Cher Grand Chambellan Ugmar,
Malgré mes premières tentatives de rapprochement sur le plan diplomatique, force est de constater que nos deux bannières éprouvent des grandes difficultés à se comprendre. Je l’avoue humblement, personne au sein des peuples de la mer n’est pour l’instant en capacité de percevoir la subtilité de la culture elfe. La doctrine de Génoas-Khal incite à vivre au plus près de la nature. Comment pourrions-nous concevoir les bienfaits de la science enseignée Batum-Khal ?
Je sollicite donc par la présente votre aide. Comme vous le savez, le prince Hector arrive dans sa dixième année. Dans un souci de rapprochement de nos peuples, je souhaiterais que mon fils bénéficie de la même éducation de l’élite elfe. Un tel apprentissage lui permettrait d’établir un pont entre nos deux nations.
Je reste convaincu de votre assistance dans la réalisation de cette entreprise bien fondée. En vous remerciant de votre obligeance, je vous prie d’agréer Monseigneur le Grand Chambellan, l’assurance de ma considération distinguée.
Princesse Epiphone de Nepnas
représentante des peuples de la mer
Au bout d’une année, Ome était rentré dans une routine quotidienne. Bien avant l’aube il se levait et effectuait ses ablutions. Il passait un rapide coup de balai dans une partie des couloirs avant de dévaler les escaliers jusqu’aux cuisines. Comme à l’accoutumée, Cléandre, la bonne et gentille Cléandre l’attendait déjà, une tasse de chocolat chaud à la main. Chaque matin, elle lui cuisinait une pâtisserie différente pour accompagner ce divin breuvage sucré. Le jeune garçon dévorait avec gourmandise ces marques d’affection comestible pendant que la vieille servante lui préparait un repas pour le midi à partir des restes du festin de la veille. Et chaque jour, elle lui prodiguait les recommandations avant qu’il ne rejoigne le baron Ugmar pour son rendez-vous quotidien. Mais pour la première fois, l’entrevue se révéla d’une importance plus stratégique. Ome s’en rendit compte dès son arrivée à la mine songeuse du grand chambellan et de son maître espion, le noir Slymock. Jamais le grand dignitaire ne se souciait de saluer en premier comme ce fut le cas, même s’il alla droit au but car il détestait perdre son temps.
« Bonjour mon garçon. Assieds-toi, J’ai une mission à te confier. »
« Bonjour seigneur ! Je serais ravi de me montrer utile pour mon bienfaiteur. »
« Slymock va introduire demain un nouvel élève dans ton cursus. Il s’agit du prince Hector, héritier à la fois des dryades et des satyres. Ta mission sera de nous relater tous ses faits et gestes. »
« Comme je le fais déjà pour tous mes « camarades » Monseigneur. »
Le maître espion rectifia immédiatement son apprenti.
« Cette fois, l’investigation devra être plus poussée, Ome. L’idéal serait de te lier d’amitié avec lui pour devenir son confident. Il faudra aussi le suivre en dehors du cadre scolaire. Tu devras l’espionner du levé au coucher. D’ailleurs, le baron Ugmar pense loger le prince dans la chambre en dessous de la tienne. Mes équipes viendront te préparer un poste d’observation dans la journée. Tu es capable de percer toi-même quelques trous dans un plancher, mais il te faut un dispositif d’écoute efficace. »
« Attention mon garçon. Le prince Hector cherchera probablement à espionner pour ses peuples. Il s’agit néanmoins d’un hôte diplomatique ! Tu n’as pas le droit à l’erreur ! Si tu te fais percer à jour, je ne pourrais rien pour toi. Mais il en va de la sécurité du royaume elfe. Nous prenons un risque en faisait entrer provisoirement un partisan de Génoas-Khal dans nos rangs. Tu seras notre garde-fou. »
« Bien Monseigneur. Je serais vos yeux et vos oreilles. Je ne vous décevrais pas. »
« J’en suis certain mon garçon. Je transmettrai à ta mère tes salutations lorsque je lui expliquerai comment tu sers noblement la bannière de Batum-Khal ! Slymock s’occupera de t’informer de tous les détails de l’affaire. Tu peux disposer. »
Le cœur de Ome battait la chamade en sortant du bureau du grand chambellan. Voilà un an qu’il s’était séparé de sa mère. Une longue année sans aucune nouvelle. Il savait qu’il lui était interdit d’aborder le sujet. Le garçon s’était même construit une sorte de carapace émotionnelle. Et celle-ci venait d’éclater en mille morceaux car aujourd’hui le baron Ugmar se proposait de fournir quelques bribes d’informations sur sa situation à sa mère !Bien sûr, ce n’était pas comme de la voir ou de lui envoyer un message, mais c’était mieux que le néant de cette longue et interminable année.
