Le front appuyé contre la vitre de la voiture, Louis voyait le paysage défiler. Les villes succédaient aux autres, puis venaient la campagne, des forêts, des habitations éparses, puis de grandes étendues désertes parsemées de petites maisons. Le regard du jeune homme ne s’attachait nulle part, il se laissait aller au fil de ses pensées, les yeux mi-clos. Partis à 6h du matin de Paris, sa famille et lui se rendaient en Lozère. Et après 8h de route entrecoupées de quelques pauses et d'un pique-nique, ils allaient enfin arriver.
Voulant faire un maximum de route avant les grosses chaleurs et surtout avant les bouchons, leur père avait fait lever toute la famille dès 4h. Louis avait bien du mal à garder les yeux ouverts et avait somnolé toute la journée, mais Ethan, arrivé la veille à minuit après une semaine de vacances avec ses amis devait être complètement vanné et gardait les yeux fermés en écoutant son IPod.
Habituellement, pendant l'été, la famille partait en Bretagne rejoindre leurs grands-parents dans la grande maison familiale. Mais, cette année, le programme avait été changé. Leurs parents avaient réservé, pendant quinze jours, une chambre d'hôtes au fin fond de la Lozère, en pleine campagne.
Leur père était architecte et leur mère, secrétaire dans le même cabinet. Epuisés nerveusement, ils souhaitaient faire une vraie pause pendant leurs quatre semaines de vacances. "Vraie pause" signifiait longues randonnées, visites des monuments de la région et autres activités culturelles… Tout pour ne plus penser à un boulot chronophage et pesant. Leur mère avait même dû s'arrêter quelques mois après un malaise. Elle semblait aller mieux, mais Louis surprenait encore des coups d'œil inquiets de son père.
C'est donc vers les 17h que la voiture familiale pénétra dans un petit village nommé Chirac, ce qui fit sourire Louis.
-Cyril, fit leur mère, on va s'arrêter. Je voudrais demander le chemin.
Son mari obtempéra et gara la voiture. Les deux garçons en descendirent aussitôt, heureux de pouvoir se dégourdir les jambes et prendre un peu d'air. En ce début du mois juillet, il faisait particulièrement chaud et ils étaient en nage. Louis regrettait maintenant de ne pas avoir, comme son frère, mis un short. Il avait l'impression de cuire dans son jean.
-Vous nous attendez, les enfants, fit leur mère en entrant dans une petite épicerie avec son mari.
-Vraiment mort le patelin, soupira Ethan tandis qu'ils patientaient.
On pouvait difficilement les confondre. Ethan, l'aîné, étira son mètre 90 avant de secouer ses cheveux bruns coupés court. Très sportif, musclé, c'était un véritable athlète. Il venait d'ailleurs de remporter un tournoi avec sa fac.
-Quoique…, fit-il soudain, en apercevant deux ravissantes jeunes femmes sortir de la petite épicerie devant laquelle la famille avait stoppé. Il y a peut-être de quoi s'amuser.
Elles sourirent en l'entendant tandis qu'il les fixait de ses yeux noisette. Parfaitement conscient de son charme, Ethan savait très bien en jouer. Grand séducteur, il aimait plaire et ne se privait pas. A 20 ans, il collectionnait les conquêtes.
Louis, lui, était d'un tout autre style. Aussi brun que son frère, la silhouette était, en revanche, bien plus fine. Un peu vouté, il n'attirait pas les regards et restait dans l'ombre de son frère. Il suivit les deux femmes des yeux se demandant comment on pouvait oser les aborder avant de reporter son attention sur leurs parents qui ressortaient.
-Alors ? demanda Ethan.
-C'est à deux kilomètres en sortant du village, répondit leur mère.
-On n’est vraiment pas loin, alors ?
-Vraiment pas, reprit leur père. Allez, hop, tout le monde à bord !
Quelques minutes plus tard, après avoir tourné pendant un moment, la voiture ralentit et quitta la route pour s’engager sur un chemin pavé au bout duquel, ils découvrirent une maison typique. Bâtie sur deux étages, en pierre apparente, avec une cheminée et ceinte d'un mur en briques sans aucun doute plus récent, elle avait beaucoup d’allure.
Mais n’était apparemment pas du goût d'Ethan qui venait de découvrir leur lieu de villégiature :
-Quoi ! C’est là ? s’exclama-t-il.
-N’est-ce pas magnifique ? répondit leur père.
Les deux frères échangèrent un regard. L’enthousiasme de leur père était certes communicatif, mais avait parfois tendance à agacer.
-Je suis sûre qu'on va passer de très bonnes vacances, fit son épouse. Au calme et en pleine campagne, c'est juste ce qu'il nous faut.
Soudain pris d’un affreux doute, Ethan sortit son portable :
-J’le crois pas ! Y a pas de réseau !
