Je suis allé dans la forêt après la pluie
Et la boue qui gît là et les feuilles qui pleuvent
J’ai vu la terre et j’ai fuis
À l’époque j’ai fuis
Tu la vois là devant toi la terre nue
Les traces de tracteurs et le terrain battu
Tu la vois la forêt veuve
La terre parcellée en champs
Des centrales parsemées en cents
Des usines des industries
L’exode à l’agonie
Les villes comme des fantômes que personne ne pleure
Des spectres sur les berges qui à la surface affleurent
Tu la vois monter maintenant la Loire l’hiver tant il pleut
Tu la vois sécher l’été à sec à sable de peu
Tu l’as vue la terre nue
La terre arrachée et battue
Des SEVESO en plein Natura deux mille
Des trous dans la plaine pour agrandir des villes
Plante un supermarché là mets des maisons autour
Du béton une quatre voie des flaques de métaux lourds
Tu as vu enfant qu’il y a pas de futur
Ici on peut aller nulle part sans voiture
Les fermes ferment quand les vieux sont sous terre
On laisse la terre on part en ville on s’enterre
Là tu fais du blé du maïs et la mort
On tue des veaux pour du lait inutile
On leur passe sur le corps
C’est normal tient toi tranquille
C’est ça le rural non
On tue des poulets des cochons
On tue la terre sans horizons
Plante où tu veux des usines chimiques
Balance du plomb dans nos nappes phréatiques
Quoi t’es pas content de ton supermarché à vingt kilomètres ?
De plus entendre les oiseaux quand tu te penches aux fenêtres ?
Presque on verrait les cordes dans les champs
Quoi tu savais pas c’est idyllique maintenant
Des chasseurs qui tuent leur fils par accident
Le cottage core un fusil sur la tempe
C’est bon il avait juste un peu bu décampe
De quoi tu parles c’est bon t’es en ville maintenant non
T’es parti de la terre et du bas-fond
La putain de terre t’es plus là non
Mais j’ai vu la centrale le champignon
J’ai vu La terre nue
La Terre battue
Les gazouillis remplacés par le gazole
La Vie elle s’envole
La Terre on la vole
Et elle meurt
La putain de terre