La montée des eaux

J’avais 19 ans. C’était le mois glacial de janvier. J’allais à la fac à Paris comme d’habitude. Ce jour là, il faisait vraiment très froid et il pleuvait des cordes depuis quarante-huit heures. J’ai couru de chez moi à la gare et pris le train direction St Lazare. Je me suis assise puis ai sorti mes écouteurs et mon téléphone de mon sac pour mettre de la musique et reprendre mes esprits. Il faisait encore nuit, j’adorais regarder la ville de Paris de nuit. La nuit et les lumières reflétaient la Tour Eiffel, les appartements haussmanniens, les monuments...

Après une demi-heure de train je suis sortie de la gare pour aller au métro. J’en ai eu un par chance car j’avais entendu aux infos qu’à cause des intempéries, certaines lignes de métro étaient inondées et donc fermées. Je l’ai pris puis suis descendue à mon arrêt habituel. Lorsque je suis sortie de la bouche de métro, j’avais l’impression que la pluie était encore plus forte. J’ai commencé à courir. Ma fac était à cinq minutes. Je suis quand même arrivée trempée. J’ai pris un chocolat chaud à la cafétéria pour me réchauffer puis ai rejoins mes copines qui étaient déjà devant la salle. Nous avions un partiel ce jour-là. Le stress était à son comble mais je ne laissais rien paraître pour ne pas le communiquer alors que les filles étaient déjà sur le point de tomber. Dix minutes plus tard, nous étions assis dans la salle et commencions notre dissertation de philosophie.

La pluie faisait tellement de bruit que j’avais du mal à me concentrer.

Après trois heures de composition, nous sommes sorties de la salle en mettant en commun ce qu’on avait écrit. Le sujet était: « La prison au XIXe siècle ». Apparemment, à cette époque, à la même période la Seine, avec les intempéries, avait inondée tout Paris. Les prisonniers qui se trouvaient dans les cachots au sous-sol s’étaient noyés, personne n’était venu les sauver. Lorsque le professeur nous avait dit cela, ça avait mis un blanc dans la salle.

Il me restait une heure de cours et après c’était le déjeuner. Je repensais à cette histoire en regardant la pluie par la fenêtre. J’avais une vue directe sur la Seine et son eau verte foncée qui avait déjà bien montée. Mais d’après les météorologues, une crue n’était pas à prévoir. Il faisait maintenant jour, le ciel était d’un gris qui laisse envie de rester sous la couette avec une tasse de chocolat chaud et un bon film. La pluie ne s’était pas calmée. Il était 11 heures, le cours venait de finir et le restaurant scolaire n’ouvrait qu’à 11h45. On  décida donc d’aller à la bibliothèque qui était dans un autre bâtiment à côté. Je maudissais l’administration et son règlement qui interdisait aux élèves de rester dans les couloirs. On compta jusqu’à trois avant de se lancer dehors et courir jusqu’au bâtiment d’en face où se tenait la bibliothèque. Une de mes amies, Mathilde tomba en glissant. On commença toutes à rire mais à la vue de sa tête on s’arrêta très vite. Je vis son poignet en sang et manqua de m’évanouir. Il pleuvait maintenant des cordes qui ressemblaient de plus en plus à de la grêle. Je pris mon téléphone et appelai le SAMU tandis que mes amies relevaient soigneusement Mathilde. Ils arrivèrent dix minutes plus tard. Nous étions trempées et glacées par le vent. C’était une fracture ouverte. Ils ont commencé par l’examiner pour voir si elle n’avait pas d’autres blessures puis l’ont installée dans l’ambulance et sont partis.

