Une grande salle, un gymnase peut être. Des bruits de pas claquaientt sur le sol en béton. Ces sons se répercutaient infiniment. Au milieu de la pièce, quatre enfants endormis. Où était le cinquième ? Il arriva. Le n° 3. Il s'agenouilla au milieu du cercle que formaient ses camarades et les réveilla un à un. Ils se levèrent en rouspétant mais ils n'essayèrent pas de se recoucher. Le froid s'infiltrait dans les trous de la toiture, les faisant grelotter. N° 2 prit la parôle :
- Vous savez quoi ? Au jourd'hui on va refaire les boutiques. On a besoin d'habits. Surtout toi, quatre.
Il désigna la robe blanche de n° 4 qui était maintenant en lambeaux. En effet, si la tenue était jolie en apparence, elle n'était ni chaude, ni pratique. Avec cette robe légère, l'adolescente ne pouvait pas faire des activités qui nécéssitaient qu'elle grimpe aux arbres, crapahute dans les décombres de la ville ou simplement qu'elle coure.
- Et puis nous ferions mieux de chercher à manger, reprit n° 3, les rations ne sont pas en quantité illimitée. Alors autant avoir de la nourriture de secours.
Les autres acquiescèrent et tous cinq eurent vite fait de partir du gymnase dans lequel ils s'étaient installés pour la nuit. Ils commencèrent leur journée de "shopping" par un rapide passage dans un magasin de sport d'où ils ressortirent avec des habits neufs et plus adaptés pour courir ou faire des mouvements physiques. Les heures s'égrenaient et le petit groupe devenait plus solidaire à mesure que les adolescents passaient du temps ensembles. Ce fût aux alentours de 15h que n° 5 annonça :
- Ecoutez-moi bien. Vous ne vous retournez pas, vous faites comme si de rien n'était , et vous me suivez le plus naturellement possible. On va continuer notre discussion d'accord ?
- Pourquoi tu dis ça ? demanda n° 2 à voix basse.
- Parce que depuis ce matin, nous sommes suivis.
- Pardon ?! s'exclamèrent les autres en même temps.
- Chut ! Vous n'êtes pas discrets !
- Comment tu sais que nous sommes suivis n° 5 ? dit n° 4.
- Juste avant d'entrer dans le magasin de sport, j'ai vu le reflet de notre poursuivant. Et quand on est ressortis, j'ai vu quelque chose se précipiter derrière une pile de décombres...
Il y eût un silence durant lequel tout le monde se regarda avec inquiétude. Qui était cette personne ? Que faisait-elle là ? Pourquoi les suivait-elle ? Avec un soupir, ils reprirent leur discussion mais l'attention n'y était pas. Derrière eux, les jeunes gens percevaient la présence de cet inconnu.
~*~
- Il était une fois, un prince très riche qui vivait dans un tout petit royaume. Il avait un ami, un HOMME étrange. Cet homme était un sorcier. Le sorcier était PETIT, ilavait LA PEAU BLANCHE, DES YEUX MARRONS et UNE BARBE TOUFFUE cachait le bas de son visage. Il était vêtu D'UNE CHEMISE NOIRE et D'UN PANTALON NOIR également.
- Stop stop stop ! Pourquoi tu nous racontes une histoire n° 5 ? On est en train de parler des intentions de l'homme qui nous suit.
N° 5 recommença son numéro en accentuant un peu plus les les mots de la description du sorcier. Elle ajouta quelques phrases :
- A cette époque, la censure était très courante, si bien que l'on ne pouvait même plus dire ce qu'on voulait. Alors le prince et le sorcier avaient inventé un CODE pour pouvoir parler librement sans être ENTENDUS PAR D'EVENTUELS INTRUS.
N°1 comprit alors ce que voulait son amie. Elle expliqua aux autres à voix basse :
- Vous n'avez pas compris ? C'est un code ! Cinq vient de nous dire : Un petit homme à la peu blanche, aux yeux marrons et à la barbe touffue. Il porte des habits noirs. C'est la description de notre poursuivant !
Chacun fit signe qu'il avait compris. C'est ainsi que chacun leur tour, les adolescents continuèrent l'histoire pour pouvoir discuter :
- [...] Le sorcier et le prince virent un homme dans cette forêt et se DEMANDÈRENT CE QU'IL FAISAIT LÀ, tout seul, dans un endroit aussi hostile. dit n°2.
- Ils DÉCIDÈRENT DE SUIVRE CET HOMME POUR VOIR CE QU'IL CACHAIT. continua n°4.
- Mais au moment où ils allaient s'élancer dans les bois à sa suite, ils se demandèrent SI C'ÉTAIT VRAIMENT UNE BONNE IDÉE de le suivre comme ça sans savoir où et sans AVOIR UN PLAN si jamais ils étaient repérés. intervint trois.
- Ils se dirent qu'ils feraient mieux de RENTRER ET DE RÉFLÉCHIR À TOUT ÇA autour d'un bon repas. termina n° 5.
Personne n'osa la contredire. Ils passèrent par quelques boutiques pour récupérer de l nourriture et finirent par s'installer dans le hall d'entrée d'une vieille piscine municipale pour y passer la nuit. Personne ne parlait. Chacun était attentif à la silhouette cachée derrière les portes d'entrée de la piscine qui semblait ne pas savoir qu'on l'avait repéré.