Le long sanglot des doubles croches

Quand Il entend une musique lancinante,

Ses pas changent leur cadence, qui devient lente, lente...

Et il virevolte doucement au gré du vent,

Vent qui propage la musique. Que c'est tentant

D'être emporté par ses paroles qui clament au monde

Tout l'amour du son, et de sa si chère onde.

Les rythmes qui s’enchaînent forment une mélodie

Une mélodie qui clame contre le paradis.

Oui, le paradis ment, la vie n'est que tourments

Tourments qui transformés sont des rythmes entraînants.

Des rythmes entraînants qui parlent de douleur

Une douleur certes, mais vraie ; même les notes pleurent.

Elles mouillent la portée, il coule l'encre noir.

Hurlant comme des chiens fous, elles crachent leurs déboires.

Ne pas être touchés par tant de vérité

C'est hurler dans le vent que vous êtes condamnés.

Oui, il est vrai que mes vers font pâle figure

Contre la poésie de cette chanson si dure...

Quand Il entend cette musique de douleurs,

L'ombre n'est que néant et son souffle se meurt.

Et il s'affale doucement, au gré des notes

Des notes qui déclinent dans le vent qui chuchote.

Les paroles ont cessé toutes leurs libertés

La musique est finie, le garçon est tombé.

Désormais, ce ne sont plus que des sons aigus,

Des sons qui s'évanouissent dans le noir éperdu.

Les lumières clignotent et le néon, fébrile

Éclaire un corps sans vie qui repose là, tranquille.

Une armée d'hommes en blanc s’agite autour du gars,

Une petite troupe qui le prend dans ses bras.

Le disque tourne toujours, le gars ne bouge plus.

L'ombre envahit les lignes, les notes sont perdues.

Perdues dans une pièce remplie de silence,

Car le silence est roi, et son omniprésence

Inspire aux courants d'air et aux sons disparus

Un sentiment de vide dans le noir éperdu.

Et dans ce noir d'encre, chaque note lumineuse,

Éclaire avec faiblesse cette mort mystérieuse.