En marchant jusqu’à l’école, Ome réfléchit aux nouvelles perspectives qu’offrait cette nouvelle mission. Il aperçut enfin une bouée de sauvetage dans son océan de solitude. Bien sûr, il y avait la bonne et sage Cléandre pour lui témoigner un peu d’affection mais c’était bien la seule elfe du bouclier-monde dans de telles dispositions vis à vis d’un dernier né de Nunn. Les rapports de Ome avec le Grand Chambellan et Slymock demeuraient cordiaux mais se cantonnaient à un cadre purement hiérarchique, alors qu’il se retrouvait frappé d’ostracisme à l’école. Tous les jeunes elfes des castes nobles le détestaient, le haïssaient, l’exécraient, lui le parvenu proscrit de la dixième caste. Ils avaient insisté pour que Ome se rase la tête et porte ostensiblement les signes distinctifs des derniers nés de Nunn. Oui, ils le détestaient tous. Tous, sauf Victoire. Bien qu’elle ne le sache pas, la jeune héritière était, avec Cléandre, l’unique rayon de soleil dans sa morne existence d’étudiant exilé solitaire. La fille du grand chambellan semblait promise à Sirius, fils unique du roi Roll, héritier de la couronne. Par conséquent, les deux jouvenceaux d’âge similaire ne se lâchaient pas d’une semelle, participant à leur apprentissage, entourés d’une cours de jeunes intéressés ambitieux. Ces vaniteux constituaient un cercle hermétique qui excluait le dernier né de Nunn. Dans ces conditions, il était impensable pour Ome d’effectuer la moindre tentative d’approche de la belle.
La mission du baron Ugmar arrivait fort à propos. Établir une relation amicale, même fictive et intéressée, meublerait un tant soit peu son quotidien. Dès demain, il aurait quelqu’un à qui parler. Ce serait le dernier jour où Ome s’assit seul à sa table de travail pour suivre ses différents cours. Ce serait le dernier jour où Ome brossa seul les étalons. Ce serait le dernier jour où Ome réalisa ses corvées. Et ce serait aussi la dernière journée où Ome pourrait s’occuper seul des oiseaux de la volière. Enfin s’il parvenait à tisser rapidement des liens avec ce prince avant que ces saletés d’elfes ne l’en empèchent et l’isolent ! Le garçon décida de se concentrer corps et âme au rapprochement de l’héritier des bannières de Génoas-Kahl et Cess-Khal réunies. C’est alors qu’il comprit qu’il disposait de sa dernière journée de liberté relative. Ome divagua durant toute la matinée des cours théoriques, évaluant le meilleur parti à prendre pour ces derniers instants frivoles de son existence. Même lors de la leçon de langues, matière dans laquelle il excellait, le garçon apparut absent et non impliqué. Il se contenta de fixer Victoire. Comme d’habitude, son cœur se déchira un peu plus à chaque fois que Sirius adressa la parole à la fille du grand chambellan.
A la fin de la journée, Ome n’alla pas à la bibliothèque pour réviser et emmagasiner du savoir. Il ne s’occupa pas non plus des rapaces de la volière. Il ne rentra pas non plus au château pour écouter les histoires de Cléandre. Le garçon pénétra en préambule dans la pièce concomitante à sa chambre. Dans cet endroit étriqué servant de lieu de stockage le mobilier débordait. Ome fila immédiatement vers une commode à moitié cachée derrière une armoire rustique et massive. Il tira le troisième tiroir et fit glisser sa main sur a face cachée du compartiment jusqu’à trouver une petite feuille de papier. Le dernier né de Nunn se dirigea ensuite dans sa chambre. Enfin en sécurité dans son cocon, le garçon découvrit le petit mot écrit de la main même de Slymock. Le maître espion avait supervisé en personne l’aménagement du dispositif d’espionnage ! La mission qui lui avait été confié relevait donc d’une importance extrême. « Le dispositif d’écoute se trouve dans le pied droit du lit. Dévisse la tête et tu entendras tout. Nous t’attendons demain matin à la cérémonie d’accueil. » C’était stupéfiant ! L’ingénieux système semblait parfaitement invisible ! Personne ne pouvait se douter de sa présence.
