Le calcaire

Par Carl

Certains jours, il ne tenait pas en place. Il avait au creux du ventre comme un ressort qu’il était impossible de calmer. Ses jambes s’agitaient, ses doigts pianotaient contre les tables, ses dents déformaient ses lèvres. Il pouvait être dans cet état durant des journées entières.
Parfois, le ressort prenait tant de place, qu’il finissait par lui tordre l’estomac. Il faisait rétrécir ses poumons, nouait sa gorge.
Il n’avait pas de remède à ce ressort. Rien qui ne puisse calmer ni les tremblements, ni les rebonds de ses pensées. Tout ce qu’il trouvait à faire, c’était ouvrir le robinet de la cuisine et plonger sa tête sous l’eau froide. Il laissait l’eau couler sur sa peau. Pendant de longues minutes. Le froid gelait ses angoisses. Il les figeait le temps de quelques secondes.
Alors tant que l’eau coulait, que le bruit l’assourdissait, que sa peau grelotait, il pouvait respirer. Une fois la crise passée, l’appartement, son corps et sa tête retrouvaient leur calme.
Il prenait grand soin de garder ces crises secrète. Ne laissait ni indice, ni témoin de la scène. Et ne restaient comme preuve du drame, que des taches de calcaire au fond de l’évier.

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