-C’est exactement ce qu’on voulait, lui fit-elle remarquer.
-Ouais, pour vous, ça ne pose pas de problème, mais moi ! Comment je vais me tenir au courant de ce que font les potes ?
-Ça va te faire beaucoup de bien de te couper de ton satané Facebook pendant deux semaines et tu n’en mourras pas.
Puis, coupant court à toute discussion, elle sortit de la voiture, suivie de son mari et alla sonner une petite cloche située près du portillon. Les deux frères sortirent à leur tour. Louis découvrit des champs à pertes de vue tandis qu'Ethan, le bras en l'air, cherchait vainement un réseau :
-Si j'avais su, maugréa-t-il.
-T'aurais pu t'en douter, lui fit remarquer Louis. En pleine campagne…
S'apprêtant à répondre, Ethan en fut empêché en entendant des pas qui se rapprochaient. Peu après, le portillon s'ouvrit sur une dame d'une cinquantaine d'années vêtue d'un jean et d'un chemisier.
-Bonjour, Madame Jullion ? s'enquit-elle en souriant.
-Tout à fait, répondit la mère de Louis.
-Je vous attendais, je suis Madame Lesellier, c'est moi que vous avez eu au téléphone. Je vous en prie, entrez.
Passé le portail, Louis découvrit une vaste propriété. Une terrasse avec un salon extérieur près de la maison, plus loin se trouvait un petit parc boisé. L'endroit semblait plutôt sympathique.
-Suivez-moi, fit leur hôtesse en les emmenant à l'intérieur.
La fraîcheur de la salle de séjour fit du bien après la chaleur étouffante du dehors.
-Je vous en prie, asseyez-vous. Avec cette chaleur, vous prendrez bien un petit rafraîchissement…
-Merci, c'est gentil, accepta leur mère.
Tous prirent place sur des bancs situés de part et d'autre d'une longue table de bois recouverte d'une toile cirée orange.
-Qu'est-ce que je vous sers ? Un petit apéritif ?
-Pas d'alcool pour moi, fit leur père.
-Pour moi non plus, suivit son épouse.
-J'ai du jus de fruits, du sirop et des sodas.
-Un jus de fruits, merci.
-Du jus de pomme ? proposa-t-elle.
-Ce sera parfait.
-Et vous les garçons ? La même chose ?
Louis se contenta d'acquiescer en remerciant, mais Ethan, comme d'habitude, n'hésita pas à se mettre en porte à faux :
-Un soda pour moi.
La femme sourit et fila dans sa cuisine. Louis laissa alors son regard vagabonder. Le carrelage, le plafond aux poutres massives apparentes et la porte d'entrée et son vieux pêne, mettaient rapidement dans l'ambiance des vieilles fermes. Plus loin dans la pièce, juste après un escalier de bois, se trouvaient un long canapé, quelques fauteuils et, au fond de la pièce, une chose très intéressante pour lui, une bibliothèque.
De ce qu'il en voyait, c'était surtout d'anciens livres avec des couvertures en cuir et lettres d'or. Il n'osa pas aller les examiner de plus près, espérant avoir l'occasion de le faire durant le séjour.
Il remarqua également deux portes de part et d'autre de la bibliothèque, sans doute conduisaient-elles aux parties privées de la maison. Après ce rapide examen, Louis en conclut que ses vacances pourraient être agréables.
A ce moment, leur mère se tourna vers lui :
-Louis, tu as vu ? fit-elle en désignant la bibliothèque.
Le jeune homme sourit.
-Tu peux aller jeter un œil…
Leur hôtesse revînt à ce moment portant un plateau chargé de verre et de bouteilles qu'elle leur servit. Elle-même se versa un verre de rosé.
-A votre arrivée, proposa-t-elle.
Les verres tintèrent.
-Vous avez une très belle demeure, fit le père des garçons. Elle date du 17e siècle ?
-Exactement, répondit-elle. C'est une ancienne gentilhommière. Vous vous y connaissez en architecture ?
-C'est mon métier.
Pendant une bonne demi-heure, la conversation alla bon train. Leur hôtesse, prénommée Christine, insista pour être tutoyée ce que les parents de Louis acceptèrent avant de proposer la réciproque. Très sympathique, celle-ci sut rapidement les mettre à l'aise. Ils apprirent aussi qu'elle était auparavant avocate à Paris avec son mari, médecin. Mais que, tout comme la mère de Louis, elle avait fait un malaise à cause du surmenage. Le couple avait donc décidé de venir passer sa convalescence dans ce qui était une demeure familiale et leur lieu de villégiature pendant les vacances. Christine s'était très vite remise, mais avait rechuté après seulement deux mois de travail. Une décision avait été prise. Renonçant à leur emploi sur Paris, ils étaient venus s'établir définitivement ici avec leur fille âgée d'à peine cinq ans. Christine avait décidé d'ouvrir une maison d'hôtes tandis que son mari avait pu prendre la suite de l'ancien médecin qui partait justement à la retraite et cherchait un repreneur.
Facilement accepté par le bourg voisin, il s'y était rapidement fait une excellente réputation, étendue aux villages avoisinants. Depuis 15 ans qu'ils vivaient ici, jamais l’envie de repartir vivre en ville ne s’était manifestée.
Rapprochées par ce malaise "commun", les deux femmes enchaînèrent la discussion sur le rythme infernal de la vie parisienne, le stress engendré par ces professions, les embouteillages, la pollution, … Tout cela comparé au calme et à la quiétude de cette vie bien plus calme en plein cœur de la Lozère.
A ce moment, une jeune femme d’une vingtaine d’années entra.
-Bonjour, fit-elle.
-Ah, fit Christine, je vous présente ma fille, Ophélie.
Naturellement, Ethan fut le premier à se lever :
-Salut, Ophélie. Moi, c'est Ethan.
Elle lui rendit son sourire :
-Enchantée.
Un léger sourire aux lèvres, la jolie brune se dirigea dans la cuisine avant de revenir avec un verre et de s'asseoir à côté de sa mère.
Louis remarqua que son frère qui jusque-là pianotait sur son portable ne la quittait plus des yeux… et qu'elle lui jetait de rapides coups d'oeil en retour.
-Tout s'est bien passé ? demanda Christine à sa fille.
-Oui, mais Julie et Romain partent demain de bonne heure, du coup, on a écourté les révisions.
-Etudiante ? fit Ethan, n'hésitant pas à intégrer la conversation.
-En école d'infirmière, oui, répondit-elle en souriant.
-Ophélie prépare le concours d'entrée à l'école nationale, précisa sa mère.
-Ca ne doit pas être facile, reprit Ethan.
-Non, c'est clair. Mais, là, je suis en vacances, je vais alléger mon programme de révisions.
-C'est parfait. Tu auras le temps de me faire découvrir la région…
Louis n'en revenait pas de l'audace de son frère qui invitait carrément la jeune fille devant sa mère alors qu'il venait de la rencontrer. Mais, celle-ci, à l'étonnement de Louis, ne sembla pas gênée.
-Si tu veux.
Abasourdi, le jeune homme avait, une nouvelle fois, la preuve que son frère plaisait beaucoup. Si un garçon moins séduisant avait osé faire ce genre de proposition, il serait sûrement fait envoyer sur les roses.
-Bon, fit soudain Christine, vous souhaiteriez peut-être prendre possession de vos chambres et vous reposer un peu avant le dîner…
-Très volontiers, répondit leur père.
Christine se leva et emprunta l'escalier. Celui-ci les mena à un couloir pourvu de quatre portes.
-Voilà, fit leur hôtesse, je vous ai mis des chambres voisines. Elles sont reliées par une porte mitoyenne, mais elle est fermée. La clé est en bas, si vous la souhaitez, demandez-moi.
-Merci.
Ethan entra dans la première chambre.
-Hé bé ! s'exclama-t-il.
Deux lits simples se trouvaient côte à côte, chacun avec sa propre table de nuit surmontée d'une lampe de chevet. En face, une lourde armoire de bois…. et c'était tout. Il y avait également une petite porte qui révéla une salle de bains avec douche, lavabo et toilettes.
-On ne peut pas dire que ça soit génial, mais bon… fit Ethan en s'allongeant sur le lit près de la porte. Heureusement qu'il y a Ophélie…
Plus circonspect, Louis examina la pièce et la salle de bains attenante. Les deux pièces étaient propres et plutôt bien tenues. Comprenant que le choix des lits était fait, il s'approcha de la fenêtre et admira les champs à perte de vue.
-Elle est mignonne, hein ? reprit soudain son grand frère. Je pense que je vais tenter quelque chose.
-Tu veux me faire croire que ce n'est pas ce que tu avais déjà en tête ? demanda malicieusement son cadet.
-Evidemment !
-T'étais quand même pas obligé de lui parler comme ça, surtout devant sa mère. On aurait dit que tu ne lui demandais même pas son avis.
-C'est le cas, fit Ethan. Faut se montrer direct avec les nanas, ne pas passer pour un mec hésitant qui demande la permission. Crois-moi, si elle n'avait pas voulu, elle aurait refusé.
-Ouais, ben quand même, c'est risqué…
-Louis, je crois que ton problème, c'est que tu mets les filles sur un piédestal, tu vois en elles des petites princesses qu'il ne faut surtout pas déranger et pour lesquelles il faut être à l'écoute. Mais tu te goures.
-Ah bon, faut leur imposer ses quatre volontés ?
-N'exagère pas, mais la drague, c'est un jeu qui se joue en douceur et avec stratégie. En me montrant directif, je me suis imposé et elle a répliqué en ne se montrant pas trop empressée.
-Et la tutoyer… Tu la connais depuis cinq minutes…
Ethan sourit et se redressa avant de regarder son frère :
-En la vouvoyant, j'aurais mis une distance entre elle et moi, là, on est sur un pied d'égalité.
La logique de la réponse laissa Louis sans voix. Il fallait reconnaître que ce n'était pas faux.
-Je vais aller me prendre une douche ! fit soudain celui-ci en se levant.
-Je te signale que tes affaires sont encore dans la voiture.
-Ah oui, c'est vrai. Bah, allons les chercher !
Il sortit aussitôt chercher les clés de voiture.
Peu après, accompagnés de leur père, ils vidèrent la voiture. Ethan portant sans difficultés la lourde valise parentale et la sienne en plus de son sac à dos, tandis que Louis soulevait la sienne à deux mains et avait un mal fou avec le sac à chaussures dont la lanière lui sciait l'épaule. Il dût même s'arrêter dans la cour. Attentif à ne pas racler les murs, soufflant, il parvint enfin à monter à l'étage et fut soulagé de poser les affaires… sous les yeux amusés de son frère.
-Bah alors, on dirait que tu viens de courir le marathon, t'es tout rouge, se moqua-t-il.
-Ça va ! fit Louis en lui jetant un coup d'œil qu'il espérait assassin.
Mais celui-ci éclata de rire :
-Va falloir te mettre au sport, si tu veux y arriver avec les filles.
Fatigué, il ne répliqua pas.
-Louis ! appela soudain sa mère du rez de chaussée.
Le jeune garçon redescendit la rejoindre et la trouva en grande conversation avec Christine.
-Ta mère m'a dit que tu aimais lire. Alors, n'hésite surtout pas à te servir, proposa-t-elle en désignant non pas la bibliothèque du séjour, mais la porte juste à côté, à gauche.
Louis hésita, ce devait être les parties privées de la famille.
-Merci, oui, je verrai.
La femme sembla comprendre son hésitation :
-Ne te fais aucun souci, tu n'es pas le premier féru de littérature que nous accueillons. Va te servir quand tu en as envie. Mais, je te préviens, ce sont de vieux livres.
Louis la remercia à nouveau et resta un peu avec elles avant de monter rejoindre son frère.
-Alors ? fit Ethan. Qu'est-ce qu'elle te voulait ?
-Maman a dit à la proprio que j'aimais lire, du coup, elle m'a invité à prendre des livres dans leur bibliothèque.
-Ouais, super. Tu vas y aller ?
-Peut-être, je n'ai pas pris trop de livres…
-T'es incroyable quand même, ce n’est pas en restant plongé dans les bouquins que tu vas gagner en assurance.
-Oh, ça va ! J'aime lire, ce n’est pas un crime !
-Non, mais comment tu veux rencontrer une fille en restant le nez plongé dans un bouquin ? Merde, t'es au lycée, c’est là que j’ai eu mes premières nanas ! Faudrait peut-être que tu commences à te bouger !
-C'est pas ma priorité.
-Oui, à d'autres ! Je pense plutôt que t'es tellement flippé à l'idée de parler aux filles que tu renonces avant d'essayer.
-On peut parler d'autres choses ?
Ethan se mit à rire avant de déballer ses affaires. Louis l'imita. Il avait beau savoir que son frère avait raison, il n'arrivait pas à surmonter sa timidité.
-Bon ! A la douche !
Moins de dix minutes après, Ethan ressortait de la salle de bains :
-Bon, je retourne voir Ophélie. Un canon pareil dans ce trou, je dois être le mec le plus veinard du monde. Je n’ai aucune concurrence !
Louis sourit de l’exubérance de son frère et en profita pour regarder par la fenêtre. Il se mît à rêver. Plongé dans sa contemplation, il entendit soudain un bruit de pas dans le couloir. Peut-être sa mère… Après quelques minutes à la fenêtre, il décida de descendre et de voir la fameuse bibliothèque. Il remarqua un doux parfum dans le couloir, un parfum de fleurs lui semblait-il, vraiment pas désagréable en tout cas.
Quand il arriva en bas, il vit que son frère discutait, évidemment avec la jeune femme.
-Louis, viens une minute ! l’interpella son grand frère. Ophélie, voici mon petit frère, Louis.
-Ravie, fit-elle gentiment, mais son regard ne s’attarda pas longtemps sur lui avant de revenir se poser sur Ethan.
-Moi aussi, répondit Louis.
Pour se donner une contenance, il s’approcha de la bibliothèque du séjour. Remplie de gros livres aux couvertures épaisses, Louis déchiffra quelques titres, la tête penchée : La Pléïade, Les œuvres de Victor Hugo, … Des livres qu’il avait déjà lus en cours. Il se retourna vers Ophélie souhaitant aller dans l’autre pièce, mais celle-ci, en grande discussion avec son frère, ne le remarqua pas. Après avoir patienté quelques minutes, espérant vainement qu’on le remarque, il se lança :
-Heu, on m’a dit qu’il y avait une autre bibliothèque ?
-Exact, fit la jeune fille en posant enfin ses yeux sombres sur lui, derrière cette porte. Tu veux y aller ?
-Ça ne pose pas de soucis ?
-Aucun. Mais, je te préviens, ce sont des vieux livres.
-Oui, votre mère m'a prévenu.
-Au contraire, intervînt son frère, plus c’est poussiéreux, plus ça lui plaît.
Un léger sourire apparut sur le visage d'Ophélie qui retourna bien vite discuter avec Ethan. Louis la laissa avec son frère et ouvrit la porte. La salle était plutôt grande et contenait deux grands meubles remplis de livres, ainsi que plusieurs cartons, eux aussi pleins. Des livres effectivement assez anciens dont les couvertures commençaient à s’abîmer, mais plus intéressants que ceux du séjour. Il vit des bandes dessinées, des encyclopédies et des romans dont il parcourut les titres, reconnaissant quelques auteurs. Il en feuilletait quelques-uns quand une porte s’ouvrit en grinçant au fond de la pièce. Une vieille dame apparut :
-Bonjour, fit-elle.
-Bonjour, madame. Je suis désolé, s’excusa-t-il, on m’a dit que ça ne posait pas de problème que je regarde les livres.
La vieille dame eut un petit rire :
-Et je le confirme, bien au contraire, c’est l’essence même des bibliothèques, les livres doivent être lus. Tu as trouvé ton bonheur ?
-Je regarde juste pour l’instant.
-Ils ne sont pas très bien rangés, s’excusa la vieille dame, mais je suis incapable de le faire et j’avoue que ma fille ou ma petite-fille ne savent pas trop comment s’y prendre.
-Peut-être en les rangeant comme dans les bibliothèques, votre collection serait mise en valeur, d'autant que j’ai vu qu’il n’y avait pas que des romans.
-C’est vrai, fit-elle, on a aussi des vieux documentaires, même si je crains qu’ils ne soient dépassés.
-Pas tous, remarqua Louis, certains documentaires sont encore valables, ainsi que les bandes dessinées.
-Ce sont des héros que plus personne ne connait. Maintenant les jeunes ne s’intéressent qu’aux jeux vidéos…
-Peut-être que s’il pouvaient les lire, ils aimeraient…
-Tu … voudrais t’en charger ?
-De les ranger ?
-Oui, mais il n’y a rien d’obligatoire. Après tout, tu es en vacances.
-Ça ne me dérangerait pas, mais votre fille serait d’accord ?
-Je lui en parlerai, mais je suis certaine que ça ne posera aucun problème. Depuis le temps qu’elle en parle… Mais, dis-moi, tu travailles en bibliothèque ?
-Non, je suis encore au lycée.
-Mais tu aimes lire ?
-Beaucoup, oui.
-Je verrai avec elle ce soir et je te dirai ce qu’elle en pense. En attendant, n’hésite pas à te servir.
-Merci.
La vieille dame lui sourit et repartit par le hall d’accueil. Louis examina les rayonnages, songeant déjà à la méthode qu’il utiliserait pour le rangement. Faire ça pendant ses vacances ne le gênait en rien, au contraire. Pour une fois, qu’on lui faisait confiance. Et puis, ce serait vite fait.
Soudain, il crut surprendre un geste du coin de l’œil. Persuadé d’être seul, il tourna la tête, mais ne vit rien. Il s’approcha du fond de la pièce, là d’où était venue la vieille dame et n’y trouva qu’une porte, la seule porte avec celle donnant sur le séjour, qu’il n’osa pas ouvrir. Mais de toutes manières, vu le bruit qu’elle faisait, si quelqu’un était venu, il l’aurait entendu. Puis, après avoir examiné les livres déjà sortis des cartons et ceux qui s'y trouvaient, il rejoignit la salle commune.
La propriétaire de l’hôtel rentra dans la maison à cet instant, suivie des parents de Louis… ce qui l'étonna. Ce ne pouvait donc pas être sa mère qu'il avait entendu à l'étage, peut-être la grand-mère. Christine sauta sur Louis dès qu’elle le vit :
-Ah, je te cherchais, fit-elle, dis-moi, tu veux vraiment t'occuper de ranger la bibliothèque ?
-Heu oui, si vous êtes d’accord.
