Le départ

La Reine Zayna partit. Quant à la mère et son fils, ils ne pensaient qu’à profiter du temps qu’il leur restait à passer ensemble.

Bien qu’il soit triste à l’idée de quitter son foyer, Sirno était tout de même impatient et curieux de découvrir Foria et ses semblables.

_ Tu es impatient… n’est-ce pas mon fils ? demande Anya ne pouvant cacher sa peine.

_ Oui je l’avoue mère… mais je suis également apeuré à l’idée de vous laisser seule.

_ Ne t’en fais pas mon fils, je m’en sortirai. Ce qui m’importe, c’est ton bonheur et je souhaite de tout mon cœur que tu trouves ta place dans cette école, et que tu puisses devenir plus fort.

_ Merci mère. dit Sirno la prenant dans ses bras.

Anya ne put s’empêcher de verser quelques larmes. Elle les essuya alors, se ressaisit et s’exprime :

_ Il n’est pas temps de se dire au revoir mon fils ! Que faisons-nous là à pleurer ? Profitons du temps qu’il nous reste Sirno ! Que dis-tu d’aller se faire un bon petit plat et de le manger à la belle étoile ?

_ Vous avez raison mère ! Faisons cela !

Sirno et sa mère hachèrent alors les légumes, coupèrent le pain, mijotèrent la viande en se regardant quelques fois. Leur regard reflétait à la fois la joie, l’amour et la tristesse. Quand ils eurent fini, Anya servit le repas. Sirno prit son assiette, puis, ils partirent tous les deux à l’extérieur pour admirer les astres.

Quand un souffle de dépit se fait entendre :

_ Tout va bien Sirno ?

_ Mère, pensez-vous que je m’en sortirai ? À Foria ?

_ Mais bien sûr que tu t’en sortiras ! Pourquoi en doutes-tu ?

_ Je ne sais pas. Je me dis que beaucoup y sont sûrement depuis longtemps et donc savent comment contrôler leur pouvoir. Mais moi… je ne me souvenais même pas de son existence. Et si je n’arrivais pas à le contrôler ? Si je ne trouvais pas ma place ? Si je n’arrivais pas à me faire aimer par les autres ?

_ Stop ! crie Anya. Ça suffit ! Mon fils, depuis que tu es petit, ton père et moi savions que tu étais spécial, fort, débrouillard et… bien que les autres enfants se moquaient de toi, aujourd’hui tu es aimé par tes amis, je me trompe ?

_ Non, mais s’ils m’aiment... c’est parce que je n’avais plus mes yeux.

_ C’est faux Sirno, les yeux de Lune ont toujours été en toi, ils étaient juste comme endormis. Ce qui signifie que tes amis t’ont aimé pour ce que tu es.

Après un temps de réflexion, le jeune homme acquiesça.

_ Il est temps de dormir mon fils. dit la mère, soucieuse du lendemain.

_ Bonne nuit mère. répliqua Sirno.

_ Bonne nuit mon futur héros. s’exclame Anya affichant un sourire.

Le lendemain matin, le garçon aux yeux de Lune se réveilla, toujours inquiet. Il se changea et partit dans la salle à manger où un délicieux festin préparé par sa mère l’attendait.

_ Bonjour mon fils. Bien dormi ? dit alors sa mère en souriant.

_ Bien qu’au fond de moi je ne suis pas prêt à ce que le soleil se couche, j’ai bien dormi et vous mère ?

_ Très bien.

_ Mère, loin de moi que cela me déplaise, mais qu’est-ce que tout cela ? demande-t-il fixant la table.

La mère laissa échapper un petit rire :

_ Eh bien mon fils... c’est la dernière fois que je peux te nourrir avant un bon moment...alors j’ai décidé de cuisiner tout ce que je pouvais pour te rassasier.

_ Eh bien je pense que vous avez réussi. Je pense même qu’après avoir dévorer ceci, je ne pourrais plus me lever de ma chaise.