Décidé à compléter au mieux le dispositif, Ome ouvrit son coffre et se saisit de son couteau. Il connaissait l’agencement de la chambre du prince Hector car toutes les nuits il déambulait dans les couloirs et les pièces vides des communs du château. Le garçon tenta donc de percer des trous dans son plancher aux endroits stratégiques. Mais dès le premier la tâche lui apparut compliquée. Le lourd parquet de chêne résistait à la petite lame. Et un problème se présentait. S’il parvenait à se rapprocher du jeune prince, celui-ci viendrait peut-être dans sa chambre. Il était impératif de dissimuler les trous ! L’apprenti espion scruta le sol à la recherche d’une idée et son regard se posa sur un œil d’une latte. La solution s’offrait à lui. En un tournemain Ome fit sauter le cercle sombre de la pointe de son couteau. Il avait à présent un trou escamotable, un œil de bois pour son œil d’espion. Cette dernière réflexion lui arracha un sourire avant qu’il ne décapsule frénétiquement tous les yeux de son parquet avant de les reboucher. Son poste d’observatoire était fin prêt. De toute façon connaissant le maître espion, il avait certainement fait installer ailleurs un deuxième poste d’observatoire. L’elfe vêtu de noir ne négligeait jamais aucun détail.
Alors une question angoissa Ome. Et si Slymock employait les mêmes méthodes pour le surveiller lui ? C’était possible. Plus d’une fois il avait cette impression étrange d’être observé. Mais c’était à chaque fois en dehors du château, lorsque le grand chambellan ou Slymock l’envoyaient faire une course chez les derniers nés de Nunn. Sa chambre se trouvait sous les combles et de toute façon il n’allait pas soliloquer. Non, il ne devait être espionné jusque dans son lit. Par contre, étant donné son projet pour sa dernière nuit de liberté, Ome devrait prendre des précautions pour sortir du château. Pour ne pas éveiller les soupçons, le garnement alla prendre son souper avec Cléandre à la cuisine. Celle-ci lui racontât, comme à l’accoutumée, une histoire des temps passés A la fin du repas, le garçon puisât de l’eau avant de remonter dans sa chambre pour repasser ses leçons puis se coucher.
Mais ce soir-là fut différent. Il plaça son édredon dans son lit de manière à simuler sa présence. Puis Ome se rendit dans une chambre à l’autre bout du couloir. Les longues soirées passées à explorer les recoins du château allaient enfin lui servir. Là de multiples caisses en bois jonchaient le sol ou s’affichaient sur des étagères. De l’une d’elles, l’apprenti espion sorti des habits sombres. Il s’habilla promptement afin de ne plus être identifiable ni pas le brassard des derniers nés, ni par sa livrée aux couleurs du grand chambellan. Avec un chapeau à larges bords, l’enfant fugueur apporta la touche finale à son déguisement pour dissimuler le crâne rasé et les oreilles. Il était fin prêt pour disparaître dans l’obscurité de la nuit de Zulla.
Son objectif était limpide parce que celui-ci ne quittait pas ses pensées depuis son arrivée à la capitale. Il lui avait fallu une année pour accumuler discrètement suffisamment d’indices et en être certain de sa destination. Ome ouvrit la fenêtre de la pièce et sortit sur le toit se transformant immédiatement en ombre furtive et silencieuse. Il parcourut les sommets de l’édifice jusqu’à atteindre l’aile opposée. Il bénit alors le jour où il eut l’idée de laisser entrouverte plusieurs fenêtres des communs tout aussi délaissés par les serviteurs dans l’aile dédiée au maire du palais. Ainsi le jeune monte en l’air s’introduit sans un bruit et dévalât à pas feutrés un escalier de service. Il serait bien étonnant qu’un sbire de Slymock guette son arrivée dans cette partie des jardins. Prudemment, Ome avança de buisson en buisson, cherchant en permanence le voile protecteur de l’obscurité jusqu’à l’orée des premiers boulevards. Il serait exposé à la vue de tous pendant une bonne trentaine de mètres. Mais pourquoi diantre le roi allumait-il des rangées de torches autour du château ? En même temps, la nuit n’était pas très avancée et l’artère grouillait d’activité, on ne le remarquerait sans doute pas.
Le garçon se lança tête baissée, le chapeau vissé sur la tête. Son cœur tambourinait au point que les palpitations le firent chanceler. S’il était découvert, s’en était fini de lui. La dissimulation de sa condition de dernier né de Nunn constituait un crime passible de la peine de mort par pendaison. Il ne pouvait plus reculer et redoubler de prudence. C’est à cet instant qu’il se rendit compte de la difficulté de marché de manière innocente lorsqu’on a quelque chose à cacher. Un rythme trop énergique ou trop nonchalant apparaîtra souvent suspect. Dès qu’il en eut l’occasion, Ome bifurqua dans une ruelle plus sombre et moins fréquentée ce qui lui permit d’atteindre sans encombre la première enceinte. Comme il connaissait sa destination, cela faisait au moins deux mois qu’il avait repéré le pan de mur serpenté de vignes vierges propice à une ascension. Les gardes ne s’occupaient que des portes et délaissaient totalement la partie intérieure de l’enceinte et la montée ne fut qu’une formalité. Il se dirigea ensuite vers l’endroit où les maisons touchaient presque la muraille. Fort heureusement, les artisans avaient pour habitude de laisser à cet endroit des planches pour leurs éventuelles interventions sur les couvertures ou les cheminées. Ome utilisa donc une de ces providentielles lattes de bois pour atteindre les toits des maisons de la deuxième enceinte et se dirigea à pas de loup vers le bâtiment qu’il visait. Doucement, il s’assit face à LA fenêtre de ses espérances et attendit. Il attendit des minutes qui lui semblèrent des heures, des jours, des mois jusqu’à la délivrance. ELLE était enfin là !