-Absolument, bien au contraire, ça m’aiderait, mais en es-tu sûr ? Vous êtes en vacances après tout.
-Ca ne devrait pas me prendre trop longtemps et je n’y serai sans doute pas toute la journée.
-Bon, parfait, dans ce cas, je suis prête à vous faire confiance, si vous êtes d'accord… demanda-t-elle aux parents de Louis.
-Bien sûr, fit son père.
-Parfait, dans ce cas, je te remercie, Louis.
Elle repartit, laissant ses parents et son frère, stupéfaits.
-Tu veux vraiment ranger leur bibliothèque ? demanda Ethan.
-Oui, pourquoi pas ?
-Je ne sais pas, fit-il en feignant de réfléchir. T’es en vacances, par exemple !
-Si j’y suis deux heures par jour, ça sera vite fait, il n’y a qu’une centaine de livres et je faisais ça tout le temps pendant mon stage.
-Tu ne vas pas profiter des vacances pour sortir, te balader avec nous… au lieu de rester enfermé ?
-Ça ne m'en empêchera pas et je n'y serais certainement pas toute la journée. Mais pendant que vous discuterez avec Christine ou qu'Ethan sera avec Ophélie, moi j'aurais quelque chose à faire.
Ses parents n’ajoutèrent rien, mais furent heureux de voir leur fils habituellement si réservé proposer son aide spontanément.
Je t'avais promis (il y a très longtemps, je te l'accorde) que je viendrais te lire et, comme j'ai pu avancer dans ma PAL, j'ai vu que tu étais le prochain sur la liste, et donc me voici :)
J'ai lu sur ton journal que tu comptais rédiger “Mon étoile” plutôt pour toi (oui moi je suivais l'histoire :3). Je respecte ton choix, moi aussi il y a des trucs qui sont très personnels et que je ne me vois pas trop mettre sur FPA :)
Revenons à cette histoire-ci. Tout d'abord, je tiens à te féliciter parce que je trouve que ta plume s'est vraiment aiguisée et développée ! Ici, tout est fluide, il y a des descriptions aux bons moments et on suit les événements sans problème. C'était une bonne redécouverte pour moi :) Surtout que le texte m'a très vite plongée dans cette ambiance estivale et agréable. Je ne connais pas du tout la région décrite, alors j'espère pouvoir la visiter avec tes personnages aussi. En tout cas, c'est bien parti : tu plantes le décor et les personnages qui sont attachants, surtout les deux frères. Je compatis particulièrement Louis qui a des réflexions très naturelles. Je suis moi-même souvent étonnée par l'audace de certaines filles/garçons pour aborder les autres, alors je pense qu'une partie de moi s'identifie un peu à Louis, ou du moins, j'ai l'impression de le comprendre. Ethan, lui, est un beau gosse, mais il n'est pas agaçant ou cliché non plus. Il met un peu la pression sur son frère question filles, mais j'ai l'impression qu'il le fait parce qu'il se soucie de lui et veut l'aider, à sa manière. Du coup, je l'aime bien aussi, même si j'ai trouvé son “Je n’ai aucune concurrence !” un petit peu méchant. Comme Louis ne le prend pas mal, je me suis dit que ce devait être que de la taquinerie.
Je suis intéressée de voir comment les personnages vont se développer et (avoue-le, Jowie) qui va finir avec qui :-D Je trouve que les personnages jeunes, sur lesquels ce chapitre était focalisé, sont présentés de manière réaliste. Je pense notamment à la manière dont Ophélie ignore Louis non pas par arrogance, mais parce qu'elle est tout simplement absorbée par l'aura d'Ethan.
Autre chose : merci pour la bibliothèque. J'adore les histoires qui parlent de livres xD
Brefouille, je sens qu'il y a du mystère dans cette maison et l'apparition de la vieille dame dans la bibliothèque m'intrigue. Louis va-t-il y découvrir quelque chose ? Remuer le passé de la famille ? Seule la suite me le dira !
Je reviens dès que je peux pour la suite (je pars en vacs la semaine prochaine)
à tout bientôt !<br />
REMARQUES :
En ce début du mois juillet, → j'aurais plutôt dit “du mois de juillet”, mais peut-être qu'on peut dire les deux ^^ ?
Un peu vouté → voûté
un chemin pavé au bout duquel, ils découvrirent une maison typique → j'effacerais la virgule, comme elle coupe un peu la phrase :-)
Les deux frères sortirent à leur tour. → dans la phrase d'avant, tu dis aussi “sortir”. Peut-être que tu pourrais le remplacer par un synonyme ? Genre “émerger” ou “quitter le véhicule” ?
le portillon s'ouvrit → je préciserais “le portillon de la maison” ici pour aider à la compréhension, mais là je chipote ;-)
Une terrasse avec un salon extérieur près de la maison, plus loin se trouvait un petit parc boisé → Quelque chose me chicane dans cette phrase et je pense que c'est la présence/absence des verbes. Personnellement, j'écrirais un truc du genre :” Une terrasse avec un salon extérieux se trouvait près de la maison et plus loin s'étendait un petit parc boisé.”
