La voix des larmes

Par Elornyx

 « Pourquoi la nuit est-elle triste ? »

 « Parce qu’elle porte en elle toutes les souffrances d’une femme esseulée. »

Je suis partie sans rien demander à personne. Pourquoi l’aiderait-on ? La nuit mère de solitude, incomprise dans l’univers. On me méprise. Ne fais que croire que j’ai tort d’agir ainsi ; de rester dans l’ombre qui me plaît. Une âme sensible au bord du vide. Près des abîmes de tous les mondes. À qui l’on prête mille intentions, de qui l’on parle dans son dos. « C’est si facile », pensent certains.

Comme si je n’apparaissais pas capable de vous entendre; vous voir ou même vous comprendre. Je pourrais les maudire. Mais qu’ils se trompent je n’en ai cure.

Ce n’est que pour mieux choisir ce que je veux vraiment. Et ce ne sera pas ceux qui me jugent fragile. Juste des non aptes d’appréhender la voix des larmes et du silence.

Pourquoi chercherais-je la compagnie des hommes alors qu’ils se méprennent de tout, « roi de l’univers », les rois de leurs perceptions phalliques. Ma famille se tient bien plus digne. On demeure aussi bien sans eux, autant faire taire leurs paroles lassantes. Ne pas leur prêter allégeance. Qu’ils restent avec leurs jeux, je privilégie ma sœur la Terre, le ciel, l’eau, le feu, le vent... Pour leurs secrets et touts leurs mystères qui ne demande qu’as être ouvert. Quitte à faire le mal, je préfère la compagnie d'Erebe et Chaos ; ça mettra vite fin aux débats.

 « Mais de quoi souffre-t-elle ? »

De désillusions, de trahisons, et de mensonges. De toutes ses choses qui nous arrivent à tous. Mais il vient un moment où c’est trop pour ignorer. Trop pour ne pas pleurer. Et alors je me demande pour quelle raison autant d’acharnement ? Je ne relève ici que des lâches qui font tout sous mauvaises entités. Même pas le courage de nous faire face. Non, c’est si facile quand elle a lame au repos. D’en écrire nos préfaces bien cachées ; telles que je ne verrais rien ? Comme si je ne ferrais rien. Or c’est bien l’obscurité qui veille davantage.

On prête à mon essence et bien des semblables des intentions qui n’étaient pas les nôtres. Et pourtant, il y en a des raisons de se méfier de nous. J’avoue que nous ne sommes pas que des anges. Mais bel et bien les titans irradiants. Habitants des profondeurs. L’âme souterraine et d’abysses infinis jusqu’aux plus purs sommets éclatants.

Je ne suis pas celle qui a pris le nom des autres pour les salir. Ils se reconnaîtront les traîtres à nos couronnes.

Je sais qui vous êtes, et vos crimes ne resteront pas éternels. J’ai tout mon temps. Tout le règne nécessaire pour guérir et changer ça. Je ne suis plus d’âme vengeresse, je leur pardonnerais presque sans conteste. Mais lorsqu’il faut en finir, je me tiens là. Et croyez-moi, je ferais pis de ce qu’ils ont prédit. Pire que leur attaquent. Pire que de s’arracher les yeux; les plongées dans le noir sans fin; dont ils ne pourront plus s’échapper ni voir d’autres nuances. Il n’y aura pas de place pour la clémence encore, s’ils en avaient en leur possession ils n’en ont pas usé sur nos corps.

Cependant je ne m’abaisserais pas à leurs niveaux. Et la fin des temps se suffira. Je porte fièrement ce bout d’histoire. Ô plein de larmes et de souffrances, qui nous unissent et nous protègent, nous élèvent. Plus d’amertume ou l’envie de supprimer, c’est écrit. Cela n’amène qu’à renforcer nos légendes et nos puissances. À l’instant du verdict, je tranche juste, toutes les têtes. Je les regarderais toujours de là-haut : tombé. Tous ces lombrics bons qu’a forgés du mor. On en façonnera des miracles. Même à ne brasser qu’une fange friable. Alors, manger donc ! Repaitrez-vous de merdes avec joie et plaisirs. Briller sous nos lueurs tant que vous y êtes. Personne n’échappe à la justice divine de sa propre destinée. Et j’ai tout mon temps, mais pas s’un a vous offrir.

Je peux donc bien me reposer. On peut bien me blesser, effacé cette femme, mais pas la nuit impénétrable. J’accuse les coups. Dame éternelle dès qu’ils ferment les yeux. Personne ne peut me saisir, même si tout le monde peut me voir les paupières closes. Je peux reproduire tes horreurs, te plonger dans la tourmente. C’est bien dommage de ne plus se sentir d’une humeur massacrante. Cependant, moi aussi je suis maître du jeu. Dorénavant, vous savez; que je parais d’autant plus le jour levé qu’a son coucher !

« Pourquoi la nuit est-elle triste ? Il ne lui manque pourtant pas de soleil pour briller. »

Je le sais bien. Elle scintille de milles éclatés. De la plus pure lumière en son sein. Elle se souviendra de toutes ses mémoires. En conscience ou insouciante.  Même si ça fait longtemps que je m’en contre fou. Que je vais bien au-delà des apparences ! L’isolée ne se trouve pas vraiment l’être. Peut-être que tout cela ne fait que partie de la distraction dont je me mêle. J’ai la manière de jouer des échecs, d’assener de fausses défaites. Je porte dans le cosmos toutes les clés de toutes les sphères oubliées. Il faut bien que quelqu’un garde les portes de nos évidences. Que la nuit est grande de mélancolie.

Que la nuit est grande d'allégresse. Elle en pleure aussi de son bonheur, vous n’en connaîtrez rien si vous n’êtes pas dans son cœur.

« Elle se souvient de ce qui figure bel et bien. Même au bord de Léthé qui lui a-pris sa vérité. »

Pour ce qui est de la venue du soleil noir, personne ne peut ignorer le noir incandescent qui vous brise bien plus que la rétine. Ô douce nuit.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez