Le bal des âmes perdues

Ils me reviennent certains soirs

Lorsque la pluie et la nuit tombent

Souvenirs morts hors de leurs tombes

Qui me replongent dans le noir

C'était un mois de février

Un de ces mois où le vent gris

Emporte le corps et l'esprit

L'ennui collé à vos souliers

Les rues étaient mortes de gens

Le temps figé dans un vacarme

Pas un sourire pas une larme

Sur les visages affligeants

On s'amassait sur le parvis

Devant les portes du lycée

Et ces faces au fer lissées

On ne pouvait qu'être ravis

Je les avais suivis au bar

Qu'espérais-je donc y trouver ?

Il n'était plus temps d'espérer

Simplement veiller le plus tard

Fuir le sommeil fuir le silence

Dans les bras d'une limonade

Dans le rires des camarades

Qui retardent un peu la sentence

Elle riait dans son lait chaud

L'avaient-ils vraiment observé

Son rire sur lèvres gravé

De sa peine était le cachot

Las d'une vie en fil tendu

Las d'un corps par le temps cassé

Mon âme était allée danser

Dans le bal des âmes perdues

Nous étions trois nous étions trop

Sur le chemin jusqu'à chez elle

La nuit sur nous jetait ces ailes

Sous nos pieds grondait le métro

Devant ces corps vide d'une âme

Les morts riaient de milles feux

Ce soir je riais avec eux

Car ce soir j'aimais une femme

Tout oublier, heureux d'un temps

Et je tremblais de tout mon être

Au bonheur le bonheur est traître

Qui sait ce qui demain m'attend ?

Je l'observais du coin de l'œil

Pouvoir la voir et la connaître

Car c'est du regard que peut naître

Le secret et l'enfoui en deuil

C'était si clair, c'était si sombre

Les larmes coulaient de ses mots

Sa peau de la peur un hameau

Ses pensées parcouraient les ombres

Nos corps, nos cœurs s'étaient rendus

Et nos deux âmes qui dansaient

Loin de tout elles s'enlaçaient

Dans le bal des âmes perdues