Le cornichon de Malakoff

Notes de l’auteur : Ce conte (qui comptera huit chapitres) est destiné à être lu à des enfants de 4 à 6 ans. Les commentaires et les suggestions sont les bienvenus.

Il était une fois, il y a bien longtemps, dans une contrée lointaine, une famille qui vivait dans un beau royaume situé le long d’une belle rivière. Le royaume s’appelait le royaume de Malakoff et la rivière avait pour nom le Périf.


La petite famille se composait d’un papa, Julien, d’une maman, Sarah, et d’une charmante petite fille, Scarlett. Scarlett avait cinq ans.


Tous les jours, Scarlett se rendait à l’école des enfants sages où elle apprenait plein de choses utiles. Pendant ce temps-là, sa maman et son papa partaient travailler. La maman descendait dans un gros tunnel sous la terre qu’elle appelait le métro. Scarlett pensait que c’était là qu’elle travaillait. En tout cas, quand la maman revenait le soir, elle était toujours souriante. Pas comme le papa. Lui aussi allait au travail. Il partait sur une planche sous laquelle il avait attaché des roues, mais il tombait souvent. C’était certainement pour cela, pensait Scarlett, qu’il rentrait souvent énervé le soir, avec le pantalon déchiré. Heureusement, Sarah était bonne couturière : elle recousait les déchirures.


Un beau jour, la famille s’est agrandie par la naissance d’un petit garçon. Cet événement remplissait de joie la maman, le papa et la grande sœur.


Scarlett était très heureuse d’avoir un petit frère. Elle a promis de le protéger toute sa vie.


*


Le soir, la famille était assise autour du berceau : elle réfléchissait au prénom qu’on allait donner au nouveau-né.


Julien s’est levé, il a fait quelques pas, s’est retourné et a dit :


– Je propose que nous l’appelions Ouen, puisque c’est le bruit qu’il fait actuellement : c’est un signe ! C’est le prénom qu’il veut.


– Ah non ! a dit Scarlett. C’est moche ! Pourquoi pas Prout tant qu’on y est, puisque c’est le bruit qu’il faisait il y a cinq minutes ?


La maman roulait de grands yeux. Elle n’en croyait pas ses oreilles : comment son mari avait-il pu penser à un prénom pareil ? Elle a pris la parole.


– Je trouve, a-t-elle dit, qu’il faudrait lui donner un prénom qui le prédisposerait à réaliser un beau voyage quand il sera grand : Ulysse serait bien. Non ?


Scarlett et son papa ont tout de suite été d’accord et la famille est allée se coucher.


*


Le lendemain, le roi, la reine et le petit prince de Malakoff sont venus à la maison de la petite famille pour écrire le nom du bébé dans le grand livre des habitants du royaume. Une fois entré, le roi a pris la parole.


– Bonjour, Sarah, bonjour, Julien, bonjour, Scarlett. Quel prénom souhaitez-vous donner à ce mignon petit garçon ?


– Nous l’avons appelé Ulysse, a dit la maman.


– Ah non ! a répliqué le roi. Veto ! (ce qui veut dire « je ne suis pas d’accord » dans la langue savante des souverains). Il y a déjà beaucoup trop d’Ulysse dans mon royaume. Il y a Ulysse-le-Prof, Ulysse-le-Grincheux, Ulysse-le-Simplet, Ulysse-Atchoum, Ulysse-le-Timide, Ulysse-le-Dormeur et Ulysse-le-Joyeux. À la fin, je vais tous les confondre…


Scarlett a coupé la parole au roi (ce qui n’est pas très poli).


– Mais non, votre majesté, un de plus, ce n’est pas beaucoup. Comme ça, il y aura dans votre royaume Ulysse-le-Valeureux. Franchement, ça manque.


– Non, non, non ! a répondu le roi. Dans mon royaume, c’est moi qui décide. Trop d’Ulysse, c’est trop d’Ulysse. Il s’appellera Cornichon. J’aime bien les cornichons.


La maman s’est mise à pleurer et le papa est devenu tout pâle.


– Ah non ! a dit Scarlett, Cornichon, c’est grotesque. Vous ne pourriez pas faire une exception, majesté ?


– Ah ! Ah ! petite Scarlett, a dit le roi, tu défies mon autorité. Eh bien soit ! j’aime ça, que mes sujets aient du caractère. Tu as dit qu’il serait valeureux, ce petit garçon. Eh bien ! qu’il le prouve ! Ce bébé va se rendre dans les six royaumes bordant le Périf qui sont dirigés par des reines. Chaque reine soumettra Cornichon à une épreuve. Ces dames ont beaucoup d’imagination, tu peux me croire. Si Cornichon réussit toutes ces épreuves, il pourra porter le prénom d’Ulysse.


– Mais enfin, votre majesté, a dit Scarlett, Ulysse est trop petit. Il n’y arrivera pas tout seul. Autorisez-moi au moins à l’accompagner.


– D’accord, a répondu le roi. Une personne peut monter sur le bateau avec Cornichon.


*


Le roi parlait du bateau avec lequel Ulysse et Scarlett allaient accomplir leur tour du Périf.


Le Périf est une rivière circulaire, c’est-à-dire qu’elle tourne en rond autour d’une île.


Sur cette île vivent des gens qui courent dans tous les sens toute la journée : c’est le peuple des Exitos. Ce peuple est dominé par une sorcière qui s’appelle Anni-Dingo. Mais une autre sorcière, Rachi-Tatati, tente de prendre sa place. Pour cela, Rachi-Tatati essaie de toujours défaire ce qu’a fait Anni-Dingo.


Alors, ces deux sorcières vont-elles laisser Ulysse et Scarlett tranquilles ? On le saura plus tard.


*


Le lendemain de la visite royale, la petite famille est sortie de la maison pour descendre au port de Malakoff.


Dans la rue, les habitants du quartier les attendaient pour les accompagner. C’est ainsi qu’ils partirent cinq cents, mais par un prompt renfort, ils se virent trois mille en arrivant au port. Cela faisait beaucoup de monde. En fait, tous les habitants du royaume voulaient saluer le départ de Scarlett-l’Intrépide et d’Ulysse-le-Valeureux.


Dans le port, deux vaisseaux étaient amarrés : le Fluctuat et le Mergitur. Scarlett devait en choisir un. Elle a décidé de tirer au sort avec une pièce en chocolat et elle a dit :


– Si c’est face, ce sera le Fluctuat.


Elle a lancé la pièce en l’air et celle-ci est retombée avec le côté pile au-dessus.


Ulysse et Scarlett ont donc embarqué sur le Mergitur. On a largué les amarres et le navire a gagné le milieu de la rivière. À peine y était-il arrivé qu’on a entendu un grand craquement et que le bateau s’est coupé en deux et a commencé à sombrer.


À ce moment-là, on a entendu un ricanement horrible, comme le grincement d’une porte en fer rouillée : c’était Anni-Dingo qui s’amusait de ce qui venait d’arriver.


Heureusement, Scarlett savait nager. Elle a pris son frère sous un bras et elle est parvenue à atteindre la rive.


Après s’être séchés et changés, les enfants sont donc montés sur le navire restant, le Fluctuat.


Et ils sont partis pour leur périple sous les applaudissements de la foule.

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Banditarken
Posté le 01/01/2025
Ecoute, je m'incruste dans la foule pour saluer le départ de Scarlett l'intrépide et Peut-être-Ulysse. J'ai bien envie de savoir ce que cette aventure va leur réserver !
AlaindeVirton
Posté le 02/01/2025
Tu as raison. Il faut garder une âme d'enfant. ;)
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