Ils se mirent à rire en chœur. Anya s’approcha de son fils pendant que celui-ci continuait à rire, posa sa main sur la joue de ce dernier et dit :

_ Mon fils, mon enfant, mon héros… tu me manqueras énormément. Chaque jour sera plus difficile que la veille sans ta présence… malgré tout, je sais que tu y arriveras, que tu te feras de nouveaux amis, que tu deviendras plus fort que tu ne l’es déjà. Je sais que lorsqu’on le pourra nous pourrons nous voir, et tout cela me console Sirno. Mais... peux-tu me faire une promesse mon fils ?

_ Bien sûr mère, quelle est-elle ?

_ Ne soit pas inquiet pour ta mère, vit ta nouvelle vie et ouvres toi aux autres.

_ La première partie sera difficile, mais… je vous le promets mère. Et puis, nous nous voyons tous les deux jours c’est bien cela ?

_ C’est cela mon fils. Donc ne t’en fais pas, je saurai me débrouiller seule.

_ Je sais que vous y arriverez mère. À mes yeux, vous êtes la personne la plus forte et courageuse que je connaisse, et ce depuis toujours.

_ Que t’es bon mon fils. dit-elle émue. Maintenant, allons dévorer ce bon repas que ta magnifique mère t’a concocté avant que ça ne refroidisse.

Le fils et la mère mangèrent tous les deux en se remémorant quelques bons souvenirs. Quelques heures plus tard, il ne resta plus rien sur la table, hormis une lueur du soleil. Tous les deux comprirent alors que le temps des souvenirs et du temps passé ensemble devait se finir.

Se montrant forte, Anya demande à Sirno d’aller préparer ses affaires et de ne surtout pas oublier le bracelet de cristal que lui a donné Reine Zayna.

La lumière blanche annonçant l’arrivée de la reine apparut alors :

_ Bonsoir Reine Zayna.

_ Dame Anya… Sirno est-il prêt ?

_ Bientôt ma reine, il finit de rassembler ses affaires.

_ D’accord, cela ne me dérange pas d’attendre. Et vous Dame Anya, êtes-vous prête à laisser votre fils ?

_ Pour être sincère avec vous ma reine… j’essaye d’être forte bien que cela est difficile. Mais je sais ce que vaut mon fils et je sais ce qu’il représente, alors pour son bien et afin qu’il puisse enfin être réellement lui-même, je suis prête à le laisser partir, même si cela me déchire le cœur.

_ J’admire votre sincérité et votre force Dame Anya.

_ Merci Reine Zayna. révérence-t-elle.

Sirno sortit enfin de sa chambre, ses affaires en main et le bracelet au poignet.

_ Dame Zayna ! Heureux de vous revoir. dit Sirno s’abaissant.

_ Tu peux te relever mon garçon. Et je suis également heureuse de vous revoir toi et ta mère. Maintenant, bien que cela me désole, il est l’heure de partir. Je te laisse dire au revoir à ta mère... je t’attendrai à l’extérieur. finit la reine s’éclipsant.

_ Sirno s’approcha de sa mère, prit sa main, l’ouvrit et y plaça le bracelet. Ce n’est qu’un au revoir mère, on se reverra très bientôt. Je vous ai fait une promesse et je la tiendrai, croyez-moi ! Mais avant de partir, à vous de m’en faire une.

_ Je t’écoute.

_ Je sais que vous l’êtes déjà… mais soyez forte en mon absence et s’il vous plaît mère, si vous avez un souci, peu importe lequel, je veux que vous m’en parliez lorsque l’on se verra. Vous le promettez ?

_ Je te le promets Sirno !

Quelques étreintes et larmes plus tard, la mère et son fils s’embrassa une dernière fois.

L’enfant aux yeux de Lune partit pour une nouvelle aventure sous le regard de sa mère.