-Du jus de pomme ? Proposa-t-elle. → avec le contexte, on comprend bien que c'est l'hôtesse qui parle, mais comme la dernière personne mentionnée dans le texte est “l'épouse”, on pourrait croire que le “elle” ici se rapporte à la mère des garçons.
Leur hôtesse revînt → revint
Il se mît à rêver → mit
intervînt son frère, → intervint
Mais pendant que vous discuterez avec Christine ou qu'Ethan sera avec Ophélie, moi j'aurais quelque chose à faire. → juste avant, Louis s'adresse directement à Ethan. Du coup, ça m'a surprise qu'il parle de son frère à la 3ème personne du singulier. Peut-être qu'il faudrait juste inclure une petite phrase pour montrer que maintenant, Louis s'adresse directement à ses parents :)
<br />
un bel été à toi ! Jowie
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Ton com' me fait vraiment très plaisir !
Pour ce qui est de "Mon étoile", je suis désolé de te couper l'herbe sous le pied, mais bien que cette histoire me tienne énormément à coeur, elle contient trop d'incohérences liées à ma méconnaissance du métier d'acteur et de cet univers particulier, notamment au niveau des agents. Du coup, craignant le feu des critiques, j'ai préféré la garder pour moi. Bon, j'avoue aussi qu'elle sera très fleur bleue et que je crains de me faire brûler sur la place publique si je publiais une histoire où les personnages s'aiment jusqu'à la fin des temps en se murmurant des mots d'amour... Promis, ce n'est pas du spoil, mais on m'a déjà dit qu'elle était ultra prévisible. Je reconnais qu'elle l'est. Néanmoins ce qui m'intéressait avec cette histoire, c'était la progression des sentiments.
Bon, les "Fleurs" maintenant. Je travaille en bibliothèque, donc, forcément, je devais en parler ;) Petite confidence, je ne connais pas la région non plus, mais pour la suite de l'histoire, c'était la seule qui s'y prêtait (tu comprendras en avançant dans la lecture ;). Oui, je tease un peu ! Bref, merci du compliment sur ma plume, c'est super agréable à lire. Quant à Louis et ses réflexions (en général et sur les filles), c'est moi ! C'est un copier coller des questions que je me pose et de mon caractère. C'est la première fois que créée un personnage qui me ressemble autant (du moins au début, lui va évoluer...).
Ethan est un peu brut, mais ne comprend pas la timidité de son frère et cherche donc à le pousser un peu avec des taquineries mâtinées de rivalité, normales entre frères... Curieusement, dans ce chapitre, les réactions d'Ophélie ont étés assez faciles à imaginer, je ne voulais pas qu'elle devienne une groupie instantanée d'Ethan, mais je voulais qu'on voie que l'assurance de celui-ci l'aide beaucoup, ce dont manque son cadet.
Et, je confirme, il y a beaucoup de mystères dans cette maison... Espèrons que ça te plaira.
Ouh là ! Oui, je vais aussi corriger ces vilaines fautes ! Merci de les avoir relevé et pardon pour le gros pavé !
Bonne lecture et bonnes vacances !
On est rapidement immergé dans l'histoire, les dialogues ponctuent plutôt bien les descriptions. Il est dommage qu'il n'y ait pas plus de suspens sur la fin du chapitre, mais peut-être veux-tu poser un décor calme avant d'aborder des parties plus mouvementées.
Je n'ai qu'une seule remarque : les verbes être et avoir sont trop souvent répétés sur certains passages . En remplacer quelques-uns avec des synonymes suffirait à éviter cet effet de répétition et apporterait plus de fluidité à la lecture.
J'ai effectivemment préféré commencer par un chapitre calme avant d'entrer dans le vif du sujet. la famille de Louis arrive, prend ses marques, un peu comme les lecteurs qui doivent apprendre à connaître mes personnages ;) Si tu as pu t'immerger dans cette histoire grâce à mes dialogues et descriptions, j'en suis heureux : mission accomplie !
Pour les répétitions, oui, je plaide coupable, je vais esdsayer de changer tout ça et de me diversifier dans le choix de mes verbes.
J'espère te revoir pour la suite...
je comprend mieux ce que tu voulais faire avec Louis. dans ce cas, peut-être que expliquer tout cela dans ton récit, de manière détournée, serait une bonne idée ? car même si on comprend à demi-mot que c'est bien à cause de son caractère que Louis agit ainsi, ça manque de dévellopement à ce moment là (je trouve).