Ome revoyait enfin sa mère. Il revoyait enfin les bras de l’être le plus doux du monde desquels il avait été arraché. Il revoyait enfin le sourire enjôleur de celle qui l’avait mis au monde. Elle lisait calmenet atablée à son bureau,près de la fenêtre. Il voulait pouvoir lui parler, la prendre dans ses bras, la couvrir de baisers et lui raconter tous ce qu’il lui était arrivé depuis son exile forcée. Seulement cela aurait constitué une grave enfreinte au contrat moral que l’enfant avait conclu avec le grand chambellan. Il avait promis ne pas entrer en contact avec Fame. Rien ne lui interdisait en revanche de l’observer subrepticement à son insu. Mais pour cela, il devait sécher ses yeux mouillés par l’émotion de la revoir. Dans un reniflement, il s’essuya le visage.
Fame tourna la tête avant de se lever tandis que la porte de la pièce s’ouvrait. C’est alors qu’une vision frappa l’apprenti espion. Sa mère avait le ventre gonflé. Elle était enceinte ! Mais de qui ? Depuis quand ? Pourquoi le grand chambellan lui cachait-il cette information ? Les questions assaillaient le garçon. Dans sa fébrilité, il tenta de s’avancer encore un peu plus et faillit tomber du toit en glissant sur la mousse humide d’une tuile. Non, il devait se contenter de rester ici et d’observer. Il sortit la longue vue qu’il avait fourré dans sa poche avant de partir. Slymock venait d’entrer. Comme lors du voyage les exilant de Panamantra, l’espion couvrait toujours Fame de son regard lubrique. Était-il le père ? Non, jamais sa mère n’aurait cédé à cet avorton.
L’ostracisme que Ome subissait depuis son arrivée à Zulla allait enfin se révéler bénéfique. En effet, loin des autres élèves, il avait développé la capacité à lire sur les lèvres. Petit à petit le nouveau monte-en-l’air reconstitua le puzzle en associant les pièces. Sa mère et Slymock développait une relation. L’éminence grise du baron Ugmar la visitait très régulièrement. Lui semblait transi d’amour pour la divine, mais elle se forçait. Ome la connaissait trop bien pour ne pas s’en rendre compte. Fame demandait encore une fois au sombre personnage de la projeter...non de la protéger. La protéger de qui ? De quoi ? Pour quelles raisons ? Slymock se dirigea vers la fenêtre. Ome eut un mouvement de recul. L’avait-il repéré ? Non, le sombre personnage tira les rideaux. Le garçon n’en saurait pas plus ce soir. Comme un fantôme, aussi imperceptible qu’une légère brise tiède d’été, il retourna au château pour retrouver sa petite chambre mansardée. Demain, il commencerait sa mission pour le grand chambellan. Et demain, il tenterait aussi de percer le mystère entourant sa mère.
Je suis un peu mitigée face à ce chapitre :
1) Pourquoi Ome est-il à l’école avec les Elfes ? D’ailleurs, j’ai été surprise de voir qu’ils ont des écoles comme chez nous en mode moderne ou comme début 1900, avec des petits pupitres etc, alors que c’est des princes et des princesses ? Ils n’ont pas de tuteurs particuliers ? Et surtout que fait Ome avec eux ?
Je m’inspirerais des enfants germains envoyés à Rome pour recevoir l’éducation romaine et revenir en chef chez eux, chef contrôlé par Rome. Là comme c’est, c’est à la fois expédié trop rapidement ou au contraire, tu t’étales là-dessus, alors que ce n’est pas un point crucial. J’ai l’impression que tu as le cul entre deux chaises : en gros, soit on veut en savoir plus (mais est-ce judicieux de s’attarder sur la phase école, alors que tu es dans un récit de fantasy adulte ? Les lecteurs comme moi vont claquer, mais les plus jeunes ou ceux qui aiment la fantasy à l’école (héros academy, tout ça) vont aimer), soit tu peux presque passer plus vite là-dessus et dire qu’il a un tuteur privé, celui du chambellan par exemple et qu’il étudie avec Victoire et l’autre prince, qu’il est mis à l’écart et c’est tout.