Cette fois-ci, on préférait marcher doucement vers la bibliothèque. J’avais froid et faim. J’ai proposé d’aller dans les toilettes pour sécher nos manteaux, chaussures, chaussettes aux sèches mains et radiateurs. Un quart d’heure plus tard, le vigile est venu nous voir et nous a prié de sortir. C’était enfin l’heure de pouvoir manger à la cantine. On fit le chemin inverse, nos vêtements à peu près secs étaient de nouveaux trempés. La file d’attente pour accéder au self s’étendait jusque dehors. Heureusement, l’attente n’était pas trop longue. Je pris un plateau et des couverts et commençai à choisir mon menu: en entrée des carottes râpées, en plat des frites et en dessert, une pomme. On alla au premier étage et trouva une grande table. On reprit nos esprits et se réchauffa tout en savourant ce repas.

L’après-midi se passa normalement. Après manger, on alla devant notre salle pour notre cours d’histoire. La grêle ne s’arrêtait pas. Je la voyais, toujours à travers la vitre, s’abattre sur les voitures en les abîmant. L’alarme de certaines s’allumait à ce contact violent. Il n’y avait personne dans les rues. Cette journée était interminable. Ce cours ne m’intéressait pas du tout. J’avais choisi la place où l’on voyait le mieux la Seine. Puis je me perdis dans mes pensées. J’imaginais la Seine qui débordait, la panique que cela produisait, la galère pour rentrer à la maison, les dégâts causés… Le professeur vint à ma table en me criant de me réveiller. Je sursautai et m’excusai. Une fois, sa morale faite, il reprit son cours. Je regardais de nouveau la Seine et… non… je ne rêvais pas, l’eau était belle et bien en train d’envahir le trottoir. Je le criai et tout le monde vint à la fenêtre. Le professeur nous assura que c’était déjà arrivé il y a cinq ans et que l’eau n’avait jamais été jusqu’à la fac qui était à plus de dix mètres de la Seine. Il continua son cours comme si de rien n’était.

Une fois celui-ci terminé, les élèves rangèrent à la hâte leurs affaires et sortirent pour voir l’eau. En effet, elle était encore bien loin de la fac et des autres bâtiments. Déçue, je commençai à rentrer chez moi. S’il y avait une inondation, la fac fermerait donc plus cours donc plaid et télévision toute la journée. Mais pour l’instant tout allait bien. Mes amies et moi, prenions le même métro vers la gare St Lazare. Tout le monde avait décidé de le prendre. Le premier était tellement rempli qu’on ne put prendre que le suivant. Le train était lui aussi complètement plein mais je pus y monter même si nous étions tous serrés. J’arrivais chez moi encore trempée. Il faisait nuit. Je pris une douche et mis mon pyjama le plus chaud. Je m’installai dans le canapé avec un grand plaid et alluma la télévision. Je pris des nouvelles de Mathilde, elle s’était faite opérer en urgences et était réveillée depuis une heure. Elle ne reviendrait pas à la fac avant quelques jours. Mes parents arrivèrent du bureau et on dina. On regarda ensuite le journal à la télévision. Certaines zones de la France étaient inondées. Les maisons s’étaient écroulées. Il y avait de grands torrents qui emportaient avec eux les voitures, les poubelles, les objets des maisons… Bizarrement, j’étais émerveillée.