Ne t'en fait pas, ça ne m'a pas déplu, je ne comprenais juste pas très bien Louis, j'avais envie de lui secouer les épaules X)
Et si tu avais envie de lui secouer les épaules, c'est très exactement ce je voulais ! Faut qu'il croit en lui notre héros... ;)
Alors, c'est la première fois que je te lis et c'est vraiment bien !
Le pitch de départ est on ne peut plus crédible. On dirait que tu décris des évènements déjà vécus, ça passe très bien. Je suis un peu moins convaincue par les deux frères, le coup qu'il soient des clichés ambulants est un peu dommage (le gars musclé et séducteur et le petit frèle rat de bibliothèque).
Ce n'est pas un mal en soi, mais le fait que dès le premier chapitre tu mette en avant le raport à la drague, c'est un peu rentre dedans justement, je trouve. Après ça dépend du public que tu vise en lecture. Bon après c'est peut être juste moi, ou parce que je déteste déjà Ethan. (oui même si j'ai moi aussi un dragueur dans mon histoire, comme il est à moi je lui passe tout) Et que Louis est pour l'instant transparent (mais c'est une personnalité qui tristement existe).
Mais je crois voir ou cela va. Insister ainsi sur le raport aux filles, dans une histoire de fantome, je parie que le fantome est UNE fantome ^^ je suis curieuse de ce que tu va faire de ce départ !
Merci de passer me lire... et de tous ces commentaires. Ils me font très plaisir.
Alors...
Soulagé que le pitch te semble crédible, c'est la première fois que je fais du paranormal, j'expérimente, je tâtonne. Pour ce qui est des deux frères, tu pointes mon plus grand défaut : les clichés. J'ai beaucoup de mal à m'en défaire. Je suis navré que tu détestes Ethan, il est certes un peu lourd, surtout en drague, mais pas foncièrement méchant. J'en ais croisé tellement des comme ça... Ils écrasent les personnalités qui paraissent transparentes mais sont simplement timides et n'osent pas prendre leur place.
je laisse le flou sur tes suppositions et file lire tes autres com'
Avant toute chose : VIVE LES LOUIS ET LES LOUISE ! Voilà, ça c’est fait, hihihi.
Le caractère tranché des deux frères est intéressant : le timide et l’extraverti. C’est un mélange détonnant, j’ai hâte de voir ce que ça va donner !J'aime bien le fait que tu différencies à ce point leurs centres d'intérêt. Plus le contraste est fort, plus on cerne facilement le personnage principal. J'aime son côté rat de bibliothèque, ça promet d'être chouette à lire. Surtout que ton style est fluide, et que malgré un début somme toute léger et heureux, tu sèmes quelques indices pour la suite qui laissent interrogateurs.
La description de la maison est très bien menée, elle est précise et rend vraiment le cadre très réaliste. On arrive parfaitement à s’imaginer l’endroit, c’est important pour poser le cadre. Puis j'adore le fait qu'il y ait cette richesse pour la pièce de la bibliothèque, on voudrait y être. D'ailleurs, j’adore cette phrase : « c’est l’essence même des bibliothèques, les livres doivent être lus.
Par contre, à la fin du chapitre, le traitement du temps entre la proposition de ranger la bibliothèque et l’acceptation par la propriétaire est un peu rapide, non? Il me semble qu'il sort à peine et que la propriétaire est déjà au courant. Ou alors c'est voulu pour la suite?
En tout cas, j'ai bien envie de lire la suite, ce que je vais d'ailleurs faire héhéhé.
J'ai relevé quelques erreurs de langue, serais-tu intéressé que je te les envoie par message privé ou par mail?
A très vite !
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Je voulais vraiment que les deux frères soient très différents, qu'ils soient facilement reconnaissables juste à une parole ou à une attitude. La suite de tes lectures me le dira...
Le côté rat de bibliothèque de Louis (je trouvais qu'être un petit maigre passionné de livres ne l'avait pas assez armé pour la vie alors je lui ais filé un vieux prénom ;)) va effectivement s'avérer utile pour la suite, mais aussi très handicapant. je pense que tu vas comprendre pourquoi assez rapidement.
Merci du compliment sur le style. Pour une première dans le domaine du paranormal, j'ai essayé de monter crescendo dans l'intensité en laissant des indices.
Et je suis plus que ravi que la description de la maison te paraisse bien menée (à ce point là ?), c'était une de mes grandes appréhensions. Quand j'écris je visulaise l'endroit mais faire partager sa vision n'a rien d'évident. En tant que passionné, la bibliothèque devait forcément occuper une place de choix, on ne se refait pas !
Pour la fin du chapitre, je l'ai relu et je reconnais que je n'avais pas fais attention à ça. Il y a effectivement un souci de chronologie... pas du tout voulu. je vais essayer de le remanier.
Merci du passage et à bientôt !