2) Point que je n’ai pas compris : pourquoi le chambellan le considère-t-il comme un espion ? cf ma remarque précédente ? S’il a en tête de placer Ome à la tête des troupes des Premiers Nés à sa majorité, il ne va certainement pas se dévoiler devant lui, lui et tous ses secrets.
3) La loop avec la mère enceinte est intéressante en soi (et encore, Ome semble surpris qu’elle ait des rapports sexuels avec ses clients, alors qu’elle est… une prostituée et qu’elle ne le lui a jamais caché), mais je ne mettrais pas ce point au centre du chapitre. Il y a tant d’autres arcs un million de fois plus intéressants avec les autres persos !
Aussi, je trouve que l’histoire met du temps à se lancer. Cela fait plusieurs chapitres que j’attends qu’il se passe quelque chose en rapport avec les guerres lemniscates, une attaque, une trahison, la mort d’un perso important, que tout parte en vrille en fait. Mais on traîne dans les couloirs avec Ome et sa mère.
Je t’avoue que je trouve la loop avec Ome pas la plus intéressante à mes yeux. Pour l’instant, je préfère les autres personnages : le chambellan elfe, Gal, Nomrad, Épiphone. D’autant qu’on faisait parfois des bonds temporels importants avec eux, ce qui était intéressant et original, alors qu’avec Ome, on suit ses petits tracas du quotidien et c’est tout. C’est le seul à ne pas s’intéresser du tout aux guerres lemniscates et pourtant c’est lui qu’on suit depuis (trop ?) longtemps, alors que je m’attends à ce qu’un événement survienne qui fasse tout pèter et renverse l’échiquier. Je te conseille de ne pas trop traîner et de ne pas perdre de vue la structure de ton récit pour conserver un bon rythme.
Note de style : attention à l’usage que tu fais du subjonctif imparfait, il y a des erreurs de conjugaison et je te conseille de revoir la règle, car tu l’a faites plusieurs fois.
Mes notes de lecture :
je souhaiterais que mon fils bénéficie de la même éducation de l’élite elfe.
> que l’élite elfe ?
“ces marques d’affection comestible”
> comestibles ?
“Et chaque jour, elle lui prodiguait les recommandations avant qu’il ne rejoigne le baron Ugmar pour son rendez-vous quotidien. »
> Quelles recommandations ?
« Mais pour la première fois, l’entrevue se révéla d’une importance plus stratégique. Ome s’en rendit compte dès son arrivée à la mine songeuse du grand chambellan et de son maître espion, le noir Slymock. »
> Tu peux formuler ces phrases différemment pour qu’on suive ce que voit Ome puis ses pensées et interprétations. Là, il sait déjà tout avec la première phrase avant même d’avoir franchi la porte.
« Ta mission sera de nous relater tous ses faits et gestes. »
> Mais attends voir, il fait de Ome son espion ? J’avais cru comprendre qu’il l’éduquait pour le placer à la tête des Premiers Nés ? Là, le chambellan le met donc dans la confidence de toutes petites combines. Est-ce bien prudent ?
« du levé au coucher”
> du lever
« D’ailleurs, le baron Ugmar pense loger le prince dans la chambre en dessous de la tienne »
> Accueillera le prince ?
> Voisine à la tienne ? Parce que s’il est en-dessous, c’est plutôt loin, d’autant que le château avait l’air immense, donc je ne vois pas comment il pourrait l’espionner efficacement s’ils sont tous deux à l’autre bout du couloir ou plus loin encore.
« Le prince Hector cherchera probablement à espionner pour ses peuples. »
> Il n’a que 10 ans. Est-ce un âge adulte pour les dyades/satyres ? J’aurais imaginé qu’ils grandissent encore plus lentement que nous, vu qu’ils vivent 100 000 ans et des brouettes.
« en faisait entrer”
> en faisant
“vis à vis”
> vis-à-vis
“Dans ces conditions, il était impensable pour Ome d’effectuer la moindre tentative d’approche de la belle. »
> Mais alors pourquoi tu dis ça plus haut : « Oui, ils le détestaient tous. Tous, sauf Victoire.”, si elle reste loin de lui, dans son cercle ?
« Ce serait le dernier jour où Ome s’assit seul à sa table de travail pour suivre ses différents cours. »
> Je mettrais au futur (le futur du passé = conditionnel) : « s’assiérait », « brosserait » (d’ailleurs, à part cette phrase, tu ne dis jamais qu’il aime bien les chevaux), « réaliserait ». Elles sonnent grammaticalement incorrectes.
