Ils n’étaient plus que deux.
Depuis la disparition du premier, abattu par Ser Caldar et Garric, les deux derniers automates erraient silencieusement dans les terres du royaume, affaiblis. Lassés de distiller la mort pour survivre en puisant dans les corps maigres, ils avaient senti un parfum bien plus enivrant. Celui du fluide que porte Myra.
Discrets et prudents, ils avaient survécu aux siècles en se dissimulant à la lisière des bois, dans les ruines oubliées, dans les recoins que les hommes évitaient.
Jamais ils ne s’exposaient. Jamais ils ne cherchaient la confrontation directe.
Leur existence tenait à un fragile équilibre : ils puisaient leur énergie vitale non pas par le carnage aveugle, mais en s’en prenant aux villageois isolés, aux voyageurs égarés, aux âmes esseulées que la forêt dérobait aux regards.
Dénués d'émotions humaines, ils ne tuent pas par plaisir ou sadisme. Comme le prédateur, ils tuent pour se nourrir .
Une présence invisible, un souffle éteint, une disparition inexpliquée.
Ainsi ils préservaient leur secret et leur force, progressant lentement, guidés par un courant ancien et mystérieux — celui du fluide de vie.
À travers collines, landes et sentiers oubliés, ils suivaient cette trace ténue, ce frémissement dans l’air, cette pulsation que le don de Myra éveillait à son insu.
Quand ils atteignirent enfin la grande forêt, frontière vivante et sauvage au-delà de la rivière Morte, ils pénétrèrent dans le royaume des anciens arbres, conscients que le dernier souffle de leur mission les menait inexorablement vers leur but.
Silencieux comme l’ombre, furtifs comme la brume malgré leur forme massive et puissante.
Et derrière eux, aucune trace de leur passage. Seul le vent chuchotait aux feuilles, et les corbeaux scrutaient le ciel.