Le lendemain, je me réveillai en forme. Je déjeunai, me préparai et marchai jusqu’à la gare. Cette fois-ci j’avais prévu des habits pour me changer à la fac car il pleuvait encore des cordes. Il y avait un train toutes les deux heures. Les métros, quant à eux passaient, régulièrement. J’arrivai à la fac puis passai aux toilettes pour me changer. Je commençais ma journée avec un cours de littérature en amphithéâtre de trois heures. Ce fut, encore une fois, un cours interminable. Il finit enfin, j’étais la première à sortir de la salle et lorsque j’ouvris la porte, une mini vague d’eau s’infiltra comme si la porte l’avait retenue. Surprise je fis un pas en arrière mais en bousculant mon ami Jules et je tombai avec lui et les autres derrière comme des dominos! Tous trempés par l’eau, nous nous relevâmes tant bien que mal avec un sérieux fou rire. Je m’excusais auprès de tout le monde et sortie. L’eau nous arrivait jusqu’aux chevilles environ mais continuait de monter doucement. On pu quand même rejoindre la cafétéria pour manger une pizza. On décida tous les quatre d’aller voir la Seine d’un peu plus près. J’étais fière lorsque je sortis mon beau et grand parapluie que j’avais pensé à prendre ce matin. D’un pas avancé, on s’aventura vers le fleuve. Il pleuvait des torrents de pluie qui venaient s’écraser avec le vent sur nous, comme la force d’une balle. Mon parapluie se retournait, nous étions finalement trempés, je décidais de le ranger car il ne nous servait à rien. En effet, l’eau était montée d’au moins dix centimètres depuis hier soir et continuait puisqu’elle nous arrivait maintenant environ trois centimètres au dessus de la cheville. Cela faisait bizarre car à l’endroit où on était, se trouvait, sur les quais, un square pour enfants. Mêmes les paniers de baskets avaient été engloutis par l’eau. La Seine était très agitée. On décida de revenir vers la fac. On reçu un mail indiquant que les cours de l’après-midi étaient annulés. Chouette, enfin une bonne nouvelle, je pouvais rentrer tranquillement à la maison. Les parents ne rentreraient que le soir et mon frère était au collège. J’aurais donc toute l’après-midi pour regarder des films de Noël en replay, boire des chocolats chauds et me prélasser sous le plaid chaud. Mais il fallait que je rentre car si les lignes de métro étaient fermées et que les bus ne roulaient pas, il ne me resterait que la marche. Marche qui durerait plus de quatre heures, dans le froid et sous la pluie !!

A ce moment, je râlais intérieurement. Mais j’étais loin de me douter ce qui allait se passer ces deux prochains jours et à quels problèmes je devrais faire face.

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Sæhrímnir
Posté le 12/04/2022
Bonjour,

Le sujet m’intéresse beaucoup, j'ai toujours eu un faible pour les phénomènes météorologiques ;)
Les plus : style clair, pas de fautes, tu déroules bien l'intrigue et donne l'envie d'en savoir plus.
Les moins :
- attention au "listage" des actions consécutives. Tu articules la plupart de tes phrases avec des "et", donnant ainsi l'impression d'un écoulement mécanique, sans souplesse (mais c'est peut-être voulu ?)
- usage systématique du pronom "on": je pense que tu gagnerais à utiliser "nous", comme tu le fait au moins une fois "nous nous relevâmes..."
- conséquence du deuxième point, la non répétition du pronom "on" donne de la lourdeur au texte. Voir http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=4133, vers la fin : "Quant aux pronoms il impersonnel et on, leur répétition est quasi obligatoire, sinon beaucoup plus fréquente."

Par exemple : "On alla au premier étage et trouva une grande table. On reprit nos esprits et se réchauffa tout en savourant ce repas."
Pourrait être réécrit "Nous montâmes au premier étage pour y trouver une grande table. Reprenant nos esprits, nous nous réchauffâmes tout en savourant ce repas..."
Il y a de nombreuses façon de reformuler, chacune introduisant une nuance légèrement différente... mais je pense que c'est mieux que le "... et ..., .... et ...."
Voilà, ce n'est que l'avis d'un autre amateur ;)

Je vais lire la suite car j'aimerais en savoir plus!
Maureen122
Posté le 12/04/2022
Bonjour Sæhrimnir,
Merci pour tes conseils et remarques.
J’en prends note et en tiendrai compte lors d’une possible réedition.
J’espère que la suite de l’histoire te plaira
Bonne lecture !!
Aliam JCR
Posté le 23/01/2022
Bonsoir,

Je découvre ton histoire par hasard et je peux te dire que je trouve que c'est un très bon début ! J'ai hâte de lire la suite ! :)
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