> Là c’est juste : « Et ce serait aussi la dernière journée où Ome pourrait s’occuper » Tu n’a pas mis « put »
> D’ailleurs pourquoi est-ce la dernière fois qu’il fait tout ça ? Il ne va nulle part à priori. C’est la fin de l’année ou quelque chose comme ça ?
« avant que ces saletés d’elfes ne l’en empèchent et l’isolent ! »
> Je répèterais le « ne » : « et ne l’isolent »
« Ome divagua durant toute la matinée des cours théoriques »
> Je ne suis pas sûre que le verbe soit le meilleur. « révisa » / « lut », non ? Pourquoi divaguer ici ? Divaguer, ça signifie (Larousse) : « 1. Littéraire. Errer çà et là, sans but, à l'aventure.
2. Prononcer des paroles incohérentes, sans suite, dire des choses déraisonnables : Ton projet est stupide, tu divagues »
« sur a face”
> Typo
“Celle-ci lui racontât”
> raconta
“une histoire des temps passés A la fin du repas, le garçon puisât »
> ponctuation (point)
> À avec accent
> puisa
« Mais ce soir-là fut différent. »
> Tu le dis souvent dans ce chapitre. Je ne pense pas que ce soit même la peine de le dire une fois.
« le jeune monte en l’air s’introduit et dévalât »
> monte-en-l'air
> s’introduisit
> dévala (dévalât est le subjonctif imparfait, ici tu as besoin du passé simple)
« Il serait bien étonnant qu’un sbire de Slymock guette son arrivée »
> Il est en général conseillé de mettre un « ne » avec les conditionnel qui n’est pas celui de la négation (et a un nom que j’ai oublié). D’ailleurs, guettât fonctionnerait aussi, même si guette est juste (et perso je préfère le sujonctif présent que le subjonctif imparfait qui n’est plus du tout utilisé à l’oral).
« s’en était fini de lui. »
> c’en
« Il ne pouvait plus reculer et redoubler de prudence. »
> Phrase maladroite
« de la difficulté de marché »
> marcher
« Un rythme trop énergique ou trop nonchalant apparaîtra »
> apparaîtrait
« cela faisait au moins deux mois qu’il avait repéré le pan de mur serpenté de vignes vierges propice à une ascension”
> Pourquoi il n’a pas tenté de voir sa mère avant dans ce cas ?
« Non, jamais sa mère n’aurait cédé à cet avorton. »
> Il ne faut pas oublier que sa mère est une prostituée.
« Lui semblait transi d’amour pour la divine, mais elle se forçait. »
> C’est normal en tant que prostituée, l’acte n’a rien à voir avec du plaisir et encore moins avec de l’amour.
« de la projeter...non de la protéger. »
> Je me suis demandée ce que tu voulais dire et là, j’ai pensé que c’était une erreur parce qu’Ome lit sur les lèvres. Ça n’a pas été clair pour moi en première lecture.
Alors tu pointes le doigt sur un problème de mon histoire qui est inévitable au regard de sa genèse. Au départ, j'avais écrit une histoire uniquement autour de Ome. Et tous les autres personnages se sont développés presque de manière organique. Et je suis d'accord avec toi, je trouve Ugmar, Gal, Epiphone et surtout Nomrad bien plus intéressant pour l'instant. Là, j' commence ma première réécriture, et j'intègre de nouveaux arcs secondaires qui pourraient venir s’intercaler pour essayer de retrouver le rythme du début de l'histoire. C'est vrai que là, mon récit a perdu son alternance entre personnages.
Là, je rédige un arc sur les ancêtres de Ome. Je sens que cela va enrichir mon personnage et plus l'ancrer dans le conflit éternel. Par le vécu de ses ancêtres, Ome aura une soif viscérale d'indépendance vis à vis des elfes et de sept races dominantes. Enfin j'espère pouvoir intégrer ça!
Vu que je n'ai pas fait de fiches personnages, il va y avoir des retouches pour tous! Et je me rends compte que je n'ai pas assez insisté sur le fait que Ugmar manipule aussi ses alliés en les faisant tremper dans ses magouilles. Je ne vois pas en quoi c'est bizarre qu'il veuille faire de Ome ses yeux et ses oreilles.
Fame, la mère de Ome se prostitue mais utilise certainement des moyens de contraception. Il faudra que je le précise, genre des tisanes... Pareil, Ome va voir secrètement sa mère parce qu'il vient juste d'apprendre sa localisation + pacte avec Ugmar. Il a promit de ne pas tenter de revoir sa mère. Il faut que je retravaille se s points!
Alors, je prévois d'écrire un arc sur l'apprentissage de Ome. Après comme j'étais dans mon premier jet, j'avais mis toutes mes idées. Je ne sais pas si je dois retirer toute la partie apprentissage de Ome ou non. Au bout du compte, ça fait bien cent ou cent cinquante pages quand même. Pour l'instant, je pars sur l'idée de tout développer et rédiger. J'effectuerai des coupes dans un second temps.
Pour toi, un loop, c'est un personnage qui en espionne un autre?
Et je suis bien conscient que j'ai du travail sur les accords de temps, l'orthographe et tout ça. Sur le premier jet, je ne me relis pas assez! Honte à moi!
> Perso, je plussois ce choix. Si tu t'étais centré sur Olme, ton livre aurait été plus à viser des jeunes et adolescents et perso, je ne l'aurais donc pas lu, car je n'ai plus 12 ans.
"j'intègre de nouveaux arcs secondaires qui pourraient venir s’intercaler pour essayer de retrouver le rythme du début de l'histoire."
> Attention à ne pas rallonger ce début qui est déjà over long. Je serais toi, je ferais plutôt des coupes.
"Là, je rédige un arc sur les ancêtres de Ome"
> C'est une bonne idée. L'axe des derniers arrive en effet un peu tard. Ce qui serait intéressant serait d'intégrer les premiers nés dès le début de l'histoire, limite au 2e chapitre, après le discours du chambellan sur leur apparition. Les premiers nés capturés par les Elfes pourraient être présentés aux Elfes lors du conseil, comme on présentait les esclaves dans les expositions coloniales, genre en mode dégueulasse. Et celui où celle qui est exhibé.e comme une bête pourrait être l'ancêtre d'Ome. Ensuite, comme ils meurent jeunes, tu pourrais suivre la lignée d'Ome depuis les origines, avec des chapitres qui s'ibtercalent avec celui de Gal et de Nomrad, avec des hommes et des femmes qui se succèdent, au destin tragique (car les premiers nés sont très pauvres, rejetés ou carrément esclaves), ce qui amènerait jusqu'à Ome petit à petit. Ça serait intéressant d'avoir leur point de vue alors qu'on voit les Orcs et les Nains faire ces transactions : une révolte matée de façon sanglante du côté des Orcs ? La difficulté de s'adapter au travail sous-terrain, mais une meilleure intégration apr les Nains avec la promesse d'être libéré par le travail ? Ce genre de chapitres, construits comme des petites nouvelles ? On comprendrait alors comment la mère d'Ome s'est retrouvée prostituée aux confins du monde. Et tu entremelerais ça avec les chemins des autres persos. Ça serait cool comme concept. (Il y a un roman No Home que je te conseille qui décrit génération après génération la vie des descendants des esclaves afro-américains. Il est court et ça pourrait t'inspirer pour ces chapitres avec les descendants d'Ome). J'en caserais pas non plus 100 000, 3-4 suffiraient large, car ça rallongerait encore ton intro qui est déja over longue, donc il va falloir faire attention au rythme. Perso je supprimerais ou raccourcirais ces derniers chapitres sur les détails de la vie d'Ome qui ne sont pas les plus intéressants et qui diluent ton intrigue principale (la préparation des guerres lemniscates. À ce stade, je me demande même si elles auront lieu et si les peuples ne vont pas s'allier derrière Épiphane pour contrer les Dieux et sortir de ce cycle sans fin > c'est cet axe qui m'intéresse le plus perso, celui d'Ome arrive en bon dernier).
"Je ne vois pas en quoi c'est bizarre qu'il veuille faire de Ome ses yeux et ses oreilles."
> Si pour lui, Ome n'est qu'un pion qu'il souhaite placer à la tête des armées des premiers nés, il ne faut pas qu'il en sache trop sur les Elfes, ni qu'il réfléchisse trop et surtout pas qu'il soit au courant des petites combines et des secrets d'état elfes.
> Je te conseille de te renseigner sur les Germains éduqués par les Romains à l'époque.
> Comme espion, tu as déjà Slymrock, à voir s'il ne vaut pas mieux détailler ce perso, lui défibir une bonne personnalité, plus profonde, pour correspondre à ce que tu mets en place ici.
"Je ne sais pas si je dois retirer toute la partie apprentissage de Ome ou non. Au bout du compte, ça fait bien cent ou cent cinquante pages quand même."
> Je te conseille de supprimer (radical ! Haha). Je trouve que l'apprentissage d'Ome est un détail qui n'est pas lié à l'intrigue. Même un paragraphe serait inutile car tu peux faire un saut temporel entre le moment où il accepte d'être éduqué avec les guerriers elfes et le moment où il est adulte et rejoint le quartier des Derniers Nés.
