Le ballet de l'hiver

– Je me suis plantée !

– Ça arrive à tout le monde de se tromper.

– Non, pas planté comme ça. Littéralement planté ! J’étais coincée dans la neige ! J’en avais jusqu’à la taille, c’était l’horreur.

– Ah oui, quand même…

– Et ses maudits elfes, elles me tournaient autour en souriant. L’angoisse.

– J’imagine.

– J’ai été humilié.

– N’y retourne pas si tu ne le sens pas.

– Et quoi ? Je leur laisse le dernier mot.

– Je ne sais pas trop s’il est question de dernier mot.

– Elles ont dit que le ballet d’hiver était réservé aux elfes ! Qu’une naine comme moi ne pouvait pas participer !

– Et c’est le cas, non ? Enfin, je veux dire : si tu t’es plantée et que tu pouvais plus rien faire.

– Pourquoi ça serait réservé aux elfes sous prétexte qu’ils ne s’enfoncent pas dans la neige ?

– Bah, parce qu’ils ne s’enfoncent pas dans la neige ?

– C’est discriminant !

– C’est juste une vérité. Ils ne s’enfoncent pas dans la neige contrairement à toi.

– C’est injuste !

– Tente autre chose.

– Autre chose ?

– Un autre ballet. Genre là, y a de la neige. Bah tu remplaces la neige par un autre truc.

– Quoi ?

– Je ne sais pas. Des feuilles mortes.

– Des feuilles mortes ? Mais qui aura envie de me voir danser sur les feuilles mortes ?

– Je n’en sais rien, moi. Je donne des idées, c’est tout.

– Elle est nulle ton idée.

– Du sable alors…

– Je ne vais pas danser sur un tas de sable pour le ballet de l’hiver. Personne ne va me croire.

– Ça sera le ballet de l’hiver, dans le désert. Ça peut être une bonne idée…

– C’est ridicule. Personne ne viendra me voir.

– Parce que les gens viendront te voir si tu te plantes dans la neige ?

– Tu es cruel de me rappeler ça !

– C’est toi qui me l’as raconté, il y a trente secondes.

– Je voulais de l’aide pas que tu te moques de moi !

– En quoi je me moque ? Je fais une simple constatation. Tu veux faire le ballet d’hiver, mais tu te plantes dans la neige. Du coup, la seule solution, c’est de changer.

– Et si je fais un régime ?

– Non. Ça ne marchera jamais. Les os des nains sont par nature très lourds.

– Et si je prenais une potion pour qu’ils soient légers ?

– Tu as confiance en ce genre de mixture ?

– Oui. D’accord, tu as raison. Mais du coup, je fais quoi ?

– Cherche un truc qui soit semblable à la neige, sans en être et dans lequel tu ne te planteras pas.

– Ah oui… Dur… Tu veux parler de quoi ?

– Je n’en sais rien, moi. Je donne juste des idées. Je ne prétends pas avoir la solution à ton problème.

– Des fleurs de coton ! Je pourrais danser dans les fleurs de coton !

– Je veux bien, mais où tu vas en trouver à cette époque de l’année ?

– Mais tu m’énerves ! Tu critiques tout ! Tu as une meilleure solution à proposer ?

– Peut-être…

– Quoi ?

– Tu abandonnes le ballet et tu te mets aux lancées de poids.