Le bal aux mille saveurs

Le château était grandiose. On rentrait vraiment par la grande porte. Il n'y avait que des grosses voitures qui s'arrêtaient devant. Uniquement des aristocrates ou des grands notables de la région, ainsi que leur famille. Les couleurs étaient chatoyantes. J'aime bien observer les gens sous le regard du public. C'est fou l'importance de l'apparence ! Les robes tournaient, les gens étaient heureux. Aucun ne pouvait imaginer la suite des événements. Mes parents et moi étions venus à cette soirée, sans doute pour le travail de mon père. Il dit toujours qu'il faut faire attention à son image et penser à bien s'exposer quand on est aristocrates. Il travaille très dur, je l'admire beaucoup. Tout le monde danse et virevolte dans tous les sens. Mon père invite ma mère à danser. Ma danse était une femme très belle, brune avec une peau couleur perle et des yeux bleus tels deux saphirs qui brillaient quand elle posait le regard sur vous. Mon père était un homme grand et respecté. Il avait ce profil d'un homma sage et taciturne. La salle est très haute de plafond et d'une grande superficie. Elle est très bruyante, le bruit des conversations mondaines montait fortement. Tant et si bien, que personne n'a vu venir les évènements qui ont suivi... 

Les lumières se sont éteintes d'un coup, avec un énorme bruit assourdissant. Le murmure de la foule monte d'un cran. Les enfants effrayés courent dans les jupons de leur mère. Mon père m'attrape par la peau du cou et nous rassemble avec mon frère au près de ma mère. il reste droit comme un piquet en silence, sans doute perdu dans ses pensées. 

- Restez là, avec votre mère ! 

Ensuite il se tourne vers ma mère. Elle arbore une regard soucieux. Il se penche vers elle pour la rassurer en un regard.

- Ne t'inquiète pas tout va bien se passer essaie de les garder détendus ! Je vais aller voir ce qu'il se passe ... 

Suivi par un groupe d'hommes en costard, il s'écarte de la pièce. Ils sortent par une pièce à l'arrière sans doute pour rechercher l'origine du son étrange. Et, ils ne reviennent pas... Nous attendons dans le silence global du stress. Même mon frère n'a pas l'air d'humeur à m'embêter. Il y eut un "CRAC" puis grand silence. Ensuite, une grande fumée verte se répandit. Instinctivement, ma mère nous projeta au sol pour nous protéger. Toutes les mères firent de même. La fumée était épaisse et compacte. Tout à coup, je me mis à entendre des voix. Elles me faisaient tourner la tête. Des voix suraigües et rires glacials. Je finis par me tenir la tête. 

- Reste calme. Elles finissent par disparaitre. Ou alors tu t'y habitueras. 

Aussi étonnant que cela puisse paraître c'était la première fois dans mes souvenirs que mon frère m'avait parlé gentiment et posément. 

- Tu les entends aussi ? 

- Oui, depuis bien plus longtemps que toi ... 

- Et les autres ? 

- Non personne d'autres... Nous sommes... spéciaux. Et maintenant, arrête de poser des questions inutiles et concentre toi. 

- Me concentrer ? 

-Oui, ferme les yeux et laisse les voix t'envahir. Tu devrais pouvoir déterminer d'ou elles viennent sans difficulté et pouvoir en informer père. 

-Comment ça ?

- C'est vrai que tu as toujours été long à la détente ! Nous n'avons pas le temps ! Ferme les yeux et respire. 

Je finis par l'écouter. Je ferme les yeux et me concentre sur les voix suraigües.  D'un coup je sens des vibrations fortes dans le sol. 

- Alors ? 

Mon frère me regardait fixement. Il semblait froid et dur. 

- Elles... Elles semblent venir du sous-sol

- Bien. 

Il s'assoit en tailleur et se met à fermer les yeux. Au bout d'un moment, il finit par me faire signe de le rejoindre. 

- Ferme les yeux et concentre toi sur notre père. 

J'avais bien compris que le moment n'était pas venu aux questions. Je suivis donc les instructions. Bientôt une odeur d'orange mêlée à de la menthe poivrée nous envahit. Je ne savais plus quoi penser et mon frère me prit les mains. Je n'osais plus bouger. Bientôt j'entendis une voix. Sa voix. Pourtant il n'ouvrait pas la bouche. 
- Père ? Père, est-ce que vous m'entendez ? Son don s'est réveillé plus tôt que prévu... Il y a des intrus... les voix, elles sont revenues... Il les entends, cela veut dire qu'ils sont là pour toi ? 

Une voix faible se fit entendre. 

- Je t'entends. Il semblerait qu'on ait moins de temps que prévu. Reste avec ton frère et protège-le, veux-tu ?
- Bien, père. 

A ces mots je compris que la conversation était terminée. Mon frère se leva d'un coup et me regarda avec un sourire qui me paru effrayant. Il me tendit sa main pour m'aider à me relever. 

- Pourquoi tu es si gentil avec moi ? Est-ce que tu vas m'expliquer ce qui se passe ? 

Mon frère resta silencieux. Il avait changer, une lueur verte était passé dans ses yeux. L'odeur de la menthe poivrée devenait si forte que j'en avais envie de vomir. 

- Il y a des choses que nos parents t'ont cachées. On ne voulait pas tout te dire car on pensait que tu avais encore quelques années avant que tes problèmes commencent réellement. Malheureusement, il semblerait que nous ayons été optimistes. 

J'allais reprendre avec plus de questions. Mais, avant que j'en ai eu le temps, mon frère me mit la main devant la bouche pour me faire signe que ce n'était pas le moment. Les questions devraient attendre. L'expression de son visage n'avait rien de celle d'un enfant. Il semblait concentré sur le moindre bruit et le moindre mouvement. Je restais ainsi bloqué... Absorbé dans mon observation de ce garçon qui n'avait plus rien de mon frère ennuyant et vicieux qu'il était toujours. Je ne m'étais sans doute pas rendu de ma fatigue car mes paupières étaient devenues si lourdes qu'elles se sont fermées toutes seules. Sans que je m'en rende compte. La seule dont je me souvienne ce sont les rires aigus et mon frère qui part en courant à l'assaut. Je voulais le rejoindre mais visiblement ce fut un échec.