C'est du fait et refait, le héros qui s'entraîne pour battre le grand méchant. Et surtout là tu n'as pas un héros, mais 5, et les 4 autres sont nettement plus intéressants. Perso, j'en peux plus des récits de fantasy avec le héros qui va à l'école et qui se fait bouly par ses petits camarades. Je ne pense pas m'intéresser à un tel axe : les petites larmes d'Ome parce qu'il est exclu ou harcelé ou parce que sa chérie est amoureuse d'un autre puis il prend sur lui et finalement devient un bon chef. Tout ça, c'est le squelette d'un roman YA qui conviendrait donc mieux à un autre récit selon moi. D'autant que ses petites misères entre en décalage total avec l'esclavagisme, les axes de Gal, de Nomrad, ce qu'a enduré Epiphone. Se faire boully est grave de nos jours, mais comparé à la captivité, la guerre et la torture, je dirais qu'il y a pire.
Tu peux garder ces 150 pages sous le coude pour une nouvelles ou pour écrire le début d'un 2e roman YA ? C'est la base des romans d'apprentissage qu'on appelle YA de nos jours. Moi en tant que lecteur, voici mes attentes à ce stade : je veux que ça pète et bientôt ! 😄
Je suis de retour de vacances, mais j'ai pensé à tes réflexions et à pourquoi j'abordais la scolarité de Ome. (C'est dingue de toujours peser à son histoire comme ça!)
Alors au début, je voulais traiter de l'entre-soi et du népotisme. C'est pour cela que l'on trouve une académie pour les élites elfes. Je voulais montrer Ome, du plus bas niveau social tenter de se débattre dans un milieu qui se refuse à lui. Du coup je ne sais pas. Je ne sais plus si c'est une bonne idée et une thématique à traiter dans cette histoire. Je pense même que je pourrais faire une autre histoire avec toute cette matière, plus young adulte, je te l'accorde.
Ma phase de réécriture sera sans doute plus longue que prévue! Et il faudra que je trouve le courage de supprimer des choses! Rajouter c'est facile, mais le contraire c'est un crève-cœur!
> Je trouve que tu décris pile poil la structure d'un roman YA (fantasy ou non d'ailleurs). Tu peux aussi ajouter qu'il doit surmonter ses traumatismes et trouver qui il est et bingo. Attention je ne dis pas que c'est mal, mais qu'est-ce que tu feras de tous les autres persos et des guerres lemniscates du coup ? Tu peux tenter d'extraire ce roman YA de celui-ci et partir sur le fait qu'Ome se rebelle contre les Elfes et libéré son
"qu'Ome se rebelle contre les Elfes et libéré son peuple de l'oppression mais attention tu tombes dans une autre structure/ histoire type la Planète des Singes par exemple.
De mon point de vue, j'ai l'impression que tu as deux histoires en une. Pour quant l'idée d'avoir une généalogie d'humains en plus des elfes, nains etc mais inutile de se focaliser sur un humain en particulier car leur durée de vie est rikiki comparée aux autres races, un battement de paupières
Je pense que faire des coupes serait un bon conseil car déjà là je trouve que l'histoire se lance tard alors si tu recommences une longue intro de 100 pages sur un ado, je ne sais pas si c'est le plus judicieux, question de rythme et de suspense
Je suis d'accord avec toi Ome c'est une histoire dans l'histoire. Ça coupe le rythme. L'arrivée à Zulla est importante car elle décrit la ville, mais derrière, je peux supprimer des trucs. Les combles du château par exemple ne sont pas essentielles. L'enseignement peut être expédié. Argh! Je vais devoir me refaire toute ma chronologie avec cette histoire!
Et c'est vrai que je n'envisageais les hommes que dans le royaume elfe. Il faut que je montre aussi leurs conditions de vie dans les différents royaumes!
Ensuite, j'ai beaucoup aimé le passage où Ome voit sa mère enceinte. Elle manipule Slymock pour qu'il manipule le manipulateur Ugmar si je comprend bien^^
Entre le viol de Fame, la passion de Slymock pour elle et la future interaction entre Ome et Hector, les trahisons peuvent arriver de partout! Ca laisse libre court à l'imagination !
Du coup, ca fait tellement de scénarios potentiels que c'est impossible pour l'instant de spéculer^^
Petite chose:
Je trouve bizarre et décevant de la part de Slymock qu'il ait juste laissé un mot sur le lit d'Ome pour lui indiquer comment espionner Hector. N'importe qui aurait pu tomber dessus.
Tu pourrais imaginer un moyen plus subtil de faire passer l'info, à l'image de ton maitre espion.