien méritée selon eux.
— Malone selon-toi d'où vient la technique de la minute infinie?
— Notre maître doit la tenir de son maître qui doit la tenir lui aussi de son maître et ce doit être ainsi depuis des générations la minute infinie est sûrement une technique secrète ancestrale.
Mona qui passait par là, à tout entendu et elle a un fou rire inattendu.
Le Frimeur : — J'ai cru entendre un bruit.
— C'est bien, tu commences déjà à mieux-être à l'écoute de ton environnement, tu fais de prodigieux progrès.
— On progresse à pas de géant.
Au poste d'observation Chris et les tireurs d'élites discutent.
Chris : — Vous avez entendu parler de la technique de la minute infinie ?
Mister 3 : — Ça ne s'applique pas aux tireurs d'élites, parce que nous, on doit réagir en un quart de seconde, tu vois une cible, t'as pas le temps de te poser de questions, tu tires ou tu risques de te faire tuer, c'est notre loi, y a pas franchement de techniques.
Mister 5 : — Je ne suis pas d'accord, l'observation de l'environnement, des angles de tirs mais alors si je devais donné un nom à ma technique ce serait la seconde infinie.
— Tu cherches des élèves ? Chris ça te tente ?
— Je sais déjà me servir d'une arme, même si je vise moins bien que vous, j'ai pas besoin de cours.
— Je donnerai pas de cours, les élèves, c'est trop la galère et puis t'as raison, j'ai appris à tirer seul sur des cibles et je me suis perfectionné avec le temps, une fois que tu sais tiré et bien visé le reste vient tout seul avec le temps.
— Et comment vous faites pour tirer plus vite que les autres ?
— Les doigts et les poignets doivent être agiles c'est pas plus compliqué que ça.
— Au fait, Chris tu donneras des cours pour se servir du canon.
— Vous savez, je vous trouve franchement pas drôles parfois.
Ils se mettent tous à rire.
Quelques heures plus tard, sur le faucon pourpre Chaton est au poste d'observation.
Chaton : — Chef, j'ai vu plusieurs bateaux en approches à l'est et à l'ouest, je crois qu'on est tombé dans une embuscade.
Chef : — Fais signe à la colombe pour les prévenir du danger, cap à l'ouest, canonniers soyez prêts à faire feu, nous sommes en état d'alerte, on se bouge, ce n'est pas un exercice.