1 an plus tard
Mon réveil sonna 6 h00. Lentement, doucement, mes paupières se levèrent.
Chaque jour était dur à supporter, mais au bout d'un moment, la douleur est commune et on se met à la supporter plus facilement. Je me levais, et m'habillais.
Le noir était devenue cette année, la seule couleur que je portais.
J'ai trouvé que garder ce deuil éternellement était ma façon d'honorer mes parents. Le problème, c'est... Que j'ai une particularité.
Outre le fait que ma peau est très blanche, et que ça ressort avec le noir.
J'ai une mèche blanche, pile sur le devant. Ce qui m'a causé pas mal d'ennui jeune.
Je l'aimais bien avant. Mes parents avaient la même. Et, puis quand ils sont mort, elle me rappelle trop que je les avais perdue. Donc je l'ai teint.
Mais la coloration s'enlève tout le temps et elle reste aussi blanche que neige.
Quand on a 17 ans avoir une mèche blanche au milieu de cheveux noirs, c'est s'assurer les moqueries de tous.
Évidemment, personne ne me défend. Et je ne veux pas, qu'on me défende, je me débrouille très bien toute seule. Mais j'essaye de ne plus provoquer les ennuis pour ne pas causer de soucis à ma grand-mère.
J'avais des amis, autre fois, mais je les ai tous perdus à la mort de mes parents. Pas, parce qu'ils m'ont renié ou quoi que soit. Non, c'est moi qui me suis éloignée. C'est moi qui dit " Stop", je veux être seule, je ne veux plus rien. Au revoir. "
Je reste donc de longues heures, seule. Un livre à la main et un casque sur les oreilles. Ainsi, je n'entends plus les moqueries. Ni même mes propres pensées, bien pires.
Enfin habillée, je me regardai dans le miroir afin de jauger la " mocheté " de ma mèche sur mes cheveux.
Je la déteste.
- Ma coccinelle ! Cria grandma en bas.
Me rappelant que même si j'avais voulu l'oublier, j'avais cours. Je mets mes chaussures. Et pendant que je les lace, je m'observe. Mon visage n'avait subi aucune cicatrice de l'accident. Je me lève, et m'approche du miroir.
La vie m'avait tout pris, sans même me laisser un seul souvenir de ce moment afin d'en faire un rappel quotidien de mes erreurs. Non, je devais vivre comme une poupée cassée, mais qu'on aurait rafistolé de l'extérieur sans se préoccuper de l'intérieur.
Soudain, une vague de colère me submergea. J'en avais marre de cette douleur trop profonde au fond de moi.
J'en avais marre d'oublier le visage et la voix de mes parents. J'en avais marre de me réveiller en sueur chaque nuit, parce que je revoyais la scène de leur mort. J'en avais marre de ce lycée où on me demandait de m'épanouir malgré tout ce que j'avais vécu et malgré la bande d'incultes soumis qui le peuplait.
J'en avais marre de mes cheveux, de ma tête, de mon corps, et de cette horrible mèche qui me rappelait à quel point j'avais mal, et le vide de ma vie !!!
De fureur, je balance mon point en plein dans le miroir, en face de moi. Je ne ressens presque aucune douleur. Le miroir se fissura de haut en bas.
Aussitôt, l'adrénaline retombe et je réalise la bêtise de mon geste.
Je me rinçais la main, couverte de morceaux de verre et de sang et descendue en bas dans la cuisine.
Grandma heureuse, comme toujours, faisait des pancakes.
- Oh ma coccinelle ! Tu es là ! Tu as vu, j'ai fait des pancakes ! Ta maman adore ça, peut-être en voudra - t-elle ?
Ma grande mère n'a jamais accepté la mort de sa fille depuis elle avait un peu perdu la tête et croyait que sa fille était toujours en vie. Mais je me l'aime ma grandma alors je veille sur elle et elle me fait des pancakes.
- Oui, peut-être, dis-je. Grandma, j'ai cassé mon miroir, dans ma chambre, tu n'en aurais pas un autre ou de quoi le rafistoler ?
Elle s'arrêta un instant pensive.
- Il y a bien un grand miroir ancien dans le grenier, il appartenait à ma maman. Tu le veux ?
- Oui, ce sera super grandma.
- Tu pourras le porter ?
- Bien sûr.
J'allais partir pour le grenier, quand elle dit de son ancienne voix, celle d'avant l'accident :
- D'ailleurs, comment tu t'es fait ça ? Tu devrais faire attention ! De puis quand, tu fracasses des miroirs...
Puis elle se reprit et dit, toute gai :
- La prochaine fois mets des gants !
- Oui grandma
Je partis, j'avais pendant un instant, vu mon ancienne grand-mère, celle qui parlait d'une voix forte et énergique. Celle qui ne mâchait pas ses mots.
Arrivé dans le grenier, la poussière me fit tousser et éternuer. Je secouais la main pour la faire partir loin de moi. Je cherchais où était le miroir, enfin, je vis appuyé contre une armoire près de la fenêtre, poussiéreuse et à moitié couverte par un drap : le miroir.
Il réfléchissait la lumière, et étincelait presque. C'était un objet ancien fait dans un bois sculpté. Un objet magnifique et presque... Magique.
Je m'en approchais et caressai sa surface lisse enlevant la poussière. J'essayais de le soulever en vain.
"Grandma avait raison. Beaucoup trop lourd pour moi, pensais je "
J'allais partir, quand quelque chose attira mon regard.
La surface du miroir n'était plus la même. C'était peut-être une illusion d'optique, mais je trouvai que la surface ressembla à de l'eau.
Attirée par une force inconnue, elle s'en approcha et toucha la surface.
Alors sa main traversa la surface.
La jeune fille allait retirer sa main, hurler, avoir une réaction quelconque quoi ! Mais elle n'en eut pas le temps, elle fut tirée de l'autre côté.
Et elle traversa le miroir.